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EAN : 9782259310925
270 pages
Plon (24/02/2022)
3.44/5   9 notes
Résumé :
Répondant à notre perte de sens, de repères et de projet, les penseurs de la Renaissance, qui revivent ici sous la plume brillante de Karine Safa, nous ouvrent un chemin, celui de l'imagination comme valeur cardinale.

Répondant à notre actuelle perte de sens et à notre déficit d'avenir, les penseurs de la Renaissance nous ouvrent le chemin de l'imagination comme valeur cardinale. La Renaissance dialogue ici avec notre propre modernité. Cette époque es... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Je demeure toujours à la recherche de livres intéressants, qui éveillent l'esprit afin d'approfondir mes connaissances. C'est donc tout naturellement que j'ai accepté la proposition de Clémentine Duguay, attachée de presse aux éditions Plon, celle de lire un essai philosophique.

Pourquoi la Renaissance peut sauver le monde, de Karine Safa, s'adresse à un large public et nous livre les réflexions des grands penseurs de la Renaissance sur le monde.

Les peurs restent un frein à la projection d'un futur meilleur malgré les confrontations subies et les dépassements accomplis. La nature de l'homme entretient encore un sentiment chaotique et diffus. La représentation dans un avenir supérieur demeure absente. Notre état d'esprit relance incessamment les doutes. À cela se rajoute, la crise du covid 19, une période de conflits que la science n'a pu résoudre facilement. Toutes sortes de défiances à l'égard de nos sociétés restent omniprésentes. Nous sommes envahis par ces changements, comme désorientés dans l'espace.

Ouvrant avec un passage sur les réflexions de grands penseurs de la Renaissance concernant de considérables crises économiques, sociales, etc. de l'époque, Karine Safa nous éveille sur les différentes approches à tenir face à des situations extrêmes. Toutes ces périodes de conflits manifestent un égarement profond chez l'être humain. Elle expose successivement leurs déductions et s'étend vers un débat productif, nécessaire à l'élaboration de notre imagination et l'ouverture de notre état d'esprit.

L'imagination reste un moyen de locomotion, un dénouement, et une transformation, une Renaissance de soi en somme. La théorie de conception innovante ou « concept — knowledge “aborde des caractéristiques essentielles et innovatrices à l'inventivité. Elle brise nos blocages et stimule notre créativité. le théoricien, Armand Hatchuel en parle dans sa chronique ‘Peut-on estimer la valeur de l'inconnu ‘publiée dans le monde, le 26 mai 2021. Un extrait partagé dans ce livre suffit à nous interpeller.

L'utopie permet une disposition au développement et à l'expertise. C'est une expansion considérable. Johannes Kepler expérimente son imagination, parfois fantaisiste dans le songe ou l'astronomie lunaire. La démarche de Bernard Lietaer concernant un quartier défavorisé de Grand a créé un nouvel essor fructueux profitable à toute la population. Quant à Rabelais, il nous interpelle sur le système éducatif. Certaines initiatives ou pensées présentent dans ce livre nous permettent de devenir plus inventifs et rentables. Elles nous poussent vers une meilleure compréhension de nous-mêmes et de notre société actuelle. L'imagination suscite, la curiosité, elle nous met en mouvement avec le monde qui nous entoure. C'est le levier de notre métamorphose en quelque sorte.

Qu'en est-il des théories du complot ? Elles subsistent à travers les époques et conduisent à des résultats néfastes et compromettants. La pensée magique reste un moyen non négligeable pour les attaquer. L'ère numérique favorise les outils de communication de manière virtuelle, aboutissant parfois à la désinformation. Toutes ces nouvelles technologies demeurent une menace envers nos sociétés. Notre imaginaire numérique se concilie avec les données de big data nous présentant à de brusques changements. Il procure un déséquilibre évident pour l'homme.

L'utopie de la renaissance nous dirige vers des progrès réels. Karine Safa soutient des thèses logiques en accord avec de grands penseurs. Thomas More, Ayn Rand, etc. argumentent leurs opinions. de plus, les mouvements comme le libertarianisme exposent des tendances multiples destinées à nous révéler des justifications concises.

