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Georges Magnane (Traducteur)
EAN : 9782070367023
384 pages
Gallimard (27/11/1975)
3.75/5   73 notes
Résumé :
La belle Marthe, à qui le mariage a permis de s'établir dans la vie, commence à penser, à trente-quatre ans, que pour être épouse on n'en est pas moins femme et qu'elle a droit, tout comme une autre, aux joies de l'amour. Aussi mène-t-elle à bien, ;avec un pragmatisme minutieux de bonne ménagère, la séduction d'un neveu de vingt ans, Franz, que son mari protège. Ce jeune nigaud se révèle être un amant des plus satisfaisants, et Marthe entrevoit dans un éblouissemen... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Allez savoir pourquoi cette envie soudaine d'une relecture sensuelle ! Peut-être le ciel déprimant de janvier où s'impose un gris uniforme, sans nuance...

Lorsqu'il publie “Roi, dame, valet” en 1928, Vladimir Nabokov a seulement 29 ans et déjà une plume d'une étonnante maturité. Il se dégage de cette histoire de moeurs, racontée avec un brin de désinvolture, une atmosphère jubilatoire qui avec bonheur déteint sur l'humeur du lecteur.

Alors qu'il sonne à l'huis d'une demeure cossue dont l'adresse figure sur le papier que lui a remis sa mère, Franz est loin d'imaginer que la dame derrière la porte est celle qu'il a pendant des heures, la veille, déshabillée du regard dans un compartiment du train qui filait à pleine vitesse sur Berlin.
Cette trentenaire d'une grande beauté reconnaît immédiatement le jeune homme un peu gauche qui derrière ses lunettes semblait, quelques heures plutôt, fasciné par ses bas de soie transparents. Kurt, son mari cinquantenaire, plongé comme d'habitude dans son journal, l'a par contre à peine remarqué.
Kurt et Marthe accueillent chaleureusement ce neveu provincial qu'ils ne connaissent ni d'Eve ni d'Adam. Dès le lendemain, ce dernier est promu vendeur dans un magasin de prêt-à-porter appartenant à son oncle. Il dispose gratuitement d'une chambre située non loin de là et de surcroît est invité chaque soir à la table avunculaire.

Ainsi commence ce roman qui, avec force préliminaires et un érotisme de bon aloi, décrit les petits pas hésitants d'un adultère dans l'Allemagne des années 20 où le fox-trot et le two-step sont de mode.

Le plaisir des sens n'empêche pas nos deux tourtereaux de tirer des plans sur la comète mais lorsqu'ils supputent l'élimination du mari trompé dans le but de s'approprier sa fortune, l'empathie du lecteur à leur égard s'en va decrescendo.
Pas sûr d'ailleurs que sur ce coup-là les amants comploteurs raflent la mise !

''Roi, dame, valet'' vous tend les bras : son écriture exquise, sa sensualité troublante, son épilogue surprenant ne s'oublient pas de sitôt.
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Franz est un jeune nigaud à lunettes qui monte à la capitale. Sa mère lui a indiqué l'adresse d'un oncle, un homme d'affaires prospère, qui doit lui trouver du travail à Berlin. Dans le train, Franz quitte écoeuré l'enfer de la troisième classe, où il a rencontré un homme sans nez, pour gagner le compartiment douillet de seconde, où sont installés deux êtres charmants. Pendant que Franz reluque ses bas de soie transparents, Martha reproche à son mari d'avoir accepté de s'occuper d'un parent pauvre qui va couler l'affaire. Kurt Dreyer se contente de lui sourire silencieusement en suçant une pastille de menthe puis il se met à lire ostensiblement un recueil de poésie.

C'est un roman ludique comme l'indique son titre. Nabokov joue des variations sur le triangle amoureux. J'ai beaucoup aimé les premiers chapitres dans lesquels chacun des trois protagonistes est vu par les deux autres et par le narrateur ironique et complice. La résolution de Martha qui se juge mûre pour l'adultère et ses petites contrariétés avant de passer à l'acte. La préparation du nid douillet hideux, le plouc à lunettes qui se révèle excellent amant et l'oncle gentil mais condescendant qui ne voit rien du tout. C'est parfois un peu long ensuite même si l'écriture est toujours brillante avec plein de petits détails savoureux et mille et une allusions à d'autres oeuvres littéraires. Un peu trop d' érudition peut-être. Mais il faut persévérer car l'épilogue est vraiment formidable.
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Roi, dame, valet, un titre élégant pour désigner le trio formé par les riches bourgeois Kurt et Marthe Dreyer et par Franck, jeune homme pauvre, myope et niais, neveu de Kurt.
L'intrigue est plutôt banale : Marthe, belle trentenaire désoeuvrée, entreprend de séduire le jeune Franck pour occuper ses journées et pour goûter aux frissons de l'adultère. Progressivement, l'adultère ne suffit plus à Marthe qui fantasme à longueur de journée sur l'idée du meurtre de son mari. Franck, à la fois timide et médiocre, est incapable de se libérer du joug de Marthe : il se laisse manipuler et devient progressivement l'ombre de lui-même. Sera-t-il capable d'obéir à Marthe le moment venu ? le suspense est maintenu quasiment jusqu'à la dernière page.

