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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Quel travail titanesque que ces 428 pages illustrées ! Pas moins de 16 mois de travail acharné 7 jours sur 7. Respect total pour le travail magnifique de l'artiste prodige Rebecca Dautremer.

N'ayant pas lu le roman de John Steinbeck, j'ignore si l'album du haut de ses 428 pages est la représentation fidèle du roman mais ça y ressemble. Beaucoup de lecteurs qui ont aimé Des souris et des hommes de Steinbeck portent un regard critique sur le roman de Karine Giebel, Glen affric. Je peux l'entendre car en effet, il y a pas mal de ressemblances entre ces deux livres. Malgré le succès du classique de Steinbeck, ma préférence se porte toujours sur le roman français que j'ai trouvé plus moderne. La sauce française émoustille aussi davantage mes papilles que la sauce américaine.

Par contre, je me pâme devant les illustrations de cet album qui sont absolument fantastiques. Rebecca Dautremer jongle avec différents styles dans un souci de représentation fidèle et sensible de l'histoire de Georges et Lennie.
Georges le gringalet et Lennie, la bête dans une tête de bébé.

On voyage littéralement au coeur de cette histoire. On assiste aux discussions intimistes entre Georges et Lennie avec de petits croquis pastels et doux. On part vers des planches une page d'une très grande poésie représentant le lien entre Georges et Lennie. Il y a aussi des dessins qui frôlent la caricature, sortes de graffitis, symboles peut-être du cerveau désordonné de Lennie. Puis il y a des planches très colorées, enfantines, le monde intérieur tout gentil de Lennie. Sa vie rêvée à ce grand gaillard c'est d'avoir une ferme avec Georges, avec des lapins, des poules, des fraisiers. Mais Lennie il fait des bêtises. Il n'est pas méchant non non, il ne contrôle juste pas sa force et il aime caresser les jolies choses. Georges et Lennie fuient pour aller travailler dans un nouveau ranch. On va se rapprocher de ce petit monde, Candy l'estropié avec son vieux chien, Crooks le nègre solitaire, la femme du fils du patron dans sa jolie robe rouge avec ses cheveux qui tombent comme des saucisses.

L'univers américain est absolument bien rendu. Il ne peut que ravir les amateurs du genre. Les illustrations sont tellement belles et riches de vibrations et de miroir émotionnel que ces 426 pages, je les ai absorbées et vécues de l'intérieur.

Je suis absolument ravie d'avoir découvert ce classique à travers cet album. Maintenant je connais l'histoire Des souris et des hommes et j'ai des tas d'images grandioses qui l'accompagnent. 16 mois de travail quand même, vous avez tout mon respect Rebecca Dautremer, c'est du grand art.
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Il en fallait du courage pour s'attaquer à un tel monument de la littérature américaine du XXème siècle ! Et ce courage, la talentueuse illustratrice Rébecca Dautremer l'a trouvé ; elle a relevé le défi de faire de "Des souris et des hommes" un roman graphique absolument époustouflant. Et le chef-d'oeuvre créa le chef-d'oeuvre.

Pour commencer, l'objet-livre est en soi une merveille. Sa tranche bleue électrisante, sa couverture mate au toucher soyeux, sa colorisation variant du sang au tabac annoncent direct la qualité avant même de révéler la beauté de ses 420 pages dont chacune est une merveille d'illustration, d'émotion et d'art.

J'ai une relation complexe avec le chef-d'oeuvre de Steinbeck. Lecture imposée au collège à laquelle j'étais restée complètement hermétique, il aura fallu attendre l'âge adulte pour me replonger dans ce récit d'amitié poignant pour amener bien plus qu'une réconciliation : une révélation ! Si petit par sa taille et si dense par son contenu et sa portée, ce roman est ciselé comme un diamant.

Par cette adaptation graphique et hautement visuelle du texte intégral de Steinbeck, Rébecca Dautremer rend un grand hommage à l'auteur tout en offrant au lecteur une (re)lecture atypique qui déborde généreusement le texte pour l'ancrer dans une époque, dans une atmosphère et dans une matérialité fascinantes. Poésie, volupté, rêves hallucinatoires, nature writing, storyboards, témoignage social, sentiments crus, il y a tout cela dans cet incroyable roman graphique.

La créativité de Rébecca Dautremer donne vie à chaque personnage et du relief à chaque destinée, les ancrant dans un passé, un présent et un futur entre illusion homérique et réalité sordide.


