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EAN : 9782822402248
228 pages
MA Editions (03/07/2013)
2.68/5   11 notes
Résumé :
Dès sa parution, Le Portrait de Dorian Gray, accusé de prôner l'hédonisme et de saper les fondements de la morale, connut un énorme succès. En 1890, le Daily Chronicle écrivait que le roman d'Oscar Wilde risquait de « contaminer les jeunes esprits qui le liraient ». Eh bien, critiques victoriens, accrochez vos ceintures et préparez-vous à affronter Dorian Gray - Le Portrait interdit de Nicole Audrey Spector : encore plus torride, obscène, excitant, brûlant et morale... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Déjà à sa parution, le portrait de Dorian Gray fut jugé scandaleux et accusé de propager des pensées malsaines et de promouvoir des idées à l'encontre de la morale. Cette reprise du roman à la sauce érotique tente de raconter l'histoire sous un jour sexuel encore plus exacerbé, mais elle sera sans doute pour le lecteur d'aujourd'hui, habitué aux romans de la veine érotico-sexuelle, moins choquante que la version originale. Il faut dire qu'en fait de scènes torrides, on n'y trouve que quelques scènes, certes chaudes et prônant la violence sexuelle, l'asservissement de la femme pour le plaisir et des pratiques un tantinet dépravées, mais pas autant que celles auxquelles on aurait pu s'attendre…

En effet, à part quelques scènes de sexe qui parsèment le roman (bon, on ne va pas faire la fine bouche non plus, certaines sont tout à fait réalistes !), on pourrait le trouver un rien mièvre, en tout cas pas aussi scandaleux que ce à quoi s'attend le lecteur : certes, sexe, alcool et perversion sont bien présents, mais aussi une sorte de candeur un peu bébête qui ne colle pas avec l'ensemble.

Le roman d'Oscar Wilde abordait entre autres le thème de l'homosexualité, alors que celui de Nicole Audrey Spector ne parle que d'hétéros, ce qui en réduit la dimension et la puissance. Dans le roman original, lu tout récemment par Yueyin, le beau Dorian rencontre deux hommes qui vont le dépraver. Basil Hallward est peintre et totalement subjugué par la beauté du jeune homme et Lord Henry Wotton également attiré, mais plus par le pouvoir à acquérir à travers cette beauté pure, qui pourrait permettre de manipuler les proies à volonté : la beauté ne sous-entend-elle pas la pureté ? Il fait comprendre à Dorian que ses traits ciselés sont éphémères et qu'alors que le portrait superbe peint par le peintre ne vieillira jamais, lui deviendra un jour vieux, et laid, et cette prise de conscience fera basculer le jeune homme vers le chemin de la dépravation.

Ici, ce sont les femmes qui mènent le jeu. Rosemary Hall est peintre. Elle est encore célibataire par volonté, bien qu'à cette époque cela soit tout à fait hors-norme, et se donne à son art Elle termine tout juste le portrait d'un jeune homme superbement beau, Dorian Gray, dont elle est tombée amoureuse au fil des coups de pinceau, s'en ouvrant à son amie la riche Helen Wotton. Celle-ci est rouée, et on peut le dire, c'est une sacrée sal*pe, versée dans tous les excès sexuels possibles, trompant son vieux mari (qui a le mérite d'être riche et de mener sa vie sexuelle de son côté) avec tout ce qui lui tombe sous la main. Elle ne va faire qu'une bouchée de Dorian Gray, qu'elle arrive à retourner comme un crêpe juste avec une petite conversation dans le jardin où elle lui attrape la b*te : et le voilà devenu prêt à être un pervers patenté et à s'essayer à tous les vices… un peu facile ! le portrait d'Helen est cependant intéressant, car cette femme de la bonne société renverse par sa personnalité tous les préceptes moraux de l'époque, s'en fichant comme de sa première culotte qu'elle a d'ailleurs une facilité extrême à enlever. Par une vie débridée, elle tente elle aussi de combattre le temps qui passe, bien consciente que les années la verront se flétrir… Une bonne raison pour mettre la main sur ce jeune godelureau pour qu'il prenne sa suite ! Elle est sans morale aucune, professant : « Être bon, c'est être en harmonie avec soi-même […]. La disharmonie, c'est d'être obligé d'être en harmonie avec les autres. Notre propre vie, c'est la seule chose importante. Quant à la vie de nos semblables, si l'on veut être cuistre ou puritain, on peut toujours afficher ses idées morales sur elle, mais elle ne nous concerne pas. D'ailleurs, l'individualisme est le but le plus élevé. La moralité moderne consiste à accepter les normes de son époque, mais je considère que pour n'importe quel homme cultivé, y souscrire est d'une immoralité scandaleuse. »

