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EAN : 9782296128415
168 pages
Editions L'Harmattan (21/09/2010)
4.33/5   6 notes
Résumé :
L'homme moderne, ironiquement baptisé "homo festivus" par Philippe Muray, est spirituellement et psychologiquement dépourvu de centre. Pourtant tout espoir n'est pas perdu pour lui, car il y a un Centre surhumain qui est toujours à notre portée et dont nous portons la trace en nous-mêmes, étant donné que nous sommes faits à l'image du Créateur. Si décentré que soit l'Homme, dès qu'il se tourne sincèrement vers le Ciel, son rapport avec Dieu lui confère un centre.
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Sans conteste possible, c’est en dernière analyse le narcissisme humaniste, avec sa manie de la production individualiste et illimitée, qui est responsable d’une profusion somme toute bien inutile de talents et de génies. La perspective humaniste, non seulement propose le culte de l’homme, mais aussi – et par là même – entend parfaire l’homme selon un idéal qui ne dépasse pas l’humain ; or cet idéalisme moral n’a aucun avenir du fait qu’il dépend entièrement d’une idéologie humaine ; c’est un tel idéal qui veut que l’homme soit toujours productif et dynamique, d’où le culte du génie précisément. L’idéal moral de l’humanisme est inefficace du fait qu’il dépend du goût du jour, ou de la mode si l’on veut(1) ; car les qualités humaines, qui impliquent par définition la volonté de se dépasser, ne s’imposent qu’en fonction de quelque chose qui nous dépasse.

De même que l’homme ne saurait avoir sa raison d’être en lui-même, de même ses qualités ne sauraient représenter une fin en soi ; ce n’est pas pour rien que la gnose déifiante exige les vertus. Une qualité ne s’impose qu’à condition de relever en dernière analyse de l’Être nécessaire, non de la simple contingence, donc de ce qui est simplement possible.

La contradiction initiale de l’humanisme, c’est que, si tel homme peut se prescrire un idéal qui lui plaît, tel autre homme peut tout aussi bien, et pour la même raison, se prescrire un autre idéal, ou ne rien se prescrire du tout ; en fait, l’humanisme amoraliste est presque aussi ancien que l’humanisme moraliste. Après la candeur moralisante d’un Kant ou d’un Rousseau, survint l’amoralisme aventureux d’un Nietzsche ; on ne nous dit plus que « l’humanisme c’est la morale », on nous dit maintenant que « la morale c’est moi » – cette morale fût-elle absence de toute moralité.

(1) La perfection ostentatoirement humaine de l’art classique ou académique n’a en effet rien d’universellement convaincant ; il y a longtemps qu’on s’en est aperçu, mais ce fut uniquement pour tomber dans l’excès contraire, à savoir le culte du laid et de l’inhumain, en dépit de quelques oasis intermédiaires, certains impressionnistes par exemple. Le classicisme d’un Canova ou d’un Ingres ne convainc plus personne, mais ce n’est pas une raison pour n’admettre que les fétiches de Mélanésie. (pp. 17-18)
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Rien n’est plus facile que d’être original moyennant un faux absolu, et cela l’est d’autant plus quand cet absolu est négatif, car détruire est plus facile que construire. L’humanisme, c’est le règne de l’horizontalité, soit naïve, soit perfide ; comme c’est – par là même – la négation de l’Absolu, c’est également la porte ouverte à une multitude d’absoluités factices, souvent négatives, subversives et destructives par surcroît. Il n’est pas trop difficile d’être original avec de telles intentions et de tels moyens ; il suffisait d’y penser. Remarquons que la subversion englobe, non seulement les programmes philosophiques et moraux destinés à saper l’ordre normal des choses, mais aussi – en littérature et sur un plan apparemment anodin – tout ce qui peut satisfaire une curiosité malsaine : à savoir tous les récits fantasques, grotesques, lugubres, « noirs », donc sataniques à leur façon, et propres à prédisposer les hommes à tous les excès et à toutes les perversions ; c’est là le côté sinistre du romantisme. Sans avoir la moindre crainte d’être « enfant » ni le moindre souci d’être « adulte », nous nous passons volontiers de ces sombres insanités, et nous sommes pleinement satisfaits de Blanche-Neige et de la Belle au bois dormant.

Le « réalisme » littéraire est proprement subversif du fait qu’il prétend réduire la réalité aux plus viles contingences de la nature ou du hasard, au lieu de la ramener, au contraire, aux archétypes et, partant, aux intentions divines ; bref, à l’essentiel que tout homme normal devrait percevoir sans peine et que tout homme perçoit dans l’amour notamment, ou à l’égard de tout phénomène qui suscite l’admiration. C’est d’ailleurs la mission de l’art d’abstraire les écorces afin de dégager les noyaux ; de distiller les matières jusqu’à en extraire les essences. La noblesse n’est rien d’autre que la disposition naturelle à cette alchimie, et cela sur tous les plans.

