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Un beau roman autobiographique fouillant les méandres de la conscience et de l'inconscience d'une enfant adoptée, de sa résilience, mais surtout une évocation d'une éducation dans une famille adoptive dysfonctionnelle qui fait froid dans le dos.
Le livre écrit avec humour et sincérité se laisse dévorer.
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C'est l'histoire de Jeanette adoptée par les Winterson. A certains égards, Mrs Winterson rappelle Folcoche: elle est cruelle et revêche. Elle ne dispense aucun amour, aucune tendresse à ses proches. Elle fait vivre une vie infernale à Jeanette, faite de privations. Les livres sont interdits; ils ne doivent pas corrompre son esprit. Elle la prive d'instants heureux. Elle finit même pas lui assener « Pourquoi être heureux quand on peut être normal » quand sa fille évoque la possibilité d'être heureuse avec une compagne. Elle est obsédée par la fin du monde (elle est pentecôtiste), la foi est la seule voie possible et la Bible est l'autorité suprême.

C'est l'histoire de Jeanette qui s'émancipe, apprend seule, fait ses propres expériences (souvent douloureuses) et gagne sa liberté.



« J'ai eu besoin des mots parce que les familles malheureuses sont des conspirations du silence. »

« La fiction et la poésie sont des médicaments, des remèdes. Elles guérissent l'entaille pratiquée par la réalité sur l'imagination. »

« Il m'a fallu beaucoup de temps pour comprendre qu'il existe deux types d'écriture; celle que l'on écrit et celle qui nous écrit. Celle qui nous écrit est dangereuse. Nous allons là où ne nous voulons pas aller. Nous regardons où nous ne voulons pas regarder. »

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Jeanette WINTERSON est une romancière britannique qui a connu un vrai succès de librairie en 1985 avec « Les oranges ne sont pas les seuls fruits ». Et la voici qui récidive quelques vingt ans plus tard avec « Pourquoi être heureux quand on peut être normal », C'est comme si elle reprenait le cours de son récit sur la réinterprétation de son enfance de gamine adoptée et élevée dans une famille où la religion rythmait chaque instant du quotidien, condamnant ses premiers émois homosexuels. Ces nombreux thèmes déjà abordés dans ses précédents livres lui ont permis de se poser en Angleterre comme une ardente combattante de la cause féministe et les milieux littéraires gays en ont fait leur égérie.
Encore plus que les anecdotes dévoilées sur la bigoterie de sa mère, son éducation spartiate et sa rugosité, ce que je retiens de cet auteur et de son dernier roman, c'est le ton qu'elle utilise pour écrire. En effet j'y ai trouvé, pour mon plus grand bonheur, un savant mélange duquel se dégageait un zeste d'humour, une pincée de piquant, un soupçon d'attendrissement, une rasade de fraicheur naïve et une lampée de nostalgie, le tout fouetté, à souhait, ne laissant qu'une impression de légèreté.
Quelle belle prouesse littéraire !
Incontestablement, les épreuves traversées pendant l'enfance ont permis à Jeanette WINTERSON de trouver cette juste distance dans le déroulé réinventé de ses récits. Elle pourrait faire sienne la citation du 10 juin 1891 qu'André Gide a couché dans son Journal « C'est mon enfance solitaire et rechignée qui m'a fait ce que je suis. »
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Jeanette écrit à la façon des petits papiers qu'il reste des livres que sa mère adoptive a fait brûler. Croyante convaincue, il ne devait y avoir dans sa maison que la Bible. Alors quand Jeanette introduit de la littérature anglaise, sa mère, Mrs W, décide de les brûler. Il n'en restera que des bouts de récits divers.

L'auteure écrit comme ceci, c'est à dire qu'il ne faut pas attendre une narration rectiligne. Elle élipse, revient sur un épisode, coupe ses paragraphes pour ne pas avoir à les finir.

Au départ, le récit tourne un peu en rond autour de son précédent roman (que je n'ai pas lu) "Les oranges ne sont pas les seuls fruits" qui a connu un immense succès en Angleterre. Puis l'auteure arrive à prendre le large, et le livre reprend souffle. Ouf....

Je ne suis malgré tout pas convaincue par ce roman. A cause essentiellement de sa forme.

L'image que je retiendrai :

Celle d'une petite fille obligée de dormir sur le pas de la porte, la nuit.

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Ce serait un drôle de cadeau de fête des mères ce Pourquoi être heureux quand on peut être normal ? Jeanette Winterson, figure du féminisme anglais, y conte sa jeunesse tourmentée au contact de sa mère adoptive, Mrs Winterson. Une mère inoubliable pour Jeannette, qui dut se construire contre cette femme accablée de névroses, et inoubliable pour le lecteur. Jeanette brosse le portrait d'une Mrs Winterson-mère en géante recluse dans sa maisonnette de la banlieue de Manchester, qui noie son malheur dans les invectives apocalyptiques, bigote jusqu'à en effrayer les mormons, qui passe toute la nuit debout à cuisiner et lire la bible pour éviter le lit conjugal.

