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EAN : 9782848052816
264 pages
Wespieser (Sabine) (01/02/2018)
3.39/5   14 notes
Résumé :
« Qu’elles aient basculé dans le luxe, façon Brazier, ou soient restées fidèles à une cuisine plus économe, les mères avaient nourri la ville entière. On passait de l’une à l’autre comme on change de chemise, se régalant ici d’une tarte légère à la praline, là d’un saint-marcellin crémeux ou d’une salade de cochonnailles. Souvent du solide, parfois de l’aérien. Toujours des produits frais. Pas de congélateur et quelquefois (chez les anciennes) pas de frigo. Elles fo... >Voir plus
Que lire après Mangées : Une histoire des mères lyonnaisesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Après avoir entendu une émission de radio sur les mères lyonnaises, j'ai eu envie de lire le livre Mangées de Catherine Simon. le lien pour écouter l'émission en question : https://www.franceinter.fr/personnes/catherine-simon

En le lisant, j'ai eu l'impression de suivre le journaliste Etienne Augoyard, de prendre le TGV comme lui de Paris à Lyon et de partir à la découverte des Mères Lyonnaises, ces femmes cuisinières qui ont nourri la ville pendant des décennies avec pour chacune d'elles la rigueur des bons produits. J'ai suivi avec beaucoup d'intérêt le parcours de ces femmes. J'ai admiré leur courage. J'avais l'eau à la bouche en découvrant certains mets cuisinés par ces mères lyonnaises. J'ai apprécié les pauses vin dans les cafés et les restaurants.

De mon point de vue, ce livre peut intéresser les amateurs : d'histoire,
de cuisine et de vin,
les personnes qui s'intéressent à la condition féminine,
les Lyonnaises et les Lyonnais qui ont envie de découvrir, une tranche d'histoire de leur ville,
les amoureuses et les amoureux des mots,
les curieuses et les curieux
...

J'ai pris beaucoup de plaisir à participer à une rencontre de Catherine Simon à la librairie Gutenberg de Paris samedi 24 mars 2018

Mes notes :
Tout a commencé en 2005 avec des interviews de cuisinières pour le Monde. Cela ne suffisait pas à Catherine Simon. Elle avait envie de creuser davantage le sujet et d'honorer plus longuement la mémoire de ces mères lyonnaises. Elle se disait que cela pourrait constituer de la matière pour un livre. En 2015, elle a repris ses documents de 2005, a procédé à d'autres interviews et a consulté les archives départementales du Rhône.

