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EAN : 9791020905581
300 pages
Les liens qui libèrent (11/10/2017)
4.08/5   39 notes
Résumé :
C’était en janvier 2015 : à peine a-t-il été nommé ministre des Finances de la Grèce que Yanis Varoufakis déclenche une des ba­tailles les plus spectaculaires et les plus controversées de l’histoire récente en cherchant à renégocier les rapports entre son pays et l’Union européenne. En dépit du soutien exceptionnel de la population grecque et de la logique imparable de ses arguments, il s’est heurté à un mur et a provoqué l’ire des élites politiques, financières et ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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6 juillet 2015, Yanis Varoufakis le charismatique et populaire ministre des finances du gouvernement Tsipras rentre chez lui épuisé, il vient de démissionner. Depuis janvier de cette même année il a mené une âpre mais vaine bataille. Il était chargé de négocier la dette publique grecque auprès des ministres des finances de l'Eurogroupe et de la redoutable Troïka qui réunit des fonctionnaires de l'Union Européenne, de la Banque Centrale Européenne et du FMI.

Un impossible combat pour le ministre d'un pays exsangue au bord de l'agonie. Négociations interminables, jeu de dupes, hypocrisie et l'éternelle loi du marché qui régit le monde.
La politique et l'économie internationale pour les nuls. le récit autobiographique de Yanis Varouflakis réussit à rendre simple et assez captivant des “conversations entre adultes”, titre français du livre, pour nous décrire de manière très didactique l'emprisonnement d'un pays livré aux mains de froids négociateurs.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Ce récit raconte de façon implacable la totale incohérence de l'Union européenne pour l'un de ses membres. C'est la famille qui claque la porte au nez au plus faible de ses enfants. A celui qui a besoin de compréhension, de soutien et de défense. Incroyable!
Incroyable est bien le mot que les grecs, le premier ministre Tsipras, lui et son parti, Syriza, qui porte tout l'espoir d'un peuple, qui a cru en lui, au renouveau, diront tout au long de ce cheminement, de cette bagarre avec ou contre les instances européennes et le FMI.
Alors au bout de 5 mois sans avoir réussi à infléchir la Troïka (Eurogroupe, FMI et Union européenne) Varoufakis de fourberie en tromperie démissionnera.
Fini l'espoir, retour sur terre, refus des superbes, de ces implacables ministres sans écoutes ni mains tendues à ceux qui demandent non pas qu'on efface l'ardoise mais un peu de temps supplémentaire pour laisser souffler les petits, ceux qui sont en bas de l'échelle.
Varoufakis est un économiste hors pair, un de ceux qu'on écoute, qui enseigne cette science dans des universités de renom. Mais ce n'est pas un politicien alors que les autres ministre de U.E sont des politiciens avant tout.
Le titre "Adults in the room" a été prononcé, lors d'une réunion de l'Eurogroupe, par Mme Lagarde qui répondait à l'absence de sérieux des présents.
On l'aura compris j'ai beaucoup aimé ce récit, ce témoignage, ce vécu et je comprends tout à fait la déception de l'auteur devant ce mur, cette porte fermée à triple tour émanant des gouvernements de plus forts, notamment de l'Allemagne.
Varoufakis enseigne actuellement aux USA.
Evidemment ce n'est pas du Proust ou du Flaubert mais qu'importe le style, le récit, lui, est on ne peut plus prenant.
C'est un livre que je conseille ainsi que le film éponyme de Costa Gavras.

Lien : https://www.babelio.com/livr..
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En janvier 2015, le parti Syriza, de la gauche radicale, obtient presque la majorité absolue au parlement grec. Après un an et demi d'austérité imposée par le FMI et la troïka pour rembourser ses différentes dettes, le peuple grec a décidé qu'il ne pouvait plus continuer à se serrer la ceinture, pour la bonne et simple raison qu'il avait déjà vendu et abandonné tout ce qu'il pouvait, y compris, d'ailleurs, cette fameuse ceinture.

