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EAN : 9782370210753
105 pages
Raconter la vie (10/03/2016)
3.4/5   201 notes
Résumé :
Brasserie parisienne, restaurant étoilé, auberge gourmande, bistrot gastronomique, taverne mondialisée, cantine branchée, Mauro, jeune cuisinier autodidacte, traverse Paris à vélo, de place en place, de table en table. Un parcours dans les coulisses d’un monde méconnu, sondé à la fois comme haut-lieu du patrimoine national et comme expérience d’un travail, de ses gestes, de ses violences, de ses solidarités et de sa fatigue. Au cours de ce chemin de tables, Mauro fa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (55) Voir plus Ajouter une critique
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La cuisine, il n'y avait pas vraiment pensé pour en faire son métier. Même si, depuis son plus jeune âge, Mauro aimait trainer devant les casseroles, tremper son doigt dans la crème, surveiller la cocotte qui mijote ou encore tester toutes les recettes des gâteaux de son livre reçu en primaire. Machines et robots, écrémage, cristallisation, ébullition ou encore charlotte, baba, gâteau marbré, cheesecake, tarte au citron, fondant au chocolat, tiramisu n'ont bientôt plus de secret pour lui. Pour autant, il entreprend des études universitaires en sciences économiques. Ce ne sera qu'au seuil de l'été 2004 que le jeune homme travaillera dans une brasserie parisienne, du côté des Invalides. Un job d'été obtenu par son père qui connait le patron. Établissement cossu, forte réputation et cuisine bourgeoise. Mauro se débrouille bien, s'y plait, mais se rend compte qu'il bénéficie sûrement d'un traitement de faveur. Il ne connait pas ainsi les semaines de 70 heures, la cadence, la pression ou encore l'autoritarisme. La cuisine reste une passion aussi reprend-il, à la rentrée, le chemin de l'école...

Sous le regard attentif de Maylis de Kerangal, l'on suit le parcours de Mauro, de ses premiers gâteaux pour les copains au fooding, en passant par la cuisine bourgeoise, gastronomique ou familiale. Elle décrit avec précision ce métier exigent et ses conditions de travail, souvent pénibles et harassantes, le chemin atypique suivi par le jeune homme et son idée de la cuisine, l'engouement que connait aujourd'hui le monde culinaire. L'auteur, de son écriture précise, technique et vivante, nous offre un portrait attachant et sensible d'un jeune chef. Un témoignage sucré-salé et voluptueux...
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C'est mon premier Maylis de Kerangal.Une écrivaine dont j'étais curieuse ayant lu que des critiques élogieuses,sur ses différents livres. Mais je ne sais pas si c'était le bon pour s'initier.L'auteur l'a écrit sur une commande des éditions Seuil pour la collection "raconter la vie",une collection initiée par l'historien Pierre Rosanvallon: exposer les vies ordinaires afin de "remédier à la mal représentation qui ronge le pays".

Entre documentaire et fiction, l'auteur nous plonge dans l'univers de la restauration,à travers le parcours de Mauro, un garçon passionné de cuisine depuis l'âge de dix ans, mais à laquelle il n'a jamais pensé "comme un métier possible".
Une embauche dans une brasserie au seuil de l'été 2003 ,comme job d'été ,pour se faire du thune va l'entraîner loin. Poursuivant ses études, il profitera de chaque occasion pour travailler dans le secteur. Une fois sa maîtrise de sciences économiques en poche, il décide radicalement de s'y lancer et passe un CAP de cuisinier en candidat libre. Quatre ans après ce premier job, et un apprentissage de brasseries parisiennes en restaurants chics, il tente l'ouverture de son propre bistrot,soutenu par son pére.....
L'histoire raconté par un "je" fictionnel, celui du narrateur alias l'auteur, nous "raconte la vie " de ce jeune cuisinier ,son ami, assumant le côté fictionnel ,qui complète celle du documentaire qui ne donne pas accès à l'intimité psychologique, à l'intériorité du personnage.

Dans un style très précis,rapide et fluide de Kerangal nous décrit les dessous d'un métier qui demande la même précision et rapidité , accompagnées d'une exigence d'inventivité continue et un sacrifice de soi jusqu'à l'épuisement . L'extrême précision du langage,la dissection des gestes quasi mécaniques m'a fait penser au fameux tableau de Marcel Duchamp " Nu descendant un escalier" . Je trouve que le style s'accorde très bien au sujet, même s'il s'essouffle un tout petit peu vers la fin.

