AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,87

sur 1051 notes
Tout juste revenu de la guerre, Danny se découvre l'heureux héritier de deux maisons, cadeau appréciable pour qui est allergique au travail. Il habite la première et loue la seconde à son ami, qui ne lui paiera jamais de loyer. Pas par malveillance ni égoïsme : l'ami en question cèdera une partie de sa nouvelle habitation à d'autres connaissances, en contrepartie du loyer qu'ils ne paieront jamais non plus.

Même quand le petit groupe possède quelques dollars en poche, l'argent n'arrive jamais chez Danny. En effet, peut-on raisonnablement donner de l'argent à son ami plutôt que d'acheter un galon de vin et de le partager ensemble ? Et si en apportant le vin, on croise une connaissance, peut-on vraiment passer son chemin alors que toutes les règles de l'amitié commandent de partager un verre, ou deux, ou trois, avec lui ? « Quand, à l'un des carrefours de la vie, deux voies s'ouvrent à la générosité, et que seule l'une d'entre elles peut être choisie, qui peut dire quelle est la meilleure? »

Très proche du conte par sa forme, ce roman est avant tout un hommage à l'amitié. Malgré leurs airs de marginaux alcooliques, Danny et sa bande se révèlent tout simplement incapables de garder leur argent pour demain quand ils peuvent tant faire plaisir aux autres en dépensant tout aujourd'hui.

Tortilla Flat me change par rapport aux autres romans de Steinbeck que j'avais déjà lus, assez sombres. Cette description d'une vie de bohème pleine de bons sentiments est plutôt rafraîchissante. Dans tous les cas, l'auteur ne m'a jamais déçu et je compte bien continuer à écumer sa bibliographie.
Commenter  J’apprécie          340
Il m'a fallu un temps fou pour retrouver le nom de ce livre ! Des passages entiers étaient restés imprimés dans ma mémoire. Mais comment s'appelait-il et où avais-je pu le lire, impossible de m'en souvenir ! Cela fait ça parfois, et c'est très frustrant. Heureusement, je me rappelais d'un mot bizarre : portagee. Après plusieurs tests et quelques détours improbables, apparaissait dans google le nom de Steinbeck…

De retours de la guerre le héros, Danny, découvre qu'un vieil oncle lui a légué deux maisons. Il décide de loger dans l'une et de prêter l'autre à des amis. La seconde demeure ne tarde pas à flamber. C'est donc décidé : il habitera dans la première avec ses amis, et dans le quartier on ne la connaîtra que sous le nom de « la maison de Danny ».

Il y a son ami Pilon, sentencieux et toujours plein de ressource, Joe le portagee (ce qui signifie d'origine portugaise, j'avais découvert au passage), un peu demeuré et cédant parfois à la malhonnêteté, et encore quelques autres, toute une petite cours des miracles, cinq ou six personnes au total ! Tous ensemble, les amis vivent dans la misère, essayent de trouver à manger, et ne manquent jamais une occasion de venir en aide à plus pauvre qu'eux.

Et des pauvres en tout genre, il y en a dans ce quartier où l'électricité est un lointain mythe, et où le fait de posséder un aspirateur représente le top de l'ascension sociale ! On assiste à un défilé de personnages hauts en couleur, de la fille-mère qui engendre avec une telle régularité qu'elle se demande si les hommes y sont vraiment pour quelque choses, jusqu'au hobos accumulant sous à sous, pour payer un chandelier à l'église locale en remerciement de la guérison de son chien préféré... Les amis rivalisent d'ingéniosité pour trouver de quoi manger et venir en aide à tout le monde.

