AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782714311535
220 pages
José Corti (03/10/2016)
4.06/5   8 notes
Résumé :
Qui connaît aujourd’hui Ernest Thompson Seton (1860-1945) ? Artiste, naturaliste, auteur, défenseur des Indiens et de leur mode de vie comme de la nature et de tous ceux qui la peuplent, Seton a eu raison beaucoup trop tôt. Les questions qu’il soulève sont précisément celles qu’en ce début de XXIe siècle certains philosophes, scientifiques ou humains, tout simplement, se posent :

Est-ce que les créatures sauvages n’ont aucun droit, ni droits moraux, n... >Voir plus
Que lire après Lobo le loup : & autres animaux sauvages de mes connaissancesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
C'est une rencontre avec Fabienne Raphoz, poétesse et éditrice de Jose Corti, qui m'a donné envie de lire cet ouvrage d'Ernest Thompson Seton (1860-1946), écrivain et artiste, chasseur de loups à une certaine époque de sa vie devenu amoureux de la nature au contact des animaux, défenseur du mode de vie des Indiens d'Amérique, merveilleux témoin d'une nature nord-américaine indomptée, pionnier de la fiction animalière non-anthropomorphique et inspirateur De Rudyard Kipling.

Publié en 1898 et traduit de l'anglais par Bertrand Fillaudeau pour la collection Biophilia des éditions Jose Corti (2016), Lobo le loup (Wild animals I have known), formidable recueil de nouvelles, est l'oeuvre la plus célèbre de cet écrivain prolifique.

Comme le traducteur Bertrand Fillaudeau le souligne dans une passionnante postface, Seton avait pressenti dès la fin du XIXème siècle que l'homme et la technologie menaçaient la faune et la flore sauvages et qu'il fallait inverser le rapport que l'homme entretient avec la nature dans le monde occidental. Ce renversement est celui que l'on sent poindre chez le narrateur de la nouvelle éponyme. Cet homme, appelé pour chasser un grand loup gris et sa meute qui déciment les troupeaux des pâturages de Currumpaw au Nouveau-Mexique, découvre la ruse, l'incroyable intelligence de l'animal et les liens inaliénables qui le lient à sa louve blanche bien-aimée.

Seton nous assure dans sa note préliminaire au lecteur que « ces histoires sont authentiques », que « les animaux de ce livre ont réellement existé » et que « leur héroïsme et leur personnalité se manifestèrent avec plus de force encore » que ce dont sa plume porte témoignage.

Lobo le loup, seigneur de Currumpaw, qu'aucun humain ne peut vaincre si ce n'est pas fourberie, Tache d'argent, brillant chef d'un groupe de corneilles, Feuille de Chou, jeune lapin à queue blanche dont la mère Molly fait patiemment et méthodiquement l'éducation, la renarde de Springfield, que le narrateur se refuse à chasser en découvrant sa ruse et son intelligence inouïe, le mustang sublime, étalon noir comme le charbon attaché par-dessus tout à sa liberté, etc., les héros des huit nouvelles sont tout à fait remarquables et leurs histoires montrent non seulement la cruauté des hommes envers les animaux, leur acharnement à éliminer toute créature vivante qui empiète sur leurs propriétés, mais aussi l'aveuglement humain et la méconnaissance de leur génie.

En pleine controverse sur la théorie de l'évolution à la fin du XIXème siècle, Seton attribue des personnalités à ces animaux remarquables et donne une voix au monde muet des animaux, traduisant pour nous leur langage, de la corneille ou du lapin à l'anglais, « grâce à l'observation et à la connaissance de leur système de sons, de signes, d'odeurs, d'effleurements, de mouvements, qui répondent aux nécessités du langage ».

« Qu'est l'homme sans les bêtes ? Si toutes les bêtes disparaissaient, l'homme mourrait de grande solitude de l'esprit », avait dit le chef indien Seattle dans son célèbre discours de 1854. À l'heure où la question animale et de la protection de la nature nous renvoient plus que jamais aux interrogations cruciales de la vie et de la mort, de la douleur et du bonheur, de l'être et du paraître, de la servitude et de la liberté, pourquoi cet écrivain et ce livre, qui mettent en lumière l'aspect indispensable de notre compagnonnage avec les animaux, ne sont-ils pas plus connus en France ?

