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sur 423 notes
C'est un peu Bagdad café, un café perdu au bord d'une longue route californienne. Dans ce café, Juan Chicoy, le proprio et sa femme Alice. Etre l'un sur l'autre H24 tue forcément leur couple. Alice pique parfois des crises, et Juan de grosses colères qui lui font peur. Il y aussi Norma, une jeune fille qui ne fait que passer comme toutes celles qui l'ont précédée et qui la suivront sûrement, Norma qui fantasme sur Clark Gable en secret et rêve de partir pour Hollywood. Et enfin Kit, alias le Boutonneux, qui seconde Juan au garage.
Car il y a un garage, et à l'intérieur un bus qui ce jour-là, pas de bol, est en panne. Pas de bol car justement quelques passagers en partance pour San Juan viennent de débarquer au café et qu'il va falloir les loger en attendant.
Tout ce petit monde va cohabiter pendant 24h, d'abord dans le café puis dans le bus que Juan et le Boutonneux parviennent à réparer. 24 heures pour faire leur portrait à chacun, jusqu'à leurs pensées les plus secrètes, leurs failles intérieures, 24 heures où chacun se trouve à un point de rupture.
Dans le regard de Steinbeck, il y a toujours une étincelle de générosité, de bienveillance que l'on retrouve ici, même si j'ai trouvé ses portraits plus féroces que d'habitude, et personne n'en sort indemne, même si finalement, on parvient à leur pardonner leurs travers, puisque ils sont tellement humains.
C'est loin d'être le meilleur roman de Steinbeck, je me suis même un peu ennuyée, pour tout dire, avant d'y reprendre goût vers la fin!


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D'abord il y a la couverture de ce folio : un détail de « Essence », tableau d'Edward Hopper, qui met de suite le lecteur dans l'ambiance de ce roman et à l'époque du récit. Une panne d'autocar, des voyageurs en galère pour un soir dans un restaurant station-service, et une parenthèse spatio-temporelle pour chacun des protagonistes, qui vont tour à tour se dévoiler, se libérer, tenter d'assouvir leurs pulsions… John Steinbeck décrit chacun d'eux, avec une ironie féroce et sans concessions. Quand les intempéries s'en mêlent, le redémarrage de l'autocar s'annoncera plus compliqué que prévu. En filigrane, il y a aussi l'histoire émouvante du couple tenant la station-service, Juan et Alice, amants vieillissants dont la raison semble un instant vaciller à l'arrivée des voyageurs en détresse, pour finalement mieux se retrouver.
Excellent roman, des péripéties qui tiennent en haleine, une bonne dose d'humour et une peinture acerbe et fine de la société américaine (côte Ouest) de l'après-guerre. On passe un excellent moment à la lecture de ce roman. A conseiller !
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Ce roman est un film. Immédiatement le lecteur est propulsé dans le décor, un décor qui ressemble fort à la couverture de l'édition Folio.
Ça commence à un carrefour à soixante-deux kilomètres au sud de San Ysidro, en Californie dans une station service qui fait aussi bar et station de bus.
Suite à une panne, une dizaine de passagers a été obligé de passer la nuit dans cet établissement tenu par Juan Chicoy et son épouse Alice.
Âgé d'une cinquantaine d'années, Juan est bel homme et c'est lui qui conduit le vieux bus à quatre cylindres jusqu'à San Juan de la Cruz. Alice dirige le restaurant et devient de plus en plus nerveuse à mesure qu'elle vieillit, anxieuse que son mari la quitte un jour.
Au matin le bus et ses passagers repartent mais la météo va compliquer le voyage.

Le talent de Steinbeck saute aux yeux dès les premières pages de cette chronique d'un bus parcourant les routes secondaires de Californie, transportant les perdus et les solitaires, les bons et les gourmands, les stupides et les intrigants, les beaux et les méchants, loin de leurs rêves brisés et, éventuellement, vers la promesse de l'avenir.
En 260 pages l'auteur décortique chaque personnage. Chaque ligne de dialogue, chaque pensée et chaque action est représentative des troubles émotionnels et des angoisses sociales de ce groupe, de leurs besoins et de leurs rêves, tous bouillonnant alors qu'ils sont forcés d'interagir dans une situation inhabituelle.

