Oh, que cette pièce est excellente grâce à ses nombreux quiproquos !
Le roi
Cymbeline est en colère: sa fille, Imogène, a épousé en secret Posthumus, un orphelin pauvre que le souverain avait pris sous sa protection, alors qu'il destinait la princesse à Cloten, le fils de sa nouvelle épouse, une reine autoritaire et prête à tout pour parvenir à ses fins. Posthumus est banni et la fidélité d'Imogène va être défiée; mais bien que sa loyauté soit exemplaire, le contraire va être certifié au mari démuni qui va alors, sous le coup d'une folle envie de vengeance, ordonner à son valet de la tuer. Mais Pisanio ne peut se résoudre à l'acte mandaté par son maître et préfère plutôt éloigner la jeune femme du château en la déguisant afin que personne ne la reconnaisse; au fil de son cheminement, Imogène va croiser la route de trois hommes qui vont lui venir en aide. Mais l'ignominie de la reine et de Cloten n'est jamais très loin et, alors qu'une guerre se déclare entre Rome et la Bretagne, les protagonistes de cette histoire vont connaître bien des bouleversements.
J'ai vraiment adoré cette pièce pleine de rebondissements et portée par une succession savamment orchestrée de confusions. L'histoire est captivante de bout en bout et se lit aussi rapidement que facilement. Si la partie fantastique, avec ses apparitions de spectres et du dieu Jupiter descendu sur Terre, ne m'a pas parue forcément nécessaire, chacune des scènes m'a intéressé.
Margaret Jones-Davies évoque, dans sa préface, le conte de "Blanche-Neige" que
François-Victor Hugo, toujours aussi passionné dans ses propos introductifs, a totalement omis - le traducteur se concentrant sur les origines françaises et italienne d'une partie de l'histoire, mettant en avant la jalousie, thématique sous laquelle est placée la pièce -; et il y a, en effet, quelques ressemblances: une méchante reine voulant la mort de quiconque l'empêcherait de régner, une princesse en fuite en pleine nature après qu'on ait demandé de la tuer avec preuve de son trépas, puis recueillie par de bienveillants héros, en passant par l'absorption d'un poison qui l'a laisse pour morte... mais si la maître de conférences n'avait pas relevé ce point, je n'y aurais pas pensé de moi-même, la construction du récit étant telle qu'on le comprend sans chercher à relever des similitudes. Par contre, on ressent tout à fait l'atmosphère de conte de fées, sans savoir si l'histoire va bien se terminer ou non.
Une fois de plus,
Shakespeare met en scène des personnages développés qui ont tous leur importance; d'un Deuxième Seigneur qui raille Cloten dans son dos, à Posthumus, aussi aimable que peut être violente sa jalousie, en passant par Pisanio, simple serviteur prenant, en une simple lettre, tout l'autorité qu'il mérite, pour terminer par un
Cymbeline influençable... ils possèdent tous une force, un impact.
Cette pièce aurait pu avoir d'innombrables noms, le choix de "
Cymbeline" est d'autant plus intéressant que le personnage n'est pas le plus présent au fil des actes, et l'on se demande ce qui a motivé le dramaturge: la situation politique ou le fait que, finalement, tout converge vers ce personnage ?
Quoi qu'il en soit, c'est un récit très plaisant à découvrir !
Lien :
http://letoucherdespages.blo..