L'écriture géniale de Steinbeck, pleine d'humour et de fausse naïveté, nous dévoile la Californie misérable de l'entre-deux-guerres et de la grande dépression, bien loin de l'image d'une des régions les plus riches du monde qu'on en a aujourd'hui.
Commenter  J’apprécie          280
Très belle histoire sur le thème de l'amitié d'une bande de copains, qui ne possèdent rien sinon l'amitié qu'ils partagent et qui est leur seule richesse, leur luxe.
Ils sont heureux ainsi, en ne possédant rien, en ne travaillant pas, en vivant de petits larcins, de trocs,sans aucune responsabilité sinon celle de trouver de quoi boire et manger, de profiter de la vie tout simplement, au jour le jour.
Récit souvent drôle, qui met en scène des gens très pauvres, délaissés par la société mais qui ne sont pas malheureux pour autant , bien au contraire. C'est vrai que leur attitude est un peu déroutante, leur activité principale étant de boire, mais on leur pardonne car ils débordent de générosité ,d'altruisme et d'ingéniosité.
On reconnait bien là les thèmes de prédilection de l'auteur; la Californie et les personnages de la classe ouvrière confrontés à la crise.
Commenter  J’apprécie          280
Ou le culte de la fraternité. le roman est résumé dès la première page et fait d'ailleurs référence aux légendes arthuriennes. Sauf que de quête du Saint Graal, il n'y en a point, il s'agit plutôt, pour Danny et ses amis, de chercher le galon de vin quotidien quand on n'a pas un dollar le matin. Ce qui fait l'objet d'un comique de répétition dans tout le roman.
Le début: Tortilla Flat se trouve sur les pentes de Monterey, en Californie. C'est là que vivent les pauvres, métis indiens-mexicains. Juste après la 1ère guerre mondiale, un groupe de ces paisanos, dont certains ont fait la guerre, se retrouve chez Danny qui vient d'hériter de deux maisons! Une histoire d'amitié naît entre ces hommes tous de basse condition mais qui ne s'en émeuvent pas tant car la vraie richesse semble être ailleurs.
La simplicité du style d'écriture et les situations répétitives en font un roman facile à lire, au premier degré. Il y a quand quelques sujets abordés qui détonnent dans l'Amérique capitaliste, sur l'argent et la propriété.
Se retrouver autour de Danny, les fait devenir meilleurs, altruistes. Pourtant, boire des galons de vin et cuver jusque dans l'après-midi semblent interroger peut-être le lecteur: comment évoluer dans un milieu stagnant?
Commenter  J’apprécie          280
Lu à l'adolescence, j'étais passée à côté de ce court roman n'y voyant qu'une histoire d'alcoolos sans grand intérêt.
Tortilla Flat restait comme une ombre au tableau du grand Steinbeck que pourtant j'adore. Plusieurs critiques élogieuses sur Babelio m'ont donné envie de m'y replonger.
C'est l'histoire d'un groupe de marginaux simples et attachants, liés par une solide amitié. Steinbeck ne les juge pas, bien au contraire, on sent la tendresse de l'auteur pour ces paisanos poindre au travers de l'ironie.
Ils vivent dans le plus grand dénuement, ce sont des loqueteux qui partagent les fruits du hasard ou de leurs rapines, préférant l'indigence aux contraintes engendrées par les responsabilités.
Leurs préoccupations journalières sont l'approvisionnement en vin et l'échange de commentaires sur les évènements survenus dans le quartier y cherchant une leçon de vie à retenir.
Des philanthropes aux pensées souvent simplistes qui vivent d'amour mais pas d'eau fraiche.
Merci à vous car, enfin, j'ai pu apprécier Tortilla flat, conte « anti rêve américain ».
Commenter  J’apprécie          280
Tortilla Flat est un quartier pauvre mais ensoleillé
de Monterey, Californie. Danny et ses amis, de rudes paisanos au grand coeur, y vivotent de menus larcins et de petits boulots, afin de se payer leur gallon de vin quotidien ... Pastichant le roman philosophique, Steinbeck offre au lecteur une multitude d'histoires teintées d'ironie et d'humour parfois grivois. On y retrouve les thèmes chers à l'écrivain : l'amitié, la solidarité et les bonheurs simples des petites gens dans une Amérique embourbée dans la crise de 29. Un roman coloré préfigurant toutefois les préoccupations sociales de celui qui sera l'auteur des "raisins de la colère".
Commenter  J’apprécie          250
Une ode magnifique à l'amitié
Au milieu des pauvres gens qui peuplent Tortilla Flat , peuplé de gueux , de propres-à-rien , de mendiants rivalisant de tares, comme disait le poète, l'amitié est au dessus de tout de l'argent, du luxe et même de l'amour
Un texte inoubliable qui réchauffe le coeur
Commenter  J’apprécie          240
Je continue tranquillement ma découverte de l'oeuvre de Steinbeck.
Avec Tortilla Flat, c'est une plongée en Californie, sous le soleil de Monterey à laquelle nous convie l'auteur.
C'est avec beaucoup de tendresse que Steinbeck nous fait suivre une tranche de vie de certains paisanos. Qu'est ce donc que ces paisanos ? me demanderez vous . Steinbeck les décrit comme " un mélange de sang espagnol, indien, mexicain, avec des assortiments caucasiens. Des autochtones quoi ...
Danny, qui va être le personnage central de l'histoire, va hériter fortuitement de deux maisons. Pour quelqu'un qui n'a jamais pu accéder au titre de propriétaire, cela augure beaucoup de bouleversements dans sa vie.
Dany étant par nature un homme ayant le sens du partage, va inviter ses amis à profiter de ses maisons.
C'est cette bande d'amis que nous allons suivre au rythme des journées paisibles de cette région.
Cette bande d'amis qui vit au jour le jour n' pas été sans me rappeler la bande de joyeux lurons de la Rue de la Sardine.
La lecture fut plus que sympathique, je n'ai pas pu m'empêcher de sourire à l'évocation de certaines histoires.
Bon, bientôt, je vais m'attaquer à un morceau autrement plus sérieux avec les raisins de la colère...
Commenter  J’apprécie          242
Décidément, Danny est un brave type. Alors qu'il vit de trois fois rien, il hérite de deux maisons dans le quartier de Tortilla Flat, il va s'installer dans l'une des deux et louer l'autre à un ami de beuverie, première erreur car il ne verra jamais tomber le moindre loyer. Son prétendu locataire va culpabiliser et lui trouver quelques bouteilles en guise de remerciements, avec Danny, ça passe. Si encore cela en restait là… Il va dépanner un deuxième, puis un troisième, puis un encore, et un autre avec ses cinq chiens. Et quand la maison à louer aura brûlé, toute cette charmante troupe va élire domicile chez Danny en rapportant un soutien-gorge trouvé je ne sais plus où, comme-ça, Danny pourra l'offrir à sa compagne du moment, avec Danny, ça passe !
Bref, une bande de pieds nickelés dans les années 30, un seul travaille, les autres se lèvent à midi et s'installent au soleil pour la sieste, le soir, on boit quelques gallons de mauvais vin piqués chez Torelli qui tient le débit de boisson et qui se fait arnaquer du début à la fin du roman, qui se fait dépouiller de son mobilier et sa femme de sa vertu. La soirée se termine par des chants et quelques bagarres.
Une ode à l'amitié chez les marginaux de la côte ouest qui n'est pas sans rappeler les compagnons de la grappe de John Fante ou l'oeuvre de Charles Bukowski.

