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3,82

sur 742 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La science a réalisé son but suprême : le bonheur a été mis en équation, toutes les variables sont connues et, mieux encore, contrôlables. La population peut enfin s'épanouir en suivant à la lettre les strictes règles de vie qui leur garantiront un bien-être inégalé dans l'Histoire. Bien sûr, pour atteindre ce noble objectif, il a bien fallu supprimer quelques libertés fondamentales, mais enfin, permettre à quelqu'un de faire des erreurs dans ses choix ce n'est quand même pas très gentil, puis on a rien sans rien.

D-503 s'épanouit comme un poisson dans l'eau dans ce système. Scientifique de renom, et constructeur de l'Intégrale, navette spatiale qui va pouvoir exporter de gré ou de force le bonheur sur toutes les planètes, il ne peut que se féliciter d'avoir pu vivre une telle époque. Et pourtant, une femme rencontrée par hasard va lui mettre des idées étranges dans la tête : des idées de possession et de jalousie (« elle est à moi »), et, pire encore, l'impression d'être un individu à part entière, et pas seulement un composant quelconque d'une mécanique parfaite.

Le roman est le fondateur du genre de la dystopie, et quand on a lu quelques uns de ses successeurs, on repère immédiatement les jalons que l'auteur avait déjà posés ici. Pourtant, je trouvais pendant ma lecture qu'il manquait une composante essentielle, et il m'a fallu quelques jours de réflexion pour mettre finalement le doigt dessus : il n'y a personne pour incarner véritablement ce système oppressant (sauf à la toute fin, mais c'est déjà trop tard). Tous les protagonistes qu'on nous présente sont déjà anti-système à leur manière, et la structure toute entière nous apparaît déjà comme fragile, pleine de fissures, et assez vulnérable finalement, puisqu'inconsciente de sa propre faiblesse. À aucun moment, on ne ressent ce poids écrasant du pouvoir sûr de lui et omniscient, comme Orwell a magistralement réussi à le décrire.

Le roman de Zamiatine s'achève ainsi sur une note d'espoir beaucoup plus optimiste que 1984. Pour autant, même si je salue cette pierre fondatrice du genre de la dystopie et que je suis admiratif d'avoir pu écrire un tel livre dès les années 20, je lui préfère tout de même ses successeurs.
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C'est un roman russe des années 1920, interdit, qui verra des traductions indirectes, et qui sera traduit à partir de sa langue d'origine… un siècle après ! en 2017. Et que l'on redécouvre en librairie.
"Nous autres" se situe dans un futur dystopique. La société est sous contrôle total et son mode de fonctionnement est basé sur les principes du Bonheur, le "Bien-Être Unitaire », une recette qui exclut la liberté individuelle.
Les individus sont numérotés. Une numérotation que l'auteur emprunte à sa propre expérience professionnelle dans les chantiers navals. Ils vivent dans un état de conformité totale aux principes érigés par le gouvernement.
Nous découvrons le journal intime du héros, identifié comme D-503, travaille sur la construction d'une construction spatiale qui a pour cible de convertir les civilisations extraterrestres au Bonheur.
On ne s'étonnera pas de cette mission, ce thème des civilisations extra-terrestres, de conquête de l'univers qui était très à la mode au début du siècle en Russie, y compris sous l'ère soviétique. le livre de Michel Etchaninoff « Lénine a marché sur la Lune » est très instructif sur ces aspects et donne un éclairage étonnant sur les convictions à l'honneur.
Le héros rencontre une femme, I-330, rebelle, énigmatique qui le pousse à remettre en question la société dans laquelle il vit.
Dans ce livre, l'auteur, Evgueni Zamiatine, développe une critique acerbe et sans concession des régimes totalitaires et de l'oppression sociale qui en résulte.
Il va plus loin et explique que l'individu est alors en danger : il perd, sous cette mise sous contrôle, ses émotions, dans la nécessité de survivre et de se conformer au moule standard imposé. Ce n'est plus un individu.
Et c'est cette recherche de l'individualité à travers son éveil progressif à la liberté qui se dessine dans l'évolution de la psychologie du héros.
Ces thèmes ; on les retrouve dans des oeuvres – postérieures- le « Meilleur des mondes » d'Huxley, « 1984 » d'Orwell et sur le rôle de la femme qui pousse à la remise en question « Farenheit 451 » de Bradbury.
Un livre vraiment intéressant !
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D-503, mathématicien de l'État Unitaire, rédige son journal qui prendra place dans l'Intégrale, « machine électrique de verre qui souffle le feu » dont il est le Constructeur, aux côtés d'autres oeuvres témoignant de la « vie mathématiquement parfaite de l'État Unitaire » pour « soumettre au joug bienfaisant de la raison des êtres inconnus qui habitent d'autres planète », pour « les obliger à être heureux ».
(...)
Evgueni Zamiatine écrit ce roman dystopique en 1920. Interdit de publication en URSS, il préférera s'exiler. On y reconnait bien entendu des ingrédients du « Meilleurs des Mondes » d'Aldous Huxley et plus encore de « 1984 » de Georges Orwell qu'il a sans aucun doute inspirés. Moins réputé, il n'est pourtant pas moins intéressant et tout aussi efficace.


