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Christophe Mercier (Traducteur)
EAN : 9782849905012
90 pages
Editions des Equateurs (20/04/2017)
4.06/5   17 notes
Résumé :
"Il est grand, il vient de l'ouest, mais il n'a pas la ligne haricot vert de Gary Cooper. Il est gros de partout, il ressemble à un arrière costaud qui ne se serait pas entraîné depuis trois ans. Il doit avoir largement dépassé la trentaine, mais il fait petit garçon. Il est planté là, dans un costume de cow-boy, dansant d'un pied sur l'autre, l'air timide, bien qu'au fond de moi quelque chose me dise qu'il doit être aussi timide qu'un bulldozer..." Dix "visages" ex... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Une histoire surprenante écrite dans les années 50 par un scénariste à succès de Hollywood, découverte hier grâce à une citation de Pecosa et lue illico.
Un type aux chaussures trouées, débarque un beau jour du fin fond de l'Arkansas, avec en main une guitare rafistolée, dans une petite station radio du Wyoming. Il cherche du travail, il prétend chanter de la musique folk. Engagé avec hésitation pour combler les heures creuses, cet individu, qui ne sait ni jouer, ni chanter, et malgré ses outrances et ses approximations, avec un show, où il se contente de pointer et bavasser sur tout ce qui lui passe par la tête, -« c'était ce que les gens avaient envie d'entendre. Il avait l'oreille populaire. Un homme du peuple. »-, va vite devenir le chouchou de l'audimat. Comme on peut l'imaginer, ça va vite lui prendre la tête, s'imaginant avoir un magnétisme, don de Dieu. La narratrice est Marshy, la responsable de la station radio qui malgré elle,va indirectement susciter cette fulgurante ascension et son passage au stade supérieur de sage politique. Voilà pour la petite histoire, entrevue dés les premières pages.....
Pour en arriver à la morale de la grande histoire....pour accéder au pouvoir, plus on est rusé et ignorant, mieux vaut, surtout si la masse qu'on veut diriger est majoritairement aussi ignorant que soi. Car de toute façon cette masse ne se donnerait jamais la peine de lire et de comprendre quoi que ce soit, si cette personne avait quelque chose d'intéressant et de concret à proposer. Sans aller loin, rien qu'à voir la situation dans le pays où je vis. Je n'entre pas dans les détails car c'est pathétique. Donc même si nous sommes hyper connectés, même si les conditions d'éducation et de vie ont progressé à une vitesse fulgurante, les peuples sont toujours au service d'individus de ce genre et qui si le système permet, deviennent vite des tyrans. Je pense que ça vous rappellera des figures de la scène politique internationale actuelle, bien qu'ici, il soit question d'une satire féroce de la société américaine, toujours valable. Inutile de vous dire, lisez ce petit livre plein d'humour, qui raconte très simplement une vérité de tous les temps.

« le peuple sait jamais. le peuple est comme moi, stupide comme une mule. C'est juste qu'on sent c'qui est juste. »
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Je pensais ne pas connaître Budd Schulberg, mais en fait j'ai aimé les films dont il fut le scénariste, Sur les quais, La forêt interdite et surtout Plus dure sera la chute avec Boogey.
Je n'ai pas vu l'adaptation d'Un homme dans la foule tournée par Elia Kazan en 1957, et la lecture de cette nouvelle publiée en 1953 sous le titre Your Arkansas Traveler, m'a laissée sur le fondement.
La note de l'éditeur s'ouvre sur une citation de Schulberg: "Les écrivains sont pratiquement les seuls, à l'exception de quelques politiques vraiment honnêtes, à pouvoir égratigner le système. J'ai tenté de le faire. Et cela m'a poursuivi toute ma vie. »
Avec Un homme dans la foule, Schulberg ne se contente pas d'égratigner, il joue plutôt les Pythonisses en décrivant par le menu l'inexorable ascension du « vagabond de l'Arkansas », Lonesome Rhodes, un white-trash de Riddle, qui débarque un beau matin dans la petite station radio de Fox Wyoming, agace la programmatrice, Marshy, mais tape dans l'oeil du propriétaire tant il exsude de l'américanité par tous les pores de sa carcasse. Très vite, une étoile est née. Grace à sa mythologie familiale, tonton, mémé, la ferme, son parler « vrai », l'authenticité de sa ruralité qui rassure les auditeurs terrorisés par les rouges, les étrangers et la guerre en Corée, Rhodes grimpe les échelons, acquiert une stature nationale, se pique de politique, et devient un leader d'opinion incontournable dans des domaines qui dépassent largement son champ de compétence.