Mrs Winterson-mère fera exorciser Jeanette lorsqu'elle la soupçonnera d'homosexualité et immolera ses livres dans l'arrière cour de la maison. Qui a vu l'autodafé de sa bibliothèque personnelle est peut-être plus enclin que quiconque à en mesurer la valeur, à les éprouver comme un prolongement de soi, une concrétion de son âme. Car c'est un livre sur le salut trouvé grâce aux livres. Les livres, non pas comme un refuge hors du monde, any where out of the world, mais comme des rencontres qui nous aident y trouver notre place, à y creuser notre sillon. « La poésie(…) une fois apprise vous pouvez vous en servir comme d'une lumière ou d'un laser. Elle fait émerger clairement la situation dans laquelle vous vous trouvez et vous aide à la dépasser ». Jeanette s'attèle à la tâche en ratissant la bibliothèque municipale, elle lit pour se constituer un foyer : « Ne sachant quoi lire, j'ai suivi l'alphabet. Dieu merci, elle s'appelait Austen ».

Pourquoi être Heureux… est un livre bouillonnant de désir, plein de l'exigence la plus haute : réaliser ce que l'on est en s'affranchissant de son lieu de naissance, de sa classe et de la moraline de son époque. Pour Jeannette, ce sera l'amour des femmes et des mots. Elle se tourne vers la poésie, elle qui grandit dans l'intérieur de Mrs Winterson tapissé de sentences bibliques d'un Dieu jaloux : « Ne t'attarde pas aux affaires du seigneur. Ne demande pas pour qui sonne la cloche », elle qui pouvait lire sur la porte des toilettes «Il fera fondre tes entrailles telles de la cire ».

Pourquoi être Heureux… regorge de ces méditations brèves et justes sur le rôle de la littérature. Récit d'une illumination en lisant T.S.Eliot : « Une vie difficile a besoin d'un langage difficile -et c'est ce qu'offre la poésie. C'est ce que propose la littérature-un langage assez puissant pour la décrire. Ce n'est pas un lieu où se cacher, c'est un lieu de découverte. ».

C'est le livre d'un bonheur arraché de haute lutte, conquis sur les normes sociales, sur les pentecôtistes de Manchester et sur les pédants d'Oxford : « vous êtes notre expérience ouvrière » dira son directeur d'études lors du discours inaugural dans le college oxfordien de Sainte Catherine. Il faudrait dire aussi ce tour de force d'une femme accomplie : ne pas en vouloir à cette mère qui était « son propre trou noir ».




Fabien LACOSTE

Lien : http://bit.ly/1f3VzLb
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Roman autobiographique, Jeanette Winterson raconte, dans un style percutant et souvent drôle, sa vie d'enfant adoptée, donc abandonnée et mal aimée par une mère à moitié folle.

La famille Winterson se compose d'un père qui fuit tous les conflits, d'une mère qui est à la recherche d'un Dieu vengeur et qui déteste par-dessus tout le plaisir, et de cette petite Janette qui réagit par la colère aux souffrances qu'on lui impose.

Le récit n'est absolument pas larmoyant, même quand il décrit les nuits passées dehors, par la petite fille de 8 ans, assise sur les marches de la maison.

Elle est sauvée par la colère qui l'habite et ensuite par les livres, ceux qu'elle lira et ceux qu'elle écrira.

J ai beaucoup apprécié la peinture des milieux ouvriers de Manchester, les dures réalités de la pauvreté mais également les formes d'entraides qui existaient et qui n'existent sans doute plus.

Janette, préfèrera les femmes aux hommes et sa folle dingue de mère lui fera subir un exorcisme pour ramener la brebis galeuse dans le droit chemin, le jour où elle surprendra sa fille dans les bras d'une amie.

Il y a des moments où j ai beaucoup ri , comme lorsque adulte elle vient à Noël voir sa famille avec une amie noire , Madame Winterson en bonne missionnaire chrétienne s'efforce d'accueillir cette jeune femme à qui elle fait manger des ananas à tous les repas car elle pense que c'est la nourriture préférée des noirs…

La fin du roman décrit la rencontre avec sa famille biologique. Ce n'est pas le happy-end , mais cela fera du bien à l'écrivaine narratrice d'enfin savoir qui est sa mère . Elle nous décrit une dispute avec sa mère qui critique sa mère adoptive ;

Elle répond ce qui me semble très juste, que Madame Winterson était là et que si elle était un monstre, c'est son monstre à elle et qu'elle seule a le droit d'en dire du mal.

Durant la quête de sa famille biologique elle traversera une dépression terrible dont elle ne sortira que grâce à l'écriture.



Beau texte, on a vraiment envie de lui dire : « Bravo » Jeanette Winterson de vous en être si bien sortie ! »
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C'est d'abord le titre qui m'a poussé vers ce roman. La normalité érigée en vertu présidentielle n'a rien à voir avec cette attraction pour le titre. Non, mais prétendre à la normalité quand on estime que le bonheur est peut-être trop éloigné du possible, peut s'avérer être une placidité adéquate au un monde difficile dans lequel nous évoluons.

