Jupons et violons

Fébrilement, j’ai entamé la lecture du deuxième roman de Tristan Egolf, c’est dire à quel point le seigneur des porcheries m’a marquée. Jupons et violons est écrit différemment, on ne retrouve pas les longs paragraphes, l’écriture foisonnante, bouillonnante. Ici la plume de Tristan Egolf est plus légère mais toujours aussi touchante.
Nous retrouvons, la critique acerbe d’Egolf de la société américaine…Nous basculons encore une fois du coté des laissés pour compte…. Nous avons encore une fois droit à des scènes marquantes (Lors de la dératisation), et nous retrouvons aussi cet humour qui fait qu’on se balance entre grincement de dents et sourires coupables …Je ferme ce livre et je me dit : il ne m’en reste qu’un dernier moment à passer avec de cet auteur que j’aime énormément et qui est parti trop tôt…

Deuxième oeuvre de Tristan Egolf (1971-2005), Jupon et Violons souffre d'un manque de reconnaissance sur le territoire français, probablement part le fait qu'elle est l'unique oeuvre de l'auteur à n'être pas éditée en format poche. le livre raconte l'histoire de Charlie Evans, violoniste au chômage, et de son ami Tinsel Greetz, anarchiste et arnaqueur de son état. L'auteur nous fait parcourir une seconde fois la fange des États-Unis, représentant dans une descente aux enfers implacable tout le spectre social de la marginalité.

Cependant les personnages n'ont rien du Katlenbrunneur du "seigneur des porcheries"(premier roman de l'auteur). Point ici de Rednecks avinés et brutaux, pas de petites communautés enclavées : l'action se déroule dans une grande ville, qui pourrait être Los Angeles ou bien La Nouvelle Orléans. Ce sont des hôtels crasseux, des échoppes urbaines sordides et des égouts labyrinthiques qui seront le théâtre de la satire sociale savamment concoctée par l'auteur.

Tristan Egolf n'avait que peu de sympathie pour l'Amérique, qu'il éreinte une nouvelle fois de se plume acerbe et réaliste, sachant aller chercher aux tréfonds le la violence américaine, il en fait rejaillir la face atroce et misérable. Jonglant entre éclats de rire et cauchemars, il fait voler en éclats le vernis brillant de son pays tant adulé.

Ouvrage précieux pour les amateurs de l'auteur, il souffre cependant d'un manque de profondeur en comparaison avec son cadet "Kornwolf, et surtout de son ainé "Le seigneur des porcheries". Plus condensé, plus dynamique, il saura être une bonne entrée en matière pour faire découvrir l'auteur à un lecteur que rebuterai un livre volumineux. Les lecteurs aguerris lui préféreront 'Le seigneur des porcheries' ou 'Kornwolf', plus longs et aux intrigues plus développées. Mais ceux-là même en viendront à "Jupons et violons" dans le but de retrouver une dernière fois la verve de l'auteur, hélas peu prolixe. Ils auront raison, malgré ses défauts, le livre est en parfaite cohérence avec l'oeuvre d'Egolf et il serait dommage de s'en priver.

Voici l'histoire de Charlie Evans, fils supposé d'une prostituée cambodgienne et d'un GI noir, violoniste talentueux retiré du métier suite à un dernier concert apocalyptique, looser confirmé reconverti dans la dératisation des égouts de Philordurie en attendant de trouver mieux. Pas brillant, comme CV ? Attendez donc de rencontrer son pote Tinsel, anarchiste de pacotille et minable patenté, doté du talent rare de tout faire foirer, toujours, et bien entendu par la faute d'autrui.
Ce que Charlie fait avec lui, il n'en sait trop rien lui-même, sinon qu'il n'a personne d'autre et que lorsqu'ils se retrouvent, quelque chose d'extraordinaire ne manque jamais d'arriver.
Quelque chose comme, pour ne citer qu'un exemple, l'entrée en scène de Louise, française aussi riche que belle et étrangement décidée à s'occuper d'eux deux le temps de son séjour aux Etats-Unis.

La lectrice que je suis est une créature diablement masochiste. S'étant prise une grande claque, la voici qui se précipite derechef vers son bourreau dans l'espoir d'en recevoir une seconde... et ne manque pas d'être déçue si on ne la frappe pas assez fort.
Mieux vaut, de fait, oublier un peu le Seigneur des Porcheries lorsqu'on s'attaque à ce second opus de Tristan Eglof, considérablement moins fort, moins profond et moins ambitieux. Pas mauvais pour autant, loin de là, et composé d'ingrédients somme toute assez proches : la crasse, la laideur et la violence de la société américaine vue par ses laissés pour compte, le sentiment de solitude face à la meute, l'échec à répétition jusqu'au dégoût de soi. Mais le ton est ici beaucoup plus léger, le scénario aligne des aventures rocambolesques plus ou moins alcoolisées sans réel fil directeur jusqu'à une fin heureusement plaisante. Ajoutons à cela un personnage principal attachant, et l'on obtient un bouquin fort sympathique malgré ses défauts. Tant pis pour la claque, j'aime décidément beaucoup ce garçon !
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..

Je n'ai pas ri comme ça à la lecture d'un roman depuis longtemps, peut-être depuis certaines scènes loufoques de Céline. Deux sortes de bras-cassés se retrouvent embarqués dans des histoires invraisemblables, exterminer des rats, remettre en état ce qu'ils ont fracassé...Une scène dans un restaurant de luxe où ils accumulent les bourdes m'a fait rire aux larmes ...