Lonesome est un héros populiste comme l'Amérique les a toujours aimés, pas façon La vie est belle de Capra, mais plutôt façon Donald quelques décennies plus tard.
« J'ai essayé de lui dire: « Lonesome, tu es très bien tant que tu fais des plaisanteries sur le whisky de maïs et que tu racontes tes histoires du cousin Abernathy, à Riddle. Mais tu ne crois pas, qu'avant de faire des déclarations sur la Chine, tu devrais en savoir juste un petit peu plus sur le sujet?
Au nom du peuple, Lonesome a déclaré: « le peuple sait jamais. le peuple est comme moi, stupide comme une mule; c'est juste qu'on sent c'qui est juste. »

Ou plus loin : "Il avait envoyé une de ses Lettres Ouvertes aux VIP -celle qui était destinée à Churchill pour lui dire que la Grande -Bretagne devait cesser de se planquer derrière nous et l'avertir que lui, Lonesome, était prêt à larguer les Britanniques et à conseiller aux Américains de leur fermer les frontières, comme à n'importe quelle entreprise en faillite. L'Amérique se portait mieux, avait-il affirmé à ses trente millions d'auditeurs et de spectateurs, quand elle se tenait seule, « comme elle l'était à l'époque d'la guerre avec l'Angleterre, quand on a conquis notre indépendance. »

Un homme dans la foule nous ferait presque craindre un dénouement à la Impossible ici, de Lewis Sinclair. Avec Beaucoup d'acuité et de causticité -la piquante et lucide Marshy est la narratrice témoin longtemps passive des excès de Lonesome- Schulberg démonte en 90 pages l'horlogerie interne d'un dangereux crétin enfonceur de portes ouvertes qui croit pouvoir transposer au 20ème siècle une vision idyllique des Pères Fondateurs, et persuade des millions d'électeurs, grâce à son langage savamment calibré (un peu de régionalisme, un brin de vulgarité et de sexisme...) que la vox populi est détentrice d'un sens commun magique comme la baguette de la gentille fée. Un gars de la campagne authentique et rustique comme le camembert du même nom qui dort dans des palaces, s'enivre et roule en voitures de prestige... car si les classes les plus modestes font son succès, lui n'a pas perdu de vue la couleur verte des dollars et fait fructifier son capital. Lonesome fait son beurre sans état d'âme sur le dos de ceux qu'il prétend incarner. Quant à Marshy, elle symbolise la presse qui nourrit parfois une créature monstrueuse qui finit par tout dévorer.
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La nouvelle éponyme, écrite dans les années 50, est étonnante à lire à notre époque pleine de ce qu'on appelle des "influenceurs", et qui a vu un Trump devenir président des États-Unis : une femme raconte avec lucidité comment elle a accompagné la célébrité d'un homme de l'Arkansas basée sur un vide bien orchestré... Et c'est à la fois son portrait à elle, à lui, et celui d'une Amérique peu reluisante.
Les autres nouvelles font plus ternes mais au moment d'écrire la critique, je m'aperçois que c'est peut-être juste un peu daté (notamment plusieurs références culturelles qui ne disent plus grand-chose, encore plus pour une Française) : il y a le (devenu ?) classique Hollywood et ses mirages, traité une fois par le biais de l'ambition, une fois par le biais de l'enfance et Noël ; il y a des tournois de boxe ; il y a la cruauté gratuite dans une nouvelle en écho à Hemingway ; il y a l'impossibilité du mariage mixte noir - blanc ; il y a la question de la reconnaissance (ou non)... et beaucoup de fatalité. le dernier drame, Notre cerf blanc, montre qu'en quelques pages, on peut partir dans une forêt de l'ouest américain avec deux enfants et s'émouvoir avec eux.