La jeune peintre est tout à la fois audacieuse et parfaitement nunuche, jeune pucelle ignorante (ce qui est normal), mais en même temps prête par amour à se soumettre à des pratiques qui ne correspondent pas du tout aux normes de l'époque et surtout à sa personnalité. On pourrait trouver intéressant l'ouverture aux sens de Rosemary, si elle n'était pas si caricaturée : «Chaque nuit, elle se réveillait en nage, fébrile, incapable de réfréner l'ondulation lascive de ses hanches, le drap roulé en boule et serré entre ses cuisses. Tout cela semblait si réel. Comme s'il s'était vraiment trouvé là » car il est peu crédible qu'une jeune fille de l'époque soit si « ouverte » (sans mauvais jeu de mots) aux sensations de son corps, ni même qu'elle en éprouve, alors qu'elle reste alitée, soi-disant malade, lorsqu'elle est réglée… de même quand elle pense qu' « au moins, il ne l'avait pas frappée ni étranglée. La vie s'était nettement améliorée depuis ce matin où elle s'inquiétait de finir ses jours seule. » Vous devez savoir qu'avant ça, cette chère jeune fille s'était fait éjac*ler à la figure par le beau Dorian… qui l'avait complimentée à la fin de sa turl*te : « Ma chérie, c'était très agréable. Je crois qu'avec le temps, tu deviendras excellente. » Allons, on nous prend pour des andouilles ! Et y'a des baffes qui se perdent… Et la jeune Rosemary d'en rajouter dans la candeur stupide : « Elle avait vu son âme et elle était dénuée d'intentions homicides. Elle était aussi belle que son visage ! Ce qui s'était produit était exactement ce qu'il lui avait dit ; il s'était laissé emporter, et comme toute personne sexuellement expérimentée le savait [ah bon ?], une telle violence faisait partie du processus avancé dans les ébats amoureux. Peut-être qu'avec le temps, elle apprendrait à aimer tout ça ».



Mais comme dans le roman De Wilde, la transformation de Dorian Gray est passionnante : de jeune homme plutôt sage et falot, il devient un fieffé salaud, cynique, violent, pervers. Et comme dans l'original, c'est son portrait qui portera les stigmates de cette dépravation…

Certains passages sont aussi croustillants que drôles, mais à leur dépend, ainsi cette pensée de Rosemary qui découvre pour la première fois le bel étalon nu : « Quand il retira son sous-vêtement, Rosemary resta en admiration devant l'objet, la douloureuse frustration de son entrejambe atteignant une intensité proche de la souffrance. Elle avait déjà vu des daguerréotypes obscènes, Helen en avait une collection importante, mais aucun des pénis photographiés n'était aussi énorme que celui-ci. Rosemary comprit pourquoi ses mains étaient si grandes et belles, pour faire la paire avec son membre. Elle sentit qu'une très importante part de Dorian avait été laissée de côté sans son portrait. » Pardonnez-moi chers lecteurs, mais là, je me gausse… et ne me lasse pas de m'étonner de cet engouement pour la taille du machin dans la littérature… À croire que tous les héros des romans érotiques sont montés comme des taureaux avec de vraies lances à incendie ! À d'autres moments, le lecteur ne pourra s'empêcher de sourire au style un tantinet grandiloquent : « Il frissonna et regretta un instant de ne pas avoir donné à Rosemary la véritable raison pour laquelle il désirait cacher le tableau. L'amour qu'il lui portait, car c'était vraiment de l'amour, n'était pas une simple admiration physique de la beauté qui nait des sens et meurt avec la lassitude des sens. C'était un amour tel que l'avaient connu Michel-Ange, et Montaigne, et Winckelmann, et Shakespeare lui-même. » Ben voyons. Bref, on pourrait citer une phrase du roman pour en décrire le style : « Ses métaphores étaient aussi monstrueuses que des orchidées et aussi subtiles en couleur ».