Article complet en suivant le lien.
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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En gardant à l'esprit que ces notes ont été écrites par ce qui se rapproche le plus d'une machine sans vraiment en être une, je n'ai pas pu m'empêcher de m'émerveiller à la rencontre des rares métaphores subtiles, délicates et soyeuses qui font irruption sous nos yeux de lecteurs illuminant, quoique rarement, le récit de notre narrateur. Sa descente dans l'horreur de la "maladie" est accompagnée d'une métamorphose profonde du style littéraire de son carnet. Il vit une aliénation et un dépaysement qui affecte sa perception de tout ce qui l'entoure et fait surgir son côté poétique, sentimental et émotionnel qui bien sûr n'a pu voir le jour qu'en succédant à l'apparition soudaine de sa maladie.
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Imaginez un monde au bonheur parfait. Un monde où chacun effectue les mêmes gestes à la même heure, taylorisme de l'extrême. Un monde dans lequel l'imagination même peut-être abolie.

Bienvenue dans l'Etat unique, dirigée par le Bienfaiteur. Société futuriste née sur les cendres d'un cataclysme, précurseur du meilleur des mondes d'Aldous Huxley ou du Big Brother de George Orwell.

D-503 est constructeur de l'Intégral, un engin destiné à aller porter la bonne parole aux habitants d'autres planètes.

Mais le ver est dans la pomme car D-503 commence un journal intime, s'interrogeant sur ce monde qui l'entoure, devenant ainsi dangereux dans cette État unique où la pensée doit être normée.

Ce roman écrit en 1920 par Eugène Zamiatine dénonce la recherche du bonheur au détriment de la liberté.

Si à cette époque, le totalitarisme stalinien n'avait pas encore cours, l'on ne peut manquer de trouver des qualités de devin à l'auteur qui a su prévoir les travers du régime : rationalisation apparente de la société, délitement des liens sociaux, affirmation péremptoire du bonheur national.

Cependant malgré toutes ces qualités, j'ai été un peu rebutée par le style de l'auteur. J'ai trouvé l'ensemble un peu froid, et parfois un peu complexe à suivre.

Cela reste une lecture très intéressante mais pour laquelle il m'a clairement manqué quelque chose.
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Source souterraine de tout ce que le XXe siècle a produit de dystopies englobantes, une oeuvre de 1920, radicale et surprenante, célèbre mais paradoxalement encore trop méconnue.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2024/03/18/note-de-lecture-nous-evgueni-zamiatine/

Ingénieur en construction navale, révolutionnaire bolchevique convaincu et écrivain reconnu dès sa première nouvelle, « Seul » (peinture saisissante de l'univers de fantasmes et d'impossibles que développe en esprit un étudiant depuis la prison où il croupit, en rançon de ses engagements politiques anti-tsaristes), publiée en 1908 (il a alors vingt-quatre ans), Evgueni Zamiatine connaît avant 1917 l'exil forcé en Finlande et en Carélie, puis la prudente mise à distance du régime tsariste vindicatif, en Angleterre. Rentré à Saint-Pétersbourg après la première révolution, celle de février 1917, il devient vite une figure marquante de la nouvelle scène littéraire qui se développe alors dans la capitale de Russie.