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Lonesome Rhodes, chanteur folk itinérant peu doué, inculte mais beau parleur débarque un beau jour dans une petite radio locale du Wyoming. Là, il est repéré par Marcia, une animatrice qui lui propose de faire un essai et d'animer une courte chronique. le succès va être immédiat et les auditeurs vont s'identifier à ce personnage truculent qui raconte des saynètes inspirées par la vie des gens simples et chante de vieilles chansons. Rapidement le succès va s'étendre et Lonesome Rhodes, galvanisé par cette notoriété incontrôlable, va se retrouver porte parole d'une certaine Amerique conservatrice. Mais plus dure sera la chute...
"Un homme dans la foule" c'est d'abord pour moi le souvenir du film d'Elia Kazan (l'auteur du roman a d'ailleurs eu, comme Kazan, une attitude peu glorieuse durant la période du maccarthysme ), vu enfant dans le cadre des légendaires "dossiers de l'écran" d'Antenne 2 et dont certaines scènes, notamment la dernière,m'ont durablement marqué. Merci donc à Babelio et à sa "masse critique" de m'avoir fait découvrir le texte qui en est à l'origine. Publié pour la première fois en 1957 , "un homme dans la foule" n'a pas vieilli (même si la retranscription de la façon de parler du héros peut parfois sembler datée malgré la nouvelle traduction) et cette charge féroce contre les médias peut aisément être transposée à notre époque où le succès du populiste Lonesome Rhodes serait même renforcé par les envahissants réseaux sociaux. Cette courte fable grinçante et angoissante reste donc très pertinente et sa lecture fortement conseillée en ces temps troublés.
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Merci aux éditions des Equateurs et à Babelio pour l'envoi du livre"Un homme dans la foule".
Ce livre nous conte en quelques pages l'ascencion d'un animateur radio qui va rapidement passer du statut d'humoriste local à celui de maitre à penser national en passant par la case "créateur de la publicité moderne".
Le populisme et les médias de masse y sont délicatement écorchés, mais au dela de cet aspect, c'est le portrait d'un homme adulé mais seul.

Je n'ai été que moyennement conquis par ce livre, je pense que cela est du au format assez court (une 100aine de pages). J'ai eu l'impression que les deux personnages principaux n'y étaient décrits que de très loin, on ne rentre jamais au fond de leurs personnes. C'est regrettable car je pense qu'il y avait matière à poser un personnage extravagant que l'on aurait eu autant envie d'aimer que de le détester.

A réserver aux amateurs de nouvelles et de romans courts
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critiques presse (2)
LeMonde
12 mai 2017
Texte bref et saisissant, Un homme dans la foule (1953, adapté au cinéma par Elia Kazan en 1957) est le récit impeccable de l’ascension d’un bonimenteur populiste dans une Amérique enlisée dans la guerre de Corée.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Telerama
03 mai 2017
Un homme dans la foule se lit, six décennies plus tard, comme une parabole étonnamment contemporaine. Terriblement con­temporaine.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Il terminait quand mon patron est entré. C'était un homme riche qui possédait plusieurs journaux ruraux et, avec ses bottes et son chapeau blanc façon Gene Autry, il affectait des allures de cow-boy. Il était à peu près aussi fou de folk que je le détestais, que je le méprisais, que je l'abominais. Il a observé attentivement Lonesome, et ce qu'il a vu a flatté son américanisme. L'Amérique, du général George au général Ike, me tenait à coeur mais notre patron, Jay MacDonald, l'adorait comme s'il s'agissait de son carré de patates personnel. Dans sa tête, l'Amérique et lui étaient pratiquement interchangeables. Vous voyez le genre.
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Cette élection du shérif lui était montée à la tête. Il ne se contentait plus de chanter ses vieilles chansons et de raconter des histoires marrantes à propos de sa famille à Riddle, Arkansas. Il voulait traiter des sujets. Telle est l’une des plaies dont notre époque a hérité. Les disc-jockeys ne passent plus de disques. Maintenant, ils vous font des conférences visant à résoudre les problèmes de circulation à New York, ou à améliorer les Nations unies.
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À Riddle, ils avaient une façon bien à eux de choisir leur shérif : ils se demandaient quel type était incapable de faire un travail utile. En certains endroits, l’idiot du village se trouvait à la charge de la communauté. Mais à Riddle, par mesure d’économie, on le nommait shérif.