Yanis Varoufakis accepte alors le poste peu envié de ministre des Finances d'un pays cerné de toute part par des créanciers bien décidés à accentuer encore l'austérité pour récupérer leur mise. Fervent défenseur de la restructuration de la dette grecque, il ne lui faudra rien de moins que faire changer d'avis la majorité des institutions financières internationales pour parvenir à ses fins. Ce livre/témoignage raconte les coulisses de ces négociations, entre discussions de couloir, entretiens privés, tables de restaurant et conversations téléphoniques.

Je ne vais pas prétendre donner des leçons sur ce que la Grèce aurait dû faire ou ne pas faire dans cette histoire. Toutefois, je dois reconnaître que le personnage de Varoufakis a attiré d'emblée ma sympathie : les experts qui prétendent connaître la solution à un problème complexe squattent plutôt les plateaux télévisés ou les studios de radio que les ministères. Voir quelqu'un qui accepte de porter soi-même, et en toute première ligne, les idées qu'il défend est plutôt rafraîchissant.

Les descriptions des réunions européennes, à l'inverse, font plutôt froid dans le dos quand on rêve de démocratie : loin d'être un lieu de débat et un échange de point de vue, on sent plutôt que les décisions ont été prises à l'avance dans des sous-groupes officieux ; chaque camp répète alors ses propositions sur le principe du disque rayé, en comptant sur le fait que son président ou premier ministre aura assez d'influence en coulisse pour faire plier le camp d'en face.

De même, certains personnages biens en vue (Moscovici, ou même Juncker) semblent avoir un rôle purement protocolaire, et placés à des postes « prestigieux » pour satisfaire la vanité de l'un ou l'autre pays membre, mais se voient vertement remis à leur place quand ils osent proposer quelque chose qui s'écarte de la ligne directrice fixée par la poignée d'individus qui prennent les vraies décisions.

Varoufakis se présente sans doute sous un jour avantageux : le nombre de grands économistes et d'hommes politiques a lui déclarer en douce dans un couloir qu'il a raison sur toute la ligne est trop important pour être honnête. Néanmoins, j'aurais plutôt tendance à me fier à sa version des faits en général, car il ne se positionne pas forcément comme un héros, mais décrit toute cette « vieille » politique dont on nous promet souvent la fin prochaine mais qui n'en finit pas de mourir, à base de manoeuvres douteuses (s'accorder sur des propositions à l'oral mais écrire le contraire sur les documents officiels à signer, dire une chose en réunion et son contraire en conférence de presse), de pressions indirectes, de conflits d'intérêt, de corruption, …

Ça fait moins rêver que d'imaginer des Grands Hommes porter le destin de tout un continent sur leurs larges épaules, c'est sûr, mais ça semble, tristement, bien plus réaliste aussi.
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Varoufakis , homme à contre courant des magouilles politiciennes nous conte ici ses démêlés et tentatives de renégocier la " dette " grecque face aux instances européennes et au FMI . Mémoires politiques plus que cours d'économie , éveil attirant notre regard sur la dichotomie entre l'action et les déclarations publiques des politiciens , ce livre fait du bien à tout ceux qui doutent de l'empathie affichée des puissants envers les citoyens . Un peu trop technique parfois , un peu trop confiant en la réussite de son plan et en l'aide de ses interlocuteurs . L'économie du pays en 2022 va bien mieux mais combien de grecs ont fui le pays , combien de vies ont été inutilement brisées ? Un vrai gâchis que l'auteur a vu venir et a tenté d'éviter avec raison .

Comme un écho de cette citation d'Henry Ford à propos de la FED ( syndicat d'un cartel de banques privées ) : " L'unique objectif de ces financiers c'est le contrôle du monde par la création de dettes inextinguibles . " Même si il est vrai qu'à l'instar de nombreux autres pays , la Grèce n'était pas un modèle de bonne gestion de ses comptes .
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Cette lecture fut une grosse claque, à la fois pour ce qu'elle révèle de l'Union européenne et des évènements de la crise de la dette grecque de 2015 que pour son analyse décentrée de l'Europe, à travers les yeux d'un autre pays que le duo classique franco-allemand.

Yánis Varoufákis y fait le récit de l'accession au pouvoir du parti de gauche Syriza mené par Aléxis Tsípras, et de son programme politique d'origine, à l'opposé de ce que prévoyaient les experts de la troïka (Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire internation).

