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EAN : 9791028101381
Bragelonne (16/11/2016)
4.25/5   12 notes
Résumé :
Écrit par le meilleur spécialiste de J.R.R. Tolkien, cet ouvrage présente toute l’œuvre de Tolkien, depuis Le Hobbit jusqu’au Seigneur des Anneaux, en passant par Le Silmarillion, mais aussi tous les contes (Feuille de Niggle), les essais sur la littérature… avec un souci constant de pédagogie, mettant à la portée des profanes comme des amateurs de Tolkien les problématiques les plus complexes liées à la création d’un monde. Comment peut-on écrire une mythologie ? P... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Nous sommes dans les années 30 pendant l'entre-deux-guerres et un professeur d'université vieillissant est en train de se livrer à l'activité la plus chiante du monde, à savoir corriger des copies d'étudiants. Il s'ennuie ferme et son esprit dérive… Machinalement, il écrit dans une marge cette phrase énigmatique : « Dans un trou vivait un hobbit. » Quelques années plus tard, « le Hobbit » est publié, déclenchant une vague d'enthousiasme inattendue auprès du public anglo-saxon, séduit par la fraîcheur et l'inventivité de ce petit livre atypique. Bien entendu, une suite est exigée ! Et là, le professeur est bien embêté, car il n'a jamais prévu de faire de suite et ne possède qu'une poignée de poèmes et de contes de fée pour étayer son univers – matériaux riches mais impropres à la publication. Il se met poussivement à la tâche, avançant à une allure de limaçon asthmatique. Il lui faudra presque vingt ans et beaucoup d'efforts pour écrire « le Seigneur des anneaux », déclenchant un ouragan dans le monde littéraire anglophone. Les lettrés de tout poil sont outrés, traitant le roman d'oeuvre puérile et coupée de toute réalité et ses lecteurs d'adolescent attardés « porteurs d'anoraks ». Heureusement, pensent-ils, cette « mode » s'épuisera vite et permettra à l'ouvrage de tomber dans un « oubli charitable ».

La moindre des choses à dire, une bonne cinquantaine d'années plus tard, c'est qu'ils se sont fourrés le doigt dans l'oeil jusqu'au coude. Au point que l'on peut se demander légitimement avec Tom Shippey : Tolkien peut-il être considéré comme l'auteur du XXe siècle ? Oui, si l'on s'appuie sur les sondages récents effectués en Grande Bretagne qui ont élu « le Seigneur des anneaux » meilleur livre du siècle, suscitant encore une fois les mugissements offensés de l'élite. C'est sans a priori et avec une humilité dont nombre de critiques auraient pu prendre de la graine que Tom Shippey s'attaque à ce monument de la littérature, oeuvre fondatrice de tout un genre littéraire. Loin de s'en tenir à la face visible de l'iceberg, il plonge dans les profondeurs du monde de Tolkien, remontant aux sources de son imaginaire, à savoir l'amour de la mythologie et de la langue.

Son analyse soignée et pointue – un peu trop parfois, certains passages philologiques étant assez ardus à suivre – ouvre un grand nombre de pistes de lecture fascinantes, éclairant le vaste malentendu qui partagea et partage encore le public et la critique. C'est également l'occasion pour le lecteur néophyte de découvrir de nombreuses oeuvres moins connues de J.R.R Tolkien , remettant « le Seigneur des anneaux » à sa juste place, celui d'une oeuvre majeure mais simple îlot dans l'imagination d'un auteur surdoué. En conclusion, un ouvrage aussi érudit que captivant et surtout une source précieuse d'informations pour clouer le bec à tous les petits snobinards qui affirment que « la fantasy c'est seulement pour les gamins ! » Il serait temps de grandir, les gars ! Il serait temps de grandir…
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Et bien, le moins qu'on puisse dire, c'est que Tom Shippey ne mâche pas ses mots.
J'apprécie. J'aime les gens qui disent ce qu'ils pensent et qui pensent ce qu'ils disent.
Quand en plus c'est richement argumenté, appuyé sur un esprit vif et brillant, et basé sur un amour de la littérature et de la langue aussi aiguisé que celui de Tolkien, ça devient un pur bonheur.

Attention, ce n'est pas un livre facile. D'ailleurs j'ai mis un temps fou pour le lire. Les arguments philologiques de l'étude du Seigneur des anneaux, c'est en langue anglaise qu'ils sont valables, et non seulement en langue anglaise mais aussi en "Norrois", en vieille langue nordique. Les arguments sur l'influence des vieilles sagas nordiques et des "lais" moyenâgeux, sur leur tournure, sur comment Tolkien a utilisé sa grande science philologique pour donner des façon de s'exprimer différentes à ses personnages, selon leur race et selon leur "ancienneté", ça m'a juste donné très envie de lire "Le Seigneur des Anneaux" en anglais, mais ça peut paraître "inutile" ou pas très intéressant, du point de vue "français".
Il démontre ainsi que toutes les attaques sur le fait que ce sont "des livres pour enfants" sont le fait de gens de peu (ou de moins que Tolkien, en tous les cas) d'intelligence, culture et lucidité. Très amusant !

