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EAN : 9782714307354
217 pages
José Corti (30/11/-1)
4.14/5   7 notes
Résumé :
PETOUCHKOV. et le corps,on ne l'a pas retrouvé?
FEDIA. Et si. Figurez-vous. Une semaine plus tard, ils ont trouvé un corps.
Que lire après Le Cadavre vivant - Et la lumière luit dans les ténèbresVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Voici deux pièces, hautement psychologiques et situées dans un milieu aristocratique (avec bonnes,nourrice et précepteur), de Léon Tolstoï (écrivain russe du XIX° siècle, auteur d'Anna Karénine et du non moins célèbre La guerre et la paix) où l'absurdité du cruel système administratif prédomine et qui exposent ses grands courants de pensées.
Dans le premier drame (en 5 actes): Et la lumière luit dans les ténèbres, Nikolaï Saryntsev, bourgeois, père de famille nombreuse, bien qu'attaché à son épouse Maria, "belle et élégante", attiré par le christianisme et révolté par la misère des paysans désire "tout donner.
Le voilà "déchiré" car toute sa famille le critique.Ayant inculqué ses idées à son futur gendre, fils de la princesse Tchéremchanova, le voilà doublement harcelé car ce dernier fort de ces convictions refuse de "rentrer au service du tsar" et sera interné dans un asile de fous, alors qu'il est sain d'esprit mais désobéit aux lois. Vive la liberté de penser prône Tolstoï, à travers Nikolaï, et mort à la dictature et à la censure!
Dans le cadavre vivant (drame en 6 actes inspiré par les nouvelles de Tchékov) Lisa Pavlovna hésite à quitter son mari Fédia une "crapule", infidèle et alcoolique pour son ami d'enfance "un homme bien".
Un faux suicide de Fédia et un vrai cadavre reconnu, entre deux larmes, feront d'elle une bigame passible d'être exilée en Sibérie ou de voir son deuxième mariage annulé alors qu'elle est enceinte.
Dans Et la lumière luit dans les ténèbres, nous retrouvons la quête spirituelle chère à Tolstoï, le rejet de la religion orthoxe,le désir d'abolition des inégalités sociales et lle dégout du métier de militaire de cet "écrivain-soldat".
Dans le cadavre vivant les deux personnages antagonistes de Karénine et Fédia représentant le bien et le mal, indiquent deux facettes contradictoires de la personnalité de Tolstoï que l'on retrouve également chez Andrei et Pierre (La guerre et la paix) et chez le père (hussard à l'âme noble) et le fils (goujat) de Deux générations (ou Deux hussards).
Léon Tolstoï: de la littérature de haut vol ! Indémodable!
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Le Cadavre vivant
Tolstoï écrit cette pièce en 1900 ; achevée en 1904, elle sera publiée et jouée en 1911 après sa mort.
C'est avec la Puissance des ténèbres la meilleure pièce de l'auteur.
Tolstoï fut déçu de la pièce de Tchékhov, l'Oncle Vania, qu'l venait de voir montée, alors qu'il aimait l'oeuvre du dramaturge. Il eut alors l'idée de relever le défi avec ce qui sera le Cadavre vivant. Dans son journal intime il note le 9 février 1894 qu'il ambitionnait de créer une pièce mettant en valeur deux protagonistes, l'un généreux, débauché, l'autre honnête et respecté, l'un le mari qui par ses outrances s'éloigne de sa femme, l'autre un ami qui en est singulièrement épris, se rapproche de celle-ci, du moins objectivement. Un fait divers à Moscou : l'affaire des époux Himmer qui défraya la chronique va lui donner l'occasion, curieuse coîncidence, de s'emparer du thème dans le droit fil de ce qu'il voulait faire à l'époque.
Je ne vais bien entendu pas dévoiler l'épilogue de cette pièce truculente dont les scènes s'enchaînent à merveille. Tolstoï oublie son ton moralisateur de l'époque pour nous livrer une étude de moeurs lyrique et enjouée où le déroulement de l'histoire prendra plutôt l' allure d'une farce macabre.