Challenge PLUMES FEMININES 2021
Challenge MULTI-DEFIS 2021
Challenge NOBEL
Challenge XXème siècle 2021
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En ce soir d'un jour très chaud, deux hommes marchent, l'un derrière l'autre, sur un sentier. Tous deux coiffés de chapeaux noirs, un rouleau serré de couverture sur les épaules. Arrivés dans la clairière, le premier s'arrête net. Son camarade lâche aussitôt son baluchon et, s'allongeant, se met à boire goulûment. C'est ici, au bord de l'eau verte, que George et Lennie décident de passer la nuit. Si seulement le chauffeur avait bien voulu les emmener à destination, ils n'auraient pas eu à parcourir les quatre milles jusqu'au ranch, situé au sud de Soledad, là où on les attendait. Mais avant d'y parvenir, George n'oublie pas de répéter, comme à son habitude, les multiples recommandations à Lennie. Notamment celle de se taire lorsqu'ils seront devant le patron, de ne pas mentionner le fait qu'ils ont été chassés de l'ancien ranch mais aussi qu'il arrête avec sa manie de tout caresser, comme les robes des femmes ou encore cette petite souris, morte de surcroit, trimballée au fond de sa poche...

Quel album époustouflant ! Outre le fait que le roman originel est un vrai bijou littéraire, Rébecca Dautremer se l'approprie avec virtuosité. À partir du texte intégral, elle met en image, sur plus de 400 pages, les aventures de George et Lennie, deux amis qui parcourent le pays, vivotant de petits boulots en petits boulots afin d'avoir suffisamment d'argent pour pouvoir s'offrir un lopin de terre... et des lapins pour Lennie. Mais le caractère simplet de ce dernier leur attire parfois des ennuis. Pour autant, George continue de le protéger et de s'occuper de lui. Un texte qui happe, de par son humanité, sa solidarité mais aussi de par sa violence et une certaine tension latente. Graphiquement, l'on est happé aussi dès la première page. Et c'est parfois le souffle coupé que l'on admire toutes ces planches variées, dessinées au crayon et à la gouache : décors en double page, fausse publicité, aérées sans cadre... Un travail minutieux, d'une rare justesse et maîtrise.

Une oeuvre magnifique et incomparable...

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Mettre en images le texte intégral d'un chef d'oeuvre de la littérature américaine : le projet n'est-il pas d'une ambition folle ? Il fallait la virtuosité, la sensibilité et l'imaginaire de Rebecca Dautremer pour relever le défi aussi magistralement.

L'histoire est connue : George et Lennie s'accrochent désespérément l'un à l'autre dans la tourmente de la Grande dépression. Lennie, c'est la force fragile, un esprit de mouflet dans une enveloppe de colosse qui ne maîtrise ni sa force, ni ses impulsions. George, plus vif, essaie de limiter la casse. Les deux hommes sont unis par la solitude et par leur rêve ressassé mille fois d'acquérir un lopin de terre où élever leurs lapins et vivre à l'abri de la dureté du monde. Mais en attendant, il faut travailler pour rassembler un pécule. Au ranch bien-nommé Soledad, ils vont avoir fort à faire face à l'agressivité du fils du patron et aux multiples occasions qui se présentent de faire des faux pas…

Si ce roman continue de fasciner plus de 80 ans après sa parution, c'est que la précarité, le poids écrasant des déterminismes, la solitude et la dureté des relations sociales restent plus que jamais d'actualité. À Soledad, chacun a envie de rêver : à une terre à soi, à une carrière d'actrice, à la liberté… Steinbeck pulvérise l'american dream, donne une voix et une place en littérature aux plus humbles dont les instants de fraternisation insufflent de la grâce à cette histoire si sombre.

Rebecca Dautremer nous invite à découvrir le film de sa lecture personnelle de ce roman. Évidemment, rien à voir avec celui qui s'était projeté dans mon imaginaire à la lecture des mots de Steinbeck. Mais c'est justement là que réside la contribution propre de cet album. Il sublime les descriptions qui ouvrent chaque chapitre, ancrés chacun dans un lieu singulier par de splendides doubles-pages, suivies d'illustrations quasi-photographiques qui plantent magnifiquement un décor de western. Pour restituer les nombreux dialogues, l'artiste fait preuve d'une grande créativité, alternant gouaches et crayons de couleur, empruntant aux codes de la bande-dessinée comme de la caricature, donnant corps par des esquisses aux pensées, souvenirs et rêves des personnages (quelques extraits accessibles via le lien ci-dessous). Elle détourne l'imagerie et les comics des années 1930, en faisant tomber le vernis de la société de consommation pour révéler sa face obscure. Ces intermèdes nous montrent notamment les souris qui ont pu y être mises en scène, mais tristes, vulnérables, désarticulées, ou anéanties. Ces graphismes épousent si bien le texte qu'on ne voit pas passer les 428 pages.

