AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782072942174
64 pages
Gallimard (21/01/2021)
3.46/5   12 notes
Résumé :
Jamais je n'ai eu besoin de connaître l'opinion de mes concitoyennes et concitoyens. Jamais je n'ai eu autant besoin de partager avec eux mes interrogations. Sur les attentats, leurs causes, leurs motivations. Sur les caricatures de Mahomet, aussi, disons-le franchement. (Danielle Sallenave)

"L'innombrable, c'est celui qui ne profite pas de la fameuse liberté d'expression devenue la valeur majeure de la République.C'est celui à qui elle ne s'applique ... >Voir plus
Que lire après Parole en haut silence en basVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Cette brochure très récente fait entendre la voix des "innombrables", ceux qui ont d'autres préoccupations que celles des grands de ce monde et du buzz quotidien que fournissent les médias, lorsqu'une actualité est remplacée par une autre.
Danièle Sallenave est une autrice et une philosophe qui exprime en termes simples ce que certains pensent au sujet des assignations péremptoires que subit une partie de la population française.
Je n'ose en dire plus par crainte d'être censurée car cet écrit touche un sujet sensible et brûlant mais je me suis trouvée en total accord avec cette autrice.
Commenter  J’apprécie          173

Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Je vais commencer par décrire la caricature dans le détail. On y voit un homme nu, non pas « accroupi » comme on peut le lire ça et là, mais dans la posture dite de prosternation de la prière musulmane. Il est à genoux, le buste incliné, les avant-bras posés devant lui, mais son front ne touche pas encore le sol. Comme il est nu, et penché en avant, ses attributs virils sont bien visibles, mais son anus et occulté par un étoile - de couleur jaune. Le dessin est accompagné de la mention : « Une étoile est née. »
Espère-t-on qu’elle pourra convaincre des enfants, musulmans ou non, du caractère inconditionnel et général de la « liberté d’expression » ?
Comment imaginer que, musulmans ou non, ils n’y voient pas d’abord la désignation insultante d’une religion, l’islam ?
Aurait-il fallu, pour tempérer l’effet, y ajouter des caricatures anticatholiques ? Des caricatures antisémites pour prouver que la liberté d’expression ne doit souffrir aucune limite ? Évidemment non.
J’irai même plus loin, et c’est l’avocate de Samuel Paty elle-même qui me le suggère : en proposant à des élèves choqués de fermer les yeux, il pensait peut-être « à des petites filles qui n’ont jamais vu ça de leur vie ». Musulmanes ou pas. Car cette image est pornographique, il n’y a pas à sortir de là. Elle pourrait tomber sous le coup de l’article 227-24 du code pénal sur la mise en péril des mineurs qui punit « le fait […] de diffuser par quelque moyen que ce soit et quel qu’en soit le support un message à caractère violent, […] pornographique ou de nature à porter gravement à la dignité humaine […] lorsque ce message est susceptible d’être vu ou perçu par un mineur.
Commenter  J’apprécie          40
Les pouvoirs, les religions, les autorités, sont des cibles légitimes de la critique, de la charge, de la caricature. Parfois lourde, dépourvue d’humour, grossière. Cela déplaît aux puissances ainsi visées, naturellement. On se souvient qu’à la mort du général de Gaulle, Hara-Kiri avait fait l’objet d’une interdiction de parution qui nous paraît aujourd’hui dérisoire : le journal avait fusionné deux événements sur sa couverture, l’incendie d’une discothèque qui avait fait 146 morts et le décès du Général. Titre : « Bal tragique à Colombey, un mort! » On avait choqué, sans doute, les gaullistes et tous ceux qu’anime un respect aujourd’hui bien oublié pour la chose publique. Ils s’en sont remis. Personne ne s’était senti humilié. Et du reste personne n’est obligé d’acheter un journal si un dessin lui déplaît.
Commenter  J’apprécie          50
Aux inquiétudes, aux peurs de la population, des cérémonies ont tenté de répondre, avec ces grandes envolées de mots qui laissent forcément insatisfaits. Mais il y a un point qu’on n’aborde jamais « en haut » et qui tourmente peut-être plus d’un, en bas, enseignante, enseignant, parent d’élève, simple citoyen. Je ne sais pas. Je voudrais savoir. Parmi les caricatures utilisées par le professeur sauvagement assassiné, il en est une qui surprend tout de même un peu. C’est une représentation de Mahomet une étoile plantée dans le derrière. Le soir même, je m’étais demandé : mais est-ce vraiment un bon support pédagogique pour faire comprendre à des élèves de collège le sens et la valeur de la liberté d’expression ?
Je suppose que d’autres se sont posé la même question. J’aimerais les entendre.
Commenter  J’apprécie          51
Et puis en un mot, soyons clairs, les réseaux sociaux n'ont pas été développés pour surmonter un déficit démocratique, mais pour faire de l'argent en rassemblant, pour les vendre, nos données personnelles. Et comme ils sont le produit d'un système capitaliste de profit, où règne un individualisme soigneusement entretenu, ils ne visent pas à créer du débat, ils ne visent pas à construire des instances collectives de délibération où les parcours et volontés individuels viendraient se confronter et se conjoindre.
Comme l'écrit Eric Sadin, les réseaux sociaux "nous encouragent à publier des moments de notre quotidien en vue de recevoir des salves de ravissements. Plus nous vivons une invisibilité sociale, le sentiment de l'inutilité de soi, plus toutes des interfaces font office de réconfortants instruments compensatoires".
Commenter  J’apprécie          40
Fallait-il ou non utiliser cette caricature ?
Un peu plus tard, j’ai appris qu’à Mulhouse, en 2015, juste après « Charlie », un professeur d’arts plastiques avait été suspendu pour une durée de quatre mois « dans un souci d’apaisement » pour avoir présenté durant un court une caricature du prophète Mahomet nu, et forcé ses élèves à regarder le dessin.
J’ai appris ensuite que les professeurs du collège de Conflans avaient justement discuté entre eux, et manifesté des différences d’appréciation. Que certains auraient préféré qu’on s’abstienne. Le malheureux Samuel Paty aussi.
C’est peut-être ce qu’ont pensé nombre de nos concitoyens, pas forcément musulmans du reste, mal à l’aise devant ce qui pouvait apparaître comme une image obscène, voire pornographique et, dans tous les cas humiliante.
Commenter  J’apprécie          40

