Drôle de récit, celui d'un père qui se retrouve pour la première fois à devoir s'occuper de son fils, Claude, d'une dizaine d'années. Sa femme vient de mourir, elle se plaignait de l'attitude de son enfant, un monstre pour elle porté à faire le mal. le père, le narrateur ( le point de vue interne est capital dans le roman et très habile), sort de son égoïsme et doit se confronter à la réalité de cet enfant qu'il veut aimer, car il est beau et intelligent. Au début, sceptique sur la malignité de Claude, il découvre peu à peu le désir de faire le mal bien ancré dans son fils. Il prend une décision radicale celle de quitter Paris et de s'isoler dans une maison perdue en Ardèche loin de tout, et, dans son esprit, loin de la tentation et des occasions de faire le mal.
Son métier de dessinateur est mis à mal, juste assez pour vivre. Il entreprend alors de faire lui-même l'éducation de son fils, qui ne va plus en classe, il se jette à corps perdu dans la lourde tâche d'éradiquer les mauvaises tendances de son fils. Mais, Claude de lui-même avoue qu'il éprouve de la jouissance à faire le mal, il se montre sans morale, un être intelligent et calculateur, froid sans empathie pour les autres. le point de vue interne ne permet pas de savoir réellement ce qui se trame en lui, ce qu'il éprouve pour son père, s'il a de l'affection pour lui ou s'il n'est que duplicité et fourberie. le temps passe dans cette demeure sinistre et isolée, devenu grand, Claude décide de partir. Je laisse la fin aux lecteurs !
Jamais le père ne réussit à percer la carapace, il ne sait pas qui est son fils et le lecteur reste avec lui dans le doute, est-il une incarnation du mal, un garçon charmeur et dur, incapable d'une pensée franche. Quand il embrasse son père, il fait-il par amour ou par calcul. Au début, il est encore enfant et sa beauté le rend en apparence angélique, on peut aussi espérer que l'amour (?) de son père va le faire changer. L'introspection pesante que le père s'impose à lui-même, ce récit au scalpel de sa relation à son fils, la manière très précise de scruter le moindre signe sur le visage de son fils, tout cela concourt à donner une grande intensité à ce roman. Une très belle oeuvre émouvante et dure.
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Ah vous écrivez : émission du 12 août 1977
Au sommaire de ce magazine littéraire de
Bernard PIVOT, trois écrivains:
Jacques BRENNER pour "La rentrée des classes"
Jacques PERRY pour "Les fruits de la
passion"
Geneviève DORMANN pour "
Mickey l'ange"