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Mélanie Basnel (Traducteur)
EAN : 9782809701319
272 pages
Editions Philippe Picquier (21/08/2009)
3.56/5   138 notes
Résumé :
Après La colère des aubergines, Bulbul Sharma nous revient avec des histoires pétillantes de drôlerie.
Des femmes partent en voyage, et leur vie bascule. Elles partent pour se marier, pour aller voir leur fils, pour échapper au crime qu'elles croient avoir commis ou à une belle-famille tyrannique. Sous leurs regards baissés et leurs saris chatoyants, elles cachent un coeur limpide, un courage à toute épreuve, et elles accueillent les surprises du chemin avec ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (28) Voir plus Ajouter une critique
3,56

sur 138 notes
Huit nouvelles de l'exquise écrivaine Bulbul Sharma.Déjà le titre "mes sacrées tantes",(v.o."my sainted aunts"), donne le ton.
Huit histoires de femmes indiennes qui voyagent, seules, en famille,pour aller voir un fils, se marier, pour échapper à un crime qu'elles croivent avoir commis, fuir une belle-famille tyrannique...voyages salvateurs ou non , mais qui changeront à jamais leurs vies.Des voyages aussi dans le temps ("Jusqu'à Simla en tonga",se déroule dans la premiére moitié du siècle dernier).
Des histoires qui racontent le drame du quotidien régit par la tradition que ces femmes essaient de contourner avec courage. Cette tradition qui donne froid dans le dos,comme le destin terrible des veuves, les mariages arrangés à l'âge infantile ,obligation de la femme mariée de vivre avec les beaux-parents,à la solde de ces derniers....
Écrites en 1992, je pense qu'en vingt-cinq ans le sort des femmes a quand même évolué,bien que la base de la tradition est toujours présente.
Certaines nouvelles peuvent paraître longues pour qui n'est pas indophile, mais saupoudrées d'une bonne dose d'humour, elles sont trés, trés agréables à lire!
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Même sujet général que dans Mangue amère : l'Inde, sa société, ses traditions, ses conventions, et le poids qui pèsent sur les individus, hommes et - surtout - femmes. Or, si Mangue amère sombrait dans une ambiance triste où il semblait que chaque destin était joué d'avance, le ton de Mes sacrées tantes est résolument humoristique. Ce qui ne veut pas dire que la société décrite soit plus indulgente pour ses membres, mais qu'elle est observée d'un oeil différent.

Ici, l'émancipation est encore possible. Ce n'est pas toujours très clair, mais il me semble que la plupart des histoires prennent place dans une Inde encore colonisée, d'où peut-être cette vision d'un espoir à venir, et non d'un futur inéluctable. Car l'émancipation peut être familiale, individuelle, collective, politique.

Le corset des traditions n'en est pas moins pesant, mais l'on voit, par exemple à travers le portrait de vieilles femmes d'un abord revêche, à l'air insupportable, comment on peut s'en jouer tout en maintenant une apparence de parfaite respectabilité. Car, en Inde comme ailleurs, suivre les règles de la société, c'est avant tout une question d'hypocrisie.

