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EAN : 9782818002988
192 pages
P.O.L. (26/08/2010)
3.5/5   12 notes
Résumé :
Elle est chanteuse lyrique. Sans travail, depuis des mois et des mois. Elle prépare une improbable audition pour jouer dans La Voix humaine de Poulenc, elle tourne en rond avec sa petite fille, dans sa grande maison, trop grande pour eux trois, une maison qui appartient à sa belle-famille, vous verrez, c’est la maison du bonheur, leur a-t-on dit en leur remettant les clés. Et aussi : il faudra penser à purger les radiateurs et tondre la pelouse et une maison pleine ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Comment parler de la dépression sans pathos? Comment dire le vide qui se fait en soi et autour de soi? Comment en parler de manière précise, quasi clinique, mais sans rien qui pèse, comme pèserait un savoir psychologique importé d'ailleurs. Marguerite Duras l'a fait dans Lol V. Stein et d'autres romans.

Il me semble que Violaine Schwartz a trouvé sa manière propre. Des phrases concises, parfois inachevées, qui donnent au réel l'éclat du silex. Une maison, immense et inhabitable, maison de famille, "maisons du bonheur", Une mère avec sa fille. On la sent insuffisante dans ce rôle de mère. Un mari qui passe. le seul rôle qui l'intéresse, c'est celui que peut lui donner son métier de cantatrice, avant la catastrophe. Car il ne se passe presque rien et pourtant nous sommes, nous lecteurs, inquiets d'un effondrement imminent. le chant lyrique devient cri.
C'est un drame pathétique et dérisoire, une histoire de femme seule dans une banlieue plutôt aisée. d'un basculement que rien ne peut contrecarrer Raymond Carver pas loin.
Le narrateur use du vous. S'adresse-t-il à son personnage ou bien directement au lecteur, qu'il chosifie avec cruauté? Redoutable efficacité.

Violaine Schwatz n'appuie jamais les effets et s'autorise l'humour au milieu du désastre : pour continuer à vivre la femme loue une chambre à un africain qui serait de la police. Humour et étrangeté. le monde nous échappe.

Un ami me dit que l'auteure, dont c'est le premier roman, a monté une lecture promenade autour de son oeuvre. On l'annonce le 26 mars dans les bibliothèques d'Aulnay sous bois. Vous avez un plan? RER B!

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Un premier roman rafraîchissant et dynamique en forme d'ovni littéraire.
Les paragraphes s'enchaînent passant du coq à l'âne avec toujours en toile de fond cette "maison du bonheur" qui tombe en miettes. On entre dans la tête de la propriétaire, cantatrice au chômage approchant dangereusement du point de rupture.
Monologue intérieur mené staccato à la deuxième personne; on se laisse entraîner dans les méandres d'un esprit en surchauffe. On se prendrait presque à chanter tant la syntaxe est rythmée, bondissante : les points d'exclamation marquent le tempo; on espère un soupir à chaque point. Mais c'est pour reprendre de plus belle. Chaque paragraphe est un couplet. Les idées s'entremêlent, l'obsession du moment réapparait chaque fois, comme un refrain.
La narratrice s'essouffle elle-même, s'emmêle et nous entraine dans sa course folle; on pourrait perdre haleine mais on s'accroche : cette cantatrice est finalement un être humain ordinaire, une femme du vingt-et-unième siècle qui se débat avec ses obligations. Une mère, une épouse, une femme d'intérieur, une working-girl (ça elle le voudrait bien). Elle n'a le temps de rien et pourtant elle fait tout. Elle se pose trop de question, s'arrête sur des points de détails; elle rumine et s'inquiète ; elle s'entête et fait des listes.
1, 2, 3...
Notre cantatrice parvient tout de même à exercer son art ; pas longtemps, le devoir l'appelle déjà ailleurs. Les rares moments où elle chante, on savoure l'accalmie. La typographie se déguise en partition, les lettres se font majuscules et on perçoit la musique : la puissance et la douceur d'une voix d'opéra.
Bientôt la tempête intérieure se déchaine à nouveau, reprenant de plus belle, crescendo. On n'espère plus de solution, pour elle, pour nous. On attend l'explosion.
Le calme reviendra ensuite, peut-être.
Cette cantatrice-là nous en rappelle une autre, chauve. L'auteur pourrait être une héritière de Beckett, retraçant l'absurdité de notre monde moderne.
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Elle est chanteuse lyrique. Sans travail, depuis des mois et des mois.
Elle prépare une improbable audition pour jouer dans La Voix humaine de Poulenc, elle tourne en rond avec sa petite fille, dans sa grande maison, trop grande pour eux trois, une maison qui appartient à sa belle-famille, vous verrez, c'est la maison du bonheur, leur a-t-on dit en leur remettant les clés. Et aussi : il faudra penser à purger les radiateurs et tondre la pelouse et une maison pleine de phrases et de choses à faire, dans laquelle ils flottent, trop d'escaliers, trop de pièces mortes, elle se dissout dans le papier peint, elle s'égare dans les fissures du plafond, et les problèmes matériels prolifèrent comme les pucerons dans le jardin, quelle chance d'habiter là, les voix ne s'arrêtent jamais dans sa tête, et la panique grandit, de tout ce qu'il y a à faire, que les gens font, qu'elle n'arrive pas à faire, à commencer par trouver du travail. Mais plus elle s'acharne en vocalises, plus sa voix s'abîme, moins l'argent rentre et plus les tuyaux fuient, plus les rues sont venteuses dans l'hiver qui arrive, et plus elle a la tête qui part en arrière : le sol se dérobe sous ses pieds, le monde danse tout à coup, mais inspire, expire, elle se rattrape toujours, jusqu'à la fois d'après...
Ce livre est le portrait d'une femme au pire d'elle-même, la radiographie d'un cerveau chauffé à blanc, rongé par la paranoïa, miné par le chômage, envahi d'herbes folles et de voix, mais qui cherche furieusement à sortir de la spirale et déploie une énergie démente pour rester debout. C'est le solo d'une imagination à fleur de nerfs, une partition minimaliste, obsessionnelle et trouée de silences, comme le texte lui-même, construit autour de ces points de butée où la pensée tombe dans le vide de la page blanche, mais repart aussitôt, toujours plus aiguisée, toujours plus vive, comme une machine à spéculer, lancée à toute vitesse, et plus le réel est pauvre, taiseux, plus il engendre un monde intérieur prolifique et ramifié, qui s'empare du moindre détail pour en faire un roman.

