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3,73

sur 682 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ayant beaucoup aimé Sukkwan Island, c'est avec grand plaisir que j'ai retrouvé la plume et l'univers glacé et glaçant de David Vann. Je préfère ne pas m'étendre sur l'histoire afin de ne pas la trahir. Désolations s'attarde sur la psychologie des personnages et leurs rapports familiaux ou non. Très vite le climat devient pesant, les pensées, les mots et les actes blessants. Les personnages et le lecteur sont entraînés vers ce qui semble être inéluctable. David Vann nous montre les dégâts du quotidien sur un couple, la dangerosité des non-dits et de la résignation. le style est impeccable et l'écriture toujours aussi belle. le cadre glacial et magnifique de l'Alaska sert à merveille cette histoire dramatique et au bout du compte Caribou Island (île sur laquelle comptent s'installer deux des personnages et titre original du livre) se révélera hostile et accablante.

Désolations est un livre noir, pessimiste et désespéré. Une lecture qui laisse un goût amer et une furieuse envie de se retrouver en famille, mais pour profiter des uns et des autres.

Tout comme Sukkwan Island, j'ai beaucoup aimé, même si cette fois le drame est sous jacent et rend donc peut-être le livre moins percutant mais tout aussi prenant.
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Irène et Gary forment un vieux couple qui vit depuis 30 ans en Alaska.

Gary a décidé de se construire une cabane sur une île isolée afin d'y passer l'hiver avec sa femme. le problème est qu'il est très mal organisé et qu'il n'a aucune notion de construction. Mais il ne va pas se laisser abattre par les aléas climatiques ou matériels et va mener son projet coûte que coûte. Certains diraient qu'il est un peu entêté sauf qu'il n'est pas question ici que d'une cabane. Gary est un homme empli de regrets qui pense qu'il aurait pu accomplir bien plus de choses dans sa vie si seulement sa femme le soutenait un peu plus. Il voit dans cette cabane, et la vie qu'il y fantasme, le moyen de ressouder les liens distendus de son couple.

De son côté Irène n'a aucune envie de passer un hiver glacial dans une cahute spartiate sur une île déserte. Elle a attrapé froid en voulant aider Gary alors qu'il s'entêtait à travailler sous la pluie. Mais elle ne veut pas lui laisser penser qu'elle n'a pas foi en lui. Elle a peur qu'il la quitte...

Tout cela se déroule sous les yeux de leurs deux enfants Rhoda et Mark.
Rhoda est en couple avec Jim (un dentiste, donc tout en haut de l'échelle sociale locale) et nourrit des projets matrimoniaux, qui risquent d'être contrariés par Monique, qui va soumettre Jim à la tentation.
Quant à Mark il pêche (ce qui est la principale activité en Alaska) et se défonce.

David Vann a l'art de disséquer les rapports de couple mais de façon plutôt pessimiste. Ses personnages sont emplis de regrets, de colères et n'arrivent pas à communiquer entre eux. Cela génère une forte tension et un malaise qui ne peuvent qu'aboutir à la catastrophe. On retrouve ici l'ambiance sombre et les thèmes de Sukkwan Island mais le livre est mieux équilibré dans sa construction.
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Direction le grand nord, américain cette fois-ci. Gary et Irene ont construit leur vie sur les bords d'un lac glaciaire en Alaska. Après 30 ans d'une vie morne, Gary décide d'aller construire la cabane dont il a toujours rêvé sur un petit îlot désert entraînant dans son sillage Irene, qu'elle le veuille ou non, malgré les horribles maux de tête qui l'assaillent depuis quelques temps. Dernière chance de sauver un mariage qui n'en est plus vraiment un. Leur fille Rhoda, dont les préoccupations sont plutôt d'ordre nuptial , assiste impuissante à ce face à face qui s'annonce aussi terrible que l'hiver qui pointe précocement le bout de son nez en Alaska cette année-là.

Grosse découverte. La tension est palpable, presque électrique dans ce roman hyper sombre, dont émane amertume et mélancolie. Les histoires sont terribles. Je me suis retrouvée presque mal à l'aise parfois, d'assister à ces bouts de vie et avais souvent l'impression d'être une spectatrice impuissante dans un coin de la scène. A la limite du voyeurisme. David Vann est un conteur hors pair. La plume est sublime, dure aussi, mais compatissante envers ses personnages, que j'avais parfois envie de serrer dans mes bras.