Les odeurs de cuisine, très présentes dans Mangue amère, m'ont quelque peu manqué. Mais j'ai beaucoup aimé le ton ironique de Bulbul Sharma et la fin de la seconde nouvelle m'a fait éclater de rire. Ce qui n'est pas si courant lorsque je lis un livre !
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Il y a un peu de Tatie Danielle version hindoue et beaucoup d'humour à la manière de "trois hommes et un bateau" dans ce recueil de nouvelles qui nous présentent le visage de L'inde actuelle à travers des femmes très différentes. L'art de la nouvelle consiste ici à ciseler des portraits aussi riches que chaleureux, dans situations originales, et à nous montrer le rapport des femmes hindoues avec leurs maris. Pleins d'humour, chaleureux et humains, ces textes nous entraînent dans les profondeurs de l'Inde, celle non seulement des rites et des traditions, mais aussi celle des usages de la vie quotidienne, des petits gestes et des habitudes, de tout ce qui compose une existence aux détours parfois inattendus. Ce livre se savoure comme un plat délicatement épicé , c'est un régal !
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Je dois reconnaître un premier fait : le genre de la nouvelle n'est vraiment pas fait pour moi (mis à part les nouvelles de Guy de Maupassant, extrêmement concises). J'ai besoin de plus de temps pour m'imprégner des personnages, d'autant plus que leur culture, leur manière d'être et de penser sont radicalement différents de la mienne. J'avais éprouvé moins de difficulté avec Compartiment pour Dames d'Anita Nair bien que chaque femme raconte tour à tour son histoire. L'enchâssement de chaque récit dans un récit plus vaste, le crescendo dans la désespérance y était sans doute pour beaucoup.
Ici, le ton est plus varié, et parfois même franchement comique. Je pense en particulier à deux nouvelles, le pèlerinage de Mayadevi et Les premières vacances de RC. Dans le pèlerinage de Mayadevi, l"héroïne prend l'avion pour la première fois, pour rendre visite à son fils, dentiste à Londres. Elle ne l'a pas revu depuis des années parce que môssieur a pris l'avion une fois pour l'Angleterre et qu'il n'a jamais osé le reprendre depuis. Tant pis pour les périls encourus : sa vieille mère va lui montrer ce que c'est que le courage, en dépit des risques qu'elle prend, et lui rappellera les devoirs qu'un fils doit à sa mère. Non mais ! Elle a même appris l'anglais de manière intensive afin d'être fin prête le jour dit. Ne croyez pas que ce voyage se passera exactement comme prévu, et si Mayadevi renvoie certains européens à leurs clichés et autres phrases toutes faites sur l'Inde, elle est profondément émue par Martha sa belle-fille, qui lui offre quelque chose, au contraire des autres membres de sa famille qui ne lui donne que ce qu'elle leur a demandé.
Dans les premières vacances de RC, nous avons ce fameux RC, chef d'entreprise à la vie réglée à la minute près. Il régente mère, femme et fille d'un chronomètre de maître, et gare à celles qui changerait quoi que ce soit à sa vie !!!! Pourtant, c'est lui qui décide d'emmener toute sa famille en voyage. S'il s'était douté de toutes les changements que celui-ci allait apporter dans sa vie.... il serait parti beaucoup plus tôt.
Quant aux Sacrées tantes, qui donnent leur nom au recueil, nous les retrouvons dans Les tantes et leurs maux, la troisième nouvelle. Des maux, elles en ont, et pas qu'un seul. Je crois en fait que leur existence a été traversée par tellement de maladies que c'est une chance bien réelle qu'elles soient parvenues jusqu'à l'âge qu'elles ont. La rencontre avec la veuve d'un médecin, lors qu'un voyage en train, changera leur vie : que de nouveaux maux ne vont elles pas connaître grâce à elle !!!
Tout n'est pas aussi riant dans les autres nouvelles, et le mariage reste souvent douloureux pour les femmes. La "trop grande épouse" de l'avant-dernière nouvelle doit son malheur à sa grande taille - 1 m 75 - ce qui donne des accès de fureur à son nabot de mari. La manière dont elle retrouve sa liberté face à la violence de son mari est extrêmement courageuse. Autre extrême : la très jeune mariée n'est qu'une enfant lorsqu'elle est envoyée dans le palais de son mari. Son père a voulu un mariage somptueux pour elle, elle découvre non seulement la condition de femme mariée, dans une famille où la grand-mère règne comme une despote, mais aussi celle de veuve, en la personne de la toute jeune Uma, dont le mari est décédé.
Mes sacrées tantes est un recueil que je conseillerai aux amateurs de nouvelles et à ceux qui veulent découvrir petit à petit la littérature indienne.
Lien : http://le.blog.de.sharon.ove..
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La colère des aubergines m'avait mis l'eau à la bouche. Cet autre recueil n'est pas aussi appétissant : BulBul Sharma continue de dévoiler le fonctionnement des familles indiennes, toujours du point de vue des femmes, toujours avec un humour léger, la galerie de personnages est toujours large, les portraits sont toujours intéressants (par exemple celui des tantes hypocondriaques).
Mais ?
Mais, s'il se passe quelque chose dans ces histoires : changement de vie pendant « Les premières vacances de R.C .» et quelques autres, au moins changement radical de point de vue dans « Le pèlerinage de Mayadevi », s'il y a plus de narration que dans le précédent recueil, il y a moins de cuisine, moins d'odeurs, moins de goinfres et de gourmands -je vous rassure, il en reste un peu.