Videos de Danièle Sallenave (22) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Danièle Sallenave
LES GILETS JAUNES, ET APRÈS ?
TABLE RONDE Salle des États Généraux, Château royal de Blois
L'ampleur de ce mouvement social pose des questions centrales sur l'état et l'avenir du pays : qui sont-ils et pourquoi aucun « corps intermédiaire » ne peut les représenter ? La transition énergétique est-elle nécessairement injuste ? le niveau des prélèvements obligatoires est-il vraiment excessif ?
INTERVENANTS : Edwy PLÉNEL, Journaliste et fondateur de Médiapart, auteur de Gilets jaunes,la victoire des vaincus (Éd. La découverte), Danièle SALLENAVE, Écrivaine auteure de Jojo, le gilet jaune (Éd. Gallimard), membre de l'Académie Française et Alexis SPIRE, Chercheur à l'EHESS et auteur de Résistances à l'impôt, attachement à l'État (Éd. Seuil)
MODÉRATION ET COORDINATION Guillaume DUVAL, Éditorialiste à Alternatives Économiques
+ Lire la suite
autres livres classés : sociologieVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (16) Voir plus



Quiz Voir plus

Jésus qui est-il ?

Jésus était-il vraiment Juif ?

Oui
Non
Plutôt Zen
Catholique

10 questions
1833 lecteurs ont répondu
Thèmes : christianisme , religion , bibleCréer un quiz sur ce livre

{* *}