Il quitte pourtant le parti bolchevique au cours de l'année 1917, trouvant notamment que trop d'écrivains s'y soumettent trop volontiers aux consignes, explicites comme implicites, du pouvoir politique révolutionnaire désormais en place. Continuant à publier de nombreuses nouvelles (qui seront plus tard rassemblées dans le recueil « La Caverne » – « Le Pêcheur D hommes », recueil qui paraîtra presque simultanément, regroupant plutôt des textes satiriques liés à sa vie en Angleterre juste avant la Révolution), il conçoit et écrit le roman « Nous » en 1920-1921.

Présenté comme le carnet de bord de D-503, un mathématicien devenu ingénieur en propulsion spatiale, vivant au sein d'une société « idéale », communautaire à l'extrême, scientifiquement standardisée et totalement surveillée au nom d'une transparence réputée logique et nécessaire, carnet de bord qui se met à refléter en direct, pour la lectrice ou le lecteur, les incidents et les (d'abord) menues illégalités conduisant de proche en proche au doute systémique vis-à-vis du bien-fondé de cette société (tout en la décrivant soigneusement et en en vantant longtemps les mérites et les avantages purement rationnels), « Nous » est d'emblée interdit de publication par la censure soviétique, qui y voit – fort logiquement, en quelque sorte – l'aboutissement de la posture dubitative et de la revendication de liberté de parole entretenues depuis 1917 par Evgueni Zamiatine dans tous ses textes et essais critiques. En 1923, l'auteur parvient à faire sortir son manuscrit d'Union Soviétique. Il paraît en anglais en 1924, à New York, puis en russe, à Prague en 1927, ce qui entraîne cette fois des menaces directes du pouvoir vis-à-vis de l'auteur, le conduisant finalement à l'exil définitif en 1931, après que son vieil ami Maxime Gorki ait réussi à convaincre Joseph Staline de le laisser partir.

La première traduction française, celle de Benjamin Cauvet-Duhamel, est effectuée à partir du texte anglais de Gregoryi Zilboorg. Publiée chez Gallimard en 1929, elle restera très longtemps la seule disponible chez nous (dans l'historique collection L'Imaginaire à partir de 1979), avant qu'Actes Sud ne confie à Hélène Henry la mission d'une nouvelle traduction, issue cette fois du texte russe d'origine, pour publication dans la collection Exofictions en 2017. C'est de cette deuxième version dont il est question dans la présente note de lecture. Mentionnons aussi, pour être complet, qu'en mars 2024, une nouvelle traduction, celle de Véronique Patte, vient remplacer à son tour la vénérable ancêtre qui figurait alors encore au catalogue de L'Imaginaire de Gallimard.

« Nous » est souvent considérée – à bon droit me semble-t-il – comme la mère de toutes les dystopies. Non pas les dystopies au sens quelque peu dévoyé qui prévaut aujourd'hui, de simples sociétés dysfonctionnelles, ou en dérive laissant se manifester avec éclat les pires tendances de nos mondes tout à fait contemporains, mais bien au sens originel ou presque, celui d'anti-utopies, englobantes comme les grandes constructions historiques des successeurs de Thomas More, et s'appuyant comme beaucoup d'entre elles, paradoxalement, sur une même rationalité exacerbée, pour le meilleur et, ici, pour le pire.

George Orwell, dans sa critique de « Nous » (rédigée à partir de l'édition française, l'édition américaine d'origine étant alors presque introuvable, d'après lui), parue dans le magazine Tribune en 1946 (et donc trois ans avant la parution de son propre « 1984 »), à lire ici en anglais, supposait qu'Aldous Huxley avait dû s'inspirer de son prédécesseur russe pour « le Meilleur des mondes » (1932). le créateur de la drogue récréative comme moyen privilégié d'ajustement social de masse (le soma) – et de l'ingénierie génétique appliquée à l'organisation hiérarchique de la société – s'en défendit tardivement, dans une lettre de 1962, indiquant qu'il n'avait pas lu l'ouvrage à l'époque, et que son propre travail se proposait avant tout de contrecarrer l'utopisme scientifique socialisant d'un H.G. Wells. L'auteur de « La ferme des animaux », s'il ne reconnaissait pas un grand mérite littéraire à « Nous » – ce en quoi on pourrait toutefois le trouver bien sévère -, en soulignait l'inventivité, par exemple, des maisons de verre (« avant que la télévision ne soit inventée », ce dont lui-même dans « 1984 » saura faire bon usage pour sa propre société de surveillance) ainsi que la pertinence politique bien supérieure à celle d'Huxley – en même temps que, toujours d'après l'auteur britannique, une vraie intuition de l'irrationalité nichée au coeur des totalitarismes « scientifiques ».

