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sur 18250 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Vian à été et reste l'un de mes auteurs préférés : je me suis toujours délectée de ses fantaisies littéraires, et je m'aperçois en le lisant, quelques trente ans après la première lecture de cette oeuvre grandiose que mon attitude face à ce texte, n'a pas changé, je reste à l'affût du moindre jeu de mot, de la moindre situation cocasse, de la plus petite invention de ce génie du surréalisme, de ce "Picasso littéraire" qui, à l'instar du grand peintre dont la peinture doit être décryptée, interprétée, analysée, ne se prive pas de bousculer les habitudes du lecteur, peut se permettre des extravagances qui ne sont pas données à n'importe quel écrivain qui ne se serait pas réclamé du surréalisme et qui ne serait pas parvenu à cette maîtrise de la langue permettant ces prouesses (...)

Pourquoi j'aime Vian ? je répondrai à cette question par une question : pourquoi j'apprécie tout autant Queneau, Caroll, Italo Calvino : parce que j'aime en les lisant, partir dans un monde ou l'imagination permet tout, les histoires n'ont que faire de la réalité, ou les objets, les animaux ne sont pas différents de nous, ou les mots prennent la valeur qu'on veut bien leur donner.

Que voir dans l'écume des jours ? des représentations Vianesque de la vie, de l'amour, de la mort : le travail est envisagé comme une exploitation des individus et le côté inhumain en est dénoncé, la religion est l'affaire d'hommes cupides qui déploient leur énergie dans le cas du mariage de Chloé et Colin qui dispose de richesses suffisantes pour satisfaire les hommes d'Eglise.
L'amour est envisagé sous des aspects divers : amour incestueux entre Nicolas et Isis, amour platonique voir impossible entre Chick et Alise, Amour avec un grand A entre Colin et Chloé, On peut d'ailleurs y voir un certain pessimisme de Boris Vian puisque cet amour vrai sera détruit par la mort.

La mort : elle est invincible, destructrice, inéluctable, elle vient détruire ce qui est beau, l'atmosphère du roman change lorsqu'elle devient omniprésente et étend son action sur l'environnement : les carreau se ternissent, l'escalier devient de plus en plus étroit, le plafond descend, un personnage se met à vieillir. Elle est aussi envisagée en fonction de la relation que les personnages ont créée entre eux : La mort du quidam de la patinoire,du chef d'orchestre, des libraires ou même de Jean Sol Partre considéré du point de vue d'Alise devient banale et sans intérêt.

Je comprends les personnes qui peuvent avoir des difficultés pour rentrer dans ce genre de roman, le surréalisme, ça passe ou ça casse, il faut chercher au-delà des faits, des descriptions, des fantaisies, je dirais même pour venir à bout d'une telle oeuvre, il faudrait la lire et la relire afin de maîtriser tous ses aspects.
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Que dirait Boris Vian en apprenant que "L'écume des jours" figure désormais parmi les classiques de la littérature française que l'on étudie en classe ? Quelle ironie du sort pour celui qui tenait tant à s'en démarquer !

Replaçons-nous dans le contexte de l'époque. En 1947, "L'écume des jours" tombe comme un ORNI* dans le paysage littéraire : une histoire farfelue mettant en scène des duos amoureux étonnamment modernes pour l'après-guerre, des néologismes à foison et une caricature outrée des structures sociales et des courants de pensée de l'époque. Les personnages évoluent dans une ambiance tour à tour lumineuse ou glauque, mais toujours étrange, selon une chorégraphie aussi imprévisible qu'un solo de jazz.
Certes, ce n'est pas le roman le plus contestataire ni le plus choquant de Boris Vian ; "l'Arrache-Coeur", ou "J'irai cracher sur vos tombes", par exemple, sont en ce sens plus marquants. Ici, l'auteur cultive l'absurde pour lancer diverses piques sur l'organisation du travail, la religion, le pouvoir de l'argent et la société de consommation. Citons pour cela le personnage de Chick, l'ami de Colin : tellement obsédé par son adoration compulsive pour Jean-Sol Partre (l'avatar romanesque de Sartre), il en oublie tout le reste, au grand désespoir de sa fiancée Alise qui n'hésitera pas à se venger dans les grandes largeurs.

Or avec le temps, l'étrangeté des situations a pris une dimension onirique et le vernis de rébellion s'est écaillé au profit d'une poignante histoire d'amour et d'amitié. Ce thème universel a créé la légende du roman, suscitant par la suite l'engouement croissant des lecteurs. Car ce dont on se souvient toujours, même des années après la lecture, c'est bien que Colin aime Chloé, et réciproquement !
On ne peut qu'être touché par ce premier amour, pur, débordant et malheureux, car ravagé par la maladie et la présence oppressante de la mort. le nénuphar qui dévore les poumons de Chloé étouffe en même temps leur bonheur. Colin se ruine pour acheter les fleurs censées la soigner, tandis que le chagrin rétrécit et assombrit inexorablement leur logement. Les adolescents se reconnaîtront dans ce parcours initiatique qui mène à l'âge adulte, à ses responsabilités et à ses drames face à la cruauté de l'existence.

