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4,16

sur 1187 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Zola brosse talentueusement une fresque de la vie laborieuse et éreintante de la paysannerie au 19e siècle, dans un village perdu au milieu de la Beauce. Cette région symbolisant le grenier à blé de la France est une véritable « pépite d'or » pour ceux qui la possèdent. La terre, mère nourricière et élément central du roman, est ici décrite comme une richesse, l'enjeu de la survie de toute une population, déterminée à se battre pour la faire fructifier et la conserver jusqu'à ce que mort s'en suive, de génération en génération. Avec cet esprit visionnaire qui le caractérise, l'écrivain décrit les difficultés financières des producteurs de céréales, le prix du blé qui ne cesse de baisser, dû à la spéculation engendrée par la concurrence étrangère. Il y a du vécu dans chacun de ses romans, celui-ci ne déroge pas à la règle : descriptions très détaillées et réalistes du rude labeur des cultivateurs, analyses très fines des comportements à travers les agissements parfois abjects de certains personnages.

En dépit, du ton goguenard adopté par l'auteur pour adoucir la dureté de l'histoire, la terre se dérobera sous les pieds des lecteurs qui s'enfonceront, au fil des pages, dans les sombres machinations machiavéliques de Buteau et de Lise, dans l'abomination de leurs crimes, une véritable descente aux enfers dans l'insupportable noirceur de l'âme humaine.
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Comme le titre le suggère, « La Terre », quinzième roman de la série des Rougon-Macquart, se présente comme un roman rural. Rural, mais pas rustique, encore moins champêtre : ici ce n'est seulement un simple décor – même réaliste – devant lequel se déroule une histoire. La Terre est à la fois le lieu de l'action, elle en affirme la temporalité (avec le retour des saisons) et elle en est même le personnage principal : le mot « terre désigne aussi bien le sol, terre nourricière, qui est aussi une « propriété » et a une valeur monnayable, et la matière, qui avec l'herbe et les rochers, est un composant de la Nature. Plus une dimension poétique et même philosophique que l'auteur ajoute, par petites doses. On s'attend donc à une histoire humaine, primitive, presque animale : au coeur du roman est la vie, la vie débordante, et souvent excessive : le roman abonde en scènes fortes, parfois choquantes (outrancières pour une bonne partie de la critique : bestialité, viol, inceste, parricide…) qui valurent à l'auteur les pires commentaires de sa carrière (qui pourtant n'en manquait pas).
Le héros du roman est Jean Macquart (le frère de Gervaise et de Lisa). En fait, il est là pour justifier le rattachement du roman à la série, puisqu'il intervient surtout en tant que témoin, son rôle en tant que personnage étant important mais pas déterminant.
Nous sommes sur une grande propriété de la Beauce. le vieux Fouan décide de partager ses biens entre ses trois enfants Hyacinthe (dit Jésus-Christ), Fanny (mariée à Delhomme) et Buteau. Il y a aussi deux cousines, Lise que Buteau a violée puis épousée, et Françoise qu'il poursuit de ses assiduités. Françoise se rapproche de Jean Macquart. Buteau la viole (avec l'aide obligeante de sa femme) puis cette dernière l'empale sur une faux. Après quoi ils brûlent le vieux Fouan qui a assisté à la scène. le pauvre Jean se dit que décidément il n'y a rien à tirer de ces gens-là, et quitte le domaine.
Vous comprenez maintenant ce qui a fait tiquer les critiques bien-pensants. Et quand la critique tique, la critique tacle : « cas pathologique », « monomanie de l'ordure », obsession du bestial », j'en passe et des pires. Il faut dire qu'Emile avait mis dans le mille. Venant après Balzac et Sand qu'il accuse de n'avoir qu'une vision faussée du monde paysan (« les paysans de George Sand sont bons, honnêtes, sages, prévoyants, nobles, en un mot ils sont parfaits… Il faut vivre longtemps avec lui – le paysan – pour le voir dans sa ressemblance et le peindre. Balzac a essayé et n'a réussi qu'en partie… » Zola a accumulé comme à son habitude une immense documentation. Et toujours comme d'habitude il n'a mis dans son roman que des choses vraies (même si c'est avec une certaine complaisance).
La « bronca » qui a accueilli le roman, toute énorme qu'elle fut (y compris dans la mouvance naturaliste) fit long feu. Zola était blindé contre ces attaques, et, comme d'habitude encore, le scandale fit augmenter les ventes.
« La Terre » est sans doute un des romans les plus durs de l'auteur, des plus cruels, mais également un des plus attachants. le propos général des Rougon-Macquart semble ici s'être légèrement déporté : paradoxalement Jean Macquart est un des rares personnages de la saga à ne pas avoir de tare héréditaire, il est même relativement honnête et plutôt sympathique. En revanche tout le côté malsain, vénal, pourri est rassemblé dans la famille Fouan où on a du mal de trouver des personnages positifs, à part la malheureuse Françoise. Il y a même une vieille tante qu'on appelle La Grande, qui est une incarnation de la malignité, une nouvelle Cousine Bette…
Souvent déprécié à cause de ces « outrances » qui finalement n'en sont pas, « La Terre » est un roman majeur des « Rougon-Macquart ». A mettre au même plan que « L'Assommoir » ou « Germinal ».
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Pour avoir connu, dans les années 60, la campagne percheronne, j'ai retrouvé chez Zola l'état d'esprit du siècle d'avant, un comme si pas grand chose n'avait changé. C'est un milieu âpre, violent, fermé. La saga familiale autour de cet opus est dans le pur style Zola, beaucoup de détails, des longueurs et des personnages particulièrement bien analysés.
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Quinzième tome des Rougon-Macquart, La Terre s'attaque à l'univers paysan avec une âpreté qui n'a d'égal que ce sol hiératique.
Sur une période de dix ans, il s'articule autour de la famille des Fouan - parents, oncles et tantes, enfants puis petits-enfants - dont il brosse la descente aux enfers avec toute une cohorte de personnages-satellites mesquins, ignards et ivrognes sous le ciel de Rognes. C'est Jean Macquart, fils d'Antoine Macquart, qui représente ici l'illustre famille zolienne. Il apparaissait déjà dans La Fortune des Rougon où il était apprenti menuisier. Tiré au sort par la suite pour participer aux batailles de son siècle dont il sort physiquement indemne, c'est en Beauce, comme ouvrier agricole, qu'il aspire à couler des jours paisibles après les horreurs de la guerre. C'est ainsi qu'on le croise, semant son blé aux premières lignes du roman.

