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sur 1567 notes
« Qui ne connait pas Oedipe Roi ? » Hé bien moi. Enfin je connais le complexe via la psychologie mais sans jamais l'avoir lu.
Si le fond et la psychologie du personnage principal sont de qualités, j'ai eu beaucoup de mal à le lire. Premièrement, je l'écris souvent mais le théâtre ça se vit avant de se lire. Chose qui me pose encore des problèmes quand il s'agit d'aborder une telle oeuvre.
Deuxièmement mon édition comporte un nombre important de notes, environ 25 pages, ce qui rend difficile la compréhension du texte. Au point de ne pas avoir terminé les 90 pages de la pièce pour m'orienter directement sur une analyse car je n'ai rien retenu de ma lecture du texte de base.
Ajouter à ça l'éternelle problématique du classique, connaître l'intrigue avant même de l'avoir lu n'aide pas. A étudier il doit être passionnant, il y a une intrigue forte, à voir au théâtre également avec ses dialogues fort et une histoire facilement adaptable à toutes époques. de mon côté je l'ai lu sur un ton monotone dans un fauteuil inconfortable, j'en garde le même sentiment sur ma lecture.
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J'ai eu la chance de lire "Oedipe Roi" dans la collection du Livre de Poche, qui non seulement donne le texte de cette tragédie, mais aussi propose des commentaires, clairs et sans érudition excessive, qui m'ont semblé très intéressants. Dans la suite, je me permettrai d'utiliser des éléments qui en proviennent.

La première chose qu'il faut admettre, c'est que le théâtre grec antique présentait des particularités qui ne correspondent absolument pas à ce que nous connaissons dans l'époque moderne. Les nombreuses différences tiennent notamment à la mise en scène de la pièce, au nombre et au jeu des acteurs, aux conventions admises par les spectateurs, ainsi qu'au rôle civique et religieux du théâtre (sur ce point, voir la belle critique de Nastassia.B).
De plus, les interventions du choeur entre deux épisodes de la tragédie, essentielle dans Sophocle, n'est évidemment plus de mise aujourd'hui. Dans chaque "stasimon", le choeur dansait et en même temps chantait ou psalmodiait son texte, écrit dans une veine résolument lyrique (voir par exemple la citation que je mets simultanément en ligne). Ce type de déclamation poétique parait surprenant au lecteur ou au spectateur du XXIème siècle après J. C.: il lui est presque impossible l'apprécier comme le faisaient les Athéniens du Vème siècle avant J. C. Cette lacune illustre notre quasi impossibilité à entrer vraiment dans l'esprit antique.

Concernant le personnage d'Oedipe dans la tragédie de Sophocle, il est absolument nécessaire d'oublier Freud si l'on veut éviter de grossiers contresens. le point de départ de la tragédie est la dénonciation de deux crimes. le héros malheureux est d'abord aveuglé par les dieux: tant qu'il reste dans l'ignorance, ces crimes n'existent pas, pour ainsi dire. Et c'est seulement au fur et à mesure que sa propre enquête avance qu'il devient un criminel. Arrivé à ce point, Oedipe ne peut absolument pas ergoter sur sa responsabilité personnelle et sur sa bonne foi (liée à son ignorance de sa parenté avec Laïos et Jocaste). En effet, Sophocle développe ici une conception "matérialiste" du crime: l'acte accompli est un fait constituant souillure, qui n'a rien à voir avec la psychologie individuelle et qu'il faut impérativement "laver". le héros doit donc payer le prix pour son forfait qui, pourtant, a été littéralement programmé par les dieux. Ensuite Oedipe, tout en étant maudit, devient un "intouchable sacré".

Une autre remarque me semble mériter d'être ajoutée. Un des nombreux commentateurs de cette tragédie, R. Girard, a avancé en 1967 une thèse surprenante. Pour lui, les crimes sont inventés au fur et à mesure de l'avancée de l'enquête. En fait, Oedipe est innocent mais il se "dévouerait" pour assumer la responsabilité des crimes reprochés par les dieux et, ainsi, exempter sa cité de la punition. Ses sujets fermeraient complaisamment les yeux sur l'invraisemblance de cet aveu de pseudo-culpabilité. Leur roi, réduit au rôle de bouc émissaire, se crève les yeux et disparait. On se rend compte que ce scénario, invraisemblable de prime abord, peut "tenir la route" en fin de compte. Cette simple considération rend encore plus fascinant le destin du héros maudit…
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Lu pour le bac, dans le cadre de mon option grec ancien, j'ai adoré cette tragédie.