Dans ce livre, Karine Safa explique l'importance de l'imaginaire dans la renaissance en s'appuyant sur divers éléments. Grâce aux penseurs cités, nous apprenons à réévaluer nos sociétés et à mieux cerner les crises que nous traversons notamment la pandémie du covid 19. Il y a beaucoup de points essentiels à retenir, je vous laisse les découvrir par vous-mêmes.

Un essai philosophique riche et bien documenté, écrit dans un langage accessible. Vous n'éprouverez aucune difficulté à lire ce livre. Par ailleurs, il contient une mine d'informations intéressantes nécessaires pour votre culture, il renouvelle votre état d'esprit. Dans Pourquoi la Renaissance peut sauver le monde, Karine Safa répond à de nombreuses interrogations et éveille le lecteur vers une renaissance probable. Vous serez surpris par les explications transmises, lesquelles sont assez détaillées par chapitre avec exemples à l'appui. Les analyses émises balayent les doutes. Elles consacrent un temps de questionnement propre à la nature humaine afin de mieux élucider les réflexions. Je vous recommande fortement de le lire.
Lien : http://chroniqueuse6.canalbl..
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"Il est magnifique de réaliser que le monde n'existe pas en tant que réalité objective. Il est ce que nous en faisons. Il dépend de notre bonne volonté. Saint Augustin le savait déjà, lui qui disait : « J'ai longtemps cherché au-dehors ce qui se trouvait en moi. » Il a compris que, pour faire un monde, il ne fallait pas le chercher au-dehors comme une extériorité, mais à l'intérieur de soi comme une capacité.
Aucune Renaissance ne peut faire l'économie de ce moment-là ! Cette prise de conscience, ce travail d'intériorité, c'est ce qui nous renvoie à notre responsabilité d'oeuvrer en commun contre le délitement du monde."

Voilà qui résume cet essai admirable de Karine Safa. C'est un livre d'une richesse inouïe, d'une densité sans égale, de questionnements foisonnants, bref c'est une absolue réussite.

Il rejoins à mon sens l'"Apocalypse cognitive" de Gérald Bronner ou" les Ingénieurs du chaos" de Giuliano da Empoli, dont l'auteure aborde sans équivoque les dérives : "Nous devenons peu à peu une civilisation du buzz, de la rumeur, du retentissement médiatique. Mais, plus grave encore, ce sont les régimes démocratiques eux-mêmes qui ont le plus à pâtir de ce genre de pratiques. S'il devient de plus en plus difficile de démonter les rouages d'une manipulation de masse par la désinformation, qu'advient-il de ma liberté de choix supposée lors d'un processus électoral, par exemple ? ".

L'ouvrage se divisé en 5 parties, qui étaient un tant soi peu les piliers de la Renaissance, mais en les traitant à l'aune de notre époque :
L'imagination : un anti-destin ;
L'utopie, un imaginaire qui expérimente ;
L'alchimie, un imaginaire qui lie ;
L'humanisme, un imaginaire de l'altérité ;
Le progrès, un nouveau récit à construire… ;