Il ne se passe pas grand chose dans cette peinture caustique (mais tout de même très tendre) de la société américaine d'après guerre, et pourtant… c'est encore une fois magistral. Vous ai-je déjà dit que j'aimais Steinbeck ?

Traduit par Marcel Duhamel et Renée Vavasseur
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Me voilà devant le premier texte de John Steinbeck qui ne m'emporte pas. Les nombreux personnages n'ont pas su m'émouvoir ni vraiment m'intéresser. Nombreux sont ceux qui m'ont agacée. Mais c'est finalement la preuve que ce roman est d'une immense qualité parce qu'à plusieurs reprises, j'ai eu le sentiment de partager l'énervement de ces voyageurs, d'être moi aussi contrainte d'attendre sur le bord de la route que le voyage reprenne enfin. En quelque sorte, je suis aussi une naufragée de l'autoroute. Hélas, John Steinbeck n'a pas su me sauver.
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A la croisée des chemins, un autocar tombe en panne près d'une station-service restaurant. Les passagers, contrariés de ce contre-temps, sont contraints de dormir chez les propriétaires qui se retrouvent désagréablement envahis. Inévitablement, s'engagent alors des conversations timides et forcées autour des besoins primaires tout d'abord (l'organisation des nuits et repas). Puis très vite, et de plus ou moins bonne grâce, tout ce petit monde fait plus ample connaissance pour passer le temps - et parce que c'est le propre de l'homme que de se socialiser.


Du contact rapproché de ces inconnus, tous plus différents les uns des autres, ressortent les fantasmes, les désirs de plaire ou de séduire, les complexes d'infériorité ou de supériorité de chacun, bref : Des jeux de rôles se mettent en place. Des personnages aux facettes d'abord un peu glauques ou primitives nous deviennent peu à peu familiers et parviennent à nous parler : Il y a le chauffeur mexicain un peu séducteur et macho, sa grosse femme très jalouse qui tient le restaurant, puis une famille de bourgeois ayant pris le bus pour l'aventure et côtoyer « la populace », dont le chef de famille veut investir dans tout, la mère a des migraines épouvantables et la fille voudrait séduire le chauffeur d'âge mûr et marié… Mais pimentent également le récit les présences respectives d'un créateur de farces et attrapes, d'un vieux râleur contestataire, d'un apprenti boutonneux en rut, d'une prostituée qui se fait passer pour une dame et de la serveuse du restaurant qui démissionne…


Une fois le car réparé, tous montent dedans pour rejoindre leurs correspondances respectives au prochain arrêt. Hélas une tempête va de nouveau immobiliser le bus en pleine campagne : Comment ce petit groupe d'hommes et de femmes va-t-il gérer cette proximité forcée et prolongée ? Et surtout comment chacun va-t-il vivre ce moment à l'intérieur de lui-même ? C'est ce que se propose d'explorer STEINBECK dans son ouvrage.


*****

A l'occasion d'une sorte de huis clos, c'est donc une facette du lien social et d'une somme d'individualités qu'aborde ici John STEINBECK, et c'est encore avec aisance. J'ai adoré son analyse et interprétation des personnalités de chacun car, même s'il ressort tout naturellement le charme et l'ambiance de l'Amérique de l'époque, on reconnaît dans ce roman des personnages, situations ou comportements éminemment humains et donc transposables, intemporels et universels puisqu'ils sont intérieurs, preuve que l'auteur a su extraire l'essence même de ces rapports pour dresser cette mini-fresque sociale. Voici encore un beau récit, intéressant à la fois pour le thème et la façon de le traiter et que je vous conseille de découvrir !
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Sous la lunette extra sensible d'un microscope Steinbeck déshabille délicatement ses personnages. Naufragés fatigués d'un autobus mais aussi de leurs propres histoires, ils vont révéler sans avoir l'air d'y toucher leurs personnalités bien plus complexes que prévus.