C'est un monument du théâtre grec antique, mais aussi un monument du théâtre tout cours.
On y voit le destin s'abattre sur Oedipe, telle une fatalité. Celui que l'on avait abandonné à cause d'un oracle qui prédisait qu'il allait tuer son père et épouser sa mère, pense se jouer des dieux en quittant Corinthe, où il avait été recueilli. lors de son voyage, il triomphe du sphinx et accède au trône de Thèbes, le Roi Laïos étant mort dans des circonstances mal connues, et épouse la vieille reine Jocaste.
Apollon envoie la peste sur Thèbes, et après consulter l'oracle de Delphes, il s'avère que la cause du courroux d'Apollon est la mort de Laïos, non élucidée.
Oedipe se met en tête d'enquêter, et là, il découvre toute la vérité, et l'horreur de l'oracle s'abattre sur lui, sans qu'il ne puisse rien faire d'autre que de se crever les yeux...

Tout le génie de Sophocle réside dans son style d'écriture et la manière dont il rend inéluctable le destin d'Oedipe.
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Une tragédie classique, impressionnante et intemporelle.

Dans cette pièce, nous allons voir la chute d'Orestre le parricide qui s'ignore. Sa chute est d'autant plus tragique que c'est lui qui l'a provoque. En effet, c'est la recherche de la vérité qui va lui faire additionné des connaissances éparses et en faire un tout monstrueux.

Le héros devient une figure tourmentée au moment où il atteint son zénith. Il paye une ancienne prophétie que tous on cherchait à nier la rendant, de fait, inéluctable.

Une vraie tragédie, implacable, absolue. Une de mes oeuvres préférées.
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On ne présente presque plus le mythe d'Oedipe, cet homme au destin terriblement tragique, l'homme qui tua son père et épousa sa mère.
En revanche, il est très intéressant de se pencher sur l'écrit qui le fit connaître à travers les âges, jusqu'à même le faire parvenir jusqu'à nous.
J'ai été très agréablement surpris de la modernité du texte. L'écriture est simple tout en gardant l'aspect solennel et grandiose de la tragédie. Je recommande donc ce classique à tous ceux qui veulent affiner leur culture générale et à tous les passionnés de l'Antiquité.
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L'approfondissement de ce mythe au cours de mon année de Terminale fait sans doute partie de ces chocs littéraires qui vous changent profondément.
Le mythe d'Oedipe, une fois que l'on se détache de son interprétation psychanalytique, est de ces oeuvres que l'on redécouvre à chaque fois que l'on y revient. Les portées sont multiples: anthropologiques, philosophiques, mystiques et j'en passe. Cela fait plus de dix ans désormais que j'écoute régulièrement des conférences et des podcasts sur le sujet, et j'en découvre encore. La pièce de Sophocle en est la facette la plus connue, et sans doute celle que l'on interprète le plus. Sa lecture du mythe accès sur cette curiosité compulsive qui nous pousse à notre perte est sans doute celle qui me parle le plus.
J'ai également un attachement spécial à ce livre, car il fut pour moi l'introduction à un changement profond.
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Oedipe Roi! Un mythe fondateur qui a inspiré tellement d'autres auteurs, de penseurs, de philosophe. Lu pendant mes études, j'en garde cependant un vif souvenir. J'avais à l'époque vraiment eu l'impression de toucher du doigt des sentiments universels et quand j'y repense toujours d'actualité. Aucunement ennuyeux à lire, les personnages sont précis, creusés, les sentiments également, la dimension tragique jalonne le récit. Évidemment, on connaît d'avance le drame qui se noue mais il faut l'avoir lu pour en saisir tout le cheminement.
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La pièce la plus connue de Sophocle qui fonctionne comme une enquête policière. Âpre, cruelle, cette oeuvre dont certaines passages choquent et glacent d'horreur est un classique intemporel et incontournable pour tous les amateurs d'antiquité gréco-romaine ainsi que pour tous ceux que le mythe oedipien fascine ou intrigue.
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Oedipe Roi de Sophocle est une tragédie à lire, relire, et encore lire. Cette pièce est émouvante et incroyablement profonde. Ce "paradigme" de la tragédie est une pierre précieuse et chaque relecture est plus touchante que la précédente. Je ne m'en lasserai jamais.
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Traduction : Jean Grosjean
Préface : Jean-Louis Backès
Dossier sur la version cinématographique de Pasolini : Romain Berry
Notes : Raphaël Dreyfus