Lecture agréable et interessante.
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Certains métiers ne connaissent pas le chômage, c'est le cas, notamment, de la restauration où les embauches sont en progression de plus de 25 % au cours des 10 dernières années. Pourtant les professionnels de ce secteur d'activité peinent à embaucher. Recruter des employés qualifiés, fiables motivés est un vrai défi.Le turnover est aussi particulièrement important.
Les causes sont multiples mais on les perçoit, les comprend mieux quand on connait les conditions de travail, les pressions multiples, les règles rigoureuses auxquelles sont soumis les salariés .
Mauro le jeune dilettante, l'amateur éclairé, le professionnel talentueux, passionné, inventif sera confronté à cette ambiance trépidante, survoltée, à la violence des chefs , mais il continuera son petit bout de chemin "de table" dans ce milieu qu'il aime, qui le porte.
C'est écrit avec poésie, gourmandise, c'est un petit livre savoureux, goûteux, comme un croque-en-bouche.
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Un petit livre qui nous raconte le parcours de Mauro passionné de cuisine dès l'enfance, on suit son parcours atypique dans divers restaurant allant même jusqu'à travailler gratuitement sans compter ses heures afin d'apprendre la cuisine. En effet Mauro a un parcours particulier il a fait des études supérieures d'économies avant de faire un CAP Cuisine.

On le retrouve dans différents restaurants commençant en bas de l'échelle et puis grimpant de grades au fil des changements. Jusqu'à devenir le gérant d'un restaurant, on le sent passionné malgré le fait que ce métier soit difficile, fatigant et contraignant (larges amplitudes horaires, pas de week-end etc...). Cependant on le sent heureux dans cette voie qu'il a choisi et dans lequel il s'épanouit.

Ce livre se lit rapidement cependant il m'a laissé sur ma "faim" de la part de Maylis de Kerangal ayant lu précédemment Réparer les vivants de l'auteur qui a été une véritable claque.
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Dans ce nouvel ouvrage de la collection "Raconter la vie", des éditions du Seuil, qui s'est donné pour objectif d'être le "roman vrai de la société française", c'est cette fois Maylis de Kerangal qui prend la plume. Elle va nous dépeindre le parcours initiatique de Mauro, jeune cuisinier, dans plusieurs restaurants de la capitale.
Qu'est-ce que la cuisine ? Que représente-t'elle ? Comment parler du goût, des aliments, de l'art de cuisiner pour les autres ? Comment parler de la violence en cuisine ?
Ce petit livre d'une centaine de pages rédigé dans un style impeccable, une langue précise, fait la part belle aux émotions. Il nous fait nous interroger sur la gastronomie et l'univers de la restauration.
Maylis de Kérangal n'a pas fini de nous surprendre.

Et pour tous ceux qui resteraient sur leur faim, le site "raconterlavie.fr" offre critiques, articles de magazines... Je vous le conseille. C'est une belle réalisation, qui permet d'aller plus loin dans la réflexion sur des thèmes bien choisis.

Et je terminerais cette critique en adressant un "sans faute" au titre "Un chemin de tables".... une pointe d'humour... un zeste de classique... bien venus.
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critiques presse (2)
LeFigaro
07 avril 2016
Dans son nouveau livre, Maylis de Kerangal raconte l'histoire d'un jeune homme brillant qui va faire de sa passion un métier.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Telerama
23 mars 2016
L'auteure de Réparer les vivants porte cette fois son regard sensible et précis sur le parcours d'un jeune chef. Et s'approprie avec délices le verbe culinaire.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
La chose qui l'émerveille, au temps des pâtisseries, c'est le pouvoir magique du livre de cuisine. Comme si le gâteau résultait de la recette, issu du langage comme issu du four au terme de la cuisson. De sorte que plus son expérience grandit, plus son vocabulaire s'enrichit, incorporant celui de la cuisine. Suivre une recette c'est faire correspondre des perceptions sensorielles à des verbes, à des noms - et par exemple apprendre à distinguer ce qui croque de ce qui craque, et ce qui craque de ce qui croustille, apprendre à spécifier les différentes actions que sont dorer, brunir, blanchir, jaunir, roussir, blondir, réduire, ou encore apprendre à savoir raccorder la gamme chromatique des couleurs, la variété des textures et des saveurs à celles, infiniment nuancées, du lexique culinaire. Mauro acquiert ce langage comme une langue étrangère au fil des charlottes, babas, îles flottantes, gâteaux marbrés, cheesecakes, tartes au citron meringuées, puddings, macarons, financiers à la pistache, bavarois, crèmes brûlées, fondants au chocolat, clafoutis, tiramisus, reines de Saba et autres balthazars.
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Mon ami hausse les épaules: tu vois bien que quand on parle de cuisine, on ne parle pas du reste de tout ce qui va mal dans le monde ; tu vois bien que l'intérêt porté à la gastronomie n'est jamais si fort que dans les périodes où les gens sont inquiets : ça rassure, ça rassemble, ça parle au corps, ça donne du plaisir, il y a là du partage, du théâtre, de la vérité. Il ajoute, assombri : la concurrence, la discipline, le mérite : tout le monde s'y retrouve, tout le monde se tient tranquille....

