AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782754811811
536 pages
Futuropolis (21/11/2014)
4.79/5   28 notes
Résumé :
Ce n’est pas peu dire que l’oeuvre de Joann Sfar est liée à celle de Romain Gary. À l’occasion de la sortie de son film, Gainsbourg, vie héroïque, il disait déjà : “J’ai passé mon temps à me dire que je faisais un film sur Romain Gary… ».
Pour honorer le centenaire de la naissance de l’écrivain, Sfar lui rend hommage en s’appropriant une de ses oeuvres, l’accompagnant de son trait nerveux, de sa liberté de ton, et avec sa générosité coutumière.
Que lire après La promesse de l'aubeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
J'avais déjà lu La promesse de l'aube il y a longtemps, très longtemps ; trop jeune certainement pour tout et bien comprendre. À l'occasion de la sortie d'une version complète du texte illustrée par Joann Sfar (excellente initiative de Futuropolis), je n'ai pas pu résister. Encore une fois ;)
Il s'agit au premier abord d'un roman autobiographique qui raconte l'auteur enfant à Vilnius, puis adolescent à Nice, jeune étudiant à Paris, militaire enfin pendant la deuxième guerre mondiale, non pas sous forme d'une chronologie de faits mais plutôt sous l'angle de la construction de l'homme en devenir, d'une observation : « curieux comme l'enfant peut survivre dans l'adulte ». J'ai eu grand plaisir à relire ce texte magnifique, au point de désirer poster une citation à quasi chaque page lue. Quel talent pour décrire les rêves de l'enfance, dans ses désirs et ses envies, voire ses ambitions. Ses premières amours, ses premières filouteries aussi, ses débuts littéraires, il se livre en toute sincérité. Mais c'est à mes yeux moins un livre qui parle de lui plutôt que de sa mère, de l'amour sincère et absolu qu'ils se vouent mutuellement.

Contrairement à ma première lecture, je me suis prise d'affection pour cette femme hors du commun. Courageuse, quasi opiniâtre, cette mère est seule pour élever son fils unique. Elle veillera à ce qu'il ne manque de rien, physiquement, intellectuellement et artistiquement. Elle nourrira pour lui les plus grandes ambitions… Cet amour filial passionné, à la limite du raisonné, m'a longtemps paru effrayant, castrateur, humiliant aussi. Il l'est, le reste à mes yeux ; mais j'y ai découvert plus que ça, peut-être parce que je suis devenue mère à mon tour. Fervente, idéaliste, passionnée, démesurée, elle lui a tout grand ouvert les portes du possible ; cette femme est à la fois comme issue d'un temps révolu et d'une modernité incroyable. Sa conception des hommes est totalement rétrograde, tout comme celles de femmes, mais son indépendance farouche est fascinante, surtout pour cette époque. Au-delà, Romain Gary relate ses anecdotes avec tant d'humour, de finesse psychologique, qu'on tendrait à son instar à tout lui pardonner, au final.

On trouve beaucoup plus de gravité dans la dernière partie, sur le récit qu'il fait de ses années de guerre. Il échappe à la mort à plusieurs reprises, alors que tant de ses compagnons meurent autour de lui, ses amours aussi. Il explique en milieu de roman qu'à ses débuts il commençait toujours par écrire le dernier chapitre. « J'étais assis dans ma chambre, au rez-de-chaussée de l'hôtel, devant la fenêtre ouverte, occupé à polir le dernier chapitre du roman auquel je travaillais. C'était un superbe dernier chapitre, et je regrette aujourd'hui encore de n'avoir jamais réussi à écrire ceux qui devaient le précéder. À l'époque, j'avais déjà au moins vingt derniers chapitres à mon actif. ». Réussite parfaite pour La promesse de l'aube : le dernier chapitre est magnifique, admirablement amené par tous ceux qui le précèdent.

Les dessins de Joann Sfar enfin ont été un vrai plus pour moi. Déjà par sa qualité intrinsèque, évidemment, mais parce qu'il choisit d'illustrer les extraits qui l'ont arrêté, lui, en fonction de sa sensibilité propre, et qui n'avait pas forcément pris autant de place dans ma lecture. Il leur a alors donné un relief nouveau à mes yeux, et ça, c'est divin pour une re-lecture...
Commenter  J’apprécie          161
Voilà trois mois que j'avais disparu dans la nature et que je me contentais d'observer de loin vos activités bloguesques. Quelques anniversaires, critiques, coups de gueule et voyages plus tard, j'ai enfin repris la route qui me mène jusqu'à vous qui me manquiez. Pour mon retour, j'ai décidé de frapper fort avec un énorme coup de coeur (celui-là fera parti de mon top ten des livres qui m'ont le plus touché). J'ai déjà commencé un second livre du même auteur ... La promesse de l'aube de Romain Gary illustré par Joann Sfar, un pavé de 527 pages qui m'a tout simplement effrayé par sa taille et son poids lorsque je l'ai vu sorti de son emballage (oui Evelyne il m'arrive d'être effrayé par tes livres mais merci pour ce magnifique présent !).