Le coeur de toute cette affaire, le véritable héros muet du roman, c'est la terre. Erigée en dieu inflexible, ce n'est pas tant ce qu'elle produit ou le travail qu'elle réclame qui aiguise les tempéraments mais bien sa possession. Avec une fureur bestiale, il s'agit d'avoir à tous prix car c'est l'avoir qui définira l'être, c'est ainsi qu'il pourra enfoncer ses racines et s'élever aux détriments des autres. Rien n'est épargné de la déchéance physique et morale de cette espèce avide, ni l'alcool, ni l'impudeur des relations, pas même le meurtre.

La terre comme dieu et les hommes comme bêtes, ainsi pourrait se croquer cet ouvrage. L'auteur continue d'explorer sans concession les aspects les plus sombres de l'homme, sans qu'aucune lueur d'espoir n'éclaire l'horizon, avec l'emprunte du siècle toujours en filigrane - notamment la révolution industrielle qui oppose les intérêts des ouvriers à ceux des paysans.
C'est là l'oeuvre riche et noire d'un bas peuple qui se débat et se grignote sans sa propre fange et que le lecteur ne pourra que lire comme on reçoit une claque magistrale.
Lien : http://lapetitemarchandedepr..
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Ecrivain des Rougon Macquart, Émile ZOLA depeint dans son oeuvre  de 20 tomes un trombinoscope de la société du 19e siècle.

"La terre" reprend l'art de vivre d'un petit village paysan, Rognes  dans la Beauce.
Au travers d'une famille élargie, les Fouan, nous découvrons la Terre. Mère nourricière et vengeresse, qui tane le cuir des hommes et peut être même leurs âmes.
Entre vice et morale, bienveillance et violence, nous suivons sur plusieurs années la vie de ces hommes et femmes au coeur de leur époque. Si lointaine et pourtant parfois bien trop semblable à la nôtre. 

Une lecture doudou qui m'a rappelé les bancs du lycée où je découvrais pour la première fois Mr ZOLA dans "Le bonheur des dames". Bien sûr toujours avec des longueurs et des longueurs de descriptions.

