Même si elle n'est pas du genre à faire oublier le lait sur le feu, la lecture de "
l'invention du grand écrivain" de
Joseph Vebret est agréable et plaisante.
Ce livre est pourtant l'exemple même de l'ouvrage dont on attend beaucoup et qui finalement à sa dernière page tournée aura peu donné.
C'est que tout au long de sa lecture s'attache une insistante et gênante impression de "déjà lu".
Pire encore, l'ouvrage pourrait être frappé, comme une insuffisante et malheureuse copie de bachelier, de la si terrible et définitive mention "hors sujet" !
En effet, le titre annonce un postulat :
l'invention du grand écrivain serait une invention du XIXème sièce.
Ce qui déjà, les siècles précédents semblant fourmiller de contre-exemples, reste à discuter ...
De plus, dès l'avant-propos, il n'est déjà plus question de grand écrivain mais de romancier.
L'auteur de l'ouvrage serait-il un adepte de la philosophie de "la clarté dans la confusion" que
Charles Denner exposait à ses collègues médusés dans "l'aventure c'est l'aventure" ?
Joseph Vebret semble avoir lâché l'ambitieux propos annoncé dès les premières lignes d'un livre dont la lecture n'accroche à aucun moment, ni ne surprend, ni ne passionne d'ailleurs.
Certes, la lectrice, le lecteur passe ici un agréable moment avec quelques uns des plus grands auteurs du XIXème siècle.
Mais des "coulisses des grandes oeuvres littéraires annoncées", il sera finalement peu question.
Voire même pas du tout, le développement du postulat annoncé se résumant à quelques biographies hâtives et superficielles.
Le livre se lit aussi vite qu'il semble avoir été écrit.
Comme la guerre de Troie, l'essai annoncé dans l'avant-propos n'aura pas lieu !
Rien de bien nouveau donc sous le soleil et derrière ces mots, pas de véritable analyse et de puissant travail de recherche en tout cas.
Et de conclusion, il faudra aussi se passer.
Un moment pourtant ma lecture a été plus attentive, plus soutenue et plus intéressée, lorsqu'il y a été question de la censure et de son redoutable et ambitieux procureur : Ernest Pinard.
Mais, là comme pour le reste,
Joseph Vebret reste dans l'effleurement.
Voilà pour le fond.
Pour la forme, il est à noter que la lecture est fluide, que le style de l'écriture de
Joseph Vebret n'est pas désagréable, mais sans toutefois être remarquable, sans posséder aucun accent.
Je suis donc entré dans ce livre avec gourmandise et ressorti assez déçu et désappointé, avec juste la sensation fugace d'avoir effectué un léger et plaisant voyage au pays de la Littérature de l'entre-deux siècles, de ce qu'
Hubert Juin appelait "l'avant-siècle" ...