Au final, la lecture de ce roman n'est pas vraiment désagréable, mais elle n'apporte rien au schmilblick et il est donc plutôt conseillé de lire ou relire Oscar Wilde plutôt que cette déclinaison érotique aussi fade que le sperme du beau Dorian…


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Après ma lecture du très fameux roman d'Oscar Wilde le portrait de Dorian Gray qui me revient parfaitement en mémoire, tant j'avais aimé l'histoire, le portrait interdit de Dorian Gray écrit par Nicole Audrey Spector, qui est une parodie de l'histoire originale, m'a tout de suite attirée. Tout d'abord, j'ai été heureuse de retrouver mon cher Dorian Gray (quelque peu transformé dans cette nouvelle version), ainsi que son portrait. Mais j'ai surtout été intriguée par la tournure que l'auteure allait pouvoir imaginer à cette histoire, j'attendais avec impatience de me plonger de nouveau dans le Londres du XiXème siècle.

Je ne fais pas de court résumé pour raconter cette histoire, car elle est presque identique à l'originale, sans, évidemment, tous les détails, et en enlevant certains personnages. le seul gros point qui a changé, est bien évidemment le genre du livre : alors que le portrait de Dorian Gray était un classique à la limite du fantastique, cette édition du Portrait interdit de Dorian Gray se révèle être un roman érotique.

Se plaçant dans la lignée de la saga Cinquante nuances de Grey (que je n'ai pas lu, et que je ne souhaite pas lire), le portrait interdit de Dorian Gray mêle amour, passion et sexe, en préservant la base classique de l'histoire.

Comme vous devez vous en douter, ce livre ne se classe pas dans la catégorie "grande littérature", il n'arrive même pas à la cheville du livre original... mais pour tous les amoureux du Portrait de Dorian Gray, je vous le conseille : vous verrez alors Dorian Gray sous un nouveau jour...

Car même si le livre en lui-même est peu volumineux, les scènes de sexe sont nombreuses. La première scène se met très vite en place, et elle peut même choquer le lecteur tant elle est vulgaire et "trash".

Nicole Audrey Spector reprend quelques points essentiels du roman, souvent peu visibles par le lecteur, mais qui constituent un tournant de l'intrigue. Nous pouvons donc remarquer qu'à l'intérieur du livre d'Oscar Wilde, le protagoniste se montre très timide au début, puis finit par devenir l'opposé du personnage qu'il était au début. Nicole Audrey Spector va reprendre exactement cette idée, et elle va faire passer le personnage de Dorian d'un opposé à un autre. Au commencement, il était un homme réservé, peu engageant, traité comme un soumis que l'on ballotte au grès de nos envie, il va se raffermir et devenir dominateur, cruel et très hautain. Pour le lecteur, ce Dorian est quelqu'un de très antipathique...

L'auteure a néanmoins rajouté sa petite touche personnelle à l'histoire (outre les scènes de sexe). Dans mon souvenir, je ne me souviens pas que l'intrigue du roman original ait été identique à celle présentée dans ce livre. Même si elle était assez prévisible, je l'ai trouvée forte originale.

Pour résumé, je pense que ce roman, sans entrer dans la crème de la littérature, a été une lecture agréable et divertissante. J'ai eu le plaisir de retrouver de nouveau ce cher Dorian Gray, même si son caractère me donnait des envies de meurtres.
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LE PORTRAIT DE DORIAN GRAY de Oscar Wilde "éditions Albert Savine 1895 traduit de l'anglais US 1891" 403.- pages

De son vrai nom Oscar Fingal O'Flahertie Wills Wilde était de souche irlandaise. Homosexuel notoire à l'époque victorienne il fut envoyé au bagne pour "moeurs dissolues". Une fois sa peine accomplie il s'exila aux États-Unis où il publia son plus célèbre roman : Dorian Gray.
Le personnage, doté d'une grande fortune, vivra une vie dissolue, sans morale allant à tous les extrêmes et oubliant les notions du bien et du mal.
"Guérir l'âme par le moyen des sens, et les sens au moyen de l'âme. Ces mots sonnaient singulièrement à son oreille... Oui, son âme était malade à la mort... Était-il vrai que les sens la pouvaient guérir ?... Un sang innocent avait été versé... Comment racheter cela ? Ah ! il n'était point d'expiation !... Mais quoique le pardon fût impossible, possible encore était l'oubli, et il était déterminé à oublier cette chose, à en abolir pour jamais le souvenir, à l'écraser comme on écrase une vipère qui vous a mordu..." dira-t-il après avoir commis l'innommable.
Il y a des boutiques d'opium où l'on peut acheter l'oubli, des tanières d'horreur où la mémoire des vieux péchés s'abolit par la folie des péchés nouveaux... il s'y adonna, mais rien n'y fit.
Sa beauté s'estompa !

