Personne n'égale
Dostoievski lorsqu'il se met à décrire un de ses personnages. La présentation, par le narrateur, de
Polzounkov ne déroge pas à la règle : faux, flatteur, ridicule, « emprunteur perpétuel », une « lavette », en somme. Je me suis donc régalée durant les premières pages de ce récit très court (20 pages) et me suis retrouvée au temps de mes études, lorsque j'avais étudié «
Crime et châtiment » qui m'avait plongée dans une extase littéraire.
Mais la suite (heureusement très courte, je le répète) m'a fait regretter cette lecture.
Il faut dire que la maison d'édition Babel s'est lancée dans les années 90 dans la retraduction des oeuvres de
Dostoïevski, qui jusque là paraissaient écrites par un romancier français du 19e siècle, tellement elles avaient été édulcorées. Ici, rien de tout cela : le traducteur s'est attaché à reproduire l'oralité, la « haine de l'élégance », « l'intonation qui crée l'atmosphère ».
En effet. Et c'est ce qui m'a perdue. Ce
Polzounkov, monté sur une chaise, se lance dans une diatribe ridicule narrant un fait auquel il a pris part. Une espèce de farce mêlant chantage, trahison, argent, promesse de mariage rompue. Je serais incapable de vous en dire plus parce que...je n'ai pas tout suivi ! Non, je suis restée à la traîne, perdue dans les élucubrations puissantes et grotesques de ce fantoche.
Littérature de l'oralité ? Oui ! Ici, oui ! Je verrais d'ailleurs ce
Polzounkov parfaitement à l'aise sur une scène de théâtre. Et j'irais sans hésiter l'applaudir.
Mais la lecture a été pénible. J'en rougis encore.