Andreas

Excellent pot-au-feu, Monique.

Depuis le début, les événements ont eu plus d'emprise sur moi que moi sur eux. Il serait temps que je me pose une question essentielle : cette vie d'aventurier, est-elle bien la mienne ? Je tiens debout sur l'aile d'un avion en vol. Je tombe dans des trous sans fond. Je découvre des passages secrets et donne le change aux forces du mal… Est-ce vraiment cela Capricorne ? Ou existe-t-il un autre destin, caché jusque-là, qui m'ouvre grand ses portes ? Il suffirait, peut-être, de tourner le regard dans sa direction pour apercevoir cette ouverture insoupçonnée. Loin d'être un doute passager, la question a fini par me hanter… Moi, aventurier ?

Depuis le début de la guerre du Concept, la publication de mes romans relatant les aventures de Capricorne s'est interrompue. Mais je me sens obligée à poursuivre la chronique, au moins jusqu'au départ précipité de mon personnage principal. En outre, je dois consigner par écrit l'étrange incident me concernant, dont le souvenir semble vouloir s'estomper de ma mémoire. Tout commença une nuit du mois d'août…

CSP : leur police secrète. La vermine de la pire espèce ! De petits hommes sans envergure qui ont saisi l'occasion pour se venger de ceux qu'ils envient.

En trois choses un homme ressemblera à un démon :
- en mettant des pièges sur la route ;
- en craignant un petit enfant ;
- en se plaisant au mal.

Je déteste l'ambiguïté !

Extrait du Concept-Courrier – Liberté et tradition ! Les idées du Concept submergent le continent américain comme un raz-de-marée ! Nos troupes extrêmement bien entraînées n'ont aucune difficulté, malgré de rares récalcitrances ici et là, à persuader nos concitoyens du bienfondé de notre cause. Le droit au bonheur et la protection de la propriété privée, si chers à nous tous, se trouvent renforcés grâce à nos actions concertées de nos forces, des grandes fortunes industrielles, et au soutien de tous ceux qui, depuis toujours, ont porté bien haut l'étendard des valeurs traditionnelles de notre nation. D'où – et cela ne nous inspire aucun étonnement – la déroute totale des puissances néfastes qui gangrènent depuis des décennies notre jeunesse, et une partie, hélas, par trop naïve de notre population : mystiques et voyants, astrologues et sorcières en tout genre ! Cette engeance qui cherche par tous les moyens, à s'infiltrer dans la conscience du peuple pour y opérer ses desseins funestes. D'une main ferme et intransigeante, le Concept saura mettre fin à ces déplorables agissements, afin que l'esprit humain soit enfin libre ! Libre d'affronter les tâches qui nous attendent pour faire de notre continent le jardin d'Éden que tous les hommes à l'esprit droit espèrent et méritent. […] Pour une vie meilleure dans l'ordre et la sécurité ! Après l'écroulement lamentable du système capitalo-démocratique de la plupart des pays de l'Europe, le Concept, déjà présent au niveau politique depuis un certain temps, a enfin su apporter l'ordre et el silence dans la cacophonie chaotiques de voix discordantes devenues insupportables. La réorganisation rigoureuse de la vie économique et sociale par une discipline draconienne a porté ses premiers fruits : usuriers, banquiers, et tous ceux qui, des années durant, ont pu faire main basse sur les moyens de production, ont été remplacés par des hommes compétents, exempts de la cupidité mercenaire et de l'ambition vénale de leurs prédécesseurs. Une restructuration magistrale, supervisée avec l'efficacité exemplaire qui fait la fierté du Concept, permet dorénavant à l'Europe d'envisager l'avenir sous d'excellents hospices. La suppression, par de multiples méthodes, de la littérature subversive et dégradante pour l'image de l'homme va bon train, et il est réjouissant de voir la population y participer avec un enthousiasme énergique ! Travail, industrie, civilisation ! Des siècles de mainmise d'une petite caste de soi-disant sorciers sur la majorité des tribus, et des décennies d'inutiles luttes intestines n'ont en rien aidé l'ascension du continent africain vers le niveau des pays occidentaux. Pays qui, soit dit en passant, ont aggravé la situation par de maladroites tentatives de colonisation, n'apportant qu'obscurantisme et esclavage aux esprits innocents et braves de ces contrées sauvages. L'arrivée du Concept suscite une première lueur d'espoir dans les ténèbres qui, depuis la nuit des temps, étendent leur lourd manteau d'ignorance au-dessus de ces terres aux possibilités pourtant prometteuses. L'éclatement des structures tribales et l'internement des représentants principaux desdites structures - le tout bien entendu d'après de sains préceptes progressistes du Concept – ont amorcé les premiers pas vers une communauté de nations fortes et durables. Sous l'aile protectrice du Concept, la naïveté naturelle des peuplades indigènes se transforment progressivement en une énergie créative, qui dirigée dans la bonne direction, deviendra rapidement un phare éclatant pour tous les pays en développement. En avant l'Afrique ! Le reste du monde t'attend ! Vers une sérénité diligente ! Quand on parle de Hordes Asiatiques, l'imagination éveille en nous le tableau d'un troupeau d'hommes déferlant tel un nuage de sauterelles sur l'ordre d'un quelconque empereur, roi ou autre chef, spirituel. L'arrivée du Concept dans ces territoires mystérieux change tout cela. L'unification des consciences par une doctrine limpide et positive, par une méditation orientée vers ce qui devrait être (et non ce qui semble être !), conduit pas à pas, les foules à des occupations productives dans l'intérêt de tous. Ceci à l'exclusion d'autres dogmes, philosophies ou croyances dont les agents ont d'ailleurs été regroupés dans des endroits prévus à cet effet, bien à l'écart des masses à la crédulité capricieuse. Gageons que, le regard tourné vers des temps meilleurs, l'Asie puisse enfin réaliser son potentiel prodigieux, sous l'égide d'une cause juste et forte.