Trois passages sont absolument jubilatoires :
- Montaigne en consultant lors d'une réunion au 37e étage de l'une des tours d'une multinationale. Il écoute tout d'abord, longuement, les échanges des uns et des autres ensuite il se lève dans ce complet veston dont il n'a pas l'habitude. Il leur dit sans détour : « Messieurs, je vous ai bien entendus. Mais, selon mes critères d'homme de la Renaissance, de philosophe, d'humaniste, de magistrat rompu aux arbitrages, de maître responsable de sa maisonnée, de mes gens, de ma forêt, de mes animaux, de ma terre… vous êtes trop pleins de vos certitudes, trop aveuglés par vos raisonnements… » une fous son intervention terminée, c'est un concert de vibrations étranges émanant de l'objet dont ces hommes semblent avoir fait religion. Ce drôle de dieu est un véritable despote.
- "L'humanisme est sans doute le vocable de la langue française le plus surdéterminé et vidé de son sens. Il est invoqué en permanence. C'est l'étiquette consensuelle par excellence. Or, en creusant l'humanisme en ses belles heures, on comprend très vite qu'il est tout sauf recherche du consensus. Il est éloge de la différence, expérience de l'altérité. C'est en tant que tel que nous pouvons continuer à en réaliser les aspirations. D'autant que l'altérité est ce qui semble le plus éprouvé par notre modernité, que ce soit avec le regain des identitarismes, la montée des nationalismes ou encore l'avènement excessif de la technique. C'est dire que l'humanisme, tel qu'il fut porté à la Renaissance, est une exigence qui nous concerne plus que jamais."
- et enfin la partie concernant l'utopie : " Bacon nous encourage à devenir des navigateurs de la pensée plutôt que des colonisateurs. La devise qui orne le frontispice de son oeuvre nous y engage : « Beaucoup voyageront en tous sens et feront progresser la science ».
En tous sens. La formule est importante. On retrouve cette idée très prégnante à la Renaissance de désordre créatif. D'abord explorer, ensuite construire. L'homme de la Renaissance aime se perdre, il aime les  labyrinthes qui sont une image de la complexité du monde. L'inconnu ne lui fait pas peur. C'est pour cette raison que la terra incognita devient la métaphore même de l'espace d'innovation. Mais avant d'être métaphore, la terra incognita offre réellement la possibilité de créer à partir de peu de chose. le Nouveau Monde qu'on découvre va devenir un lieu de prédilection pour expérimenter les premiers systèmes utopiques."

Je caresse l'espoir que le livre de Karine Safa rejoindra ou a déjà rejoint le projet audacieux initié à Oslo : celui de la bibliothèque du futur. Petite explication : chaque année, un auteur reconnu est invité à déposer un manuscrit qui doit rester sous scellés jusqu'en 2114. Et que les futurs lecteurs prendront autant de plaisir à le lire et à savoir si cette nouvelle Renaissance aura permis à l'homme de saisir sa chance.
Une chose est sûre : j'ai eu la chance de lire ce livre, et j'ai de la chance qu'il trône sur ma bibliothèque où il m'attend à nouveau, et je me dit que j'aurais de de la chance de le relire à nouveau tant il est riche.
Il trône a côté du magnifique ouvrage de Jean-Christophe Saladin "les aventuriers de la mémoire perdue" qui conte les aventures de ces hommes et de ces femmes de la Renaissance qui surent puiser dans les immenses richesses occultées du passé pour construire leur avenir. Et bien Karine Safa est à l'image de ces aventuriers..

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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Aujourd’hui, plus que jamais, nous avons besoin d’utopistes pour penser ce monde qui change alors que nous vivons une sorte d’accélération du temps en matière d’innovations technologiques. À l’ère de notre révolution numérique et de l’intrusion envahissante des algorithmes, qui transforment en profondeur notre civilisation, que ce soit nos relations sociales, notre travail ou notre rapport au monde, nous avons besoin plus que jamais de grands rêveurs qui ont cette capacité d’anticiper l’avenir pour mieux le préparer, le désirer aussi au-delà des peurs. Celles-ci naissent toujours d’un manque. Remettre l’homme au centre peut aider à démonter la peur. Une conscience utopique, qu’elle ait une finalité politique ou d’innovation technique, porte des espérances humanistes. C’est l’une des grandes leçons de la Renaissance.
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L’argent n’est pas que l’universel entremetteur à la Renaissance. On l’a vu, il est aussi un problème moral. C’est pourquoi la question de l’usure resurgit avec une envergure nouvelle.
Il suffit de penser à la fameuse chapelle de l’Arena à Padoue. Ses murs sont entièrement recouverts par des fresques de Giotto, cinquante-trois, au total. Outre le fait qu’elle soit d’une beauté vertigineuse, c’est l’identité du commanditaire qui est intéressante : Scrovegni fils dont le père était un grand banquier pratiquant, comme la plupart des banquiers de l’époque, l’usure, et que Dante avait expédié tout droit en enfer.
L’usure ! Quel terrible mot ! C’est l’argent qui enfante, c’est ce métal froid qui altère les choses. L’usurier est celui qui se dresse contre Dieu, qui rejette la nature, qui veut s’enrichir sans travailler.
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Comment ne pas penser à l’aphorisme prophétique de Nietzsche dans "Humain, trop humain" ?
Le philosophe allemand sait combien il est plus facile pour l’homme de s’entretenir de douces illusions et de préjugés faciles. Cela conforte un ego contrarié et lui apporte du plaisir. Alors que la vérité pique comme la pointe d’un glaive.
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Premier constat : aucune époque n’a autant vécu pour l’imagination que la Renaissance.