On y découvre une lutte entre un gouvernement élu démocratiquement et une structure dénuée de toute substance juridique suffisante au vu des mesures qu'elle est en capacité d'imposer aux Etats, un étonnant et impulsif désir de mise sous tutelle de la politique de certains pays de l'Union européenne et l'imposition d'un régime de choc, une guerre informationnelle pour décrédibiliser les propositions avancées par Syriza sur les marchés internationaux et les forcer à accepter un accord non négocié, et une espèce d'hypocrisie partagée par tous, où les discours de façade dans les groupes de travail diffèrent des conversations privées dans les couloirs du pouvoir.

On pourrait bien sûr accuser l'auteur de partialité, puisqu'il fut ministre des Finances de Syriza lors des évènements qu'il narre, et qu'il se pare plutôt du beau rôle de défenseur du peuple grec ; il ferait presque figure d'un saint parmi les personnages qu'il rencontre et décrit dans son livre : Wolfgang Schäuble (qui sera probablement peu regretté en Grèce), Christine Lagarde, Mario Draghi, Michel Sapin, Pierre Moscovici, et j'en passe. Il n'empêche que Conversations entre adultes est rudement édifiant par ce qu'il révèle des désaccords internes de Syriza et des problèmes endémiques de la corruption en Grèce, de l'obstination des experts de la troïka à imposer des mesures dont ils reconnaissent en coulisse l'inefficacité pour rétablir une économie grecque saine (l'octroi d'un prêt visant en fait à rembourser les emprunts contractés auprès des banques françaises et allemandes, menacées par leur gourmandise en créances douteuses), du refus absolu d'un compromis qui pourrait satisfaire et sauver la face des deux parties, et de l'épée de Damoclès toujours brandie d'une sortie de l'euro de la Grèce.

Yánis Varoufákis souligne d'ailleurs l'impuissance des ministres et représentants français, bien conscients des propres failles économiques de la France, que Schäuble rêverait de voir comparaître après la Grèce face à la troïka, ce qui tranche d'ailleurs avec les propos rapportés par François Hollande dans son Un président ne devrait pas dire ça.

En conclusion, une excellente lecture mettant en perspective économie, politique et démocratie, et bien sûr l'impact des décisions sur la population grecque présentée comme responsable du naufrage économique du pays, et donc chargée de faire un « effort » pour rétablir la compétitivité du pays, et ce malgré la vague importante de suicides qui suivit la crise de la dette, mais aussi une sonnette d'alarme sur ce que peut devenir un comité d'experts débridés chargé d'appliquer au nom de l'Union européenne des mesures dictées par des intérêts bien loin de toute considération humaine et sociale.
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
EXTRAIT DE LA PRÉFACE :

En acceptant le poste de ministre des finances de la Grèce ..... J'ai été directement témoin des circonstances particulières et des causes immédiates de la chute de l'Europe dans un bourbier dont il risque de ne pas sortir avant très, très longtemps .
Voilà ce que raconte cet ouvrage . Que ce sont les secrets d’alcôve qui mettent en scène les grands de ce monde : Angela Merkel , Mario Draghi , Wolfgang Schäuble , Christine Lagarde , Emmanuel Macron , Georges Osborne et Barack Obama .........
Peu après la répression sans pitié de la rébellion de 2015 en Grèce .... le parti de gauche espagnol " Podemos " a perdu de son élan : ses électeurs potentiels ont sans doute eu peur de subir notre propre sort et de se retrouver entre les mains d'une Union Européenne féroce ......
L'histoire que vous allez lire n'est pas seulement le symbole de ce que L'Europe , la Grande Bretagne et les Etats-unis sont en train de devenir . Elle propose des aperçus sur la fracturations de nos systèmes politiques et de nos économies sociales ......
Chaque personnalité mises en scène dans ses pages pensait peut-être agir comme il le fallait , mais leurs actions ont produit un malheur à échelle continentale .....
Un jour Christine Lagarde ( FMI ) a déclaré , éxaspérée : " Si nous voulons surmonter ce drame , il faudrait qu'il y ait des adultes dans la salle " . Elle avait raison ......
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Partant du principe que les bonnes idées encouragent le dialogue et permettent de sortir de l'impasse, mon équipe et moi travaillions à partir d'études économétriques et d'analyses économiques saines pour rédiger des propositions. Après les avoir testées auprès des meilleurs experts, de Wall Street à la City en passant par des chercheurs bien choisis, je les soumettais aux créanciers. C'est comme si je prêchais dans le désert, comme si la table devant eux était vide. Le langage de leur corps les trahissait : ils faisaient semblant de ne pas voir les documents qu'ils avaient sous les yeux. Et, quand ils répondaient, ils ignoraient ce que je disais. J'aurais pu chanter l'hymne national suédois, c'était pareil.

