Quiconque, de nos jours, cherche à décrire des faits suprasensibles, doit être persuadé de deux choses ; d’une part que notre époque a besoin de cultiver la connaissance spirituelle. Mais, d’autre part, que la vie spirituelle actuelle est remplie d’idées et de sensations qui font apparaître cette description aux yeux de bien des personnes comme un tissu de folles et fantastiques rêveries. Notre époque actuelle a besoin de connaissances spirituelles, parce que celles que nous acquérons sur le monde et sur la vie, par les méthodes ordinaires, soulèvent une quantité de questions, auxquelles les vérités suprasensibles peuvent répondre. Il ne faut pas se faire d’illusion, en effet, sur la valeur des données que nous fournit le courant intellectuel moderne, concernant les problèmes fondamentaux de l’existence. Pour l’âme douée de sensibilité profonde, ces données ne constituent pas des réponses, mais bien des questions.
Par les sens physiques on connaît le corps de l’homme, et le mode d’observation qui lui est propre ne saurait être différent de celui que nous appliquons à tout autre objet sensible. On peut considérer l’homme comme on considère les minéraux, les végétaux, les animaux. Il est apparenté à ces trois formes d’existence. Comme le minéral, il édifie son corps de substances empruntées à la nature ; comme la plante, il croît et se reproduit ; comme l’animal, il perçoit les objets qui l’entourent et, avec les impressions qu’ils produisent sur lui il construit sa vie intérieure. On est donc en droit de reconnaître à l’homme une existence minérale, une existence végétale et une existence animale.
Selon les individus, il faut plus ou moins de temps pour atteindre ce but ; quiconque est doué de patience, l’atteindra sûrement. Car, si tous les aveugles-nés physiques ne peuvent pas être opérés, tout œil spirituel peut être ouvert, il n’y a là qu’une question de temps.
Ce livre a pour objet de décrire certaines parties du monde suprasensible. Ceux qui n’accordent de valeur qu’au monde des sens, le considéreront comme le produit d’une fantaisie déréglée. Mais ceux qui cherchent les voies par lesquelles on sort du monde physique, auront tôt fait de comprendre que la vie humaine ne prend de sens et de valeur que lorsque s’ouvre la perception d’un autre monde.
RUDOLF STEINER Artiste et enseignant - L'art de la transmission - Céline Gaillard
http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=37325 Rudolf Steiner, tout comme Kandinsky, Klee ou encore Beuys furent tout à la foi...