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On s'est donc envolé pour Chicago, et maintenant Lonesome était diffusé d'une côte à l'autre. L'émission s'appelait Le Vagabond de l'Arkansas. C'était à peu près la même routine qui avait fait de lui l'idole de Fox, Wyoming. À une grosse différence près. Cette élection du shérif lui avait monté à la tête. Il ne se contentait plus de chanter ses vieilles chansons et de raconter des histoires marrantes à propos de sa famille à Riddle, Arkansas. Il voulait traiter des sujets. Telle est l'une des plaies dont notre époque a hérité. Les disc-jockeys ne passent plus de disques. Maintenant, ils vous font des conférences visant à résoudre les problèmes de circulation à New York, ou à améliorer les Nations unies. La même mouche avait piqué Lonesome. Il se précipitait sur un terrain que non seulement les anges, mais la majorité des imbéciles auraient craint de fouler. J'ai fait du petit mieux dont j'étais capable pour essayer de l'en détourner, et pour lui rappeler sa place. Mais il était têtu comme peut l'être un mâle, et si ignorant que la plus misérable idée qui lui venait lui paraissait une révolution bouleversante qu'il se devait de partager avec son public. Je suppose que les médecins appelleraient ça un délire de grandeur. Il semble que ce soit l'un des principaux symptômes de la redoutable maladie du succès.
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"D'une façon ou d'une autre, il faut que tu sois avec moi, Marshy. Je sais que j'suis génial et qu'l'Amérique a besoin de moi, mais sans toi je retournerais à la ville-de-nulle-part, là d'où tu viens. Tu es mon...
- Ton ancrage. Ta gouvernante. Ton ballast. Le sel dans ton ragoût.
- Tu peux bien rire. Quand tu apparais au tout premier plan, comme moi, tu as besoin d'un visage ami. Sans toi, je suis tout en haut et solitaire. Je suis tout seul.
- Tu ne peux pas chanter ça à la radio. Pas avant que j'ai réglé les droits avec Berlin.
- Reste cette nuit, Marshy, a-t-il supplié. Des lits jumeaux. Je te promets que j'mettrai pas le petit doigt sur toi. Frère et sœur.
- Même si nous étions allongés côte à côte dans des cercueils jumeaux, je ne te ferais pas confiance.
- J'suis un mauvais garçon, s'est-il rengorgé avec tout son charme lourdingue.
- Tu es Huck Finn affligé d'une psychonévrose. Mon Dieu, si jamais ton public savait à quel point le chêne sur lequel ils croient s'appuyer est un tendre roseau !
- C'st notre petit secret, Marshy", a-t-il conclu avec son hop-hoh parti de son gros ventre.
J'ai fini par m'en aller, et il m'a lancé : " Bonne nuit, partenaire" avant de retourner sucer sa bouteille. L'Oncle Lonesome de l'Amérique , le Grand Frère du monde entier.
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Vidéo de Budd Schulberg
Nuremberg, la bataille des images Des coulisses à la scène d'un procès-spectacle
Avec Sylvie Lindeperg, professeure d'histoire du cinéma à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et Ophir Levy, maître de conférences en Etudes cinématographiques à l'Université Paris 8.
Fin 1944, les Alliés décidèrent d'un procès exemplaire contre les criminels de guerre nazis qui s'ouvrira à Nuremberg en novembre 1945. Les Américains, qui entendaient faire de ce jugement un grand « show médiatique », en furent les maîtres d'oeuvre. La Field Photographic Branch de l'OSS (ancêtre de la CIA), dirigée par John Ford, fut chargée de rassembler des images témoignant du plan d'invasion nazi et des crimes contre l'humanité. Budd Schulberg, le futur scénariste d'Elia Kazan, parcourut toute l'Europe à la recherche de ces précieux fragments de pellicule, tandis qu'on agençait la salle d'audience du palais de Justice en vue du filmage d'un procès qui dura dix mois et vit les équipes de tournage des Alliés se livrer concurrence pour offrir au monde le premier documentaire sur Nuremberg. C'est l'histoire de la mise en scène de ce « procès-spectacle », des folles ambitions déçues des Américains et de leur bataille de l'image perdue contre les Soviétiques qui est racontée ici pour la première fois.
Avec le soutien de la Région Centre Val de Loire 
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