Le rythme est lent, le personnage de Franck est falot, antipathique et sans la plume brillante et délicate de Nabokov, l'histoire deviendrait assez vite ennuyeuse : mais dans un style presque impressionniste, Nabokov habille de petites touches lumineuses ses personnages, nous livre leurs pensées et fantasmes, anime les éléments et les objets qui les entourent. Ainsi, le 2ème chapitre comporte de très belles évocations de la chambre, de la rue et de sa rencontre avec les Dreyer, magnifiquement dépeintes par les yeux de myope de Franck qui vient de casser ses lunettes.
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Je n'aurais certainement pas dû lire ce roman de Nabokov que je ne connaissais pas après avoir relu l'excellent La défense Loujine. C'est une oeuvre de jeunesse (il avait 29 ans) et elle n'atteint pas le niveau des suivantes.

Le thème est assez banal : une relation à trois. le mari trompé (le Roi), l'épouse adultère (La Dame) et l'amant (Le Valet). Il n'y a rien de bien nouveau dans cette disposition ni dans le déroulé de l'intrigue. Sauf la fin peut-être qui n'est pas celle que l'on attendait. Mais ce bon point ne relève pas l'ensemble.

Car ce qui frappe c'est l'étendue des longueurs et des digressions sans intérêt qui donnent une impression de piétinement, que rien n'avance. On a envie de bousculer les personnages. Bref, j'ai peur de le dire, je me suis ennuyé pendant cette lecture, attendant en vain un peu plus de rythme et de dynamisme.

Bien sûr, par moment, Nabokov perce sous Vladimir, le potentiel des prochains livres se laisse entrevoir, mais ça ne suffit pas pour donner un réel intérêt à ce roman. J'en sors déçu, avec l'impression un peu pénible d'avoir perdu mon temps. A vrai dire je ne pensais pas écrire un jour ce type de commentaire sur un roman de Nabokov. Comme quoi, tout arrive…
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Au cours de sa vie conjugale, elle s'était peu à peu habituée à accorder ses faveurs à son mari, ce riche protecteur, avec tant d'adresse et de calcul, elle avait acquis une telle routine des caresses efficaces, qu'au moment où elle se jugeait mûre pour l'adultère, elle l'était en fait, depuis longtemps, pour le métier de putain.
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Elle remonta d'un pas vif l'allée de gravier qui menait au perron. A cet instant, le soleil tâtonna à travers le dessous cotonneux du ciel pâle, trouva une déchirure et fit irruption sur la terre. Les arbrisseaux qui bordaient l'allée réagirent immédiatement de toutes leurs gouttelettes de lumière. La pelouse aussi se mit à scintiller. L'aile d'un moineau qui s’envolait jeta un éclair cristallin.
Lorsque Marthe pénétra dans la maison, des macules optiques roses, nées du contraste avec la pénombre du vestibule, se mirent à dériver devant ses yeux. Dans la salle à manger, la table n'était pas encore mise. Dans la chambre à coucher, le soleil inopiné s'était déjà méthodiquement replié sur le tapis et sur le divan bleu. Elle se changea : elle était tout sourire, soupirait de bonheur et adressait des regards de gratitude à son reflet dans le miroir.
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Il fronça les sourcils sous le regard radieux et indifférent de la dame et, lorsqu'elle se détourna, calcula mentalement, comme s'il avait de ses doigts fait cliqueter les boules d'un secret abaque, combien il aurait donner de jours de sa vie pour posséder cette femme.
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Marthe rejeta son peignoir orange et, tandis qu'elle tirait ses coudes en arrière pour ajuster un collier, ses délicieuses, ses angéliques omoplates nues se joignirent comme des ailes repliées.
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Il inspecta les visages d'innombrables criminels, les photos agrandies d'oreilles, de paumes, les empreintes souillées, les couteaux de cuisine, les cordes, des haillons décolorés, des éprouvettes monstrueuses, mille objets insignifiants d'usage courant, offensés de façon imméritée et puis encore des rangées de photos, des visages de meurtriers mal lavés, mal vêtus, les visages gonflés de leurs victimes, devenues semblables à eux après la mort; et tout cela était si misérable que Dreyer eut un sourire. Il se prit à penser combien il fallait être borné, un maniaque idiot ou un hystérique simple d'esprit pour être accueilli dans cette collection.
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