Du coup, ce livre s'adresse aux vrais passionnés de Tolkien (dont je ne suis pas vraiment). Et même plus, à ceux qui ont tout lu de lui car une bonne partie du livre est consacré à d'autres livres ("Le Silmarillion" (que j'ai toujours commencé et jamais fini, mais là, je pense que si je le reprends, je le lirai en entier), "Le fermier Gilles de Ham", "Feuille, de Niggle", par exemple, que je n'ai pas lus). Il reste que les lire à la lumière de l'étude qu'en fait Shippey sera bien plus intéressant pour moi.
Car si je ne suis pas une "vraie passionnée", je suis toujours curieuse. Et aller gratter sous la surface d'une oeuvre qui, contrairement à ce qu'en avait prédit l'intelligentsia littéraire anglaise de l'époque, est devenu un classique, ne peut qu'être intéressant pour qui est curieux.

En cerise sur le gâteau de cet approfondissement sur la "langue" utilisée par Tolkien dans ses livres, Shippey démonte ces critiques snobinards anglais qui se prennent pour parole d'évangile, en les citant nommément et sans prendre de gants, de la même façon qu'eux ont démonté Tolkien, et ce genre de retour de bâton, je kiffe, et je kiffe d'autant plus que toutes leurs prédictions sur le succès éphémère du Seigneur des Anneaux se sont révélées fausses. Mdr !

Bref, c'est pas un indispensable, mais c'est vraiment très intéressant, et puis de toute façon, quelqu'un qui défend Tolkien bec et ongles ouvertement en se dressant tel un héros des temps anciens contre TOUS ceux qui le descendent en flêche, ça ne pouvait que me plaire... ;)
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Nous avons là un essai qui ne plaira pas à tout le monde. Il s'agit surtout d'une étude des sources littéraires et linguistiques de l'oeuvre de J.R.R Tolkien.

Dans cet ouvrage, l'auteur s'attache à démontrer l'érudition dont a fait preuve Tolkien à travers l'ensemble des récits de la Terre du Milieu. N'oublions pas que celui-ci était un universitaire de profession, un savant qui étudiait les langues et les textes anciens.
Tom Shippey est lui-même spécialiste de littérature médiévale et anglo-saxonne et il fait autorité dans l'étude de l'oeuvre de Tolkien. Au coeur de son analyse, il met en avant la passion de ce dernier pour la philologie, la mythologie nordique et les langues.

[Philologie :
- Ancienne science historique qui a pour objet la connaissance des civilisations passées grâce aux documents écrits qu'elles nous ont laissés.
- Étude d'une langue, fondée sur l'analyse critique de textes écrits dans cette langue.]

Dans cet essai, nous avons des pages entières sur les sources bibliographiques dont sont tirés les noms des nains par exemple. L'origine des motifs littéraires utilisés dans les récits de la Terre du Milieu sont traités avec des citations de textes anciens en vieil anglais ou vieux norrois dont, nous francophones, n'avons jamais entendu parlé. Le langage moderne et bourgeois des hobbits y est comparé avec le langage élevé et parfois suranné des magiciens ou des elfes. Nous y trouvons également une analyse de la conception du mal dans le Seigneur des Anneaux.
Ceci pour vous montrer qu'il ne s'agit en aucun cas d'une exploration sommaire de l'oeuvre de Tolkien, mais bien au contraire d'un essai ayant pour projet de faire taire les critiques absurdes qui parlent du Seigneur des Anneaux comme d'une oeuvre à destination des enfants au mieux, comme d'une sous-littérature pour les imbéciles au pire :
une preuve s'il en fallait une que de "brillants" érudits font parfois preuve d'une bêtise sans borne en montrant au passage l'étendue de leur ignorance.