Aucune n’en a fait un tel usage de créativité, de conquête et de rassemblement. Elle est la « vertu » du poète, de l’artiste, du découvreur, de l’innovateur, du héros. Mais, plus que tout encore, la Renaissance nous apprend que l’imagination est la structure relationnelle par excellence. Elle est le lien des liens, elle unit ce qui est séparé, elle réconcilie les contraires, et l’homme avec lui-même. Elle réenchante le monde, ranime la foi sans laquelle rien de grand n’est possible.

Alors que nous vivons dans un monde de plus en plus complexe et dynamique, où l’accélération permanente du temps phagocyte dangereusement l’exercice de la pensée, l’imagination apparaît comme le plus précieux des relais.
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Il est difficile de dresser une histoire de l’utopie. Elle est longue, complexe, contradictoire. L’histoire de l’utopie, c’est, en un mot, toute l’histoire humaine. Et, de fait, le concept d’utopie est bien plus ancien que le  mot qui apparaît pour la première fois sous la plume de Thomas More.
Les premières traces de l’utopie remontent au paradis perdu de la Genèse. Il y a les mythes de l’âge d’or, dans la tradition gréco-latine, cet âge merveilleux où les hommes vivaient sans travailler, sans souffrir ni vieillir, dans la proximité des dieux. On en trouve un autre exemple, même s’il ne s’agit pas tout à fait d’une utopie, dans La République de Platon. Le père de l’Académie engage une réflexion philosophique et théorique sur le juste et l’injuste qui donnera naissance à la « cité idéale ».
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Videos de Karine Safa (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Karine Safa
Pascal Quignard nous entraîne un siècle après la Renaissance française, au grand siècle : le XVII ème. Dans son nouvel ouvrage "L'amour, la mer", il s'est penché sur ces musiciens qui aiment le silence et sur ceux qui refusent d'assigner un but à toute chose. Quelle période de l'histoire pourrait inspirer notre présent et notre avenir ? Doit-on tirer des leçons de l'Histoire ? Pour notre invité, "on peut rebondir sur elle, sur ses parois et ses souvenirs […] tout ne cesse de commencer".
Dans ce nouveau roman signé de la plume de Pascal Quignard, on retrouve Monsieur de Sainte-Colombe, l'un des protagonistes de "Tous les matins du monde", ce roman qui fut porté à l'écran par Alain Corneau après son immense succès. L'histoire de ce héros fictif nous transporte un siècle après Montaigne et les humanistes de la Renaissance dans cette époque où "le silence et la musique font très bon ménage". Les artistes dépeints par notre invité refusent de se faire publier, un geste symbolique qui résonne tout particulièrement avec notre époque où chacun veut être publié en usant des réseaux sociaux qui ont alimenté l'exigence du tout et tout de suite. À l'instar de l'ouvrage publié par Karine Safa, Pascal Quignard fait lui aussi des parallèles troublants entre le XVII ème et le postmoderne notamment avec cette fronde contre le pouvoir qui n'est pas sans rappeler le mouvement des Gilets Jaunes. Dans ce roman, toute forme d'exhibition de soi est proscrite, sorte apologie de "l'anti-selfie" contre l'étalage de soi intempestif que nous vivons aujourd'hui. Nouvelle leçon humaniste pour s'inspirer de l'histoire ? Analyse de la musique du silence avec Pascal Quignard.
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