Catherine Simon définit son livre comme un mélange de roman, de conte féministe, d'enquête journaliste, de fiction et d'essai. Etienne Augoyard, le journaliste du livre, c'est un peu elle. Son grand-père s'appelait Augoyard et il portait un autre prénom. Tout comme elle l'écrit dans son livre, elle s'est mise dans la tête des mères lyonnaises. Elles l'on fait rêver.
Elle a choisi de mettre en lumière plus particulièrement 5 femmes soit parce qu'elle les connaissait, soit parce qu'elle avait rencontré leur descendance, soit parce qu'elle avait fréquenté leur bistrot. le titre : « Mangées » lui est venu à l'esprit parce qu'elles ont été mangées par les hommes et parce qu'il s'agit de nourriture.
On parle des mères lyonnaises, bien qu'aucune d'entre elles ne fut native de Lyon, parce qu'il y avait une concentration de femmes restauratrices à Lyon. Pourquoi à Lyon plus que dans d'autres villes ? du fait de la proximité des possibilités d'approvisionnement en matières premières : viande, poisson, fruits et légumes… Elles étaient écolo avant l'heure. D'une part elles n'utilisaient que des produits extrêmement frais. D'autre part, elles avaient recours à un circuit d'approvisionnement court. Lyon est un noeud de communication entre le Nord et le Sud de la France. Lyon se situe sur la nationale 7. C'est une ville de réseau. Dans le passé, Lyon était aussi la ville des soyeux. Celle de la Fabrique qui regroupait l'ensemble des métiers de la soie (de la création à la fabrication et au commerce des tissus) qui firent la prospérité de Lyon à partir du XVIIIème siècle. Les patrons et les canuts se côtoyaient dans les mêmes bistrots. Ils mangeaient les mêmes mâchons.
La tradition du mâchon vient directement des canuts, tisserands de soie de la Croix-Rousse, qui partageaient des repas traditionnels lyonnais dès l'aube, après des heures de travail. le mâchon se veut simple et convivial. Il est généralement composé de cochonnaille ou de tripes, et arrosé de pots de Beaujolais ou de Mâconnais.
Les mères lyonnaises avaient la couleur des rues où elles tenaient leur estanco. Elles étaient leurs propres patronnes et c'était rare pour l'époque. Même si elles étaient les reines dans leur bistrot, elles avaient besoin d'un homme pour obtenir le droit d'ouvrir leur commerce. le mari de Fernande Gache par exemple. Elles occupaient toutes les fonctions : la cuisine, la caisse, le service… « Il fallait tenir » dit Fernande Gache, encore en vie à ce jour. Ces mères lyonnaises étaient d'origine modeste. Elles ont fait peu d'études, y compris quand elles en avaient les capacités intellectuelles. Elles ont débuté dans des familles bourgeoises lyonnaises où elles ont appris à la fois les bonnes manières et à utiliser de bons produits. La plupart d'entre elles ont ouvert des petits bistrots ; à l'exception de la Mère Brazier qui a tout de suite voulu faire une cuisine de luxe. Elle possédait déjà 3 étoiles au guide Michelin en 1933. Elle recevait les célébrités lyonnaises de l'époque. Ce qui rassemble ces mères lyonnaises, c'est leur exigence de qualité, leur courage et le fait qu'elles ont formé de nombreux chefs masculins : Paul Bocuse chez la Mère Brazier pour ne citer que lui.
Beaucoup ont démarré après le front populaire qui obligeait les patrons à donner un salaire à leurs gens de maison. Ainsi certaines femmes ont trouvé du travail dans des bistrots.
Les mères lyonnaises n'existent plus. Et de nos jours, seule Anne-Sophie Pic possède 3 étoiles au guide Michelin 2018.
Les femmes encore vivantes ont lu son livre. Elles s'y retrouvent bien et certaines sont également contentes de l'objet livre en lui-même parce qu'elles le trouvent beau.
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Un journaliste chargé d'écrire une série d'articles sur les mères lyonnaises part sur les traces de celles qui ont contribué à forger la renommée de la « capitale de la gastronomie » Accompagné d'une photographe du cru, il se livre à un travail d'investigation en rencontrant celles qui vivent encore ou ceux qui les ont connues, en récoltant photos et anecdotes, en puisant dans les archives pour raviver la mémoire de près d'un siècle d'histoire de ces cuisinières d'excellence.
Dans un astucieux mélange de fiction et de réalité mitonné avec grand soin, Catherine Simon ressuscite et immortalise quelques unes de ces cheffes avant la lettre qui ont su régaler aussi bien le populo que le beau monde, même pendant les heures sombres de l'occupation. Hasard du calendrier, la sortie de Mangées ne tombe que quelques jours après le décès de Paul Bocuse qui a débuté son apprentissage chez la plus célèbre d'entre elles, la plus "étoile-michelinée", la fameuse Mère Brazier.
Originalité de la construction, diversité des tons et des situations : Mangées se lit comme un roman bien fait pour mettre en appétit tous les gourmets et les gourmands mais aussi les simples curieux. Une belle découverte pour moi qui ne connaissais que la Mère Poullard et sa célébrissime omelette. Je me suis régalée !
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C'est un livre savoureux que celui de Catherine Simon, une enquête autour de la vie des mères lyonnaises. Sous le prétexte d'une commande du Progrès un journaliste et une photographe mènent l'enquête auprès de témoins directs et dans les documents d'archives et racontent la vie, les peines et les succès de ces cuisinières. Filles de la campagne, sans formation autre que celle reçue dans les familles bourgeoises qui les ont employées au départ, elles ont monté des restaurants à succès, inventé et perfectionné des recettes, formé de futurs grands chefs et puis sont retombées dans l'oubli (sauf Eugénie Brazier). Un peu de marché noir sous l'occupation, des demandes de dégrèvement d'impôts à la libération, elles en ont sûrement moins fait que certains grands bourgeois industriels de Lyon. Elles n'ont rien laissé, pas même un livre de recette. Sans doute le livre de Catherine Simon n'atteint pas la maestria de celui d'Alice Toklas : le livre de cuisine, mais comme le sien, il mêle intimisme et cuisine et se révèle très agréable à lire.
Lien : https://www.lesmotsjustes.org
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Qu'elles aient basculé dans le luxe, façon Brazier, ou soient restées fidèles à une cuisine plus économe, les mères avaient nourri la ville entière. On passait de l'une à l'autre comme on change de chemise, se régalant ici d'une tarte légère à la praline, là d'un saint-marcellin crémeux ou d'une salade de cochonnailles. Souvent du solide, parfois de l'aérien. Toujours des produits frais. Pas de congélateur et quelquefois (chez les anciennes) pas de frigo. Elles formaient à elles seules une famille méconnue, hétéroclite et laborieuse, dessinant une géographie sociale de la ville, déroulant un siècle d'histoire. Elles avaient façonné les quartiers, les avaient bercés, accompagnés. C'est qu'elles avaient tenu des lustres ! Pas une qui ne soit restée à son restaurant, à son territoire moins de vingt ans, trente ans, parfois plus - une vie entière. Pas de turn-over chez les mères. Le piano, c'était pour la vie. p.98
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Et puis les Clerc, c'était quelque chose. La famille la plus riche du village. ça m'a tourné la tête. J'étais bien bête aussi ! ON me l'a fait payer cher. Le nerf de bœuf m'a laissé des traces partout sur le corps des semaines durant. Et les mots que j'ai entendus et ceux qui étaient en-dessous, ceux qu'on n'entendait pas, ça m'a laissé des traces aussi. Mais je n'ai pas pleuré. Même quand j'ai appris qu'il était mort, mon bel oiseau. Il a fait partie des premiers gazés, les premiers soldats tombés sur le front de la Grande Guerre. Au point où j'en étais, ça ne m'a rien fait, juste l'étonnement. Plus tard, son oncle Léon est venu me voir, c'était le seul gentil. p.49
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Regretter, c'est comme d'être jaloux, ça bouffe la tête pour pas un rond, ce n'était pas le genre de la maison. Surtout maintenant à quatre-vingt-six ans. p.122
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Une ville qui est au bord d'un fleuve, c'est une ville qui est auprès de quelque chose... de quelqu'un plutôt, je dirais qui est en train de partir. p.60
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- Le Lyonnais, il aime pas les légumes ! interrompit Marius sur un ton sans réplique. p.116
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