Soudain Mauro se lève, mordant : la cuisine ce n'est pas exactement ce monde souriant, ce n'est pas un monde très affectueux, tu sais - j'entends ces dents qui grincent.
La violence, c'est une vieille antienne des cuisines. Les coups, les jets d'objets ou d'ustensiles, les brûlures, les insultes....



Mauro se lève et va éteindre la télé tandis que compte à rebours a commencé sur l'écran - nous ne saurons pas ce soir qui est le meilleur chef de la saison télévisuelle, qui va empocher les cent mille euros et la bénédiction d'un collège de ces chefs étoilés. Il se retourne vers moi et s'immobilise : mais la plus grande violence de ce métier, tu sais, la plus grande violence, je trouve, c'est que la cuisine exige qu'on lui sacrifie tout, qu'on lui donne sa vie.
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Le moment le plus difficile, curieusement, n'est pas le coup de feu du service mais bien le soir quand il faut tout nettoyer, tout ranger, et faire le dressage de la salle pour le lendemain, quand la journée pèse, quand le stress du service a tout épuisé et que l'on est fourbu, sans plus de force pour parler, regarder quelqu'un. Le commis et le plongeur terminent toujours avant Mauro qui tournicote jusqu'à minuit au moins, les derniers clients chuchotent, reprennent un café tout en enfilant leur manteau. C'est l'heure où Jacques se lance dans une longue discussion avec un couple du quartier qui s'attarde au comptoir, et c'est l'heure où Mauro, impénétrable, sort les poubelles du cockpit, signifiant de la sorte qu'il ne va pas tarder à monter se coucher, et Jacques d'annoncer d'une voix solennelle : "C'est l'heure, on ferme, demain y a école, les gars".
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Ce qui se joue à l'heure des repas est conçu comme un rapport au corps et une inscription dans le monde, l'idée d'une conscience de soi, autrement dit ce par quoi l'homme se distinguerait de l'animal.
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Mauro grandit en Seine-Saint-Denis au sein d'une famille d'artistes - père aux milles métiers, mère sculpteur, une sœur plus jeune...
On ne roule pas sur l'or dans cette maison, c'est vrai. Pour autant, il n'est pas question de transiger avec ce qui est déposé sur la table familiale - saveur et variété : on ne mange pas n'importe quoi. On ne mange pas non plus n'importe comment : les assiettes sont fleuries, les verres en forme de tulipe, les serviettes textiles roulées dans des anneaux de buis.
Ce qui se joue à l'heure des repas est conçu comme un rapport au corps et une inscription dans le monde, l'idée d'une conscience de soi, autrement dit ce par quoi l'homme se distinguerait de l'animal - Jacques, le père de Mauro, rappelant volontiers qu'il existe dans la langue allemande deux verbes pour "manger" : essen (les hommes) et fressen (les animaux).
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Vidéo de Maylis de Kerangal
Avec Marc Graciano, Maylis de Kerangal, Christine Montalbetti & Martin Rueff Table ronde animée par Alastair Duncan Projection du film d'Alain Fleischer
Claude Simon, prix Nobel de Littérature 1985, est plus que jamais présent dans la littérature d'aujourd'hui. Ses thèmes – la sensation, la nature, la mémoire, l'Histoire… – et sa manière profondément originale d'écrire « à base de vécu » rencontrent les préoccupations de nombreux écrivains contemporains.
L'Association des lecteurs de Claude Simon, en partenariat avec la Maison de la Poésie, fête ses vingt ans d'existence en invitant quatre d'entre eux, Marc Graciano, Maylis de Kerangal, Christine Montalbetti et Martin Rueff, à échanger autour de cette grande oeuvre. La table ronde sera suivie de la projection du film d'Alain Fleischer Claude Simon, l'inépuisable chaos du monde.
« Je ne connais pour ma part d'autres sentiers de la création que ceux ouverts pas à pas, c'est à dire mot après mot, par le cheminement même de l'écriture. » Claude Simon, Orion aveugle
À lire – L'oeuvre de Claude Simon est publiée aux éditions de Minuit et dans la collection « La Pléiade », Gallimard. Claude Simon, l'inépuisable chaos du monde (colloques du centenaire), sous la direction de Dominique Viart, Presses Universitaires du Septentrion, 2024.
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