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Louis Viardot (Traducteur)
EAN : 9782743419950
Maxi-Livres (19/03/2006)
3.75/5   12 notes
Résumé :
L'orage passa vite ; les portes et les fenêtres se rouvrirent, et la maison se remplit d'un parfum humide. On apporta le thé ; après quoi les gens âgés se mirent aux cartes avec l'inévitable société des Bodriakoff. Astakoff allait s'approcher de Marie, qui était assise à coté de Vérétieff ; mais Nadejeda l'appela près d'elle... "
Ivan Tourgueniev, peintre de " l'âme russe ", a excellé dans l'art de la nouvelle. L'Antchar en est la preuve éclatante : il y raco... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Passion vénéneuse dans la petite aristocratie provinciale
L'antchar est un arbre vénéneux des steppes et fait référence à un poème de Pouchkine, qui symbolise le despotisme du tyran et l'obéissance aveugle de l'esclave. Dans la nouvelle de Tourgueniev, le tyran, c'est la passion amoureuse. Mais avant le drame passionnel, que je ne vous raconterai pas, l'auteur prend son temps pour présenter ses personnages. Nous avons alors droit à une petite chronique satirique de la vie provinciale chez les hobereaux russes aux alentours de 1850.
Nous suivons d'abord les pas de Vladimir Astakov propriétaire de six cents âmes, dont la préoccupation essentielle dans la vie consiste à passer pour un homme comme il faut. A vingt-sept ans, il désire rencontrer une femme à grandes relations, estimant qu'il n'en a pas assez. Or donc à son arrivée sur ses terres, notre "gentleman" est invité par son voisin, le vieillard Ipatov à dîner. Celui-ci lui vante l'esprit extraordinaire des invités, des hommes de science et de culture ainsi que l'extrême simplicité de la vie campagnarde...
La nouvelle quoique très prenante est curieusement composée en deux parties. On ne voit pas du tout le drame arriver car le point de vue est le plus souvent celui d'Astakov. Et Astakov a le coeur sec. Rétrospectivement, on peut comprendre que ce qui a rapproché les deux amants c'est d'être l'un et l'autre au dessus de cette société provinciale médiocre, vulgaire et prétentieuse. Mais leur lucidité commune leur a apporté la passion et la passion leur a été fatale. Astakov, le médiocre auto-satisfait, a eu ce qu'il voulait. A la fin de la nouvelle, il parade sur la perspective Nevski avec une épouse à grandes relations.
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Eaux tranquilles (1854) a d'abord été traduit en français en 1858 sous le titre L'Antchar (Анчар), titre d'un célèbre poème de Pouchkine longtemps prohibé par la censure, que Tourguéniev insère métaphoriquement dans son récit car c'est le nom d'un arbre à poison mortel. La nouvelle a aussi été publiée sous le titre Un Coin tranquille. Écrite en 1854, cette nouvelle est inhabituellement complexe pour Tourgunéniev, et sera dotée d'un chapitre supplémentaire en 1856 (le troisième ou le quatrième, suivant les versions: celui où Vérétiev fait la cour à Macha).
Vladimir Astakhov, 27 ans, arrive de Saint-Pétersbourg dans le village de Sassovo dont il est propriétaire, près de Toula, pour inspecter les terres que cultivent ses serfs et vérifier les comptes. C'est l'occasion pour Tourguéniev d'une fine observation de la vie rurale. Vladimir est invité par un voisin, Mikhaïl Ipatov, chez qui les circonstances l'obligent à rester quelques jours. On passe le temps comme on peut le faire à la campagne pour tromper l'ennui (thé autour du samovar, conversations, jeux de carte, promenades au bord du lac, sous les saules, discussions sur le temps et sur d'autres choses, poèmes, chant,…), et tout cela se répète avec quelques voisins et personnages secondaires comme le pontifiant Pomponski et Ivan Bodriakov, un peu poète, et l'un des multiples «hommes de trop» tourguénéviens qui hésite sur tout. Il y a surtout deux jeunes femmes, la belle Maria Pavlovna (Macha), la belle-soeur de son hôte, et une amie de cette dernière, Nadjeda Veretiev qui s'intéresse d'emblée à Vladimir. Maria, réplique d'une jeune ukrainienne dont Tourguéniev a été amoureux dans sa jeunesse, n'aime pas la poésie, sauf quand Vladimir Astakhov lui fait lire un poème mortifère, L'Antchar de Pouchkine, qui la fascine et qu'elle va apprendre par coeur. On sent une attirance mutuelle, mais qui ne va pas plus loin. En revanche, l'autre femme, Nadejda, multiplie les avances envers Astakhov. Elle lui propose d'abord de rester, puis de lui donner la réplique comme jeune premier dans une comédie, de danser la mazurka avec elle, et finit par lui tendre un emballage de bonbon où est écrite la maxime suivante: «Qui me néglige me perd». On ne peut être plus clair, mais le velléitaire ne veut pas comprendre, et part le lendemain malgré de nouvelles avances de Nadejda pour qu'il prolonge son séjour. Toujours le thème touguéniévien de l'amour esquivé! Il y a aussi - avant cela - un risque de duel finalement évité, car lors du bal champêtre chez un voisin, Nadejda avait promis la même mazurka à Vladimir Astakhov et à l'irascible Steltchinski.