Ce n'est pas, à proprement parler, l'objet de ce roman autobiographique. Il évoque Jeanette Winterson elle-même, son enfance de petite fille adoptée par un couple où la mère sans l'être reste l'Etre humain le plus marquant. Cet auteur qui, tout en se construisant en contre, mesure à quel point cette marâtre aura été à la source de sa passion littéraire, de sa capacité à résister et à se battre pour choisir elle-même les contours de son avenir devenu présent. C'est ce rapport tendu et conflictuel parfois, sans pourtant nier une tendresse filiale qui se révèlera clairement quand la narratrice reprendra contact avec sa génitrice.
Cette mère adoptive, Jeanette lui doit beaucoup. Tout ? Je n'aurai pas cette affirmation, mais même l'identité sexuelle de l'auteur n'est pas parfaitement déconnectée de cette relation.
Mené avec un humour britannique délicieux, ce roman nous emmène dans l'intime de l'auteur mais nous y conduit aussi par la passion du lire et du livre qui guide celles et ceux qui pratiquent cet exercice de la critique.

Un très bon moment de littérature qui invite à découvrir ce qui fit le renom de l'auteur, un roman à l'autre titre troublant : « Les oranges ne sont pas les seuls fruits ». Tout un programme.

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La mère adoptive est dépersonnalisée, sous la forme de « Mrs Winterson », sans prénom… Fanatique religieuse d'un groupuscule chrétien, elle soumet sa fille adoptive à des sévices que ne renieraient pas les Talibans: interdiction de la lecture, autodafé des rares livres de poche que la fillette avait réussi à acheter et à cacher sous son matelas, séance d'exorcisme hallucinante pour la « guérir » de ses penchants pervers (adolescente, elle a eu le malheur de tomber amoureuse d'une camarade de classe). Et pourtant, Jeanette Winterson semble estimer que son enfance lui a permis de se forger son avenir, appris très tôt à se débrouiller toute seule (combien a-t-elle passé de nuits dehors, punie et interdite de rentrer à la maison?), la professeure qui l'a recueillie alors qu'elle avait élue domicile dans une épave l'a aidée à entrer à Oxford, même si au final, elle y est entrée non par concours mais pour une expérimentation sur l'intégration de jeunes défavorisés (ça rappelle l'expérience récente de Science Po Paris). La deuxième partie du livre, avec la dépression et la recherche de la mère biologique, est plus classique. Un livre à découvrir…
Lien : http://vdujardin.com/blog/ar..
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Jeannette Winterson, célèbre auteur des Oranges ne sont pas les seuls fruits, revient dans cet ouvrage sur son enfance à Manchester, son adoption par des pentecôtistes, et ce qui l'a sauvée : les livres…

Cette autobiographie n'est pas un texte facile ni plaisant, à l'image de son titre, à la fois ironique et douloureux. Jeannette Winterson elle-même ne cherche pas à se présenter sous un jour particulièrement aimable. Son texte n'a rien de larmoyant ou de victorieux. Elle y analyse le combat qu'a été sa vie, de manière peu linéaire, mais avec un style magnifique. Elle revient par bribes, avec de nombreuses ellipses, sur des évènements importants de sa vie, comme sa première histoire d'amour. Ce livre constitue ainsi, par exemple, une superbe déclaration d'amour à la littérature, avec de multiples citations de Dickinson, Coleridge, T. S. Eliot… C'est aussi une leçon de vie, qui évite les discours haineux et le pathos, alors que certaines scènes décrites auraient pu aisément y faire sombrer l'auteure.

Pourquoi être heureux quand on peut être normal ? est un livre dur. Très maîtrisé, malgré son aspect un peu bordélique. Bouleversant.
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Contrairement à mon idée l'essence du livre ne tient pas uniquement dans cetitre qui n'enfinit pas.
Si peu de temps après la lecture de @Morwenna, fictive, je ne m'attendais pas à feuilleter celle de Jeanette similaire sur au moins une chose, le pouvoir salvateur des livres.
La narratrice réussit à donner de l'envergure à son récit en y intégrant le quotidien d'une petite ville ouvrière anglaise, coincée entre deux époques: une adoption ratée au beau milieu du 20ème siècle, dans une famille plus que modeste mais tellement "normale" ! Alors comment grandir, apprendre, aimer et surtout se construire?
Bien qu'elle écrive que la rage l'habite, je n'ai pas ressentie d'animosité incontrôlable à l'égard de ces parents adoptifs, ni plus ni moins que les griefs de chacun de nous envers nos géniteurs. Par contre, cette soif de choisir sa voie, sa vie, est remarquable.
Peut être lirais-je plus tard Les Oranges.
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Ma mère n'avait pas d'opinions nuancées. Il y avait ses amis et ses ennemis. Ses ennemis étaient: le Diable (sous toutes ses formes), les Voisins d'à côté, le sexe (sous toutes ses formes), les limaces. Ses amis étaient: Dieu, notre chienne, tante Madge, les romans de Charlotte Brontë, les granulés anti-limaces, et moi, au début.

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