Un petit passage pour finir qui donne une idée de l'humour de l'auteur:
“Moralement, voici comment on peut graduer les bonbonnes. Juste au-dessous de l'épaule de la première bouteille, conversation sérieuse et concentrée. Cinq centimètres plus bas, souvenirs doux et mélancoliques. Huit centimètres en dessous, amours anciennes et flatteuses. Deux centimètres de plus, amours anciennes et amères. Fond de la première bouteille, tristesse générale et sans raison. Épaule de la seconde bouteille, sombre abattement, impiété. Deux doigts plus bas, un chant de mort ou de désir. Encore un pouce, toutes les chansons qu'on connaît. La graduation s'arrête là, car les traces s'effacent alors et il n'y a plus de certitude : désormais n'importe quoi peut arriver”.
Je rappelle à cette honorable assemblée que l'abus d'alcool nuit gravement à la santé. Un verre, ça va, 3 verres, bonjour les dégâts.
Encore un grand Steinbeck.

Challenge Multi-Défis 2022.
Commenter  J’apprécie          210
J'éprouve souvent le besoin de relire un grand écrivain dont les années ont bonifié l'oeuvre, comme vieillit un bon vin dans son fût. C'est aussi pour moi un retour aux sources : jeune lectrice, ces livres m'ont enchantée et formé le caractère. Ce sont des livres et des auteurs - hommes et femmes - dont la réputation n'est plus à faire. Ce sont des textes intemporels et universels, en ce sens qu'ils parlent des besoins et des liens vitaux communs à l'humanité : nourriture, abri, solidarité, désir amoureux, échanges amicaux, philosophie et spiritualité.
J'ai lu plusieurs fois Tortilla Flat, découvert dans une édition ancienne, le Club des Amis du Livre. Présenté par Albert t'Serstevens, écrivain français d'origine belge et illustré par Pierre Chaplet - le peintre du mouvement mort en 2011 - le texte de Steinbeck ressort comme un joyau dans son écrin. Ancrée en un lieu, à une époque précise (Monterey, Californie, 1919), l'histoire qui nous est contée n'en répond pas moins à ces critères d'intemporalité et d'universalité.
C'est la saga de joyeux drilles qui, par dessus tout, aiment leur liberté. de courtes saynètes, enchaînées avec une fluidité maîtrisée, nous les présente confrontés aux pièges de la sédentarité et de l'enracinement : propriété, travail, famille, engagements, obligations sociales. Pourtant, portés par de nobles convictions morales, ces « clochards célestes » abandonnent volontiers leur habituelle oisiveté et leur ivresse chronique lorsqu'il s'agit de secourir la veuve et l'orphelin. le plus pur d'entre eux, Danny, est également leur mentor et l'héritier de la maison qui les abrite tous. C'est aussi celui qui tient le plus à sa liberté. Par sa fin homérique, il rendra la leur à ses compagnons.
Fable philosophique, roman tout à la fois joyeux, tendre et mélancolique, Tortilla Flat enchante l'esprit et le coeur.
Commenter  J’apprécie          202




Lecteurs (2767) Voir plus



Quiz Voir plus

Des souris et des hommes

En quelle année est paru ce roman de John Steinbeck ?

1935
1936
1937

10 questions
908 lecteurs ont répondu
Thème : Des souris et des hommes de John SteinbeckCréer un quiz sur ce livre

{* *}