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Serge Mestre (Traducteur)
EAN : 9782070734825
304 pages
Gallimard (13/05/2004)
3.69/5   42 notes
Résumé :
On retrouve dans Vingt ans et un jour le personnage de Federico Sánchez, le vrai-faux nom de Jorge Semprun à l'époque où il était agent de liaison entre les résistants espagnols et le parti communiste.

Cependant, le roman dépasse largement ce cadre autobiographique pour recréer l'Espagne des années 1950 et les débuts, en 1956, de l'engagement des intellectuels dans le combat contre le totalitarisme franquiste. Ainsi, son titre évoque à la fois la pein... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Retour de lecture sur "Vingt ans et un jour" de Jorge Semprun publié en 2003 dans sa version originale en espagnol. L'histoire de ce livre tourne autour de l'évocation d'une étrange cérémonie macabre : en 1936, un groupe de paysans en colère avait assassiné José Maria, le jeune héritier du riche domaine de la Maestranza dans un village près de Tolède. Depuis, la famille oblige chaque année les paysans à rejouer en expiation cet assassinat. Vingt ans plus tard, un universitaire américain essaie d'assister à cette cérémonie qui n'aura pas lieu, remplacée par l'enterrement côte à côte de l'assassiné et d'un des ses assassins, le domestique Chema, qui fût un ami d'enfance. C'est le prétexte pour Semprun de nous dessiner une Espagne très nuancée dans ces années 50, lors des premières manifestations contre le Caudillo. Se côtoient ainsi les enfants des "rouges" perdants de 1936 et ceux de la jeunesse privilégiée des vainqueurs. Semprun nous dresse quelques tres beaux portaits, notamment celui de la femme de l'assassiné, Mercedes. Ces portraits, tout en subtilité, montrent une société espagnole de l'époque très fragmentée. L'église catholique est également très présente dans ce roman, avec deux courants antagonistes, l'un ultra conservateur et l'autre plus progressiste. Un livre avec beaucoup de références politiques et culturelles, on y côtoie même Hemingway, et il y a tout particulièrement une évocation récurrente du tableau "Judith et l'holopherne" d'Artemisia Gentileschi qui fait partie intégrante de cette histoire.
Une lecture qui a un côté un peu pénible car il n'est pas toujours facile de suivre l'histoire. On est souvent perdu à cause des trop nombreux personnages évoqués, qui en plus ne sont pas toujours appelés par le même nom. La structure du récit en elle-même est aussi très déroutante, il y a souvent des retours en arrière et même des passages dans le futur. On voit bien tout au long de cette lecture que l'auteur veut jouer avec le lecteur, mais cela est bien trop répétitif, trop confus, et Il y a des pirouettes narratives qui n'apportent vraiment pas grand chose à part de tout compliquer inutilement et de nous perdre. Pour finir, malgré le fait que l'on a souvent du mal à suivre l'auteur, c'est un livre qui reste très intéressant, avec ce portrait d'une Espagne, vingt ans après sa guerre, qui n'est qu'au début de sa réconciliation nationale et qui cherche encore à se libérer du franquisme.
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Ce livre ne m'a pas laissé franchir sa porte facilement. Un peu perdu, du mal à suivre les personnages, les espaces et les temps. Il m'a fallu un bon moment pour mieux comprendre la mécanique narrative, qui se révèle au final complexe et singulière. Comme une même histoire racontée plusieurs fois, distillée par fragments, mais pas tout à fait. Des aller-retours entre 1936, l'époque du fait (même si comme le dit Semprun lui-même à plusieurs reprises, on ne sait jamais vraiment quand commence une histoire) et 1956, où se joue une sorte de reconstitution. le temps qui a passé, dans une société espagnole qui garde un pied dans la guerre. Un arrière-plan politique très dense, et la question du désir, omniprésente. Par bonheur, et quel bonheur, Semprun, dans un rapport intime avec l'histoire, dévoile la "salle des machines", la fabrication d'un livre résolument alambiqué !
Et ce livre m'a aussi offert une petite vanité, moi qui aime les livres qui font aimer les livres : la joie de chercher dans ma bibliothèque les livres assez nombreux cités par Semprun. En particulier les Nouvelles exemplaires de Cervantes.
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Juillet 1956. Michael Leidson, historien américain se retrouve en Espagne, dans la famille Avendano. Il vient assister à la commémoration qui se tient chaque année de la mort de José Maria Avendano par les paysans de sa propriété en apprenant la nouvelle du coup d'Etat militaire le 18 juillet 1936. Plus qu'une commémoration, il s'agit d'une sorte de petite pièce de théâtre qui vise à rejouer ce qui s'est passé en ce jour funeste. de nombreuses personnes vont se retrouver réunies à l'occasion de cet événement. Des personnages aux idées politiques parfois diamétralement opposées qui donnent l'apparence de bien vivre ensemble. L'apparence seulement, car, en grattant un peu, le narrateur met au jour ce qu'ils ont sur le coeur.