Le style est d'une richesse somptueuse, l'auteur dans une immense soif du détail donne au texte une puissance littéraire rarement atteinte.
Oscar Wilde est mort jeune et n'a pas laissé place dans son oeuvre qu'à peu de romans. Quel dommage.
Une très grande oeuvre.
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J'ai reçu ce roman et j'avais hâte de le découvrir. J'ai adoré Jane Eyrotica qui nous proposait une version érotique du célèbre roman de Charlotte Brönte. Nous retrouvions l'histoire d'origine mais avec des scènes sensuelles en plus.

Je m'attendais donc à une romance érotique dans le Portrait interdit. le début commençait plutôt bien et m'a immédiatement rappelé le film. Je n'ai malheureusement jamais lu le classique mais j'étais tombée sous le charme de l'adaptation de Oliver Parker sorti en 2009.
Dans le Portrait interdit, Nicole Audrey Spector a modifié plusieurs éléments. En effet, le peintre est devenue une femme : Rosemary et Lord Henry, l'homme qui corrompt Dorian Grey également : Helen.
Le début, les 45 premières pages plus exactement m'ont plu. Nous découvrons que la peintre, Rosemary est amoureuse de son modèle et lorsqu'elle le présente à son amie Helen, celle-ci commence immédiatement à lui faire du charme. Nous retrouvons également le récit d'origine puisque Rosemary termine le célèbre portrait de Dorian Gray.

Malheureusement, juste après, tout bascule. La première scène de sexe m'a franchement dégoûtée. J'ai lu et aimé plusieurs livres érotiques sortis récemment mais impossible de qualifier ce roman comme tel. Cette fameuse scène est trash et tellement vulgaire qu'elle ne m'a pas donné envie de découvrir la suite...

Pour conclure, si vous recherchez un roman érotique, avec de la sensualité, passez votre chemin... Ceci n'est que mon avis donc si vous êtes curieux et loin d'être sensible, ne laissez pas ma chronique vous empêcher de vous faire votre propre opinion.
Pour ma part, je vais plutôt essayer de lire le roman d'origine car l'histoire m'a toujours intéressée.
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Rosemary Hall est une artiste peintre. Elle craque pour son modèle : Dorian Gray. Mais Lady Helen, une de ses amies, s'empare du jeune homme sous les yeux de Rosemary, pour le corrompre et lui apprendre quelques vices. Malgré tout, Rosemary avoue ses sentiments à Dorian Gray. Celui ci se verra balancé entre son amour pour Rosemary et ses tendances perverses...

Encore une fois, je dois avouer que je ne connais pas l'oeuvre originale d'Oscar Wilde, il est donc difficile pour moi de comparer les deux oeuvres.
Ce livre est nettement plus érotique que "Jane Eyrotica" (livre de la même collection) que ce soit dans les scènes décrites ou dans le langage employé. Cela nous transporte plutôt dans notre société actuelle que dans le XIXe siècle londonnien... Malgré tout, le reste semble assez crédible et je suppose respecte un minimum l'oeuvre d'Oscar Wilde.

Même si c'est une histoire assez tragique, j'ai bien aimé l'histoire en générale. La révélation sur les liens qui unissent Dorian et Rosemary sont connus du lecteur mais pas des intéressés, le lecteur se sent mis dans la confidence mais à partir de là, nous sentons arrivés le retournement de situation !
Ce qui m'a un peu plus dérangé, c'est l'histoire du tableau. Je n'ai pas trouvé cela très crédible et c'est ce qui rend ce livre un peu étrange.

Concernant les personnages, même si le roman porte le nom de Dorian Gray, le personnage de Rosemary joue un rôle important. Dorian Gray lui, évolue du tout au tout, du début jusqu'à la fin, ce qui fait de lui un personnage intéressant et intriguant !

En ce qui concerne la première de couv', je la trouve assez kitch avec cet Oscar Wilde maquillé à outrance... Ce n'est pas cela qui va attirer les foules...

Ce livre se lit rapidement car l'histoire fonctionne et nous donne envie de tourner les pages jusqu'à la fin. le style est facile à lire et accessible à tous (ce qui n'est pas toujours le cas de certains classiques).