Comme un fauve qui se laisse apprivoiser, ce roman fantasque est ainsi devenu un classique malgré lui. Joliment rééditée en poche pour quelques "doublezons", cette Love Story extravangardiste** n'a pas fini de remuer ses lecteurs.

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(*) Objet Romanesque Non Identifié
(**) Extravagante et avant-gardiste
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L' Écume des jours m' a marqué pour toujours.
Encore aujourd'hui, je suis avec Colin et Chloé dans une histoire d'amour qui tourne mal..
Je remet toujours à demain, le moment de rouvrir le superbe écrin des mots qu'est ce livre.
Oui. J'ai lu L'écume des jours à vingt ans et ne m'en suis pas "remis".
Et je n'ai pas envie de m'en remettre, comprenez-vous?
Ainsi sont, pour moi, ces livres qui touchent profondément l'âme: je crains qu'une seconde lecture n'en fane le souvenir, n'en efface irrémédiablement la fragrance subtile.
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Les plats exquis de Nicolas laissent un arrière-goût d'amertume et les jours se suivent et deviennent écumeux dans une atmosphère marécageuse où les objets changent et les lieux étouffent. Rien ne dure jamais dans cette vie précaire où toute initiative devient absurde.

Dans "L'écume des jours", tout se passe comme dans un rêve, un très beau rêve presque réaliste qui tourne en cauchemar surnaturel. La vie paisible de Colin, héros sans qualité spécial, avec son cuisinier habile, disciple de Gouffé, sera bouleversée le jour où il décide de tomber amoureux et de chercher une femme. Il quitte son paradis et retombe sur terre où il doit travailler. Or, travailler fatigue, asservit, humilie l'homme dans une société où l'argent (les doublezons) règne en maître. Il fait tout cela par amour pour Chloé.

Pour son ami Chick, la vie ne vaut rien sans Jean-Sol Partre. Son amour obsessionnel pour cet auteur prolifique est plus fort que son amour pour cette pauvre fille Alise, qui accepte son existence misérable aux côtés de cet homme sans ambition et sans avenir, qui la néglige. Seul demeure cette relation charnelle qui vient sans que personne ne l'encourage ou l'assume entre Nicolas et Isis.

"Les choses ont une vie bien à elles", avait dit Garcia Marquez, ici les lieux reflètent l'état d'âme de leurs habitants. de son côté, la souris compatit avec Colin plus que les êtres humains ; ces directeurs, ces employeurs ou ces religieux et fossoyeurs.

Avec "L'écume des jours", Boris Vian a écrit l'un des romans les plus originaux du XXème siècle.
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Colin est un jeune homme heureux, il possède assez de doublezons pour ne pas avoir à travailler, il ne lui manque que de tomber amoureux. Il rencontre la délicieuse Chloé, tombe amoureux. Ils se marient. Hélas ! la santé de celle-ci se dégrade.
Le début du livre serait enchanteur, avec la souris grise à moustaches noires, qui vit chez Colin, si en arrière-plan, le monde de Colin ne paraissait pas déjà angoissant.
L'écume des jours est un livre inclassable et il faut accepter l'univers dépeint par Boris Vian.
Il y a tant de choses dans ce livre, qu'il est difficile de ne pas trouver un thème touche, que ce soit l'histoire d'amour tragique de Chloé et Colin, l'amitié sincère (Nicolas et Colin) ou intéressée (Chick et Colin), les références au jazz et j'en passe (tous les thèmes ne m'ont pas touchée).
Bien que le livre ait été écrit en quelques semaines, j'ai savouré chaque ligne. Une relecture plaisir.

Lien : https://dequoilire.com/lecum..
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Colin est riche , bien entouré mais voilà, il lui manque l'essentiel , l'Amour. Chloé va combler ce vide et embellir la vie de Colin.

Quel livre ! On aime , on déteste mais peut on rester indifférent ?
L'univers , autant précurseur qu'onirique, les néologismes , les animaux plus humains que bêtes, le nom des lieux , emprunté à des jazzmen encore vivants, tout pousse à l'oeuvre singulière.
Ici les murs se rétrécissent ou changent de formes suivant les humeurs , les pommiers deviennent des fractales , les carreaux repoussent et les routes sont meubles . Tim Burton aurait il été inspiré ?
Mais au delà de l'univers et du style , remarquables, que dire de cette fabuleuse histoire d'Amour, où tout est sacrifié, tout est renié pour entretenir la flamme . L'amour comme seul survivant d'une société qui n'accorde que peu d'importance à la vie d'un Homme, où le matérialisme l'emporte et où le travail n'est que corvée et permet d'asservir un peuple malléable . le métier d'ingénieur, exercé par Boris Vian , est ardemment dévalorisé.
Et que dire de Jean Sol Partre ? Idéalisé, adulé telle une rock star au zénith de sa carrière, il sert de support "aux placements d'idées de l'auteur".
La langue est magnifique , les néologismes astucieux , l'écume des jours nous transporte dans un tourbillon de mots, de couleurs, de sentiments, mais aussi de critiques étourdissant
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L'écume des jours m'attendait depuis un bon moment dans ma pile à lire, et j'ai l'impression qu'il aurait pu attendre encore longtemps sans la sortie du film de Gondry (que j'ai trouvé très bon par ailleurs, contrairement au reste du monde si j'en crois les critiques).

