Un livre pas toujours très facile d'accès mais qui fait tellement du bien. « La philosophie du peu le risque d'être heureux », avec un tel nom si percutant, cela était déjà très prometteur.
Au fil des pages, on découvre un ouvrage si bien écrit, parfois même de façon très poétique. Et derrière les mots, la philosophie de vie de son auteur, un homme vraiment très positif qui admire les choses simples, pour qui tout est source d'émerveillement... . Si je n'ai pas vraiment eu l'impression de découvrir de nombreuses choses question bonheur à proprement parlé (mais peut-être n'est-ce juste car ce sont des choses qui personnellement me parle), j'ai aimé découvrir cet ouvrage remettant en question de nombreuses choses tout comme j'ai adoré suivre sa vision de la vie et du bonheur, que je partage totalement !
Au travers de son analyse, de sa vision et de nombreuses références (c'est vraiment quelque chose que j'ai beaucoup apprécié - il donne vraiment envie d'en apprendre davantage sur plein de sujets, à propos des thèses de nombreux philosophes...), l'auteur décortique le bonheur. Il met ainsi en avant les petits bonheurs de la vie, le bonheur d'apprécier les choses simples, l'admiration... et puis surtout le fait que le bonheur est avant tout un état d'esprit – au bout d'un moment il faut aussi le vouloir !
Dans cette philosophie du peu, il cherche donc à remettre les choses à leurs places : « " peu" ne signifie "démunie" qu'aux yeux d'un concert purement cumulatif » – « rareté n'est pas misère, modicité n'est pas malheur » Opposant ainsi cela au suffisant, à l'essentiel ... .
A travers l'illustration de l'enfant - qui est curieux de tout ; alors qu'il a tout à découvrir, il s'émerveille de tout... – il nous invite à nous rendre compte que le bonheur est à portée de main.
De chapitre en chapitre, de nombreux points sont ainsi abordés, décryptant les "fuites"... de l'humain et nous invitant à retrouver l'essentiel pour être heureux : notre « âme d'enfant », se rendre compte de tout ce qu'il y a de fascinant dans tout ce qui nous entoure, être curieux, admirer, découvrir, apprendre... (et non posséder – parmi ses nombreuses analyses,
Arnaud Villani revient évidemment sur ce besoin inventé de l'homme moderne de tomber dans le matérialisme), vivre en harmonie avec la nature et avec les autres, développer son esprit critique, l'art et la culture, être sursensible, ne pas se juger inférieur et oser entreprendre... .
Pour
Arnaud Villani, le bonheur ne serait pas non plus un état perpétuel de joie, les petits malheurs sont nécessaires pour constater les petits bonheurs. de plus, le bonheur serait bien plus que la joie : "Le bonheur n'est pas la joie diront les doctes. Car la joie est ponctuelle, le bonheur un sentiment de fond, l'assiette de la vie".
Le bonheur, pour l'auteur, ce n'est pas non plus l'arrivée, mais aussi savourer tous les chemins menant à nos plus beaux « projets », très joliment illustré par ces quelques phrases : "Être heureux, c'est sentir le non-mien, la distance à parcourir entre moi et moi. Bonheur de nos trajets vers le Berry aux charrettes chargées de foin."
Je finirai cette critique, qui je l'espère vous donnera envie de découvrir par vous-même cet ouvrage, par une citation de
Sénèque que je trouve très belle, faite par
Arnaud Villani : "Quand la route conduit à l'opposé, notre rapidité même augmente la distance".