Les protagonistes sont pour moi le point fort de ce roman.
Pour vivre comme elle le souhaite Dédée, la narratrice et détective en herbe de ce roman, vit et travaille dans un hôtel particulier, où elle se prostitue auprès d'une clientèle haut placée. Elle et ces consoeurs vivent donc dans une cage dorée, la plupart du temps recluses et protégées du reste du monde, jusqu'au jour où un tueur commence à s'en prendre à elles.
L'enquête en elle-même est prenante, mais elle permet avant tout de mettre en lumière une sphère de la société parisienne du XXe siècle méconnue parce que mal vue. L'autrice avec ce roman montre l'hypocrisie de cette société bienpensante et les peines qu'encourent ces hommes travestis qui mettent leur vie en danger. Dédée, notre narratrice, aimerait vivre libre, filtrer et se promener dans Paris sans craindre pour sa vie, mais elle est née homme et sortir travesti c'est illégal. Tout au long du roman la peur d'être percée à jour lors de ses sorties et palpable et pourtant son désir de sortir au grand jour pour enquêter ou simplement flâner est le plus fort.
La fin abrupte de ce roman donne encore plus de force à ce personnage et au drame qu'elle vit au quotidien.
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Voici un thriller qui nous tient en haleine du début jusque la fin.
Nous sommes à Paris en 1910. Les meurtres n'en finissent pas, tous aussi sanglants les uns que les autres. Et les victimes sont des travestis, tous retrouvés avec une médaille miraculeuse sur eux. Andrée, travesti elle aussi, n'hésite pas une seconde à se lancer dans l'enquête, aidé par son ami Albert, médecin légiste. Elle ne tarde pas à relier ces meurtres à une vieille demoiselle, assassinée elle aussi, . Et cette dernière n'est autre que la tante de Maurice, dont Andrée tombe amoureuse... Malheureusement, Maurice ne semble pas attiré par les hommes. Bref, on mène enquête et amour.
Andrée a vieilli et il est le narrateur de cette aventure, traitée avec beaucoup d'humour. Intéressant aussi le Paris de l'époque. Très réussi.
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Très bon roman historique dans un milieu rarement évoqué : un hotel de passe pour les hommes. Andrée, travesti, interessée par les travaux de la police, commence par s'intéresser au meurtre d'une vieille dame qui lui fait rencontrer Maurice, son fils dont elle va tomber amoureuse.
Très vite ce n'est plus seulement à cette enquête qu'elle va s'impliquer mais à celle sur les meurtres de travestis dont le premier a lieu dans son hôtel.
Accompagnée par Albert Feclas, médecin légiste et amoureux de Nouraiev, elle va découvrir rapidement que les meurtres de la vieille dame et des travestis ont des points communs.
Les personnages sont particulièrement bien croqués, tout ce petit monde est décrie avec beaucoup de tendresse, certes c'est Andrée la narratrice, mais quand même...
Bien mené avec ce qu'il faut de suspens, c'est une histoire qui fourmille de détails historiques.
A lire.
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Avant chaque sortie se posait donc la question cruciale de "franchir la ligne" - c'était l'expression rituelle que nous employions pour demander si nous ferions illusion dans le monde extérieur. Dehors, vous êtes comme un espion en territoire ennemi, qui imite les us et coutumes des autochtones, tremblant d'être démasqué.
Je m'excuse à nouveau d'employer tantôt le "il" tantôt le "elle" pour évoquer mes camarades et moi-même, ce qui peut entraîner une certaine confusion à la lecture. Mais la confusion était bel et bien présente dans nos corps et nos âmes. Femmes nous voulions être, hommes nous étions. Le partage de ces aux troubles n'était pas une ligne droite. Toute ma longue vie, j'ai parlé de moi au féminin. Mais je suis toujours restée consciente du petit supplément que je porte en sautoir.
Je savais le froid, la saleté, l'humidité et la trop lourde chaleur, je savais la sueur et les mauvaises odeurs. Paris puait ses pauvres.
Et je tremblais devant mon sort, devant cette funeste loterie qui m'avait fait naître mâle une aube glacée de décembre 1890, en ces temps où nos perspectives d'avenir oscillaient entre chair à usine et chair à canon.
Les femmes bien en chair évoquent des édredons moelleux et on leur prête plus facilement de la douceur qu'aux maigres. C'est un leurre.
Le dimanche après-midi, nos visiteurs étaient rares, la plupart déjeunaient en famille et venaient à l'heure de l'apéritif. Après avoir joué " A dada" avec leurs petits-enfants, ils se sentaient des envies de galopades dignes des plus fougueux étalons.
La chronique de Carole S - Funerarium
Notre chroniqueuse du jeudi, Carole S. ne connaissait pas les ouvrages de Brigitte Aubert avant de lire "Funeraium" (éditions Points). Et on peut dire que notre serial-lectrice est tombée sous le charme de ce thriller...