Essai transformé, je finis ce livre sans voix, et retenterai très certainement l'expérience. Mais plus tard, parce qu'il est… Étouffant un peu.
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Si vous rêvez de soleil, de plages de sable chaud, de jolies histoires d'amour... ce livre n'est pas pour vous, pas maintenant !
Si à l'inverse un petit voyage en Alaska sous la pluie, dans le froid, en compagnie de couples se déchirant vous tente, ce roman noir est parfait.
Je ne saurais vous dire si j'ai vraiment aimé ce livre mais j'ai été happée par cette lecture, embarquée dans cette histoire que l'on devine destinée à mal finir.
M. Vann a du talent pour créer des ambiances lourdes et poisseuses. En écrivant Désolations il devait être déterminé à ne rien laisser de léger s'immiscer dans son récit, et c'est réussi.
Traduction Laura Derajinski
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Dans ce roman, comme dans Sukkwann Island, l'atmosphère est pesante et pessimiste. Dans son livre précédent, David Vann mettait en scène la relation d'un père avec son fils. Ici il est question des relations hommes-femmes : principalement celle de Gary et Irene, et celle de leur fille Rhoda avec son petit ami Jim. Il donne une vision amère des relations humaines faites de tromperies, de non-dits et de frustration. Les femmes sont victimes, naïves ou manipulatrices, les hommes sont faibles, lâches ou menteurs. Tous sont atteints soit de folie soit de duplicité. le personnage qui semble le plus sain et équilibré semble être Rhoda. C'est en quelque sorte la figure de l'innocence bafouée. Au final, tous sont englués dans une fatalité désespérante.

Autour d'eux, les paysages fascinants de l'Alaska sont parfaitement décrit par l'auteur comme un pays froid, humide et hostile. Rien n'y est authentique, la chaleur humaine y est absente. La Nature est implacable et indifférente. le climat semble déteindre sur les personnages qui sont arrivés dans la région pleins d'idéaux et d'illusions. Tous les ont perdus au fil des années. Les éléments qui se déchainent semblent les avoir effacés petit à petit.

Une fois de plus David Vann m'a captivée avec ce roman à la fois brillant et glaçant.
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David Vann, né en 1966 en Alaska, est un écrivain américain. Son premier roman paru en France, Sukkwan Island, reçoit le prix Médicis étranger en novembre 2010. Désolations est sorti en 2011.
Autant le savoir tout de suite, si vous aimez la rigolade, passez votre chemin, David Vann n'est pas l'homme qu'il vous faut. Nous en avions eu un avant-goût dans son premier roman et il semble, avec celui-ci, que ce soit sa marque de fabrique. Sans vouloir faire de la psychanalyse à trois sous, sa biographie nous apprend que son père s'est suicidé…
Sur les rives d'un lac glaciaire en Alaska, Irene et Gary ont construit leur vie, élevé deux enfants aujourd'hui adultes, Mark et Rhoda. Mais après trente années d'une vie sans éclat, Gary est déterminé à bâtir sur un îlot désolé la cabane dont il a toujours rêvé. Irene se résout à l'accompagner en dépit des inexplicables maux de tête qui l'assaillent et ne lui laissent aucun répit. Entraînée malgré elle dans l'obsession de son mari, elle le voit peu à peu s'enliser dans ce projet démesuré.
Tous les personnages de ce roman sont accablants. Irène se trimballe le souvenir de sa mère suicidée découverte pendue dans une grange (tiens, tiens…), Gary son époux depuis trente ans, vit dans ses chimères et ses vieux rêves hippies de retour à la nature, Mark le fils, n'a pour ainsi dire plus de rapports avec ses parents, vivotant de la pêche en mer. Carl, un second rôle, n'est guère brillant lui non plus, fauché il devra quémander de l'argent à sa mère pour se tirer de ce coin d'Alaska. Rhoda est en couple avec Jim, un dentiste aisé mais faible qui ne pense qu'à la tromper.
La faiblesse des héros masculins est particulièrement frappante dans ce roman –ce qu'on avait déjà pu noter dans Sukkwan Island. Jim n'est pas très emballé à l'idée d'épouser Rhoda mais tente de maintenir un statu quo avantageux pour lui, quant à Gary c'est tout un roman à lui tout seul et ça tombe bien, puisque c'est le sujet du bouquin. Gary n'était pas apte au mariage, en s'y résignant par lâcheté il s'est condamné, entraînant sa famille dans une vie ratée. Terrible réquisitoire contre l'institution. Durant trente ans la cocotte-minute va bouillir, jusqu'à l'explosion, qui se traduit par sa volonté enfin affirmée de vouloir se construire une cabane, paumée au milieu d'une île abandonnée, complètement inaccessible en hiver.
Pendant ces quelques semaines précédent la morte saison et durant lesquelles lui, va tenter de construire son cabanon avant les grands froids, Irène va souffrir de terribles maux de crânes dont la médecine ne trouve nulles causes – psychosomatiques si vous voulez mon diagnostic – et ils vont se déchirer. Elle lui reprochant de vouloir la faire vivre dans cette désolation annoncée, lui constatant qu'elle ne fait que l'empêcher de vouloir vivre son rêve. Explosion de rancoeurs accumulées dont la trace la plus visible est leur famille décomposée.
Roman agaçant quand on voit Gary se lancer dans un projet insensé en soi, vouloir quitter sa maison confortable pour aller vivre dans un gourbi perdu, et surtout quand on s'aperçoit qu'il n'est même pas capable de construire sa fameuse cabane. L'homme n'est pas à la hauteur de son projet mais il s'entête contre vents et marées.
Arrivé à ce stade on se doute que tout cela ne peut pas se terminer en happy end, si la cabane est ratée, le tombeau est réussi.
Le titre du roman en français est au pluriel à juste raison, désolation du paysage, l'Alaska n'est pas cet espace idyllique qu'on pourrait croire, amertume, chagrin, douleur, tous les synonymes feront l'affaire pour décrire les sentiments ressentis par les uns et les autres. On ressort lessivé par la lecture de ce livre éprouvant et le mythe de la cabane au fond des bois en prend un sérieux coup, mais c'est à ce prix parfois qu'on se frotte à la littérature.
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Gary a toujours rêvé d'une cabane sur une île en Alaska.
Irène est persuadée qu'il ne l'a jamais aimée.
Leur fille Rhoda a toujours rêvé d'une belle maison, d'une bonne situation, d'un beau mariage à Hawaï.
Lentement, la tragédie prend le dessus, le désastre est imminent...