La grande Ursula K. le Guin rappelait, dans « le langage de la nuit », qu'elle avait bien en tête « Nous », au côté de nombre d'autres textes, au moment où elle rédigeait « Les dépossédés », tandis que le sage et brillant Kurt Vonnegut confessait en riant et en substance « qu'il avait démarqué Huxley qui lui-même avait démarqué Zamiatine » lorsqu'il écrivait son « Pianiste déchaîné » de 1952 : l'influence souterraine, avouée ou moins avouée, de « Nous » sur l'écriture dystopique du XXe siècle, est indéniable – moins sans doute, contrairement aux apparences, pour sa vision directement politique et satirique que pour celle, plus fondamentale, d'une interrogation philosophique radicale sur une fausse prétention à la scientificité et à la rationalité, qui ne voudrait laisser aucune place à la dissonance, à l'hérésie, à l'imperfection et au de guinguois.

Les deux illustrations de cette note proviennent de l'adaptation cinématographique « Wir » (1981), réalisée par Vojtěch Jasný (1925-2019), lui-même exilé de Tchécoslovaquie en 1968 après son rejet véhément des normes esthétiques héritées de stalinisme – et de la répression du Printemps de Prague.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Au rayon dystopie et roman d'anticipation se trouvait 1984 , le meilleur des mondes , Faranheit 451, Minority Report, la servante écarlate, Hunger games... et moins connu pourtant chronologiquement le premier du genre écrit en 1920 par Evgueni Zamiatine: Nous autres, nouvellement et sobrement intitulé: NOUS. Paru en poche le mois dernier chez Babel au prix mirobolant de 7,70 € après avoir été réedité dans une nouvelle traduction du Russe chez Acte Sud en 2017.

Nous est un carnet de bord rédigé en quarante notes par D-503. Oui, les noms et prénoms des Anciens ont disparu, au vingt-sixième siècle, les gens sont des Numéros, ils ont un matricule. le ciel est bleu. le monde est en verre. Quoi? On n'a rien a cacher! le régime est celui de l'Etat Unitaire, le tout sous l'égide du Bienfaiteur. le crime a disparu, avec la liberté qui lui permettait d'exister. Problème réglé!
L'emploi du temps et les rapports sexuels sont strictement réglementés. La grande fête de l'"Unanimité" est une sorte de Pâques (oui, Zamiatine est Russe, donc Pâques est le top du top en terme de fête) l'humilité est la vertu- l'orgueil est le mal; NOUS vient de Dieu, "MOI" -du diable. L'intérêt collectif ne prime pas sur les intérêts sur les intérêts privés, c'est juste que les intérêts privés n'existent pas. Les algorithmes prédictifs gomment le hasard

Cet ordre et ce bonheur mathématiquement exacts sont extrêmement rassurants. Il est le constructeur de l'Intégrale "cette machine électrique de verre qui souffle le feu" un vaisseau spatial destiné à répandre ce bonheur sur les autres planètes de gré ou de force.

Ce n'est pas D-503 qui va s'en plaindre mais voilà... ça commence à se gâter... Toute cette belle mécanique rationnelle bien lubrifiée commence à se gripper. D-503 est agacé par un nombre qui ne peut pas exister: √-1, puis une tache, puis un Numéro I330 bref, celle par qui le malheur arrive systématiquement: une Femme! Patatra! Plus rien d'autre n'existe, le trouble, la déraison et dans cette fièvre et ce délire cela devient de plus en plus flou, comme dans un mauvais rêve. Une lecture exigeante où j'ai renoncé à tout comprendre où l'on se sent aussi perdu que notre narrateur sans doute... On sombre avec lui... à mesure qu'émergent ce que l'on pourrait appeler son humanité, son individualité, son âme, ses émotions, son amour, son obsession, son addiction qui viennent tout foutre en l'air.