Les scènes se déroulent tantôt chez les Protassov, tantôt chez les tziganes, ou tantôt chez les Karénine ... La référence aux tziganes est largement féminine comme on peut s'y attendre avec les fêtes habituelles ..

Elle est vraiment enlevée cette pièce ! Qu'est-ce qu'il était en forme le grand Léon. C'est toujours pareil avec lui, quand il a une excellente idée en tête, c'est le génie qui parle. J'y vois les causeries de Guerre et Paix dans les salons, la conversation est toujours haletante, altière, instruite. Que de mots prononcés en français qui signifient toute l'éducation de l'aristocratie de l'époque. La plume du cher Léon né comte est vraiment l'expression de sa noblesse pour le coup, c'est un art où il excelle : heureusement qu'il nous montre ce talent là quand les tolstoïens s'acharnent à tirer la couverture vers eux, comme s'il voulait sauver quelque chose de précieux avant sa mort, la part un peu oubliée à regret de sa lignée. Léon Tolstoï semble ici soucieux de montrer qu'il avait aussi du talent pour la dramaturgie et pouvait frapper quand il voulait, comme il l'a fait en littérature avec La Mort d'Ivan Ilitch et la Sonate à Kreutzer, pour se montrer à lui-même qu'il pouvait surenchérir pour d'autres sommets, alors qu'il pouvait se reposer sur ses lauriers, après les monuments universels que sont Guerre et paix et Anna Karénine .;

Dans cette forme étincelante, disais-je, que semble manifester Léon Tolstoï avec à l'ouvrage cette pièce, il faut noter que l'artiste russe, la grande conscience de la Russie au tournant du siècle est alors au faîte de sa gloire dans le monde et fait figure de plus grand romancier.

Ce qu'on sait moins de ce Cadavre vivant qui s'appela au départ le Cadavre, voir pas du tout ici, c'est que cette pièce connut un succès retentissant en Russie lorsqu'elle fut montée pour la première fois dès 1911 par la troupe du grand Staninslavski qui se défonça pour l'occasion, faisant appel au grand acteur Ivan Moskvine au Théâtre artistique de Moscou.. Rien qu'entre le 1er janvier et le 15 octobre 1912, le Cadavre vivant fut représenté neuf mille fois sur plus de 200 scènes russes. Des grands noms ensuite jouèrent cette pièce comme l'allemand Alexandre Moïssi, chez Max Reinhardt, ainsi que Georges Pitoëff en France.

Le grand poète russe Alexandre Blok écrira à ce propos : "Merveilleux alliage de la vie et de l'art"

Le destin des protagonistes de cette pièce qui s'enchevêtre comme un écheveau que les consciences et les intérêts de chacun vont démêler au fil des pages va connaître un dénouement pour le moins inattendu ..
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J'ai découvert 'La lumière luit dans les ténèbres' dans une édition tellement ancienne que je ne peux pas la rentrer sur Babelio ; mais du coup je ne connais pas le Cadavre Vivant. J'en ferais une critique séparée quand je l'aurais lu.

Il s'agit d'une pièce inachevée de Tolstoï, peu connue et rarement rééditée. Et pourtant, c'est un texte étonnant.

On connaît le Tolstoï lyrique, tonnant contre l'hypocrisie du monde et faisant l'apologie d'une vraie renaissance et de la sagesse populaire. Mais le Tolstoï qui a écrit ce texte est bien plus lucide et amer. le héros principal est une transposition à peine voilée de lui-même : riche et prospère, cette vie lui pèse ; il fait des projets extraordinaire pour tout abandonner, aller vivre dans une petite maison en conformité avec ses idéaux de sainteté et de simplicité. Sa femme voit cela avec terreur ; car elle souhaite voir ses enfants faire une belle carrière et réussir, et elle craint qu'il ne les dépossède.

