AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Les Rougon-Macquart tome 9 sur 20
EAN : 9782253003656
508 pages
Le Livre de Poche (31/08/2003)
  Existe en édition audio
4/5   3982 notes
Résumé :
Dans les dernières années du Second Empire, quand Nana joue le rôle de Vénus au Théâtre des Variétés, son succès tient moins à son médiocre talent d’actrice qu’à la séduction de son corps nu, voilé d’une simple gaze. Elle aimante sur scène tous les regards comme elle attire chez elle tous les hommes : tentatrice solaire qui use de ses charmes pour mener une vie de luxure et de luxe, de paresse et de dépense.
Grâce à elle, c’est tout un monde que le romancier ... >Voir plus
Que lire après Les Rougon-Macquart, tome 9 : NanaVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (200) Voir plus Ajouter une critique
4

sur 3982 notes
Cette neuvième livraison des Rougon-Macquart ne m'est pas apparue aussi savoureuse que je l'espérais, faisant naturellement suite, par son héroïne, au fulgurant Assommoir.
Émile Zola réemploie la même formule que dans "Son Excellence Eugène Rougon" au début du roman, à savoir, nous plonger directement dans le coeur d'activité du protagoniste principal. C'était une session à l'Assemblée Nationale pour Eugène Rougon, ici, c'est la première représentation d'une opérette sulfureuse, La Blonde Vénus, où Nana met le feu à la scène avec ses formes et ses tenues très peu couvrantes. (Au passage ceci m'inspire un petit parallèle et une menue réflexion sur la beauté et la blondeur car je viens de me faire une petite série de huit ou neuf films de Billy Wilder, avec outre le célébrissime et succulent Certains L'Aiment Chaud, qui, bien qu'excellent, fait beaucoup commerce des formes généreuses de l'actrice, un autre film, soi-disant culte, Sept Ans de Réflexion avec la fameuse scène de la robe Marilyn Monroe qui se soulève en passant au-dessus des bouches d'aération du métro, qui lui est un vrai navet, avec pour seul mérite d'avoir à son affiche une blonde Vénus... Nana/Marilyn, mort prématurée, des liens avec le pouvoir et l'argent, tiens, tiens, tiens...)
Ce sont bien évidemment les opérettes de Jacques Offenbach que l'auteur cherche à écorner, en particulier celle intitulée " La Belle Hélène ", (pastichée en " La Blonde Vénus ") qui met en scène la dépravation des dieux de l'Olympe.
Pour être totalement dans l'esprit « naturaliste », avec un réel souci documentaire, on n'en est pas pour autant transcendé et l'on a du mal à prétexter que cette entrée en scène de Zola dans Nana soit particulièrement réussie ou tonitruante. On l'a connu plus percutant et la feuille de route de son programme de construction apparaît, à mon goût, un peu trop fortement tout au long du roman.
Ce n'est qu'à partir de la moitié du livre, au chapitre VIII, que la narration retrouve quelques couleurs et Zola sa verve perdue de L'Assommoir. En effet, jusque-là, l'auteur nous endort avec de lourdes et longues descriptions de luxe et de débauches dans les hautes sphères qui font d'ailleurs double emploi avec celles déjà pesantes qui concernaient Renée dans La Curée.
Quels sont les apports vraiment significatifs de cet opus dans l'édifice de son cycle littéraire ?
1) Les rapports étroits de connivence entre le monde du spectacle et le journalisme visant à faire ou à défaire le succès d'un spectacle moyennant avantages divers en retour (déjà évoqués en détail et probablement avec plus de brio dans la deuxième partie des Illusions Perdues de Balzac).
2) La mise en plein jour de la prostitution (la classique et celle de luxe).
3) L'évocation de l'homosexualité féminine, sujet absolument tabou à l'époque de Zola et ce sur quoi il faut saluer le courage littéraire de l'auteur.
4) le poids du monde hippique dans la haute société (La situation a-t-elle changé de nos jours ? Les Rothschild ne font-il pas toujours régner la pluie et le beau temps sur le monde des courses [casaque bleue, toque jaune] ?)
En guise de conclusion : très documenté mais pas très captivant, ce qui en fait, selon moi, un roman moyen du cycle des Rougon-Macquart, mais ceci, bien sûr, n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
Commenter  J’apprécie          962
Pour pleinement percevoir la puissance et l'impact de « Nana », neuvième volet de la série des Rougon-Macquart, il faut se livrer à l'exercice de se projeter en pensée en 1880, date de sa parution.