Laissant l'érotisme de côté, ce livre m'a donné envie de lire l'oeuvre originale et je pense qu'il est nécessaire de pouvoir comparer les deux oeuvres par la suite.

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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
La riche senteur des roses emplissait l'atelier, et lorsqu'une brise d'été agitait doucement les arbres du jardin, le lourd parfum du lilas et la fragrance plus délicate de l'églantier en fleur pénétraient tour à tour par la porte ouverte. Ce souffle léger imprégné de parfum vint chatouiller la nuque de Rosemary Hall, caressant ses fins cheveux.
Cette nouvelle conscience de son corps lui paraissait étrange. Même peindre ne lui procurait plus les mêmes sensations. Ce n'était plus une simple question d'esprit et d'harmonisation, mais une expérience physique. Le pinceau humide était aussi sensible que sa main, et à chaque fois qu'il effleurait la toile, elle sentait son corps s'éveiller à la vie.
Et puis il y avait ces rêves éveillés qu'elle faisait... Mais ceux-là, au moins, elle pouvait les chasser. C'était pire la nuit. Il ne s'agissait pas de cauchemars, bien au contraire, mais ces rêves-là la troublaient pourtant profondément. Chaque nuit, elle se réveillait en nage, fébrile, incapable de réfréner l'ondulation lascive de ses hanches, le drap roulé en boule et serré entre ses cuisses. Tout cela semblait si... réel. Comme s'il s'était vraiment trouvé là. Trempée de sueur, elle avait l'impression de sentir les baisers virils sur ses joues. Elle se demandait d'où lui venaient ces rêves, mais fuyait la réponse. Ce n'était pas le moment de se laisser emporter par le désir. La seule évocation du mot la fit rougir, avant qu'elle ne le refoule au plus profond de son subconscient.
Rosemary, qui venait juste de fêter ses vingt ans, était parvenue à éluder les propositions de mariage. Même son père avait renoncé à aborder le sujet. Au moins, il était heureux de sa réussite en tant que peintre. Peu à peu, ses soupirants la délaissaient. Certains, parmi lesquels l'incorrigible Buckley Brinsmead, capitulaient après l'avoir poursuivie de leurs ardeurs pendant des années. Quel soulagement d'être seule, au calme, afin de pouvoir se consacrer à sa passion et mener une vie indépendante exclusivement centrée sur la création artistique ! Elle veillerait à s'en souvenir, pensa-t-elle tout en mordillant sa lèvre inférieure.
Depuis le coin du divan où elle se prélassait sur des coussins de cuir, Helen Wotton, affichant l'expression impassible qui la caractérisait, observait Rosemary tout en fumant, selon son habitude, une cigarette opiacée.
Reculant un peu pour qu'Helen puisse contempler le tableau posé sur le chevalet, Rosemary éprouva un vif soulagement dès qu'elle eut éloigné sa main de la toile. Elle avait besoin de prendre ses distances avec cet objet imposant et menaçant. Elle ressentit soudain une faim intense et se souvint qu'elle n'avait avalé que la moitié d'un biscuit de toute la journée.
Comme il aurait été furieux d'apprendre que c'était tout ce qu'elle avait mangé... S'intéressait-il à elle ou cherchait-il simplement à être le maître de la situation ? Rosemary se reprocha d'y avoir pensé. Elle avait besoin de faire une pause ; son dos était tendu et noué, ses mains raides et engourdies.
- Voilà donc le fameux chef-d'oeuvre ?
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En ce qui concerne une aventure romanesque, le rire est une excellente entrée en matière, et c'est de loin le meilleur moyen pour en terminer une aussi.
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Les gens ont tellement peur d'eux-mêmes aujourd'hui, poursuivit-elle. Ils ont oublié le plus important des devoirs, celui que l'on se doit à soi-même. Bien sûr, ils sont charitables. Ils nourrissent les affamés et habillent les mendiants. Mais leur propre âme est affamée et nue.
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Il arrive souvent que les vraies tragédies de la vie se produisent d'une manière si peu artistique qu'elles nous blessent par leur violence brutale, leur incohérence absolue, leur manque absurde de signification, leur absence totale de style. Elles nous accablent tout comme la vulgarité nous accable. Elles nous donnent l'impression d'être une force brutale absolue, et nous nous révoltons contre cela.
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C'est seulement dans la fiction que les faits peuvent parler sans peur.
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