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Noël Arnaud (Éditeur scientifique)
EAN : 9782253141341
124 pages
Le Livre de Poche (01/10/1997)
3.76/5   192 notes
Résumé :
Poète, Boris Vian le fut dans bien des domaines, roman, chanson, théâtre... Mais s'il aima par-dessus tout confronter son génie propre à toutes les formes d'expression - comme le révélent les Cent Sonnets composés durant ses études -, il livra parfois le plus intime de lui-même dans des poèmes parfaitement libres, écrits au hasard des jours pour son propre plaisir. En témoignent ces deux recueils publiés de son vivant - Cantilènes en gelée et Barnum's Digest - auxqu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
On aime ou pas, aucune demi-mesure dans ce recueil de poésie. Il y en a pour tout le monde, chacun en prend pour son grade, il n'épargne point ses congénères. Personnellement, c'est jubilatoire et au détour d'un vers, je pourrais pleurer.
Mes préférées" Chanson Galante" et "Il est temps"
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J'ai lu et découvert ce recueil de poèmes de Boris Vian, et en se basant sur mes goûts personnels, je n'ai pas accroché. Je n'ai pas vraiment été réceptive à ce livre de poésie. Et je n'ai pas aimé. Mais aucun livre ou recueil ne peut plaire à tout le monde. Tant pis...
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Les Cantilènes sont composés de plusieurs recueils parus du vivant de Vian, des poésies originales, courtes, loufoques, qui expriment des pensées, des critiques, face à la vie ou aux femmes, et qui se partagent entre surréalisme et pataphysique. Les dessins sont aussi suggestifs et le recueil est un exemple supplémentaire du génie de ce touche-à-tout qu'était Vian, mais il n'intéressera véritablement que les passionnés de l'homme à la trompinette.
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Dire que l'on célèbre les 100 ans de Boris, ça l'aurait bien fait rire, lui qui nous semble éternellement jeune.
Poète iconoclaste, les poèmes de Cantilènes en Gelée et de Barnum'sDigest proches de l'esprit de Queneau et de la Pataphysique, sont très souvent irrévérencieux et vachards, façon Charlie ou Desproges, ils tapent juste là où ça fait mal (voir par exemple Docteur Schweitzer). Mais aussi certains ont cette tristesse cruelle (les araignées, la vie en rouge) qui serre le coeur et les rapprochent de l'esprit de l'Ecume des Jours et de l'Arrache-coeur; ils nous rappellent que, comme tous les clowns poétiques, Boris était un désespéré.
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Jubilatoire, c'est le seul mot que je trouve pour qualifier ces Cantilènes en gelée. C'est un livre qui démontre parfaitement le côté exubérant de Vian, ce 'pataphysicien iconoclaste. Vian était plus que cela, mais c'est l'auteur surréaliste qui est mis à l'honneur dans ce recueil, parfois drôle, souvent grivois, mais toujours fin à sa manière.
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Citations et extraits (56) Voir plus Ajouter une citation
CANTATE DES BOÎTES

BOÎTES

Boîte à malice ou boîte à sel
Boîte à huile et boîte à ficelles
Baguier, trousse ou boîtillon
Buste, canastre ou serron
Castre, cassette, carton
Coffret, drageoir, esquipot
Droguier, fourniment, fourreau
Carré, coutelière ou barse
Galon, giberne et grimace
Utricule ou vésicule
Pyxide ou boîte à pilules
Boîte à poudre d'escampette
Boîte à outils, à gâteaux
Boîte à onglet, boîte à lettres
Tabagie, boîte saunière
Boîte avant ou boîte arrière
De vitesses, de lenteur
Boîte à prendre les souris
Tiroir, layette ou trémie
Boîte à buter les facteurs

BOÎTES

On peut tout mettre dans les boîtes
Des cancrelats et des savates
Ou des œufs durs à la tomate
Et des objets compromettants
On peut y mettre aussi des gens
Et même les gens bien vivants
Et intelligents
Oui oui décidément la boîte
Est bien le plus indispensable
Des progrès faits depuis les temps
Que l’on nomme préhistoriques
Faute d’un terme plus subtil
Pour désigner la vague époque
Où le dinosaure dînait
Dans les marais de l’Orénoque
Où le Brontosaure brutal
Broutait des brouets brépugnants
Où le ptérodactyle enfin
Ancêtre extrêmement voisin
Du sténodactyle ordinaire
Ouvrait pareil à Lucifer
Des ailes de vieux cuir de veau
Dans un crépuscule indigo
En faisant claquer ses mâchoires
Pour effrayer nos grands parents.