En 1880, la place de la femme dans la société du lectorat de Zola se traduit schématiquement par quatre positions sociales : commençons par la femme mariée sans profession, apanage des classes aisées, poursuivons avec la nonne, faisant souvent également office d'infirmière, puis vient la femme « du peuple » mariée ou non et exerçant une profession telle que couturière, vendeuse, ouvrière, lessiveuse, domestique, enfin, achevons avec la femme déchue, autrement dit la prostituée, infréquentable par les trois susnommées.

Cependant, à peine quelques décennies avant la période qui nous occupe, a émergé un groupe social nouveau qui a engendré pour la femme une cinquième "voie". Ce groupe a été nommé « demi-monde » par Dumas fils, lequel, épris de la célèbre « dame aux Camélias », était bien placé pour observer de près l'un de ses spécimens : la demi-mondaine.

1868, Paris. Nana, fille de l'ouvrière Gervaise (« L'Assommoir), est une demi-mondaine. Actrice et courtisane, elle permet à Zola d'incarner le demi-monde et ses moeurs nouvelles, cruelles, dissolues et sans scrupules. Dans les théâtres et les restaurants, sur les champs de courses et jusque dans les médias (ou dans le lit des journalistes) se retrouvent les « cocottes », effrontées et sensuelles, vendant leurs charmes et offrant à Zola le spectacle d'une première « émancipation par le sexe » de la moitié réputée « faible » de l'humanité. Au XIXème siècle, et cela se ressent jusque dans l'art, la femme est méprisée, elle est soumise à l'homme, au père, au mari, au frère, au patron, au client ; elle n'a aucun droit de cité et si elle est parfois dénudée avec gloire sur la toile, sa « tenue d'Eve », nouvellement photographiée, commence à circuler sous le manteau ; les maisons closes font recette. le XIXème siècle est l'apogée du sexisme et du règne de domination de l'homme sur la femme qui devra attendre la Première Guerre mondiale pour acquérir un début de reconnaissance. Mais déjà, "avant-guardistes" qui s'ignorent, les demi-mondaines renversent ce rapport de force ancestral...

La demi-mondaine, telle Nana, va chercher à tirer son épingle du jeu par le biais de son arme la plus redoutable : son cul, celui-là même que les hommes sont prêts à payer cher. Dans le roman de Zola, les hommes s'agglutinent autour de Nana comme les mouches autour d'une bouse fraîche et, sociologiquement parlant, il est tout à fait fascinant pour le lecteur d'essayer de décoder les mécanismes psychologiques qui poussent des bourgeois fortunés et « arrivés » à risquer leur fortune, leur honneur et leur statut social pour brûler leurs ailes aux flammes de l'interdit ; il est captivant de voir quelles extrémités ils peuvent atteindre pour posséder l'antithèse de leur épouse et/ou de leur mère.

Pour toutes ces raisons, « Nana » est plus que jamais un roman social, tel que l'a voulu et conçu son auteur qui, par le grand projet naturaliste qu'il a porté pendant plus de vingt ans, offre ici un magnifique témoignage de la société (notre société !) dont il était le contemporain. Voilà pourquoi il est essentiel de se projeter à la place d'un lecteur de 1880 pour mesurer tout le caractère précurseur, cru, provocateur et choquant de ce roman qui fait définitivement partie de mes tomes de prédilection.
Commenter  J’apprécie          833
Ah Nana ! je revois la petite fille de l'Assommoir, traînant le sabot de la mère Boche pour jouer à l'enterrement, n'étant pas la dernière pour tremper dans le vice et faire les quatre cent coups, mettant la révolution dans la rue de la Goutte-d'Or à coups de frasques et de coquetterie exacerbée.
Rodée aux hommes dès son plus jeune âge, la petite à déjà compris que pour éviter le destin catastrophique de ses parents, il va falloir mettre le paquet pour se faire entretenir.
Ici, c'est au Théâtre des Variétés que nous retrouvons notre chipie de service, incarnant La Blonde Vénus. Une façon comme une autre de démarrer une carrière pour cette fille pulpeuse qui chante comme une savate. Son argument? Apparaître sur les planches presque dévêtue, ce qui annonce la couleur à un public essentiellement masculin avide d'un nouveau visage à encenser. Malgré un manque évident de talent, le succès est au rendez-vous et les hommes se pressent dans l'antre de cette jeune pousse du pavé, qui en était réduite à faire des passes pour des sommes modiques afin de financer un train de vie déjà conséquent. Pour Nana vient alors le temps de faire ses armes dans la cour des grandes...