Pour ce qui est de la subversion, sur le plan des idéologies, il n’y a pas seulement celles qui sont franchement pernicieuses, donc négatives malgré leurs masques, il y a aussi celles qui sont formellement positives – plus ou moins –, mais limitatives et empoisonnantes et finalement destructives à leur manière : tels le nationalisme et autres fanatismes narcissiques ; la plupart – sinon toutes – aussi éphémères que myopes. Et les pires parmi les faux idéalismes sont, à certains égards, ceux qui annexent et frelatent la religion. (pp. 33-34)
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La culture humaniste, en tant qu’elle fait fonction d’idéologie et partant de religion, consiste essentiellement à ignorer trois choses : premièrement, ce qu’est Dieu, car elle ne lui accorde pas la primauté ; deuxièmement, ce qu’est l’homme, car elle le met à la place de Dieu ; troisièmement, ce qu’est le sens de la vie, car cette culture se borne à jouer avec les choses évanescentes et à s’y enfoncer avec une criminelle inconscience. En définitive, il n’y a rien de plus inhumain que l’humanisme du fait qu’il décapite pour ainsi dire l’homme : voulant en faire un animal parfait, il arrive à en faire un parfait animal ; non dans l’immédiat – car il a le mérite fragmentaire d’abolir certains traits de barbarie - mais en fin de compte, puisqu’il aboutit inévitablement à«rebarbariser» la société, tout en la «déshumanisant » ipso facto en profondeur. Mérite fragmentaire, avons-nous dit, car l’adoucissement des mœurs n’est bon qu’à condition de ne pas corrompre l’homme, de ne pas déchaîner la criminalité ni d’ouvrir la porte à toutes les perversions possibles. Au XIXe siècle on pouvait encore croire à un progrès moral indéfini ; au XXe siècle ce fut le réveil brutal, il fallut se rendre à l’évidence qu’on ne peut améliorer l’homme en se contentant de la surface tout en détruisant les fondements.
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David est la grande personnification de la prière, du discours adressé du fond du cœur à la Personne divine. Il incarne ainsi tout le génie d’Israël, tout le grand message sémitique, qui est celui de la foi ; donc tout le mystère de l’homme debout devant son Dieu, et n’ayant rien à offrir que son âme, mais offrant celle-ci en entier, sans réticence ni réserve. De profundis clamavi ad Te Domine ; la créature qui est debout ainsi devant son Créateur sait bien ce que c’est que d’être homme et ce que c’est que de vivre en ce bas monde. David représente l’homme de bien aux prises avec les puissances du mal, mais invincible parce qu’il est homme de Dieu.

C’est ainsi que David, dans ses Psaumes, étale devant nous tous les trésors du dialogue entre la créature et le Créateur. Tout s’y manifeste : la détresse, la confiance, la résignation, la certitude, la gratitude ; et tout se combine et devient un chant à la gloire du Souverain Bien. On comprend sans peine pourquoi Jésus est « fils de David » et pourquoi – par voie de conséquence – Marie peut être dite « fille » du Roi-Prophète(1), indépendamment du fait qu’elle est sa descendante selon la chair.

(1) Ce dont témoigne le Magnificat, qui est tout à fait dans la ligne des Psaumes. (p. 119)
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Un trait caractéristique de la culture occidentale depuis le Moyen Âge finissant est, du reste, une certaine féminisation : à l’extérieur, le costume masculin manifeste en effet, du moins dans les classes supérieures et surtout chez les princes, un besoin excessif de plaire aux femmes – ce qui est révélateur –, tandis que dans la culture en général nous pouvons observer un accroissement de la sensibilité imaginative et émotive, bref une expressivité qui à rigoureusement parler va trop loin et « mondanise » les âmes au lieu de les intérioriser. La cause lointaine de ce trait pourrait être en partie le respect qu’avaient, selon Tacite, les Germains pour la femme – respect que nous sommes fort loin de blâmer –, mais ce trait tout à fait normal et louable eût été sans conséquence problématique s’il n’y avait pas eu un autre facteur beaucoup plus déterminant, à savoir la scission chrétienne de la société en clercs et laïcs ; de ce fait, la société laïque devenait une humanité à part qui croyait de plus en plus avoir droit à la mondanité, dans laquelle la femme – qu’elle le veuille ou non – joue évidemment un premier rôle(1).

Nous mentionnons cet aspect de la culture occidentale parce qu’il explique une certaine allure du génie extériorisé et hypersensible ; et n’oublions pas d’ajouter que tout cela relève du mystère d’Ève et non de celui de Marie, lequel relève de la Mâyâ ascendante.

(1) Un signe de cette autocratie laïque et de la mondanité qui en résulte est, parmi les manifestations vestimentaires, le décolleté des femmes, déjà blâmé par Dante, et paradoxal non seulement au point de vue de l’ascétisme chrétien, mais aussi au point de vue du légalisme sémitique, lequel ignore précisément la distinction entre clercs et laïcs puisqu’il sacralise la société entière ; ce n’est pas le phénomène de la dénudation qui étonne ici – car il existe légitimement dans l’hindouisme et ailleurs – mais c’est le fait que ce phénomène se produise en milieu chrétien. On pourrait dire aussi que la frivolité des moeurs laïques – les bals notamment – fait pendant au rigorisme exagéré des couvents, et que cette disparité trop ostentatoire marque un déséquilibre fauteur de toutes sortes d’oscillations subséquentes. Dans l’Inde, le maharadjah couvert de perles et le yogi couvert de cendres sont certes dissemblables, mais ils sont tous deux des « images divines ». (pp. 30-31)
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