Un roman sur la famille, l'illusion de l'amour, les regrets de toute une vie. Les personnages semblent enfermés dans leur univers sans pouvoir évoluer.

C'est un roman prenant, dans lequel la nature et ses tempêtes est omniprésente.
Une écriture lucide et sans concession. le lecteur n'est pas épargné.
Si j'ai été plus marquée par le premier roman de David Vann, Sukkwan Island, j'ai aussi beaucoup apprécié la justesse de Désolations. Un regard juste et troublant sur le monde contemporain et la condition humaine.
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De David Vann , j'avais précédemment lu Sukkwan Island, terrifiant survival entre un père et un fils sur une ile perdue de l'Alaska.
Ici c'est de nouveau le meme décor. et il est encore question obsessionnellement , de cabane à construire , de liens familiaux mis à l'épreuve, et de personnages en but et en lutte face à un environnement géographique hostile au point que ce dernier dans une acception toute balzacienne, finit pas fusionner et coïncider avec des êtres que le froid glace et engourdi pour n'en faire que des corps souffrants et des Ames anesthésiées. Lecture éprouvante , écriture douloureusement sombre et désespérée, empreinte dans le meme temps de la douce placidité immaculée de ces étendues blanches et glacées
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Toujours une bonne surprise. Une surprise sur le livre et sur moi même. Cet auteur a un style très particulier, un style que je n'aurais jamais imaginé aimer. Et pourtant, j'ai tenté ma chance avec son premier roman Sukkand Island et, j'ai vraiment beaucoup aimé. Un roman noir, très choquant qui bouleverse pendant des jours. D'où ma raison de lire ce second livre.

J'ai encore une fois passé un très bon moment. En Alaska, en compagnie de trois couples qui se déchirent les uns à la suite des autres. Pour commencer, on a Garry et Irène : couple marié, deux enfants. Leur couple bat de l'aile et Garry veut enfin réaliser son rêve : s'installer sur une île déserte. Irène le suit malgré ses maux de têtes, sa déprime. Est-elle réellement malade? Ou fait-elle une depression de voir son couple partir en fumée? Ensuite, il y a leur fille : Rhoda qui est en couple avec Jim. Couple sur le point de se marier mais qui s'éloigne. Jim trompe déjà Rhoda. Et on a Carl et Monique. Monique est une femme indépendante et charmeuse qui n'est pas amoureuse alors que Carl est fou d'elle.

