Un bon roman, mais un peu déçue de ce second opus qui ne m'a pas touchée comme le premier.
La qualité d'écriture est la même, les descriptions imagées, les personnages truculents, mais le sujet est bien différent. Alors que le premier tome accompagnait l'enfance de Céline, son intériorité, sa passion pour l'écriture et sa découverte du théâtre, ce second roman est centré sur son travail dans un bordel de travestis à Montréal pendant l'Expo 67. C'est presque un exploit, mais l'auteur arrive à parler de la vie des « guidounes » qui gagnent leur vie en vendant leurs charmes, sans jamais inclure de scènes de sexe. C'est un roman qui décrit avec pudeur la pauvreté et la richesse humaine des déclassés de la société.
On peut rappeler qu'en 1967, l'homosexualité était un crime au Canada et un péché mortel pour l'Église. On était loin alors des défilés de la fierté gay et des revendications LBGTQ. Mais encore aujourd'hui, dans d'autres pays, existent encore des législations répressives…
Un autre regard sur la société qui, derrière sa façade bien pensante, cache sa misère.
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La suite des aventures de cette improbable troupe, un rien croche et bancale, mais tellement (faussement?) chaleureuse.
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Quand la « Main » a besoin d’une victime sur laquelle échafauder des théories fumeuses, quand le cancan vicieux et la supposition malveillante se mettent en marche, quand la fée médisance ou sa sœur, la sorcière calomnie, descend parmi nous, il n’y a plus de place pour le bon sens ou la simple décence : tout est permis et on se permet tout.
(Leméac, p.132)
Les heures sont longues, c’est vrai, le milieu peut se montrer dur malgré sa superficialité, parfois même dangereux quand les clients ont trop bu et perdent la tête. Le fait d’être sans cesse plongée dans un environnement où le sexe, une sexualité non orthodoxe en plus, tient la plus grande importance alors que je n’y participe jamais s’avère à l’occasion difficile à expliquer si j’y pense trop - j’y vis mais je n’en vis pas, j’en suis témoin mais je ne collabore pas -, comme si j’évoluais dans un monde auquel je n’avais pas accès parce que je n’en étais que la gardienne, le maître d’hôtel. Mais ce n’est jamais ennuyant et l’effort, le vrai, celui au bout duquel se trouve le précieux dollar, ce n’est pas moi qui ai à le faire, après tout, je ne suis que celle qui tient les comptes et tend le menu. Les dollars viennent à moi sans que j’aie à dépenser beaucoup d’énergie, alors je m’estime chanceuse et j’apprécie avec gratitude ma position privilégiée de simple pourvoyeuse en plaisirs.
Ce sont donc des hommes sans talent particulier, sans expérience des maisons closes ni du show business, mais à qui on demande de se comporter en professionnelles tout en essayant, en plus, de faire croire qu’ils peuvent chanter ou danser! Faut le faire! Ils triment comme des forcenés et méritent, à mon avis, beaucoup plus que l’argent qu’ils font.
Je suis hôtesse et actrice. C’est épuisant, c’est vrai, mais lorsque j’ai l’impression d’avoir tout ce beau monde sous contrôle, que les rires fusent, que les critiques se font rares, qu’on s’amuse beaucoup en attendant de passer aux choses sérieuses, ça peut s’avérer assez réjouissant, en tout cas très gratifiant pour moi.
Ça reste clinquant, mais d’une façon éteinte, sans rutilance. Ça manque d’éclairage, de vie, de sons. Des dorures dans la pénombre, c’est déprimant; des miroirs sans reflets aussi. Quand rien ne brille dans cette boîte à musique faite pour la lumière douce, flatteuse, pour le mensonge élevé au rang de grand art, quand la magie du faux-semblant n’a pas encore commencé à opérer et que l’envers du décor est trop visible, une angoisse glaciale vous prend au creux du ventre, vous voulez quitter cet endroit mort pour vous réfugier là où se trouverait un peu de chaleur humaine.
Le Salon dans tes oreilles - S1E41 - Confidences d'écrivain: Michel Tremblay
Confidences avec Michel Tremblay, figure emblématique et incontournable de la littérature québécoise, mais aussi du Salon du livre de Montréal.
Présenté par
SALON DU LIVRE DE MONTRÉAL
Et
LEMÉAC ÉDITEUR
Avec
Michel Tremblay, Auteurrice
Danielle Laurin, Animateurrice
Livre(s)
Victoire !
Le Salon dans tes oreilles est un balado issu des entrevues, tables rondes, et cabarets enregistrés dans le cadre du Salon du livre de Montréal 2020. Écoutez des auteurs, autrices et personnalités parler de livre, de lecture et d'écriture et échanger autour des cinq thématiques suivantes: le Féminisme, la Pluralité des voix, 2020, et après?, Récit et inspiration et Famille et enfance. Bonne écoute!
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