Une lecture parfois ardue mais passionnante que je recommande aux amateurs de linguistique, d'histoire et de légende.
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critiques presse (1)
Elbakin.net
20 décembre 2016
Une fois le livre refermé, il y a fort à parier que ces derniers soient pris d’une envie irrépressible de se plonger dans les récits narrant l’histoire de Túrin Turambar ou dans Le Retour de Beorhtnoth.
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
L'absence de perspicacité dont font preuve Philip Toynbee et Alfred Duggan est finalement intéressante à plus d'un titre, car ils étaient tous deux membre de la coterie littéraire qui a régné pendant un temps sur la littérature anglaise et en a défini les règles. Entre les deux guerres et après la seconde guerre mondiale sévissaient les "Sonnenkinder", ainsi que les a appelés le critique Martin Green dans on livre de 1977 "The Children of the Sun". Ils étaient tous modernistes passionnés, de la classe supérieure, souvent anciens étudiants à Eton, souvent ouvertement communistes, souvent (comme Duggan) extrêmement riches, bien installés en tant qu'éditeurs et critiques dans les colonnes littéraires, même s'ils semblaient tous atteint d'une incapacité à écrire - Cyril Connolly, le mentor de Toynbee, a produit en tout et pour tout une seule oeuvre classique, Enemies of Promise, qui n'est rien d'autre qu'une longue excuse de l'échec.
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(ndr : sur "Le Hobbit") Il y a deux autres qualités évidentes dans la tableau que dresse Tolkien de la Terre du Milieu, ce sont les suivantes : la profondeur émotionnelle et la richesse de l'invention.
La première est inhabituelle, bien que pas inédite, dans un livre pour enfants. Peu d'auteurs pour enfants oseraient aujourd'hui inclure la mort de Thorin, ou écrire une quête qui s'achève sur une victoire aussi partielle. [...]
Ils ne s'aventureraient pas non plus vers des concepts comme "la maladie du dragon", qui frappe à la fois Thorin et le bourgmestre de Bourg-du-lac. [...]
Quant à la férocité sans pitié de Beorn, la confrontation implacable entre deux-parties-qui-ont-raison entre Thorin et le Roi des Elfes, la sombre discipline de Bard, même le caractère difficile propre à Gandalf, tout cela est très loin des standards habituels de vertu telle qu'on la considère adaptée aux enfants - c'est sans aucun doute une des raisons pour lesquelles ce livre demeure tellement populaire.
Concernant la richesse de l'invention, peut-être que tout ce qu'il y a besoin de dire est que dans "Le Hobbit", la Terre du Milieu donne une forte impression qu'il y en a plus à dire que ce qui a été dit. [...] Quand Smaug est tué, la nouvelle se propage dans Grand'Peur : "des sifflements, des cris et des piaillements survolaient l'orée de la Forêt... Les feuilles bruissaient et des oreilles stupéfaites se tendaient."
Nous n'apprenons jamais à qui appartiennent ces oreilles, mais l'impression qu'on en retire, c'est que la Terre du milieu renferme de nombreuses vies et de nombreuses histoires au-delà de celles qui viennent d'être brièvement mises en avant. La technique est ancienne et Tolkien l'a apprise comme tant d'autres choses de ses sources médiévales, "Beowulf" et le poème "Sire Gauvain", mais elle fonctionne toujours.
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Il est possible de voir Tolkien comme faisant partie des "auteurs traumatisés", tous très influents [...], tous écrivant de la fantasy ou des fables. Le groupe comprend, outre les noms mentionnés page 9 (Tolkien, Orwell, Golding, Vonnegut), d'autres noms tels que ceux de C.S. Lewis, ami de Tolkien, T.H. White et Joseph Heller. Leurs expériences personnelles incluent d'avoir été blessé par balle (Orwell et Lewis ont frôlé la mort sur le champ de bataille) ou survécu à un bombardement (Vonnegut était à Dresde la nuit où la ville fut détruite). Ursula Le Guin, bien qu'elle n'ait pas d'expérience directe de violence similaire, est la fille de Theodora Kroeber, qui a écrit trois récits différents sur "Ishi", le dernier survivant de l'élimination totales des indiens Yahi de Californie. La plupart de ces auteurs ont donc une une expérience directe ou proche de certaines des pires horreurs de XXe siècle, des horreurs qui n'ont pas existé, ou ne pouvaient pas exister avant ce siècle : la Somme, Guernica, Belsen, Dresde, la guerre industrielle, le génocide.
Ces expériences très différentes mais liées ont laissé chez tous, pourrait-on dire, une sorte de problème sous-jacent. Ils étaient tous convaincus au plus profond d'eux-mêmes d'avoir fait face à une chose intrinsèquement et irrémédiablement mauvaise.
Ils pensaient également que les explications fournies par les organes culturels officiels étaient inadéquates, dépassées, au mieux sans pertinence, au pire faisant partie intégrante du mal lui-même.
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De nombreux critiques littéraires sont tout à fait prêts à exprimer leur colère, à traiter Tolkien d'enfantin et ses lecteurs d'attardés ; ils sont bien moins prompts à expliquer ou défendre leur jugement. Il semble évident que ceux qui savent penser comme il faut (les lettrés de Susan Jeffrey) comprendront sans qu'on ait besoin de leur expliquer, et que les autres ne méritent pas qu'on débatte : on a là une tactique classique de tentative de marginalisation. Les caractéristiques récurrentes de ces critiques sont les prédictions péremptoires (stupides, car facilement démontées par les événements postérieurs) et l'autocontradiction qui n'a besoin de personne pour être mise en lumière.
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Si Saruman suggère un futur désastreux, rendu familier par l'expérience du XXe siècle, l'Utopie technologique transformée en dictature sordide, Denethor représente la peur principale de la deuxième moitié du XXe siècle, les dirigeants suicidaires qui ont renoncé aux armes classiques. On voit à quel point il est heureux que Denethor n'ait pas mis la main sur l'Anneau.
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