Ce livre m'a replongée dans ce monde agricole qui est celui dans lequel je suis née et j'ai grandi. J'ai été témoin de cette agro-industrie galopante, à l'escalade du machinisme agricole, des emprunts toujours plus importants auprès du Crédit Agricole, de ces vies de labeur difficile dont on tirait péniblement de quoi vivre. Pas de vacances, pas de dimanche - traite oblige - pas de loisirs... Inverser cette spirale asservissante c'est bien tentant. Est ce possible ? Je rejoins un certain nombre des analyses de ce livre sur le fait qu'on ne peut espérer prendre ce chemin sans une rupture. Il n'y aura pas de passage smooth. Trop d'intérêts capitalistes sont en jeu et sont au pouvoir. le sursaut est pour quand? C'est notre monde qui va mal. L'argent et le pétrole ont tout détruit. le malaise agricole n'est qu'un des nombreux symptômes d'un monde à réinventer.
Commenter  J’apprécie         10
Lecture rafraîchissante pour le boulot. Pas d'accord avec tout, mais je peux partager quelques idées. L'enjeu du renouvellement des générations est majeur pour l'agriculture et les technologies peuvent apporter des réponses interessantes mais il ne faut pas tomber dans un techo optimisme baba et s'interroger sur le sens, parfois, du progrès.
Commenter  J’apprécie         10
Un livre documentaire regroupant le contexte de notre agriculture moderne née après la seconde guerre mondiale, la réalité des aberrations devenues de références, la vérité sur les lobbys bancaires et syndicalistes, l'avenir d'un "bio" irréaliste voire truqueur, enfin l'espoir d'une agriculture raisonnée. C'est riche et précis, argumentée sans pour autant être dans le jugement, juste des faits. Alors posons ce livre et changeons notre monde
Commenter  J’apprécie         00
Charbonneau montre combien l'existence d'un secteur produisant une alimentation “de qualité garantie“ pour une minorité de la population est consubstantielle d'un ordre économique et social inégalitaire.À l’image des dignitaires du Parti communiste chinois se réservant les produits de ferme bio créées à leur intention, les couches aisées des sociétés européennes et américaines ont accès à une nourriture moins frelatée et nocive que celle destinée aux masses. Elles préservent ainsi leur santé tout en satisfaisant leur besoin de distinction sociale, pendant que la course à la baisse des coûts de production peut continuer sur le reste du marché.
Le paradoxe est que, de nos jours, une partie non négligeable de la population d'un pays riche comme la France n'a pas les moyens de l'alimentation qu'elle voudrait choisir; et parfois n'accède même pas à l'alimentation la moins chère disponible en grande surface. L'autre face de cette triste réalité est qu'environ 70 % des revenus des agriculteurs sont constitués par des aides nationales et européennes la moitié d'entre eux ont un revenu négatif, avant impôt et subvention, cette proportion s'élevant à 80 % chez les éleveurs; et même après subvention, 14 % ne dégagent aucun revenu ! Ce tableau stupéfiant, c'est celui d'un système qui ne fonctionne pas du tout, qui sans même parler de dégâts écologiques, de rendements énergétiques négatifs ou de perte de qualité nutritive ne remplit aucun de ses objectifs initiaux: rémunérer correctement les agriculteurs, pour qu'ils fournissent une alimentation abondante et satisfaisante à la portée de tous. Pour être plus précis, il y a bien abondance, mais abondance de produits mauvais pour la santé et de précarité économique.
Il s'agit d'abord, c'est ce que nous constatons avec des paysannes et paysans qui s'inscrivent à nos formations, de faire le deuil de l'idée que le monde puisse changer sous l'effet de nos choix personnels. Car aussi pertinents que soient ces choix, l'activité qu'on a embrassée, les exigences éthiques qu'on s'est données, on ne peut pas en être complètement satisfait tant que l'organisation sociale autour de soi reste la même. L'alternative qu'on porte, en investissant ou en promouvant telle ou telle pratique agricole ou alimentaire, ne constitue pas un projet politique.
Malgré des dizaines d'années de pression à la baisse sur les coûts de production, alimentation ainsi produite est à la fois surabondante et hors de portée des plus pauvres
Ce manifeste se veut une contribution à l’émergence d’un large mouvement populaire pour l’autonomie paysanne et alimentaire.