Il nous entraîne au coeur de ce village, de ces habitants. Il a réussi à me faire rire, pleurer, à m'agacer et à être dégoûtée de la nature humaine au fil des pages.
D'une écriture crue et violente, il ne nous laisse que peu de répit. Entre héritage, jalousie, conflit générationnel, maltraitance, mort, viol, décadence humaine, pauvreté,  addiction... Nos seuls moments de souffle sont la contemplation de cette terre, de ces paysages.
Et puis cette Terre, qui devient elle aussi un personnage, LE personnage.
Quelle horreur de se rendre compte de la similitude de nos sociétés. Quel effroi de s'apercevoir de la véracité des propos et des idées d'Émile ZOLA, de l'individualisme et l'égoïsme de la nature humaine qui ne peut s'élever que par le partage du savoir et l'empathie.
Maître dans la description et érudit de son siècle, il décrit cette société avec réalisme et cruauté.
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Quinzième tome des Rougon-Macquart, La Terre d'Emile Zola, est un livre surprenant, audacieux, en un mot, magistral ! 

Si au départ tout semble calme, voire ennuyeux, l'ambiance dans la seconde moitié du récit change pour faire preuve d'une violence inimaginable ! 

Ce roman est une plongée dans le monde rural au XIXe siècle. L'auteur représente la Beauce dont les paysages évoluent en fonction des rythmes des saisons et des aléas climatiques. Commérages, ragots, traditions et pratiques culturelles et vie quotidienne sont représentées. 

Dans le village de Rognes, la famille Fouan est propriétaire terrien. Les membres en sont majoritairement cupides et avares, voire pour certains alcooliques, violeur et meurtriers. 

Jean Macquart vit une vie paisible comme ouvrier agricole. Après sa participation aux campagnes militaires sous le Second Empire, Jean Macquart s'est installé dans le village de Rognes. Malgré son implantation, son travail et son mariage, il reste un étranger, un exclu, dans ce village.   

Deux passages sont quasi insoutenables. Et je préfère ne rien dire, vous laissant le plaisir de la découverte. 
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Au moins dans mon top 5, sinon dans mon top 3 des Rougon-Macquart.

C'est violent (meurtres, viols), c'est rude (pauvreté, famine, mauvaises conditions de l'habitat, travail aux champs et à la ferme à la force des bras même quand le pain manque), c'est mesquin (chacun tuerait pour agrandir son lopin de terre, on pousserait le vieux dans la tombe pour toucher quelques - supposées - rentes supplémentaires, on se dépouille en famille)... et même si le trait est forcé, ça se fait l'écho d'une certaine façon de vivre dans les campagnes du XIXe où malgré cette rudesse, cette violence, cette vie de haine même parfois, chacun vit avec les autres (les veillées chez les voisins pour se tenir chaud, l'entraide dans la mort ou la naissance - d'un animal ou d'un homme, qu'importe). On se déteste d'ailleurs avec les autres, la haine est étalée au milieu de tous, rien ne se cache. Et puis on se hait entre soi, après tout. Et Jean, qui n'est qu'un rapporté dans ce village (il y est venu après la bataille de Solférino et il repartira une quinzaine d'années plus tard après le décès violent de sa femme) n'est même pas digne d'être détesté, tout juste l'estime-t-on idiot de ne pas se battre pour récupérer son bien, voire en voler un peu au passage.