Qu'elle soit aimée ou détestée, cette Nana est étonnante. Aussi puissant que l'Assommoir, ce neuvième volume des Rougon-Macquart nous emporte dans les coulisses du monde des filles et de la débauche. Assez similaire à La Curée dans sa construction en ce qui concerne le faste, Nana se révèle aussi être plus piquant dans le déroulement des événements. Son héroïne tient son rôle haut la main et c'est avec plaisir que nous suivons cette mauvaise graine dans ses toquades de gamine des rues. A l'opposé de sa mère Gervaise, Nana se révèle être une femme de tête à la personnalité hors norme, jouant brillamment au jeu de la vie, tenant le beau Paris qui bande à ses pieds bien au chaud entre ses cuisses de Vénus grasse. Comme une tornade, Nana balaye les fortunes des hommes riches incapables de lui résister. Tous y passent, béats de s'être fait délester la bourse et les bourses par cette mante-religieuse qui brûle la chandelle par les deux bouts. Jouissif et incisif, Zola nous montre une fois de plus l'étendue de son génie à travers ce portrait de femme qui, comme une étoile filante, passe, flamboyante et brillante pour disparaître en un éclair comme elle est apparue. Si vous n'avez pas encore fait la connaissance de Nana, n'hésitez plus, elle ne vous laissera pas indifférents.
A lire !
Commenter  J’apprécie          862
Je reste à chaque fois bluffée par l'analyse de la société de Zola.

Nana est pour moi une relecture . Et j'avoue que j'aime beaucoup ce roman par son côté satirique de la haute société et en même temps de la base classe.

Je me demande a chaque fois comment l'auteur peut être si pertinent.

A la relecture , je me suis dit que ce roman était intemporel.
Je fais le parallèle avec certaines personnes sorties du ruisseau par la télé réalité et qui sont aujourd'hui dans la déchéance. Ou d'autres "stars" de la télé.

Zola a une certaine douceur dans son écriture et une telle violence dans ses histoires... Cette ambivalence donne une énorme force au scénario.

Commenter  J’apprécie          8712
Nana, la petite fille des ruisseaux, la canaille de la Goutte d'or, qui a vécu sa jeunesse en guenille, entre des parents en proie à leurs démons, faibles et et malchanceux. La revoici, Nana, reine du vice, qui peu à peu étend son pouvoir sur la société huppée de cette fin de siècle, affolant par sa liberté et sa sensualité ces beaux messieurs bien mis et fortunés, du moins avant de se laisser prendre dans la toile d'araignée de la belle.

Elle commence au théâtre, et malgré ses dons très modestes, au point de transformer en comédie un drame passionnel, elle attire l'attention sur sa personne. faisant feu de tout bois, elle introduit peu à peu le ver dans le fruit :

« Ici, sur l'écoulement de ces richesses, entassées et allumées d'un coup, la valse sonnait la glas d'une vieille race; pendant que Nana, invisible, épandue au-dessus du bal avec membres souples, décomposait le monde. »

Passant de bras en bras et de lit en lit, elle soumet les hommes ou les femmes (une prostituée avec laquelle elle entretient une liaison), et dilapide des sommes faramineuses, ruinant peu à peu ses amants.

Inspirée de la vie de prostituées mondaines, la vie de Nana symbolise pour certains le destin de l'empire agonisant.


C'est encore une fois un superbe roman, dont le réalisme a sans doute pu choqué lors de sa parution.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
Commenter  J’apprécie          772