Un petit avant goût du magasine Strip-tease, ce roman éditer en 1949 décortique et analyse en suggérant et en laissant voir.
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Un autocar et des hommes
J'ai beaucoup aimé ce roman de Steinbeck paru en 1947 et qui évoque immédiatement le cinéma hollywoodien de l'époque. C'est vrai que cet épisode d'autocar coincé en pleine cambrousse nous présente tout une série d'archétypes, mais leurs portaits sont très vivants et l'on suit les péripéties de tout ce petit monde avec un grand intérêt. Je recommande donc ce roman un peu moins connu que Des souris et des hommes ou les Raisins de la colère mais qui a aussi beaucoup à dire sur la société américaine de cette époque, et sans doute pas seulement...
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Réussir à passionner le lecteur sans aucun coup de feu, sans aucune scène d'horreur, sans serial killer ou flic à moitié fou, voilà la prouesse de ce court roman qui nous emmène aux confins de la Californie.
Il faut dire qu'il ne nous propose non pas un mais des voyages car au delà du périple en autocar perturbé par les ennuis techniques et les problèmes météorologiques et logistiques, l'auteur nous plonge dans l'intimité de chacun des protagonistes de son histoire.
Le trajet en autocar n'est en effet qu'une façade derrière laquelle Steinbeck nous offre, avec un humour assez sombre, une galerie de portraits dans laquelle tout n'est que faux semblants, les apparences cachant les réels caractères de personnages qui ont tous leur jardin secret.
Le résumé de la quatrième de couverture ne rend d'ailleurs pas du tout hommage à ce roman, en s'attardant uniquement sur les pulsions sexuelles des protagonistes qui ne sont pourtant pas aussi présents que cela dans le livre.
C'est vivant, ça fourmille de portraits caustiques, de dialogues cassants et de critiques de la société, bref, c'est du Steinbeck et c'est très bon !
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Excellent roman psychologique de John Steinbeck, prix Nobel de littérature 1962.

Différentes personnes se retrouvent coincées dans un relais/station-service suite à une panne d'autocar. C'est l'occasion pour l'auteur de nous les présenter un à un, en insistant particulièrement sur le côté antipathique de chacun, et de nous dévoiler les désirs cachés qui les habitent. Une jeune femme très attirante les rejoint, les hommes sont attirés vers elle comme des mouches et essaient de la conquérir. Cette première partie (les deux-tiers) du livre est assez captivante. On a l'impression d'étudier des rats de laboratoire. Qu'est ce que l'auteur va faire de ses personnages ?

C'est dans le dernier tiers du livre que se déroule le "naufrage" dont parle le titre. En effet le car a repris la route mais s'est embourbé en pleine montagne sans espoir de repartir. Les passagers, livrés à eux-mêmes, le chauffeur les ayant abandonné pour chercher du secours, montrent leurs vrais visages et le drame est évité de justesse.

J'aime beaucoup ce genre de roman psychologique qui se déroule en huis-clos avec plusieurs personnages bien campés.
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Les naufragés de l'autocar ne m'a pas autant marquée que d'autres chefs-d'oeuvre de John Steinbeck qui font partie de mes romans favoris, comme A l'est d'Eden et Des souris et des hommes, mais le talent de l'auteur pour y dresser les portraits de ses personnages et pour y décrire les scènes auxquelles ils prennent part est époustouflant. Rien que le vol d'une mouche est du grand art ! Non, jamais je n'aurais cru être happée par le duel entre une femme et la mouche qui a osé pénétrer dans son restaurant. Et pourtant... La façon que Steinbeck a de jouer avec tous les petits détails qui, assemblés, forment une image complète, vivante et réaliste, a de quoi subjuguer. Peu d'auteurs sauraient rendre prenant un roman où l'action est assez peu présente, qui déploie surtout une succession de tableaux et où les personnages pensent plus qu'ils ne parlent ou n'agissent. John Steinbeck sait très bien le faire, c'est même un maître en la matière.
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