Toute ressemblance avec des systèmes existants ne serait en aucun cas fortuite. Il est à noter que Evgueni Zamiatine était révolutionnaire et Bolchévique. Il écrit Nous en 1920 qui n'échappera pas à la censure soviétique et demande en1937, le plus simplement du monde, dans une lettre à Staline, à quitter son pays, car il ne peut ni vivre sans continuer à écrire, ni écrire dans ce climat de persécution et contre toute attente, Staline fera accès à sa requête.

C'est quand même une marque de fabrique de Zamiatine, de nous faire vivre ce délire comme dans "Seul" mais j'avoue qu'ici ça dépassait mes capacités. Je suis toujours impressionnée par les figures de style qu'il emploie et que je suis incapable de nommer.

Toute ressemblance avec des phénomènes actuels existants tel que le big data, le programme d'espionnage de la nsa, les mesures restricitives de liberté... ne sont que...purement fantaisistes, complotistes et paranoïaques. Ressaisissez-vous!









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Comment résister à un « bonheur arithmétique », formule magique qui ouvre sur un bonheur total, confortable et collectif ? Tout n'est qu'affaire de renonciation et de résignation. Dans la société futuriste imaginée par Evguéni Zamiatine, prédécesseur d'Orwell et de Huxley, l'individu est devenu un « numéro » et il s'en remet entièrement à la politique du « Bienfaiteur » qui se charge de tout et qui promet, derrière les parois de verre d'une civilisation parfaitement policée, un ciel toujours bleu, sans nuages, sans « vermine », sans angoisse. Cette conception du pouvoir politique passe aussi par la volonté impérialiste de coloniser un maximum de planètes au sein du cosmos… le Bienfaiteur a confié la mission au héros de l'histoire, responsable du vaisseau « l'Intégrale » et narrateur d'un journal de bord.
Mais « le conquistador » est-il à ce point écrasé par le système et ne subsiste-t-il pas en lui un ferment de résistance ? Sous « la meule » du Pouvoir et de la Raison, qu'est-il advenu de l'énergie individuelle, des forces de l'imagination, des instincts du corps et des élans de l'âme ? La réalité dans cette société, c'est qu'il vaut mieux comme le confie le narrateur : « Oublier que l'on pèse un gramme et se sentir comme un millionième de tonne »…
Pour optimiser les résultats et obtenir leur part de confort et « d'extase », tous les membres du corps social doivent en effet se synchroniser dans la collectivité, obéir aux mêmes normes, au même rythme journalier, au même agenda. Sans quoi, ils risquent d'être « désintégrés » pour délit d'hérésie. À la fin du processus, tous sont attachés « au piquet » et vénèrent le « Bienfaiteur tout de blanc vêtu, qui les tient pieds et poings liés dans les rets sages et bienfaisants du bonheur ».

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Georges Orwell s'en était inspiré pour son 1984 et cela se voit ! Un superbe roman dans un univers concentrationnaire qui ne dit pas son nom. Cette fois, pas de novlangue, ce sont les chiffres et les lettres qui asservissent. Les personnages se prénomment D-503 ou O-90, et sont comme leurs lettres : O est une femme tout en rondeur et I-330 à une silhouette "tranchante" et "souple comme une cravache". Pas de répits dans ce monde où chaque heure est contrôlée, y compris l'amour qui nécessite l'obtention d'un ticket rose auprès des autorités. Un roman prémonitoire et salutaire !
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Découvert grâce au livre "anthologie des dystopies", cet ouvrage fait partie d'un cycle de lecture que je me suis construit autour de ce genre littéraire.

Une lecture intéressante, l'un des premiers ouvrages à aborder le thème de l'abandon du libre arbitre pour la paix de la société.
Il a inspiré 1984 et le meilleur des mondes, c'est une sacrée carte de visite !
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