critiques presse (1)
LeFigaro
22 décembre 2022
La première phrase est restée célèbre: «À neuf heures, la salle du Théâtre des Variétés était encore vide.» C’est la moins sexy du roman. Après L’Assommoir (1877), Émile Zola en avait marre des pauvres. Les Misérables d’Hugo date de 1862, maintenant il a envie de montrer les riches. Il cherche un nouveau scandale. Nana (1880) sera sa version de Splendeurs et misères des courtisanes (1838). C’est la satire de la décadence du second Empire, à travers l’ascension d’une prostituée de luxe, mais à l’époque on dit une «cocotte».
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (253) Voir plus Ajouter une citation
C’est drôle, les hommes riches s’imaginent qu’ils peuvent tout avoir pour leur argent... Eh bien, et si je ne veux pas ?... Je me fiche de tes cadeaux. Tu me donnerais Paris, ce serait toujours non... Vois-tu, ce n’est guère propre, ici. Eh bien, je trouverais ça très gentil, si ça me plaisait d’y vivre avec toi ; tandis qu’on crève dans tes palais, si le cœur n’y est pas... Ah ! l’argent ! mon pauvre chien, je l’ai quelque part ! Vois-tu, je danse dessus, l’argent ! je crache dessus !
Commenter  J’apprécie          1350
Et ce tressaillement des murs, cette nuée rouge, étaient comme la flambée dernière, où craquait l’antique honneur brûlant aux quatre coins du logis. Les gaietés timides, alors à peine commençantes, que Fauchery, un soir d’avril, avait entendues sonner avec le son d’un cristal qui se brise, s’étaient peu à peu enhardies, affolées, jusqu’à cet éclat de fête. Maintenant, la fêlure augmentait ; elle lézardait la maison, elle annonçait l’effondrement prochain. Chez les ivrognes des faubourgs, c’est par la misère noire, le buffet sans pain, la folie de l’alcool vidant les matelas, que finissent les familles gâtées. Ici, sur l’écroulement de ces richesses, entassées et allumées d’un coup, la valse sonnait le glas d’une vieille race ; pendant que Nana, invisible, épandue au-dessus du bal avec ses membres souples, décomposait ce monde, le pénétrait du ferment de son odeur flottant dans l’air chaud, sur le rythme canaille de la musique.
Commenter  J’apprécie          370
À partir de ce jour, il ne s’inquiéta plus, ne demandant jamais d’où venait la monnaie, la mine grise quand il y avait des pommes de terre, riant à se décrocher les mâchoires devant les dindes et les gigots, sans préjudice pourtant de quelques claques qu’il allongeait à Nana, même dans son bonheur, pour s’entretenir la main.
Nana avait donc trouvé le moyen de suffire à tout. La maison, certains jours, regorgeait de nourriture. Deux fois par semaine, Bosc prenait des indigestions. Un soir que madame Lerat se retirait, enragée de voir au feu un dîner copieux dont elle ne mangerait pas, elle ne put s’empêcher de demander brutalement qui est-ce qui payait. Nana, surprise, devint toute bête et se mit à pleurer.
— Eh bien ! c’est du propre, dit la tante qui avait compris.
Nana s’était résignée, pour avoir la paix dans son ménage. Puis, c’était la faute de la Tricon, qu’elle avait rencontrée rue de Laval, un jour que Fontan était parti furieux, à cause d’un plat de morue. Alors, elle avait dit oui à la Tricon, qui justement se trouvait en peine. Comme Fontan ne rentrait jamais avant six heures, elle disposait de son après-midi, elle rapportait quarante francs, soixante francs, quelquefois davantage. Elle aurait pu parler par dix et quinze louis, si elle avait su garder sa situation ; mais elle était encore bien contente de trouver là de quoi faire bouillir la marmite.
Commenter  J’apprécie          230
Une jeune fille, née de quatre ou cinq générations d’ivrognes, le sang gâté par une longue hérédité de misère et de boisson, qui se transformait chez elle en un détraquement nerveux de son sexe de femme. Elle avait poussé dans un faubourg, sur le pavé parisien ; et, grande, belle, de chair superbe ainsi qu’une plante de plein fumier, elle vengeait les gueux et les abandonnés dont elle était le produit. Avec elle, la pourriture qu’on laissait fermenter dans le peuple, remontait et pourrissait l’aristocratie.
Commenter  J’apprécie          510
Georges était venu ; et, comme si la barre d’appui lui eût paru trop courte, il prit Nana par la taille, il appuya la tête à son épaule. Le temps avait brusquement changé, un ciel pur se creusait, tandis qu’une lune ronde éclairait la campagne d’une nappe d’or. C’était une paix souveraine, un élargissement du vallon s’ouvrant sur l’immensité de la plaine, où les arbres faisaient des îlots d’ombre, dans le lac immobile des clartés. Et Nana s’attendrissait, se sentait redevenir petite. Pour sûr, elle avait rêvé des nuits pareilles, à une époque de sa vie qu’elle ne se rappelait plus. Tout ce qui lui arrivait depuis sa descente de wagon, cette campagne si grande, ces herbes qui sentaient fort, cette maison, ces légumes, tout ça la bouleversait, au point qu’elle croyait avoir quitté Paris depuis vingt ans. Son existence d’hier était loin. Elle éprouvait des choses qu’elle ne savait pas. Georges, cependant, lui mettait sur le cou de petits baisers câlins, ce qui augmentait son trouble. D’une main hésitante, elle le repoussait comme un enfant dont la tendresse fatigue, et elle répétait qu’il fallait partir. Lui, ne disait pas non ; tout à l’heure, il partirait tout à l’heure.
Commenter  J’apprécie          170

Videos de Émile Zola (122) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Émile Zola
Début écrivain
autres livres classés : classiqueVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (17080) Voir plus



Quiz Voir plus

Les personnages des Rougon Macquart

Dans l'assommoir, quelle est l'infirmité qui touche Gervaise dès la naissance

Elle est alcoolique
Elle boîte
Elle est myope
Elle est dépensière

7 questions
588 lecteurs ont répondu
Thème : Émile ZolaCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..