L'auteur s'amuse avec le lecteur en le perdant dans les nombreux récits qui touchent les différents protagonistes qui se retrouvent dans cette villa en ce mois de juillet 1956. Des histoires qui sont esquissées par petites touches et sur lesquelles l'auteur revient régulièrement, ajoutant des informations en fonction du personnage qui s'en souvient. Ultime jeu avec le lecteur : l'identité du narrateur qui est dévoilée à la quasi fin du roman.

J'ai aimé le style de Jorge Semprun. Je me suis parfois un peu perdue dans l'histoire, notamment dans les nombreux personnages secondaires. Mais c'est un livre que j'ai lu avec plaisir et qui donne une bonne idée de la société espagnole de l'époque.
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Judith et Holopherne d'Artemisia Gentileschi (1593-1652), peintre italienne de l'école caravagesque. C'est l'image que j'ai choisi de mettre en couverture, car le tableau fait partie intégrante de l'histoire.

Au niveau de l'écriture même du roman, le narrateur est très présent. Il intervient souvent, apporte de nombreux commentaires, des digressions.Le titre fait référence au délai qui s'est écoulé entre les deux principaux épisodes de l'histoire : le 18 juillet 1936, où un propriétaire terrien est assassiné, et juillet 1956, l'année où se déroule le roman. C'était aussi le « tarif » encouru par tous les dirigeants clandestins anti-franquistes.

C'est l'Espagne meurtrie par la guerre civile et le franquisme, hantée par ses écarts, ses emportements et débordements, son sens de la tragédie et du drame portés à leurs paroxysmes.

Il existe deux récits des événements vécus par la famille Avendano, deux versions qui sèment le trouble et s'entrecroisent notamment grâce au choix de rompre toute linéarité.

C'est un beau livre qui présente une Espagne sous le régime franquiste, la menace du régime contre les opposants notamment suite au mouvement étudiant, mais une lueur de libération se fait jour par cette rébellion qui montre une jeunesse vivante et lectrice d'ouvrages interdits.
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Roman écrit directement en espagnol (alors que Semprún écrivait surtout en français) comme un legs pour ses compatriotes pour expliquer sa participation en tant que clandestin, dans la meurtrière guerre civile espagnole.
C'est un roman politique avec de la fiction et articulé entre l'année 1936 et 1956.C'est un excellent roman metalittéraire avec des citations politiques, historiques, culturelles, philosophiques, et même familiales qui montrent bien le dégré d'érudition de Jorge Semprún, qui de plus, était polyglotte.

Je viens de publier un billet, mais en espagnol sur ce livre qui est très riche:
http://pasiondelalectura.wordpress.com/2013/04/28/veinte-anos-y-un-dia-de-jorge-semprun/
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Federico, ce fut un des instants les plus étranges mais aussi les plus émouvants de ma vie : cette musique, ce salon houssé d'une blanche chimère, ce corps exquis de femme contre le mien, ses seins, ses hanches, ses jambes qui s'insinuaient entre les miennes et, en même temps, la certitude qui m'avait saisi, j'étais en train de danser avec la Mort : cette angoisse, cette sensation de vertige, tout à la fois, Federico.
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Il continue à s'abstraire et à admirer ce tableau incontestablement fascinant.(...) La première chose qui retenait l'attention, c'était la blancheur neigeuse des épaules de Judith, ses seins quasiment nus dont la beauté était soulignée par l'ombre qui isolait sur la toile, en la rehaussant, leur respective rondeur. Sur ce tableau, Judith était resplendissante dans sa robe bleue, très décolletée. (C'était un bleu) d'une nocturne obscurité diaphane s'harmonisant avec la sourde couleur rouge de la servante de Judith, (servante qui) immobilisait Holopherne tandis que sa maîtresse lui tranchait la gorge proprement...
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Désolée mais cette excellente blague qui joue sur les mots pourra être appréciée que par ceux qui lisent l'espagnol...
Après la victoire du CEDA aux élections générales de 1933, le roi Alfonso XIII envoya un télégramme au Président de la République Aniceto Alcalá Zamora, rédigé comme ceci:"Ante la CEDA cede. Te cito en Biarritz; Alfonso. Et au Président de répondre : Ni CEDA, ni cedo, ni cita. Niceto".
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La patrie d'un écrivain n'est pas la langue, c'est le langage...
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On ne terminera donc jamais de se demander à quel moment commence en réalité cette histoire, par quel bout il faut entamer son récit. Mais peut-être n'est-ce pas seulement propre à cette histoire : ce pourrait bien être pareil pour toutes les histoires.

p28
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