Quant aux paysans et domestiques, c'est avec perplexité et une certaine gêne qu'ils voient leur maître tenter de se mêler à eux, apprendre le travail du bois, les traiter en égaux alors qu'ils ne viennent pas du même monde – et qu'il est illusoire de prétendre l'inverse.

La vision du monde qu'il développe, basée sur le Sermon sur la Montagne, pourrait se décrire comme une forme d'anarchisme chrétien. Il rejette tout pouvoir et ordre établi, les institutions telles que l'armée, l'Église en tant que corps constitué. Il prône l'égalité parfaite, l'amour entre les hommes, une vie simple et pauvre au service du Christ et des autres.

Des amis viennent séjourner chez eux. Leur jeune fils, idéaliste, est séduit par ces idéaux. Il refuse de faire son service militaire, est arrêté.

Tolstoï fait ici d'amers constats sur sa vie : il a été incapable de mettre en oeuvre ses idéaux, et a laissé ce soin à d'autres qui en ont payé le prix à sa place. Il n'accable pas sa femme pour avoir tout mis en oeuvre pour l'en empêcher : il est conscient qu'elle a fait cela par amour pour leurs enfants. Il porte également un oeil lucide et désabusé sur le fossé entre lui et l'homme du peuple, ce peuple russe si simple et si sage qu'il a tant vanté : non il ne pouvait pas vraiment le combler, un homme seul ne peut aller contre une société entière...

Un petit texte rare, en forme d'aveux. Pourquoi n'est-il pas plus connu ? Je ne sais pas...
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Anna Dmitrievna
Lisa, ma gentille, vous êtes une femme intelligente, bonne. Si vous l'aimez, vous tenez plus à son bonheur qu'au vôtre. Et s'il en est ainsi, vous ne voudrez pas le lier et le forcer à se repentir - même s'il ne le dira pas, même s'il ne le dira jamais.

(Ce que montre ici Tolstoï, c'est l'aspect "russe" de la pièce, accent visiblement mis sur le sens slave de l'amour par exemple, et le poids de l'éducation au sein des familles aristocratiques et des préjugés de l'époque. Première rencontre ici entre Lisa Protassov, femme mariée avec enfant qui se retrouve dans une situation ambigue : objectivement entretenir une relation avec deux hommes, et la mère Anna Dmitriévna Karénina de l'ami prétendant qui veut le bonheur de son fils avant tout et qui estime donc que Lisa n'est pas un bon parti pour lui en termes moraux, même si le mari Fédor Protassov a déjà rompu mille fois dans les faits. Sauf qu'à l'issue de cette rencontre, Anna Dmitrievna va se faire une amie de Lisa considérant son allant et l'impasse de sa situation..)
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Nikolaï Ivanovitch
Surtout,ne fais rien pour la gloire humaine,pour que ceux que tu estimes t'approuvent.En ce qui me concerne,je te le dis franchement,si tu acceptes,là,maintenant,de prêter serment et de faire ton service militaire,je t'aimerai et je te respecterai tout autant,plus qu'avant,parce que,ce qui est précieux,ce n'est pas ce qui s'est fait dans le monde mais ce qui s'est fait dans l'âme.
Boris
Evidemment,parce que si ça s'est fait dans l'âme,dans le monde aussi,ça changera.
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Ivan Pétrovitch
Les aristocrates!Moi,je suis un aristocrate de l'esprit.Ca,c'est plus haut!
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Anna Dmitrievna
Il n'a jamais aimé une femme.Vous êtes la première.Je ne dirai pas que je ne suis pas jalouse de vous.Je suis jalouse.Mais nous,les mères-votre fils à vous est encore petit,vous aurez le temps-nous nous y préparons.Je me suis préparée à le donner à sa femme et à ne pas être jalouse.Mais le donner à une femme aussi pure que lui.
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Fédia
...L'amour le plus grand,c'est celui dont on n'est pas conscient.Oui, je pense qu'elle l'a toujours aimé.
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