«
L'écume des jours » est une sorte de conte qui raconte une histoire d'amour dans un univers de science-fiction ( ou les anguilles sortent des éviers et les souris ont des mains et aident à la préparer es repas).
Ainsi, Colin rencontre Chloé, en tombe amoureux, et l'épouse. Tout pourrait aller pour le mieux, seulement, rapidement, Chloé tombe malade (d'un nénuphar dans le poumon) et le monde de Colin s'écroule.
Une chose intéressante dans ce roman: la folie qu'a le personnage dénommé Chick, amis de Colin, pour Jean-Sol Partre, le « célèbre philosophe ». Cette obsession le pousse à acquérir tout objet concernant son « idole ». Jusqu'à se ruiner, gaspiller l'argent qui lui a été offert par son ami pour l'aider à épouser la femme qu'il aime, et jusqu'à acheter des manuscrits ou des objets divers ayant appartenu à Partre. Cette obsession lui fera quitter cette femme (ses affaires prenant trop de place, puisqu'il conserve tout de Partre), et se mettre hors la loi en ne payant pas ses impôts, ce qui le tuera.
Une autre particularité m'a plu: dans cet univers surréaliste, la maison de Colin se rétrécit et déchoit à mesure que l'état de santé de Chloé se dégrade et à mesure que ses ressources financières s'amenuisent. Son univers, son monde s'écroule, et cela devient réel : la maison est moins bien éclairée, les meubles deviennent gras, les pièces rapetissent, les tapis sont de moins bonne qualité.
Un autre aspect intéressant : la vision du travail. Colin ne travaille pas, et l'idée qu'il se fait du monde du travail est mauvaise. À raison, puisque les personnages qu'il croise et qui ont un emploi sont soit menteurs soit méprisables. Et il y a une certaine impertinence là-dedans. de plus, un chapitre est consacré au travail de Chick, qui est ingénieur.
Vian y décrit une absurdité terrible, notamment dans la hiérarchie et les conventions sur le lieu de travail.
Enfin, la représentation de la mort est intéressante : la mort est comme anecdotique et de peu d'importance. Les gens meurent à la patinoire ou au travail et personne ne s'en émeut.
J'ai aimé aussi le portrait des membres du clergé, vénales, qui offrent un mariage digne à Colin et Chloé parce qu'ils sont riches et qui bâclent l'enterrement de Chloé parce que Colin est devenu pauvre (jusqu'à lui jeter des pierres pendant la cérémonie et balancer le cercueil par la fenêtre plus que de le descendre par les escaliers).
J'apprends, en cherchant sur le net, que ce roman fut écrit en trois mois. Ce qui ne me surprend pas.
Alors quoi? de grandes libertés et beaucoup d'ironie : oui! On invite, dans les mariages, des pederastes d'honneur. Un religieux se charge de déshabiller les petites filles après la messe. C'est assez drôle et impertinent, cela fait sourire volontiers. Quelques allusions grivoises, ce qui n'est pas déplaisant non plus. Une critique de la société.
On ne peut pas nier que
Vian fut dénué d'imagination, ni affirmer que c'est tout à fait mauvais, mais enfin, ce n'est pas le genre de roman qui me fait exulter.
Et je demande pardon: je réussis mieux mes critiques, sans doute, quand j'ai vraiment aimé le livre.