Il ressort de tout ça, finalement, un attachement viscéral à la terre, cette terre féconde qu'on ensemence, qui donne et qui reprend, qu'on cultive, qu'on chérit tout autant qu'on la maudit, terre d'où l'on sort et dans laquelle on est à nouveau enseveli à la mort. On se bat, génération après génération ; on nait, on meurt, mais au final la terre s'en fout parce que la terre reste. Et c'est en somme la véritable héroïne de ce 15e tome.
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Je suis de ces lectrices qui n'hésitent pas à relire les livres qu'elles ont aimé. C'est un plaisir que je ne sais pas me refuser et qui repousse parfois la découverte d'oeuvres encore inconnues... Je relis par amour souvent, par esprit d'analyse parfois et il est des romans que j'ai usé à force de relectures... J'ai aimé "La Terre", je l'ai lu d'une traite sans coup férir, happée par sa puissance, sa violence, par son audace et surtout par ses personnages. Ils sont deux, non trois auxquels je me suis attachée, trois qui m'ont bouleversée même. J'ai aimé "La Terre", qui est pour moi l'un des meilleurs volumes de la saga des Rougon-Macquart mais je crois que ce Zola-ci, je ne le relirai pas. A sa puissance de soir d'orage, il arbore la cruauté d'un désert sans oasis. Il frappe, il donne des coups ce roman et quand on se relève, c'est pour en prendre d'autres.
Comme le titre le laisse penser, les acteurs du drame sont des paysans et le moins qu'on puisse dire, c'est que nous sommes à des lieues des propriétés fleuries et bucoliques, des amours tendres et lumineuses qu'on peut trouver dans les romans champêtres d'une George Sand... Rognes est un village de la Beauce dont la population comprend essentiellement des paysans plus ou moins fortunés... S'il est un plan sur lequel tous sont égaux, c'est celui de l'amour fou, violent, possessif qui les unit à leurs terres, à leurs champs dont ils arrachent les fruits à la sueur de leurs fronts. Louis Fouan et sa femme ont vieilli et usé leur jeunesse à cultiver leur lopin de terre. Fatigués, cassés, harassés, ils se décident enfin à prendre du repos et se résignent à partager leur bien entre leur trois enfants. Il y a Hyacinthe , alcoolique notoire et paresseux en diable; Fanny, une femme pragmatique qui ne s'en laissera pas conter et Buteau, un viveur violent et manipulateur... Un rien séducteur aussi. Dans la famille, il faut aussi compter sur la grande soeur de Fouan, vieille femme sèche et acariâtre et de jeunes et jolies cousines: Lise, à qui Buteau a fait un enfant, et Françoise. Le partage des terres entraîne la discorde dans la fratrie et les frères et sœur n'auront de cesse de se déchirer pour en obtenir la meilleure part. Jean Macquart est étranger à ce monde et, suite à la débâcle de 1870, il s'est fait engager comme valet dans une riche ferme voisine. Il assiste en spectateur à cette bataille âpre pour la terre à laquelle il finira par prendre part, de loin, passif, poussé par son amour pour la petite Françoise.
Sauf que l'amour n'a pas droit de cité dans ce monde là, quelque soit sa place et la seule passion qui compte c'est celle de la terre qu'on domine autant qu'on en est l'esclave. Ce qui compte, c'est la possession, la richesse qu'elle entraîne mais dont on ne profite pas. Ce qui compte, c'est d'arracher sa subsistance aux champs quitte à se déchirer, à violer, à hurler, à s'arracher les ongles et à souffrir. A tuer.
A cet égard Rognes rappelle un peu le village des Artaud où officie Serge Mouret, ce village dont le prêtre dit que Dieu n'y est pas entré et que les hommes y sont encore soumis à leur seul instinct.
Ainsi l'amour de Jean pour Françoise ne mènera nulle part et sûrement pas au bonheur. Il s'étiolera, brûlé par la haine et la cupidité.
Ainsi Fouan sera maltraité, rejeté par chacun de ses enfants et on verra ce vieillard maigre et blanchi s'enivrer par les chemins. On verra même des larmes sillonner son visage buriné.
Ainsi Buteau laissera libre cours à sa bestialité, à son désir de puissance.
Ainsi Lise et Françoise se perdront irrémédiablement.
Et pendant ce temps, le monde change, la culture évolue et il faut se battre encore et encore...
Peinture sans concession du monde paysan et de l'avidité poussée à son paroxysme, roman violent "La Terre" est un orage autant qu'un désert. Un roman sans véritable lumière et qui dit la misère et le désespoir de ceux de la terre, qu'on oublie et qu'on pousse à la fièvre, un chef d'oeuvre absolu.
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Un chef d'oeuvre ! C'est pour moi le meilleur de la série. Tout commence par un partage du patrimoine du père Fouan entre ses trois enfants : Fanny, mariée à Delhomme, le seul qui soit a peu près sage, Buteau, ainsi appelé parce qu'il n'est pas facile à vivre, marié à Lise, et Jésus Christ, le philosophe si on peut dire, alcoolique et oisif, mais plutôt sympathique. Quoi quil en soit, les trois enfants n'ont de cesse de s'opposer d'abord sur le partage, puis de se jalouser une fois que tout a été fait. Buteau est le pire des trois, violent et méchant, tyrannique avec tous et calculateur invétéré.
C'est le volume le plus cru, où les coucheries alternent avec les beuveries, les unes racontées avec un réalisme parfois surprenant, les autres avec une verve à nulle autre pareille. Et quelle surprise de lire ce passage incroyable sur les flatulences de Jesus Christ qui m'ont litterallement fait pleurer de rire.
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La documentation de Zola a faibli sur bien des points, mais non pas celle de Flaubert. C'est que Flaubert n'a jamais peint que sa classe, des petits bourgeois, tandis que trop souvent, Zola a peint des prolétaires, dont il n'était pas. Je ne peux plus voir Zola que comme nous le décrit Jules Renard dans son journal, traversant la Beauce en victoria pour se « documenter » avant de se mettre à La Terre. Un romancier appartient au milieu dans lequel il vit. Sinon, c'est un essayiste un polygraphe, un reporter, un fichier. (Paul Morand)
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