C'est un roman sur la folie qui peu a peu vire a la paranoïa. On assiste a la dégradation de cette femme en même temps que celle de la maison du bonheur qui tourne a la maison du malheur. L'écriture est saccadée ce qui peut dérouter le lecteur mais qui rend parfaitement l'état de santé mentale de cette femme. C'est son monde rempli de peur , de délire et de rejet des autres que l'on explore, un monde où on la voit s'enfermer sans volonté de s'en sortir et où elle rejette les raisons de ses échecs professionnels et personnels sur les autres. Une descente en enfer parfaitement maitrisée mais éprouvante pour le lecteur.

Ma note 7/10 pour ce roman .

« ce livre a été chroniqué dans le cadre d'un partenariat avec Chroniquesdelarentreelitteraire.com et Ulike »
Lien : http://desgoutsetdeslivres.o..
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La narratrice est une chanteuse lyrique encore jeune dont l'heure de gloire est passée. Elle continue néanmoins de s'entraîner chez elle, attendant des propositions qui ne viennent pas. Dépressive, elle tourne en rond dans leur demeure récemment acquise - "la maison du bonheur", leur a-t-on promis... Elle est mal, l'argent manque, ses rares paroles à son mari sont des reproches, elle se sent coupable d'être une mauvaise mère, une piètre ménagère, de faire crever les rosiers. Elle gamberge sur le locataire, sur les voisins, elle divague. Mais, tant bien que mal, elle essaie de sauvegarder les apparences, de faire "comme si", de continuer à mettre un pied devant l'autre...
Immersion dans les pensées et les idées noires d'une femme mal dans sa peau, dont la tête "part en arrière" régulièrement, qui sent des "courants d'air" partout. le malaise du lecteur va crescendo, on craint un drame, le rythme vif et saccadé ajoute à l'angoisse et essouffle... Un récit sombre et poignant, une écriture prenante, tourbillonnante, un portrait très touchant d'une femme fragile, seule, malade.
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J'aime les chanteuses qui écrivent alors là je suis contente d'avoir trouvé le livre de Violaine Schwartz en recherchant un de ses concerts en duo avec Hélène Labarrière (voix/contrebasse génial!).
Dans "La tête en arrière" elle montre qu'il est difficile de chanter comme de vivre et j'ai bien aimé sa façon de l'écrire à voix haute et de nous faire partager sa musique intérieure même si elle est dissonante.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Petit un : chanter.

Petit deux : faire les courses.

Petit trois : balayer.

Chaque chose en son temps.
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Videos de Violaine Schwartz (36) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Violaine Schwartz
Alors que la famille de Simon est réunie autour de la tombe de son grand-père, Luciano Malusci, un secret lui est révélé par l'indiscrétion d'un oncle : Malusci aurait eu un fils illégitime, qui vivrait toujours sur les rives du lac de Constance. Habité par l'envie de découvrir qui est ce fils tenu à l'écart du clan, Simon se met à enquêter, porté par un sentiment de perte et de fragilité, à un moment où il se sépare lui-même de sa compagne et mère de ses deux fils. Tissant avec habileté un double récit alternant enquête familiale et traversée du deuil amoureux, Sylvain Prudhomme livre un roman émouvant, qui met en lumière l'humanité de personnages pris en étau entre leurs contradictions et de leur ambivalence. Par la grâce de son écriture, il invite le lecteur à un cheminement mélancolique où le destin de ces êtres entre en résonance avec les trajectoires de tout un chacun. La lecture du roman sera faite à deux voix, par l'auteur et le comédien Pierre Baux.
Sylvain Prudhomme est l'auteur d'une dizaine de livres parmi lesquels Par les routes (prix Femina 2019), Les Grands et Les Orages (L'Arbalète), tous salués par la critique et traduits à l'étranger. Comédien, Pierre Baux est également directeur du festival 543 de Coustouges qu'il a cofondé en 2020 avec Antoine Caubet et Violaine Schwartz.
Lecture à deux voix, suivie d'une rencontre animée par Sarah Polacci
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