Différence fondamentale
Avec notre vie d’aujourd’hui
La boîte, messeigneurs, n’existait pas encore.

BOÎTES

Je vous aime toutes, je vous aime
Vous vous suffisez à vous-mêmes
Et jamais ne nous encombrez.

Car pour ranger les BOÎTES
les BOÎTES
les BOÎTES
On les met dans des BOÎTES
Et on peut les garder.
28 mai 1954

p. 111-112-113
Extraits Cantilènes en gelée U. G. E. 1970 Coll.10/18

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LETTRE EN VERS ADRESSÉE A
RAYMOND QUENEAU, SATRAPE,
ALORS À SIENNE, EN TOSCANE

Ne croua pas, rémon, que je voeil
de ton repos trancher le fil
j'aimerais mieux m'arracher l'œil
me plumer l'arbre foeil à foeil
me l'accomoder au cerfoeil
que de nourrir des seins si vil

Les kelques mots formant préface*
évokés par mon écrivoir
et qu'il me plet tant que tu face
puiske ta plume est lace lace
s'ils atendaient que tu rentraces
le mal ne serait pas bien nouar

comme iceux voyageux ilustres
jadis profitèrent de Sienne**
dors en cette cité lacustre
solace t'y sur les balustres
et si des vian te tarabustre
dis-y vatendonvoirsilvienne

il est bon que tu te reposes
car tu as bien galimardé
va déguster des glaces roses
récure bien ta glande à prose
prépare la pour otre chose
et te laisse pas emmardé

Je te dis pas mon cher fratère
de butiner comme une avette
car les jolis hyménoptères
pour litali jamais n'optères
et ces réduits zélicoptères
sont réservés zomonthymette

Mais je te souette cependant
de recueillir sur les chemins
que tu t'en iras regardant
(le nerf scripteur pas trop bandant)
de recueillir à grande dant
le suc de ton bouqu(e) de demin

baurice
Septembre 1952
p.105-106
Extraits Cantilènes en gelée U. G. E. 1970 Coll.10/18

* La préface à laquelle fait référence Boris Vian est celle de Queneau à L’Arrache-cœur . Queneau y affirme notamment : « Boris Vian va devenir Boris Vian ».
** Quant aux activités de Raymond Queneau à Sienne, on peut lire son sonnet « En avril ne te découvre que d'un soleil » :
Il fait beau sous les toits derrière la persienne
Le soleil en fusion en sort tout laminé
Il en était ainsi quand je siestais à Sienne
Ville d'Italie où l'on a très chaud l'été

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ÎLE DESERTE

Les enfants de maintenant
Quand ils on cainze à vaint ans
Ils sont tristes et silencieux
Ils ont peur des vieux vicieux
Ils s'ennuient dans les cafés
Et rien ne leur fait d'effet
Et quand on leur parle bas
D'abord ils ont encore peur
Et puis peu à peu ils s'ouvrent
Et ils osent vous répondre
Et les garçons ils vous disent
Il n'y a pas de travail
On ne peut pas accepter
De travailler que pour manger
Et puis il y aura la guerre
Et on a mal de devoir attendre
Les arbres sont verts avec des yeux tendres
Le soleil est là, et dans cinquante ans
On aura la peau si épaisse
Qu'il ne la traversera plus
Et à quoi bon, à quoi bon
On sera vieux ou bien perclus
Et on n'en profitera plus
Et les filles
Elles n'aiment pas les hommes
Un homme ça peut blesser
Ça peut acheter, salir, ça peut faire un enfant
Il faut travailler, on est si jolies
On va s'abîmer
Les filles laides n'ont pas de problème
Ou tout du moins le problème est résolu
D'autres pensent : les gens qui passent
Ils attendent leur autobus
Comment voulez-vous vivre avec
Des gens qui s'intéressent à l'autobus
Ça ne tient pas debout
Alors, les frères ? On s'en va
Vivre sur une île déserte ?
Il n'y a pas d'île déserte
Mais on peut toujours y croire
Sans engagement de votre part
On va en fabriquer une
Ça, alors, ça simplifie tout
Mais l'île déserte prend l'eau
Car depuis qu'on n'en fait plus
Comme pour les très vieux violons
Le secret s'en est perdu.

p.107-108
Extraits Cantilènes en gelée U. G. E. 1970 Coll.10/18
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RUE WATT*

Lorsque j'y ai zété
Pour la première fois
C'était en février
Mais il faisait pas froid
Les clochards somnolaient
Sur les grilles fumantes
Et les moulins tournaient
Dans la nuit murmurante
J'étais avec Raymond
Qui m'a dit mon colon
II faut que tu constates
Qu'y a rien comme la rue Watt.