Et il y a pour moi toujours autant de stupeur devant cette image figée de la société indienne, ses castes, ses hiérarchies non écrites, ses coutumes difficiles à comprendre. Faute d'introduction allant dans ce sens, ou de subtilités de traduction qui m'orienteraient, j'ai du mal à croire qu'il s'agit là d'une mise en lumière qui vaudrait critique : l'auteure nous régale de la finesse de son analyse, pas d'espoirs de changement. La femme sera soumise, la petite fille mariée à 6 ans, la dominante dominera, la patronne ne s'inquiétera pas de ses servantes... et cela jusqu'à la fin des temps ?
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
En fait, on disait au village que sa mère avait été effrayée par un taureau au moment de la naissance, et que les effets désastreux de cet événement furent visibles dès le plus jeune âge du garçon sur son visage et dans son tempérament. Gajanath avait la peau très sombre, des yeux globuleux, et sa tête était solidement enfoncée sur son corps trapu sans laisser voir le moindre centimètre de cou. Sa mâchoire inférieure était légèrement protubérante, comme s'il s'apprêtait à tout moment à contrer une offense. Son humeur s'enflammait aussi vite qu'une allumette dans l’herbe sèche, et son caractère soupe au lait était connu de tout le village. Personne n'osait ne serait-ce que le saluer, de peur de laisser échapper quelque chose qui aurait pu lui déplaire. Ils se souvenaient tous qu'un jour, un étranger avait fait une remarque sur les plants de moutarde, il avait trouvé que ceux-ci avaient bien fleuri malgré de très petites pousses, et le garçon s'était jeté sur lui, l'avait violemment cloué au sol et lui avait mordu le bras. L'homme avait quitté le village sans intention d'y revenir, mais le garçon l'avait attendu pendant une semaine,une hache à la main.

Une trop grande épouse
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Mayadevi et son fils ne s'étaient pas vus depuis quarante ans, mais cela ne les empêcha pas de faire le chemin entre l'aéroport et la banlieue résidentielle, riche et arborée, dans un pesant silence. La mère ne posa pas une seule question, et le fils ne donna pas une seule explication, pensant qu'elle savait déjà tout de sa vie et la désapprouvait fermement. Arrivés devant la maison, Mayadevi sortit de la voiture d'un air méfiant, s’attendant peut-être à trouver des pièges cachés dans le jardin parfaitement entretenu. Ils franchirent le seuil avec l'enthousiasme d'un cortège funèbre, et lorsque sa femme sortit de la cuisine pour les accueillir, Amit faillit en pleurer de soulagement.

Le pèlerinage de Mayadevi
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Peu à peu, son irritation s'évanouissait au fur et à mesure qu'ils dépassaient les bornes kilométriques et s'accordaient à son emploi du temps initial. Il pardonna même à Basant et aux femmes leur folie passagère à Delhi. C'est à cause de la mauvaise influence de tous ces cris et ces rires, et aussi à cause de leur thé, il était trop fort, se dit-il, et il accorda à sa famille ce qu'il considérait comme un regard bienveillant lors de l'arrêt consacré aux ablutions. Mais il ne savait pas encore que de minuscules graines de rébellion avaient commencé à germer dans le cœur de ses ouailles.

Les premières vacances de R.C.
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Des paniers de fruits, de bonbons et de noix étaient empilés tout autour. Des plateaux d'argent débordants de confiseries dépassaient de sous les voiles de soie rouge censés les dissimuler. Au beau milieu de tout ça, trois boîtes de ghee* pur embaumaient le wagon de leur parfum lourd, et tout en ajoutant aux maux d'estomac de tous les passagers, elles leur rappelaient aussi tous les bons souvenirs des festins partagés. Il y avait également quelques paniers de sucre brut auxquels s'ajoutait un gros morceau de sucre cristal. Posées au-dessus, des corbeilles de mangues jaunes et vertes, de goyaves et des régimes de bananes de la même couleur. Deux énormes jacques** avaient été calés dans un équilibre précaire tout en haut de la pile, et maintenant que le train roulait, ils vacillaient dangereusement de droite à gauche. Mais ils ne tombèrent pas, ils étaient fort heureusement soutenus par trois citrouilles oranges de la taille de ballons de football. Les interstices étaient remplis de feuilles de bétel, de noix de bétel et d'épices.
*beurre fondu clarifié
**fruit du jacquier!
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Pour comprendre les raisons qui ont amené Neelima à faire un atterrissage en catastrophe dans le village de son mari, un beau matin de 1939, il nous faut revenir dix ans en arrière, quand la jeune fille n'avait encore que sept ans. Elle n'était pas des plus brillantes, avait de bien piètres résultats scolaires, et se plaignait amèrement de devoir recevoir une quelconque éducation. Son père, un homme cultivé et fier de son point de vue moderne sur l'émancipation des femmes, était atterré d'avoir engendré une fille qui se complaisait à tel point dans l'ignorance.

L'atterrissage à Bishtupur
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Videos de Bulbul Sharma (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Bulbul Sharma
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