Au bout du rouleau. Fatigués. Découragés.
Lui, c'est Thibaut, médecin d'urgence qu'on appelle à domicile, comme SOS médecins.
Elle, c'est Mathilde, cadre dans une société de publicité où elle a des projets à monter, à défendre, à mettre en oeuvre.
Ils ne se connaissent pas, n'évoluent pas du tout dans les mêmes sphères. Pourtant, ils connaissent tous les deux des moments d'absolue solitude, au point de renoncer. Il n'en peut plus de monter les étages d'immeubles glauques ou juste moyens, de venir en aide à des patients qui l'utilisent comme médecin de ville, au point qu'il finit par en connaître très bien quelques-uns. Sa vie sentimentale est un désert, ses projets au-dessous du minimum vital.
Elle, elle a eu le malheur de contredire devant un client son chef hiérarchique qui depuis essaie de la rayer des cadres de l'entreprise, littéralement. Il la « gomme » de tous projets, éloignent d'elle ses collègues et finit par la faire reléguer dans un cagibi près des toilettes où elle tue le temps à écouter les bruits de chasse d'eau. C'est
Amélie Nothomb sans l'humour, car elle, elle en crève. le fonctionnement du harcèlement au travail est effrayant, Mathilde semble broyée par la machine de dénigrement lancée contre elle. L'espoir, à peine suggéré, qu'un syndicat pourrait la défendre semble bien faible.
Ces deux trajectoires se ressemblent un peu, se distancient, se croisent à peine sur un quai de métro.
C'est la vie de tous les jours, dans un Paris morose, grisâtre où le rire et l'espoir d'un mieux – être sont cruellement absents.
L'écriture à la fois précise et douce, d'un délié agréable, fait pourtant de ce roman un moment de plaisir.