ISBN : 9782070466214

L'"Odipe Roi" de Sophocle est, à ce jour, la plus ancienne version qu'on ait retrouvée de l'antique tragédie grecque, inspirée elle-même par le mythe que nous connaissons tous et qui permit à Freud de créer sa théorie du "Complexe d'Oedipe." Freud a omis d'indiquer (ou voulu l'omettre) qu'Oedipe non seulement ignorait qu'il tuait son père mais aussi que c'était sa mère qu'il épousait. On comprend donc que certains puissent reprocher au père de la Psychanalyse cette formulation dans le fond inexacte puisque Odipe n'épouse pas Jocaste parce qu'il nourrit envers elle depuis l'enfance des sentiments incestueux pas plus qu'il ne tue Laïos en ayant pleinement conscience qu'il se trouve en présence de son géniteur.

Chez l'auteur grec, l'histoire est, pour utiliser une expression hautement moderne mais bien peu littéraire, "brute de décoffrage." Elle est aussi traitée, pourrait-on se risquer à dire ;o), sur le mode de l'intrigue policière. Car ce texte, relativement court - il n'y a ni actes ni scènes, au sens où nous entendons aujourd'hui ces mots dans le monde du théâtre - qui débute lentement avant d'adopter, avec ce que nous nommerons "la troisième partie", un crescendo aussi saisissant que déchirant, se présente un peu comme une suite de questions dont la dernière posée en entraîne obligatoirement une autre. Un peu normal d'ailleurs : Oedipe n'est-il pas devenu roi grâce à son don pour résoudre les énigmes ?

D'abord, il y a la peste qui a envahi la ville : pourquoi cette horreur ? Pourquoi ce fléau, cette épreuve atroce infligée aux Thébains alors qu'ils sont certains de n'avoir offensé aucun dieu ? Créon, beau-frère du roi, qu'on a envoyé en délégation à Delphes pour interroger la fameuse Pythie, prêtresse d'Apollon, leur rapporte une réponse à la fois nette (sur sa forme) et sybilline (sur son fond) : il faut extirper la "souillure" du sol thébain, il faut dénoncer et mettre à mort l'assassin du précédent monarque, Laïos.

C'est alors que, après un échange un peu rude entre les beaux-frères, le spectateur s'aperçoit que plusieurs versions de l'événement, toutes évidemment invérifiables d'autant que, depuis lors, bien de l'eau à coulé sous les ponts, existent et ont toujours existé. Pour certains, ce sont des brigands qui ont attaqué le monarque par surprise et l'ont lâchement assassiné. Pour Tirésias, devin célèbre qui vit à Thèbes (connu aussi pour des caractéristiques sexuelles qui auraient fait de lui un hermaphrodite), un seul homme au contraire est responsable mais il se refuse à révéler son identité. Oedipe l'Impulsif a beau exprimer ici toute sa fureur : Tirésias ne veut pas entrer dans ce jeu (car il sait bien que c'est une forme de jeu) auquel les Dieux se sont un peu trop mêlés.

Finalement, on découvre qu'il y a eu un témoin, un berger désormais bien vieux, qui s'est retiré dans les montagnes et qu'Oedipe ordonne d'aller chercher illico. Et le berger raconte une histoire bien singulière : Laïos lui aurait confié un nouveau-né - son propre fils - pour qu'il allât l'exposer dans la montagne afin que les bêtes sauvages le tuassent. C'est qu'une autre prédiction avait annoncé à Laïos que ce fils, pourtant si attendu par lui et Jocaste, tuerait son père et épouserait sa mère, dont il aurait même des enfants. Mais, un peu comme le chasseur de "Blanche-Neige", le pauvre berger n'a pas le courage d'obéir à son maître. Certes, il a pris l'enfant mais l'a confié à un inconnu rencontré là haut, dans les alpages, et qui, lui, se trouvait - coïncidence étrange où l'on peut voir la main d'Apollon - bien heureux de dénicher un nouveau-né. le tour de passe-passe s'accomplit donc sans que Laïos soit mis au courant et sans que son malheureux berger sache qu'il vient de faire le jeu du Destin.