David Vann a crée un roman à drame psychologique car nous suivons tous les personnages à travers leur solitude ou leur angoisse, leurs rêves aussi à travers le grand froid d'Alaska. Chaque personnage est parfaitement détaillé d'où l'importance des descriptions. On les suit à travers le drame tragique qui les attend, car on s'en doute. le récit est écrit durement, toujours noir mais moins que dans Sukkwand Island. Ici, pas de coup de théâtre mais une fin choquante tout de même. Une fin remarquable.
J'adhère totalement au style de l'auteur qui me plaît beaucoup et je vous invite à découvrir, ou même essayer ce genre d'histoire où vous resterez sans voix pour le destin tragique des personnages.
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Gary et Irene vivent en Alaska, sur les rives de Skilak Lake depuis déjà trente ans. Vieux couple ayant élevé ses deux enfants, Mark et Rhoda, c'est l'heure pour eux de faire une mise au point et de donner un semblant de relief à leur quotidien. Ni une ni deux, c'est Gary qui mène les projets du couple en insistant pour construire une cabane où ils termineront leurs jours. Bon gré mal gré, Irene suit même si tout la pousse à entériner le projet : elle tient à sa maison et son confort mais c'est aussi ses récentes migraines qui la contraignent à rester au calme et à se ménager. C'est pourtant tout le contraire qui se profile car la construction de la cabane occupe à plein temps le couple et notamment Gary qui voit là le départ d'une nouvelle vie faite d'aventure et de retour à la nature.

Parallèlement à leur projet, on suit Rhoda qui est étroitement liée à la vie de ses parents. Elle s'inquiète de de la rusticité de la cabane, des maux de tête inexpliqués de sa mère, de la rigidité de son père inébranlable quant au tour que prendront les événements (ce sera la cabane ou rien). Mais Rhoda est aussi une femme qui pense à l'avenir et qui croit le voir lumineux et sûr auprès de son compagnon, Jim, qui est dentiste et qui a tout d'un bon parti. Mais ne reproduit-elle pas le schéma paternel en se liant à quelqu'un de foncièrement différent? N'est-elle pas immature et aveugle? Elle est touchante de sincérité et de naïveté mais c'est aussi un être sans cesse pris à témoin à ses dépens. Lorsqu'elle n'est "utilisée" comme médiatrice, elle est campée à son rôle de femme au foyer, maitresse des fourneaux. Et le reste? Serait-on là pour elle si elle se retrouvait dans la difficulté? C'est impuissant qu'on voit le personnage de Rhoda se démener entre ses différents rôles : fille modèle et à l'écoute, compagne dévouée et idéaliste.

La nature dans ce roman est partie prenante en particulier dans ces moments où elle se déchaine lorsque la cabane prend forme. On entrevoit le paysage désolé, terrifiant et glacial qui est le cadre d'une histoire personnelle, celle d'un couple qui construit sur des bases instables le théâtre de leur vie. Et comme dans une mise en scène, tandis que la nature se fait plus "traitresse" et hostile, c'est la relation de Gary et d'Irene qui s'étiole, chacun rongeant son frein. Qu'en sera-t-il lorsque l'un et l'autre dévoileront leurs griefs et rancoeurs? Bien que la cabane progresse, que les provisions affluent, on sent approcher une terrible menace qui n'est pas seulement climatique.

Par ailleurs, ce que je retiens de Désolations, c'est le caractère très affirmé des personnages masculins, tous voués à fuir leurs responsabilités. Quand Gary comprend que l'état de santé d'Irene ne se prête pas au bricolage ou au camping, loin d'en tenir rigueur, il hausse le ton et menace implicitement de tout quitter pour mener son rêve tout seul. En désespoir de cause, Irene, serviable et poussée dans ses retranchements, doit se faire une raison et n'a pas à discuter. Gary a déjà un train d'avance vers l'extérieur, un modèle de vie moins rangé, plus conforme à ses ambitions. Égoïsme, quand tu nous tiens !
Quant à Jim, quelle brute épaisse ! On lui donnerait bien deux claques s'il n'était pas le porte-monnaie de l'histoire. Ok il approvisionne Rhoda et lui permet de garder le lien avec ses parents, néanmoins c'est aussi quelqu'un d'obtus, de peu porté sur le dialogue et très tourné vers lui-même. Si les femmes pouvaient se rebeller et porter leur voix au chapitre on se dit que l'histoire pourrait être différente.

Voilà un roman prenant et dont la force tient vraisemblablement dans le "choc" des générations. Et si le modèle familial était amené à se reproduire? Et si les parents étaient loin de donner l'exemple?!
Lien : http://shereads.canalblog.co..
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