L'histoire est assez simple : Colin et Chick sont deux amis. Colin est riche, Chick se ruine en oeuvres de Jean-Sol Partre, le célèbre philosophe. Dans un meeting, Chick rencontre Alise. Jaloux de leur amour, Colin essaie lui aussi de tomber amoureux... et rencontre Chloé. Si le mariage se passe au mieux, Chloé tombe malade pendant la lune de miel. S'engage un combat perdu d'avance dans lequel le couple jettera toutes ses forces.

Si j'ai parfois une fâcheuse tendance à lire en diagonale (je plaide coupable et je me soigne), impossible ici, ça serait du gâchis ! Sous chaque phrase se cache une pépite : on passe du poétique à l'humour absurde, du rêve aux vérités cruellement assénées. La fin est particulièrement terrible à lire. L'écume des jours est un roman qui ne s'oubliera pas facilement !
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Dur d'écrire quelque chose sur ce bouquin, de par le nombre de critiques déjà publiées et le nombre de personnes qui ont lu ce roman, mais également à cause de cette atmosphère étrange et déjantée. Je ferai tout simple et tout court pour ma critique : J'AI ADORÉ !!! Un p'tit chef-d'oeuvre d'absurde qui raconte une incroyable histoire d'amour, mais qui met également en avant-scène une belle histoire d'amitié. Et l'écriture de Vian est une fois de plus riche en images loufoques, débordant d'imagination, simple et très fluide. Comme j'aurais aimé avoir sa tête, bien que ça ne doit pas être tous les jours facile d'avoir autant d'idées saugrenues. Bref, à lire et à relire…
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La première fois que je l'ai lu c'est par curiosité,je devais avoir 12 ans quand je l'ai piqué dans la bibliothèque de ma maman.A l'époque je n'ai pas tout compris et je ne l'avais pas trop aimé.
Relu à 17 ans quand j'étais lycéenne,tout ce que j'ai à dire c'est un grand,un immense Mea Culpa.
Effectivement ce livre est un bijou,avec quelques années de plus j'ai pu appréhender son univers qui est fantastique.Ce mélange de rêve avec les tourments de la réalité est extrêmement touchant.
Ces amours qui virent au drame dans ce monde merveilleux m'a pris aux tripes,c'est peut-être cette oeuvre qui a renforcé ma personnalité de grande sentimentale.
J'ajouterai qu'il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis et cette relecture m'a permis de comprendre que j'avais eu tout faux dans mes premières impressions.A lire et à relire c'est un grand roman!
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Je ne connaissais Vian que par ses chansons, le Déserteur, Complainte du progrès ou On n'est pas là pour se faire engueuler. J'appréciais l'inventivité, l'humour mais j'avais du mal à imaginer ce que ça pourrait donner en roman.

J'avais raison, c'était inimaginable. J'ai d'abord été saisi de peur en retrouvant un démarrage dans le style de Jarry et de son Ubu Roi, où on a du mal à trouver du sens à l'absurde de certaines propositions. Et puis tout se met en place, l'univers devient presque logique dans son absurdité. On en comprend les règles ou en tout cas on accepte leur côté farfelu qui confine à une absence de règles. Au détour d'une page, la poésie nous cueille sans qu'on l'ait vu venir, le rire nous saisit et fait mouche et sans l'avoir décidé, on se retrouve à s'attacher à des personnages qui finissent par nous ressembler dans leur fantaisie baroque. Qui n'a pas fait des choses stupides pour conjurer le sort (les tics de superstition de Colin avec les lignes ou la conjugaison) ?

Le livre n'est pas exempt de critiques acerbes de notre société, Vian y fait preuve de multitudes d'anti (anti-capitalisme-militarisme-cléricalisme-sartrisme), la satire fait souvent mouche même si elle est parfois un peu daté (les références de l'époque m'ont à quelques occasions manqué.). Dans le même ordre d'idée, les références au jazz ont eu un goût d'élitisme pour un néophyte comme moi... mais c'est sans doute plus dû à mon inculture qu'à un travers de l'auteur.

Et Vian nous invite ainsi dans son univers, nous fait rentrer sous son crâne où tout bouillonne d'inventivité. Et quand il nous a bien diverti, il nous cueille dans l'émotion. J'ai fini le livre la boule au ventre comme rarement cela m'est arrivé avec un autre ouvrage. le voyage dans la gamme des émotions est donc complet, le cocktail composé par le piano de Vian multiplie tellement les saveurs qu'il nous laisse avec une certaine ivresse... J'espère éviter la gueule de bois du lendemain.
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