La suite est si célèbre qu'il serait inutile d'en parler.

Durant toute la pièce de Sophocle, une question demeure néanmoins sans réponse : pourquoi cette malédiction d'Apollon ? En effet, les dieux grecs, si proches des humains, tuent par passion, par amour, par jalousie, pour aider leur "champion" (comme dans la Guerre de Troie) mais, peut-être à l'exception d'Arès, dieu de la Guerre, qui ne vit que pour le sang et les performances sexuelles - peut-être - ils ne tuent jamais pas plaisir pur : toujours, ils ont une bonne raison pour agir. Il en résulte parfois ce que M. Bush W. appellerait des "dommages collatéraux" mais les occupants de l'Olympe ne les recherchent pas et même les déplorent. Par conséquent, pourquoi Apollon en veut-il tellement à Oedipe ou, plutôt, si on récapitule les faits, à un nourrisson avec qui il n'avait en principe aucun rapport ?

J'écris "en principe" parce que le dieu du Soleil a bien une raison - en tous cas, la raison, il la connaît. J'ai filé me renseigner auprès de Lydia à qui je laisse le soin de vous éclairer. Si elle n'en trouve pas le temps, eh ! bien, je fouillerai dans l'un de mes nombreux dictionnaires ou dans "Les Mythes Grecs" de Robert Graves - que je n'ai toujours pas lu, honte à moi ! - et je vous donnerai la solution.

Pour en revenir à la pièce de Sophocle, eh ! bien, sachez que la troisième partie est d'une beauté sauvage et émouvante (étonnamment moderne aussi). Si sauvage, si émouvante qu'il est impossible que, au-delà tous les siècles qui nous séparent, l'auteur grec ne parvienne pas à vous émouvoir. On peut ne pas apprécier le personnage d'Oedipe - qui la "ramène" un peu, il faut bien en convenir - mais on ne peut que se révolter contre le Destin qui lui est imposé. Oedipe est un coupable innocent, qu'une rancune proche d'une vendetta pure et simple a décidé de créer tel quel. Oedipe paie pour les autres. La grandeur du personnage, grandeur qu'il transmettra à sa fille, Antigone, éclate, magnifique, éblouissante, dans les scènes finales, quand cet homme un peu suffisant, à qui tout a réussi, découvre que tous ses succès ne lui ont été accordés que dans un seul but : se crever les yeux et prendre la route de l'exil afin d'expier ce dont, en fait, il n'est en rien responsable. Dès le berceau, Oedipe n'était qu' un pion qu'on a pris soin de pourvoir de dés éclatants, fascinants, mais qui étaient pipés.

Comment croire que le Destin puisse vous donner un jeu faussé dès le départ et vous entretenir dans l'idée qu'il sort de l'ordinaire et qu'on ne l'a faussé que pour votre plus grande gloire ? Et pourtant, c'est bien ce qu'il arrive à notre héros. Tandis que le Destin, parrain infernal, caresse doucement Oedipe dans le sens de son orgueil - son talon d'Achille - ce même Destin cisèle les agrafes d'or dont il lui fera un jour cadeau parce que ce qu'Oedipe a fait et vu, sans avoir aucune conscience des tabous qu'il enfreignait, il ne devait ni le faire, ni le voir.

Petit détail en prime : l'ambiguïté de Jocaste qui, elle, peut-être en tant que mère, donne l'impression non pas de savoir mais de pressentir la vérité. Par tous les moyens, elle essaie de retenir son fils-époux sur la voie de la Vérité et l'on peut regretter que les déchirements intimes qui sont les siens ne soient pas mis un peu plus en valeur. Il est vrai que la société grecque ne donnait pas précisément le beau rôle à la Femme ... Précisons toutefois que Sophocle ne désigne jamais Jocaste comme une coupable éventuelle : pour lui, elle aussi est victime du Destin et de la partie de dés pipés des Dieux.

Vous l'avez compris : lisez "Oedipe Roi" de Sophocle, qui a engendré tant de "suites" ou de variantes comme "La Machine Infernale" de Cocteau. Rédigé cinq siècles environ avant notre ère, un chef-d'oeuvre d'une beauté si sombre et d'une vérité aussi authentique ne saurait s'ignorer. ;o)
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