Une rue bordée de colonnes
Où y a jamais personne
Y a simplement en l'air
Des voies de chemin d'fer
Où passent des lanternes
Tenues par des gens courts
Qu' ont les talons qui sonnent
Sur ces allées grillées
Sur ces colonnes de fonte
Qui viennent du Parthénon
On l'appelle la rue Watt
Pace que c'est la plus bath.

C'est une rue couverte
C'est une rue ouverte
C'est une rue déserte
Qui remonte aux deux bouts
Des chats décolorés
Filent en prise directe
Sans jamais s'arrêter
Parce qu'il y pleut jamais
Le jour c'est moins joli
Alors on va la nuit
Pour traîner ses savates
Le long de la rue Watt.

Y a des rues dont on cause
Qu'ont pourtant pas grand-chose
Des rues sans caractère
Juste un peu putassières
Mais au bout de Paris
Près d'la gare d'Austerlitz
Vierge et vague et morose
La rue Watt se repose
Un jour j'achèterai
Quelques mètres carrés
Pour planter mes tomates
Là-bas dans la rue Watt.
juillet 1954

p.115-116
Extraits Cantilènes en gelée U. G. E. 1970 Coll.10/18

* Selon la notice Noël Arnaud indique que la rue Watt traverse les voies – qui, parfois, la surplombent – de la gare des marchandises d'Auzterlitz. Exixte-t-elle ? L'endroit est admirablement sinistre. C'est à Raymond Queneau, que Boris Vian dut la révélation de la rue Watt.
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ELLE SERAIT LÀ, SI LOURDE

Elle serait là, si lourde
Avec son ventre de fer
Et ses volants de laiton
Ses tubes d'eau et de fièvre
Elle courrait sur ses rails
Comme la mort à la guerre
Comme l'ombre dans les yeux
Il y a tant de travail
Tant et tant de coups de lime
Tant de peine et de douleurs
Tant de colère et d'ardeur
Et il y a tant d'années
Tant de visions entassées
De volonté ramassée
De blessures et d'orgueils
Métal arraché au sol
Martyrisé par la flamme
Plié, tourmenté, crevé
Tordu en forme de rêve
Il y a la sueur des âges
Enfermée dans cette cage
Dix et cent mille ans d'attente
Et de gaucherie vaincue
S'il restait
Un oiseau
Et une locomotive
Et moi seul dans le désert
Avec l'oiseau et le chose
Et si l'on disait choisis
Que ferais-je, que ferais-je
Il aurait un bec menu
Comme il sied aux conirostres
Deux boutons brillants aux yeux
Un petit ventre dodu
Je le tiendrais dans ma main
Et son cœur battrait si vite...
Tout autour, la fin du monde
En deux cent douze épisodes
Il aurait des plumes grises
Un peu de rouille au bréchet
Et ses fines pattes sèches
Aiguilles gainées de peau
Allons, que garderez-vous
Car il faut que tout périsse
Mais pour vos loyaux services
On vous laisse conserver
Un unique échantillon
Comotive ou zoizillon
Tout reprendre à son début
Tous ces lourds secrets perdus
Toute science abattue
Si je laisse la machine
Mais ses plumes sont si fines
Et son cœur battrait si vite
Que je garderais l'oiseau.

Extraits Cantilènes en gelée U. G. E. 1970 Coll.10/18
p.157-158-159
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Vidéo de Boris Vian
Lecture par Judith ChemlaDans le cadre du cycle de lectures « À voix haute », la comédienne Judith Chemla lit des textes de jeunesse de Boris Vian, dont la nouvelle Les Fourmis qui met en scène de manière grinçante le débarquement en Normandie. C'est l'occasion aussi de découvrir un Boris Vian moins connu à travers ses « ballades » et les lettres à sa mère.Lecture enregistrée le 4 mars 2024 à la BnF I Richelieu.
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