L'auteure
Sigrid Undset s'est inspirée des sagas islandaises pour écrire ce roman d'amour et de mort. Succinct par sa longueur, il est intense par la thématique abordée : l'amour réciproque mais destructeur entre la fière Vigdis et l'ombrageux Ljot.
Celui-ci, jeune marin islandais auréolé de gloire (il a tué à 13 ans les assassins de ses parents), accompagne son oncle Veterlide en Norvège pour acheter du bois de charpente. Retardés par le temps, ils reçoivent l'hospitalité du seigneur Gunnar de Vadin. Lors de la veillée, Ljot tombe éperdument amoureux de la fille de la maison, Vigdis, une magnifique mais altière jeune fille qui semble mépriser ses efforts pour s'attirer ses bonnes grâces.
Il s'avère que Vigdis n'est pas insensible à son charme mais Ljot, jaloux de l'amitié qui la lie à son ami d'enfance Kåre de Grefsin, défie celui-ci dans une course de chevaux et se ridiculise par son comportement querelleur et excessif.
Ljot finit de se déshonorer en violant Vigdis qui est reniée par son père...
Vigdis incarne parfaitement l'héroïne de tragédie, indomptable et vindicative, qui, meurtrie à jamais dans son coeur et dans sa chair, lance une terrible malédiction sur l'être aimé :
” Puisses-tu mourir de la plus cruelle des morts, puisses-tu vivre longtemps d'une vie misérable, toi et tous ceux dont la présence te réjouit le coeur. Puisses-tu voir mourir tes enfants d'une mort affreuse devant tes yeux !
(page 52/53)"
Car elle hait trop Ljot pour ne pas l'aimer au plus profond de son être !
Vigdis fait preuve tout au long de sa vie d'une force de caractère et d'un tempérament impressionnants, qui font paraître certaines de ses décisions inhumaines. Intraitable, elle a parfois le comportement d'un homme dont elle a le courage, et qui rappelle celui de la skjaldmö dans la mythologie nordique.
De son côté, Ljot ne cesse d'être hanté par le souvenir de son amour perdu. Bien que sincère, il a eu un comportement si méprisable en Norvège qu'il s'est attiré l'antipathie du lecteur. Mais la constance de ses sentiments, sa douleur morale finissent par nous toucher, surtout quand il a ce déchirant cri du coeur :
”Je t'en prie, ne me quitte pas ; pour tout le mal que tu me feras, je te ferai du bien."
(page 52)
Malheureusement pour lui, Vigdis ne rêve que d'une chose : que l'on "vienne déposer la tête de Ljot sur [ses] genoux." (page 149)
Sigrid Undset nous invite donc à une histoire d'amour aussi poignante que son dénouement est implacable. Parallèlement et pour mieux en souligner la nature irréconciliable, elle nous dépeint avec beaucoup de maîtrise cet univers scandinave du Xème siècle, rempli de querelles, de fracas et de violence, où les valeurs du christianisme commencent à s'opposer à celles du paganisme sans toutefois amender la dureté minérale du caractère de
Vigdis la farouche qui n'a jamais aussi bien porté son nom !
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