Dans une scène ajoutée en 1856, Pierre Veretiev, le frère de Nadejda, courtise en vain Macha, et pour lui plaire, se déclare son esclave et se dit prêt à devenir pour elle peintre, poète, sculpteur, danseur, agronome,… n'importe quoi («Je vous le prouverai un jour»), mais il ne peut promettre d'arrêter de boire. Plus il en rajoute, et moins elle l'écoute.
Trois mois plus tard, en automne, Astakhov revient à Sassovo et apprend par un voisin que Nadeda a épousé Steltchinski par dépit, et l'a chargé de lui rappeler le petit mot sur l'emballage du bonbon. Très vite, les époux vivront séparés. Quant à Maria, elle s'est mystérieusement jetée dans l'étang, sans prévenir personne (Contrairement au reste du récit, cette noyade n'est pas historique).
Huit ans après, Astakhov, entretemps mal marié, rencontre le vieux Veretiev, de plus en plus ivrogne, et lui demande ce que sont devenus les autres, mais son interlocuteur n'en sait rien. Il évoque sa jeunesse trop vite passée, époque de rêves non réalisés. La vie est passée morne, sans rien laisser, sauf l'amertume : «C'était le temps de la jeunesse, de la gaieté, du bonheur. C'était le temps des espérances infinies et des forces indomptables. Si ce fut un rêve, il était bien beau… La vie est passée sans laisser de traces, platement, bêtement. Voilà ce qui est amer, voilà ce qu'il faudrait pouvoir chasser comme un rêve».
La version française contient des passages que la censure russe n'aurait pas autorisés, sur la pratique des pots de vin et le mépris de Vérétiev pour les lois russes.
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Ivan Tourgueniev, peintre de l'"âme russe", a excellé dans l'art de la nouvelle. L'Antchar en est la preuve éclatante: il y raconte un été à la campagne, avec ses bals, ses jeunes filles romantiques, ses soirées au bord des étangs, sous les saules, et le pressentiment pour Astakoff, le gentleman de Saint-Pétersbourg, que la saison sera courte...
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
- Comme un rêve, répéta Vérétieff, dont les pâles joues rougirent ; non, pour moi ce ne fut pas un rêve. C’était le temps de la jeunesse, de la gaieté, du bonheur ; c’était le temps des espérances infinies et des forces indomptables. Si ce fut un rêve, il était bien beau. Mais que nous soyons tous deux devenus vieux, tristes, bêtes ; que nous teignions nos moustaches ; que nous nous traînions à flâner sur les trottoirs de la Perspective ; que nous ne soyons plus bons à rien, comme des chevaux fourbus ; que nous soyons usés, pelés, éreintés ; que, d’entre nous, les uns fassent les importants ridicules, tandis que les autres se vautrent dans la fainéantise, en noyant leurs chagrins par le gosier : voilà ce qui est un rêve, un rêve hideux, abominable. La vie est passée sans laisser de traces, platement, bêtement. Voilà ce qui est amer, voilà ce qu’il faudrait pouvoir chasser comme un rêve.
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"C'est moi qui suis ton esclave, moi qui suis aux pieds de mon seigneur; tu es mon seigneur, ma déesse; tu es ma Junon aux yeux de génisse, ma Medée la magicienne..."
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