Est-ce à cause de ma formation universitaire ? Je m'attendais à tout sauf à ça de la part de Bruxelles, et j'étais extrêmement frustré. Les chercheurs sont habitués à ce qu'on démolisse leur thèse, pas toujours avec des pincettes ; en revanche, le silence de mort, le refus de s'engager, l'idée qu'aucune thèse n'a été émise, ils ne connaissent pas. Imaginez que vous êtes dans un raout, coincé avec la personne la plus ennuyeuse du monde, qui dit tout ce qu'elle pense sans tenir compte de la moindre de vos remarques, vous pouvez toujours prendre votre verre et disparaître au fond de la pièce. Mais si le redressement de votre pays dépend de cette conversation, et que vous n'ayez aucun refuge, votre agacement peut se muer en désespoir, ou en colère si vous percez à jour la manœuvre de votre interlocuteur – en l'occurrence, un petit jeu dont le but était d'annuler tout ce qui s'opposerait au pouvoir de la troïka.
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Mes collègues aspirant à entrer au gouvernement avaient des secrétaires, des chauffeurs, des bureaux privés, un carnet d'adresses bien fourni. J'avais le soutien moral de Danaé, ma moto et notre appartement au pied de l'Acropole, où je donnais mes interviews, organisais des réunions, rédigeais les chroniques que je postais sur mon blog et préparais ma campagne. Un jour, j'ai reçu un coup de fil du QG de Syriza m'informant qu'en tant que candidat, il fallait que j'ouvre un compte séparé pour y déposer tous les dons et en retirer toutes les dépenses de campagne. C'était obligatoire. J'ai donc ouvert un nouveau compte, mais je n'y ai rien déposé, puisque je n'ai rien reçu ni rien demandé. Je n'avais pas d'équipe et je dépensais pas un sou en matériel de promotion. Mon seul outil de campagne était le blog rédigé en grec – jumeau de mon blog déjà existant en anglais –, que j'avais créé seul à l'aide d'une plateforme de bloggeurs gratuite. C'était tout.
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Imposer de nouveaux prêts à une entité en faillite à condition qu'elle réduise son revenu est un châtiment cruel et rare . La Grèce n'a jamais été renflouée . Avec ce prêt synonyme de " Sauvetage " et cette troïka d'huissiers ravis de tailler dans les revenus , l'UE et le FMI ont condamné la Grèce à vivre une version contemporaine de la prison pour dette de Dickens , puis ils ont balancé la clef .
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Pour les représentants de la troïka, assis dans leurs bureaux éclairés au néon à Bruxelles, Francfort et Washington, c'était un cauchemar. Ils ne pouvaient plus atterrir à Athènes et traverser la ville dans des convois de Mercedes et de BMW pour imposer leur férule. Des idées dangereuses circulaient, qui risquaient de contaminer les Européens – les Espagnols, les Italiens, voire les Français : qui sait, peut-être serait-il possible de recouvrer sa souveraineté et sa dignité de nation au sein de l'Europe ? La troïka aurait aimé récupérer ses deniers, mais, vu le contexte, c'était secondaire. Les créanciers savaient que l'austérité accrue et le refus des échanges de dettes réduisaient les revenus des Grecs et augmenteraient le prix à payer à long terme, mais peu importe. Le ministre des Finances slovaque, le cheerleader le plus zélé de Schaüble, le formula ainsi quelques mois plus tard :
— Il fallait être dur avec la Grèce à cause du printemps grec.
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