L'objet-livre a certes un coût, mais il est aussi complètement hors-normes dans l'ambition, la densité et la beauté brute du propos. Il est de ceux qu'on ouvrira souvent, juste pour le plaisir d'un choc littéraire et esthétique intact à chaque relecture.
Lien : https://ileauxtresors.blog/2..
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Ce roman graphique et de toute beauté. le texte extrêmement émouvant est incroyablement bien rendu à travers le graphisme qui est lui aussi émouvant, poétique mais aussi varié, original. le mélange des styles est un vrai régal. Je ne vais pas retranscrire ici tous les synonymes de "merveilleux", mais ce roman mis en images le mériterait amplement. John Steinbeck serait, sans aucun doute, enchanté par le travail de Rebecca Dautremer. Je suis émue par ce talent d'une incroyable richesse.
Grâce à vous Rebecca Dautremer, Lennie et George vont revivre dans les coeurs de ceux (dont je fais partie) qui les avaient oubliés.
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J'ai adoré ce livre qui propose une magnifique mise en images du texte intégral du classique de John Steinbbeck, Des Souris et des Hommes.

Jusque là je n'avais pas osé m'attaquer aux romans de Steinbeck, redoutant l'âpreté des sujets qu'il traite, mais savoir que c'est Rebecca Dautremer qui a réalisé les illustrations m'a vite convaincue : j'avais adoré son travail sur Soie, d'Alessandro Baricco.

Et j'ai été complètement séduite par la puissance texte de Steinbeck aussi bien que par les sublimes dessins de Rebecca Dautremer qui ajoute une dimension supplémentaire au récit de Steinbeck. Elle varie les styles entre des pleines pages plutôt classiques, des fac-similés de publicité ou de photographies, des vignettes évoquant la B.D., etc pour s'adapter aux textes.

Quant à l'histoire, elle est tout simplement bouleversante. le plus poignant, c'est la solitude qui semble peser sur tous : les ouvriers agricoles qui vont travailler de ranch en ranch poussés sur les routes par la la misère, le palefrenier noir maintenu à l'écart à cause de sa couleur, le vieillard qui n'a même plus la compagnie de son chien. Et même les jeunes mariés sont finalement seuls, toujours à la recherche l'un de l'autre...