Dans ce roman qui se veut autobiographique, Romain Gary retrace son enfance auprès de sa mère après l'abandon d'un père qu'il n'aura pas connu. Un hommage à celle qui rêvait de tous les honneurs pour lui et avait les plus grandes ambitions. Une personnalité hors du commun qui le conduira de Vilnius, à Varsovie puis à Nice. Elle le rêve danseur étoile, violoniste virtuose ou mieux ambassadeur, général et écrivain.

"... Tu seras un héros, tu seras général, Gabriele d'Annunzio, ambassadeur de France !"

Il ne peut décevoir cette femme extraordinaire et se doit de réaliser tous ses désirs. Lorsque la guerre éclate il part combattre auprès de la France Libre, laissant sa mère au pays seule et malade. Ce sont ses lettres qui lui permettront de tenir dans les pires moments. Il se rendra compte en revenant qu'elle était morte déjà depuis trois ans mais avait chargé une amie de lui faire parvenir les centaines de lettres qu'elle avait écrite par avance.

"Il n'est pas bon d'être tellement aimé, si jeune, si tôt. Ca vous donne de mauvaises habitudes. On croit que c'est arrivé. On croit que ça existe ailleurs, que ça peut se retrouver ... Partout où vous allez, vous portez en vous le poison des comparaisons et vous passez votre temps à attendre ce que vous avez déjà reçu. Je ne dis pas qu'il faille empêcher les mères d'aimer leurs petits. Je dis simplement qu'il vaut mieux que les mères et encore quelqu'un d'autre à aimer. Si ma mère avait eu un amant, je n'aurais pas passé ma vie à mourir de soif auprès de chaque fontaine."

Ce sont des flèches d'émotion qu'il décoche avec art en plein coeur. Des moments d'arrêt, de révélation, de mise en lumière qui vont au delà de l'amour filiale. Il y a des pans entiers de ce roman qui m'ont interrogé ; des réflexions sur les croyances, la confiance, l'amour sans compter sur sa vision de la guerre, du racisme, de la littérature, ... Des passages entiers à entourer, souligner, surligner ! Un livre que je ne me lasserai pas de relire encore et encore.

Les illustrations de Joann Sfar sont quant à elle magnifiquement adaptées permettant une mise à distance à certains moments de l'histoire. Elles ne viennent pas illustrer le propos dont il est question nécessairement mais offre parfois un autre moment de vie de l'auteur ce qui nous permet une mise à distance et une plus grande vision d'ensemble de cet auteur prodigieux. Merci à lui !

Lien : http://depuislecadredemafene..
Commenter  J’apprécie          30
Chef d'oeuvre manifié par les dessin de Sfar, ce récit est plein d'humour, d'autodérision et de tendresse. Au passage il éclaire la réalité de la vie des héros de guerre, ce qui n'enlève rien à leur mérite.
On peut ne pas partager l'impossibilité de Romain Gary de vieillir sans être le garçon chéri d'une femme, mais être saisi par le récit de cet amour inconditionnel.
Car si ce pavé peut effrayer, on n'en sent plus le poids un fois plongé dedans, et on ne peut plus le quitter.
Commenter  J’apprécie          00


critiques presse (1)
Lexpress
09 mai 2014
De son crayon, Sfar a saisi l'homme et l'oeuvre. C'est le plus bel hommage que l'on puisse rendre à cet écrivain dont les livres éclairent encore notre époque sans gloire.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Des centres prophylactiques marqués d'une croix rouge venaient des effluves de permanganate, de savon noir et d'une pommade particulièrement écœurante à base de calomel, cependant que les infirmiers sénégalais en blouse blanche luttaient à doses généreuses contre la menace des tréponèmes et des gonocoques, laquelle, sans cette ligne Maginot sanitaire, risquait de mettre sur le flanc l'armée ainsi deux fois vaincue.
Commenter  J’apprécie          10
.. tout ce petit bric-à-brac que l'humanité laisse derrière elle sur ses rives,
à force de couler, à force de mourir, traces de passage, humbles et biscornues,
de mille campements évanouis.
Commenter  J’apprécie          30
Pourquoi racontez-vous toujours des histoires contre vous-même Romain Gary ?
Mais il ne s'agit pas seulement de moi. Il s'agit de notre je à tous.
De notre pauvre petit royaume du Je, si comique, avec sa salle du trône
et son enceinte fortifiée.
Commenter  J’apprécie          20
Curieux comme l'enfant peut survivre dans l'adulte.
Commenter  J’apprécie          120
J'ai toujours rêvé d'être ruiné par une femme moralement, physiquement et matériellement : ça doit être merveilleux de pouvoir faire tout de même quelque chose de sa vie.
Commenter  J’apprécie          20

Lire un extrait
Videos de Joann Sfar (176) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Joann Sfar
Joann Sfar - Ce qui nous divise, ce qui nous lie
autres livres classés : autobiographieVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (81) Voir plus



Quiz Voir plus

Le chat du rabbin

De quelle couleur est mon pelage ?

Gris souris
Tigré
Ebène

10 questions
136 lecteurs ont répondu
Thème : Le chat du rabbin - Intégrale de Joann SfarCréer un quiz sur ce livre

{* *}