Retrouvez cette note de lecture et beaucoup d'autres sur le blog de Charybde : https://charybde2.wordpress.com/2019/11/03/note-de-lecture-lobo-le-loup-ernest-thompson-seton/
Commenter  J’apprécie          80

Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Ils apprenaient à connaître un par un les oiseaux et les bêtes qui vivaient dans leurs bois. Lorsqu’ils purent aller en terrain étranger bien plus loin avec leurs parents, ils connurent de nouveaux animaux. Ils commencèrent à croire qu’ils connaissaient l’odeur de tout ce qui bougeait. Une nuit leur mère les conduisit dans un champ où reposait sur le sol une drôle de chose noire et plate. Elle le leur rapporta pour qu’ils la sentent. Mais dès qu’ils flairèrent l’odeur, leurs poils se hérissèrent et ils furent saisis de tremblements. Ils ne savaient pas pourquoi – on aurait dit que des picotements les envahissaient en se diffusant à travers leur sang. Ils étaient pleins de haine et d’effroi. Lorsqu’elle vit que les effets sur eux étaient aussi forts, elle les avertit –
« Ça, c’est l’odeur des hommes. » (La renarde de Springfield)
Commenter  J’apprécie          30
La bande du vieux Lobo était plutôt petite. Je n’en ai jamais vraiment compris la raison. Lorsqu’un loup obtient la position et le pouvoir qu’il avait, il attire normalement de nombreux suiveurs. Il est possible qu’il ait limité volontairement le nombre de ses compagnons. Son tempérament féroce avait aussi pu restreindre la croissance de sa meute. Une chose est certaine, Lobo n’avait plus que cinq vassaux durant la dernière partie de son règne. Chacun d’entre eux, néanmoins, était un loup renommé, la majorité d’entre eux était d’une taille supérieure à la moyenne, l’un d’eux, en particulier, le chef en second, était un véritable géant. Il était pourtant loin d’atteindre la taille de Lobo ou d’égaler ses prouesses. Outre les deux chefs plusieurs loups dans l’équipe étaient spécialement célèbres. L’un d’eux était un splendide loup blanc, que les Mexicains appelaient Blanca, car on pensait qu’il s’agissait d’une femelle, probablement la partenaire de Lobo. Un autre était un loup jaune à la rapidité remarquable. Il avait, à plusieurs reprises, si l’on en croit les récits qui circulaient, capturé pour le groupe une antilocapre.
Commenter  J’apprécie          10
Il ressort de tout ceci que ces loups étaient extrêmement connus des vaqueros et des bergers. Ils étaient fréquemment aperçus et, plus souvent encore, entendus. Leurs vies étaient donc intimement associées à celles des gardiens de troupeaux, qui les auraient volontiers éliminés. Tous les propriétaires de cheptel de la région de Currumpaw auraient promptement offert une somme équivalente à la valeur de nombreux bœufs en échange de la dépouille de n’importe quel membre de la bande, mais il semblait que leurs vies fussent ensorcelées car ils se jouaient de tous les dispositifs mis en place pour les tuer. Ils narguaient tous les chasseurs, ridiculisaient toute tentative de les empoisonner. Ils continuèrent ainsi, durant au moins cinq ans, à prélever leur dîme sur les éleveurs de Currumpaw. Elle correspondait, aux dires de tous, à une vache par jour. Par conséquent, si l’on s’en tient à cette estimation, la meute avait tué plus de deux mille têtes d’un bétail de premier choix, car, on le savait trop bien, elle sélectionnait à chaque fois la meilleure proie.

Commenter  J’apprécie          10
Le vieux loup gigantesque, que les Mexicains avaient surnommé le roi, était le chef d’une meute exceptionnelle de loups gris, qui ravageaient la vallée de Currumpaw depuis des années. Tous les bergers et tous les vaqueros le connaissaient bien. Lorsque le bétail l’apercevait en compagnie de sa fidèle bande, il était saisi d’une terreur désespérée. Chez les propriétaires la colère et le désespoir régnaient. Géant parmi les loups, le vieux Lobo l’était aussi par sa ruse et sa force. Sa voix, la nuit, était reconnaissable et se distinguait aisément de celle de tous ses compagnons. Un loup ordinaire pouvait hurler la moitié de la nuit aux alentours du bivouac d’un responsable du troupeau. Il ne suscitait qu’une moindre attention. Mais lorsque le grondement grave du vieux roi éclatait, résonnant dans la gorge, le gardien se secouait et s’attendait à découvrir au matin que le troupeau venait juste d’être gravement agressé.
Commenter  J’apprécie          10
Currumpaw est une immense étendue de pâturage située au nord du Nouveau-Mexique. C’est une terre de riches herbages où grouillent les troupeaux de moutons et des hordes de bétail, une terre de mesas ininterrompues parcourues d’eaux vives précieuses qui finissent par se rassembler en formant la rivière de Currumpaw, qui a donné son nom à toute la région. Le roi qui en avait pris possession et y exerçait son pouvoir tyrannique était un vieux loup gris.
Commenter  J’apprécie          10

autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (36) Voir plus



Quiz Voir plus

L'écologiste mystère

Quel mot concerne à la fois le métro, le papier, les arbres et les galères ?

voile
branche
rame
bois

11 questions
255 lecteurs ont répondu
Thèmes : écologie , developpement durable , Consommation durable , protection de la nature , protection animale , protection de l'environnement , pédagogie , mers et océansCréer un quiz sur ce livre

{* *}