Du coup l'amitié qui lie Georges et Lennie, même si elle est un peu bancale, attire la curiosité, voire même la méfiance tellement c'est inhabituel. Et puis voir ces deux hommes si différents aussi solidaires, rêvant d'un avenir tout simple, presque à portée de main, sur une petite ferme où ils pourraient vivre comme bon leur semble (avec des lapins bien sûr), ça finit par faire rêver les autres aussi.
Et c'est cette amitié hors norme qui mène au dénouement, atroce ; terriblement, magnifiquement atroce...
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« Des Souris et des Hommes » de l'écrivain américain John Steinbeck fût publié en 1937, deux ans avant son autre chef d'oeuvre « Les Raisins de la Colère » paru en 1939. Tout le monde ou presque a lu ce court roman absolument bouleversant, magnifiquement pensé, écrit. Nous avons beau connaître tous la fin, à chaque fois nous sommes cueillis et nous voyons notre petit coeur de lecteur se serrer et les larmes nous monter aux yeux. L'histoire se passe pendant la Grande Dépression au début des années 1930. Deux amis d'enfance, des saisonniers travaillent dans les ranchs de Californie. Ils sont pauvres mais leur amitié est un réconfort pour chacun d'entre eux. George Milton est le plus petit des deux et c'est aussi celui qui dirige le duo car il est le plus intelligent des deux. L'autre homme est le pauvre Lennie Small, un homme d'une taille et d'une force prodigieuse mais qui est attardé mental. Tous les deux sont saisonniers et connaissent la misère de leur condition. Ils ont un rêve, avoir une maison et un terrain à eux, et surtout des lapins que Lennie aime tant caresser. Ils arrivent donc dans ce nouveau Ranch, où Curly, le fils du patron, prend très vite Lennie en grippe. Curly a une épouse qui est délaissée, mal aimée par cette brute. Celle-ci adopte un comportement de connivence avec les deux saisonniers, notamment Lennie. Un jour, Lennie et elle se retrouvent ensemble. La machinerie, la mécanique du drame est lancée. La suite vous la connaissez. Adapter « Des souris et des hommes » en roman graphique est un projet fou, dantesque mais c'est surtout une incroyable réussite car le texte est respecté à la virgule près. Et puis, il y a le formidable et fascinant travail de l'immense illustratrice Rébecca Dautremer qui envoûte le lecteur pour lui offrir un habillage graphique absolument sublime (et je pèse mes mots). Un roman graphique de 420 pages, un authentique chef d'oeuvre littéraire devenu un chef d'oeuvre du roman graphique. La somme de travail, la rudesse, la violence aussi sont autant d'éléments sublimés par Rebecca Dautremer. Les Editions Tishina ont remporté haut la main ce pari audacieux. L'objet est magnifique, la qualité du papier, le choix de la photogravure. On est sans voix en apprenant que Rebecca Dautremer a travaillé à l'ancienne sans artifice technologique. Un livre fantasmé par les deux amis Antoine Ullmann et Jonathan Bay qui sont les éditeurs de Tishina. C'est le troisième opus de la collection qui adapte de grands romans illustrés « où les images et les mots se rencontrent, se confrontent parfois, pour nous offrir toujours de nouvelles histoires. » Un roman graphique somptueux. le texte de Steinbeck allié aux illustrations de Rebecca Dautremer en font une pure réussite. A offrir ou à s'offrir pour les fêtes de noël. le cadeau parfait à mettre au pied du sapin.
Lien : https://thedude524.com/2020/..
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14 février 2021. Fête des amoureux. Ma petite souris à moi, qui connait tellement bien son homme, me tend un gros paquet, lourd et précieux.
J'ouvre ... et c'est la triple révélation !
♦ le grand Steinbeck d'abord, qui patientait sagement dans ma PAL depuis bien trop longtemps, et que je n'avais encore jamais lu.
Rébecca Dautremer ensuite, dont je découvre le talent d'illustratrice avec stupeur et émerveillement.
♦ L'objet en lui-même, enfin, l'expérience inédite : mon premier roman graphique. Il n'est jamais trop tard...

Quel bijou ! Une couverture somptueuse, un papier doux et épais, une mise en page impeccablement soignée et une adéquation parfaite entre le texte intégral, puissant et réaliste, du grand romancier américain et les splendides illustrations de Rébecca Dautremer.
420 pages de plaisir, d'émotions, d'encre et de gouache. Rien à jeter, tout à savourer !
Lentement, lire et relire, vivre le quotidien de Georges et de Lennie, les deux saisonniers itinérants fraichement débarqués dans un ranch de Californie. Partager leur rêve (celui d'un lopin de terre rien qu'à eux, quelques arpents à cultiver, des lapins à élever...), admirer la débrouillardise et la malice de Georges, s'émouvoir de la naïveté enfantine de son brave compère Lennie, le géant simplet au coeur tendre qui ne contrôle ni sa force ni sa passion pour les pelages soyeux (souris, chiots, lapins) qu'il adore caresser à la moindre occasion.
Faire connaissance enfin avec Curley, Slim, Candy et les autres ouvriers agricoles, tous ces personnages auxquels Rébecca Dautremer donne corps et vie par la magie de son pinceau et de son imagination.

Un merveilleux travail - qu'on devine colossal ! - de composition et de mise en images qui ne nous éloigne pas du texte mais lui donne au contraire un souffle nouveau, tout en couleurs et en poésie.
Quel plaisir de tourner et de retourner ces pages superbes, de se laisser prendre par les univers croisés de Dautremer et de Steinbeck, et de suivre nos deux amis jusqu'au terrible chapitre V de cet album hors-norme !

Que ma petite souris soit largement remerciée : l'expérience fut plus que positive, pour moi qui ouvrais là mon premier roman graphique !
Je me suis par ailleurs laissé dire que Rébecca Dautremer avait déjà mis sa virtuosité au service de deux autres romans que j'ai beaucoup aimés (à savoir "Soie" d'Alessandro Baricco, et "Le Soleil des Scorta" de Laurent Gaudé) : aussi je me permets d'adresser secrètement une prière à ce bon Saint Valentin... Peut-être pourra-t-il à nouveau intercéder pour moi l'an prochain ?
A bon entendeur...
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Génial ! Époustouflant ! Une telle rencontre entre un grand auteur et une illustratrice bourrée de talent ne peut faire que le bonheur de ceux qui l'ont lu, le lisent et le liront. Et que dire de la qualité de l'ouvrage lui-même ? Je manque de qualificatifs là. Un énorme travail de plus d'une année dont dix mois à 84 heures par semaine. Et on le comprend en faisant connaissance de cette oeuvre grandiose. Je m'arrête là de peur de n'avoir pas les mots assez forts et vous laisser découvrir ce roman graphique vous-même. Une pépite !
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Là il y a du lourd et je ne parle pas seulement de l'oeuvre originale à la base de ce roman graphique, ni du poids de cet ouvrage. Non, je vous parle de l'ensemble : Des souris et des hommes ce court roman de John Steinbeck, un roman fort, puissant, véhiculant de nombreux messages et dénonciations comme c'est souvent le cas avec cet auteur majeur (pour moi) de la littérature américaine, de la palette des styles de dessins utilisés par Rébecca Dautremer afin d'exprimer, en respectant et intégrant scrupuleusement les mots de l'auteur, tout ce que les mots évoquent de l'ambiance, des personnages, des faits et de ce qu'ils suggèrent, faisant de l'ensemble un ouvrage complet qui plaira aux amateurs de littérature sociétale américaine et aux amateur(rice)s d'illustrations.

Rébecca Dautremer s'est lancée dans un travail titanesque en réussissant le pari de restituer en dessins toute la charge émotionnelle provoquée par le roman de Steinbeck, les univers,  avec tout ce que l'auteur laisse transpirer à travers le parcours de George et Lennie, dans cette Amérique des rouliers, de ces êtres cherchant un boulot de lieu en lieu, ici ou là pour survivre ou pour atteindre leurs rêves mais aussi la cruauté du monde vis-à-vis des plus faibles, qu'ils le soient psychologiquement ou par leur âge, leur handicap ou leur couleur de peau en les utilisant comme souffre-douleurs.

Je ne reviendrai pas sur l'histoire elle-même dans le détail (lisez le roman ou allez lire ma chronique) seulement vous dire qu'il s'agit d'un récit sur l'amitié entre deux hommes, l'un, George protège l'autre, Lennie, le simple, le doux dont la force herculéenne est appréciée dans le travail, un colosse au coeur d'or, en manque et en demande d'amour, mais que cette force qu'il ne contrôle pas lui attire des ennuis les poussant à toujours reprendre la route car il n'est pas question pour George de l'abandonner.

J'ai trouvé que Rébecca Dautremer restituait parfaitement l'ambiance du roman, s'attachant aux visages, décortiquant les expressions mais également le climat, la violence sous-jacente des propos mais également tout l'univers de Lennie, son attachement  aux petits animaux et celui sans faille à George, à leur rêve d'avoir un jour leur ferme, leurs lapins, de ne plus dépendre d'autrui, de fuir la violence et les hommes, de vivre loin de la foule déchaînée.

Il y a le souci des détails mais aussi des vues d'ensemble qui se passent de texte restituant le contexte ou ce que le texte peut suggérer, des représentations à la Edward Hopper ou Norman Rockwell, une galerie d'images des années 1930 pour resituer le paysage, les publicités et les confrontations entre les personnages, des tête-à-tête d'une intensité inouïe que l'ajout de dessins ne fait qu'amplifier en décryptant le moindre sillon ou expression des visages.

Mettre son art au service d'un chef-d'oeuvre de la littérature américaine de cette manière est un tour de force risqué et, dans le cas présent, un pari hautement réussi, sublimant la puissance et les émotions dégagées par le propos et en faire un ouvrage d'une beauté totale.

Lire Steinbeck c'est lire l'Amérique d'hier mais qui ressemble tant à l'Amérique d'aujourd'hui et dessiner Steinbeck avec autant de talent et d'investissement c'est se mettre à la juste hauteur du texte de l'écrivain.

Magnifique. Coup de 🧡
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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