Deux heures d'interrogatoire par ce que la ville compte de plus cynique et de plus prétentieux. Pourquoi l'argent en abondance atteint-il l'âme à ce point ?

[...] toute fiction est le reflet d'une réalité !...

-Mais dites-moi pourquoi les femmes sont synonymes de chaos et d'anarchie ?!
-Allons Astor, ne soyez pas misogyne !...

Vous savez que je ne suis pas censé prononcer mon nom à New-York, parce que ça provoquerait je ne sais quelle catastrophe...

Croyez-vous vraiment qu'on élimine aussi facilement une entité dont la naissance précède celle des étoiles ?

La villa est un immense sous-entendu avec des murs et des fenêtres ! Tout y est décalé.
Chaque mot à peine sorti de la bouche s'y transforme en une chose insidieuse qui reste suspendue dans l'air et y résonne comme un coup d'épée à venir.

Je me suis marié cinq fois. Chaque relation était surprenante.
Chaque mélange donne une autre réaction. C'est en se frottant aux autres qu'on se découvre vraiment.

L'important, ce n'est pas de tout prévoir, c'est de ne rien oublier.

Le C est le chiffre romain pour Cent. Les deux traits signifient les aiguilles d’une montre : sept heures, cinq minutes. Le C et le reste du dessin correspondent à un endroit précis sur le plan des égouts de New York.

En revanche votre homonyme avait un passé plus que trouble. Une vie de crimes ! Des petits larcins, en passant par des détournements frauduleux, il a fini dans les combines immobilières. Après avoir vendu des propriétés qui ne lui appartenaient pas, il achetait des terrains sans valeur. Brent leur inventait des projets de construction fictifs, pour les revendre à prix d’or. Mais subitement tout a changé pour lui. Brent achète une ancienne carrière abandonnée. Probablement dans le but de la revendre cher sous un prétexte quelconque. Mais quand il visite l’endroit, il découvre que la pierre vibre d’une énergie mystérieuse. Du jour au lendemain, il abandonne ses escroqueries et se consacre entièrement à ce lieu étrange. Pendant des années, il se plonge dans les livres occultes, les textes hermétiques. Des pierres issues de sa carrière auraient servi à sculpter des tablettes aux inscriptions mystiques. Brent se met aussitôt à leur recherche. Il en ramène une d’un long voyage maritime. Il revend la tablette à des acheteurs européens. Là, le récit devient vague, la trace de Brent Parris se perd complètement.

Des soldats du Concept ont fait irruption chez moi. Ils m’ont emmené avec d’autres gens. Dans un camp de prisonniers. Un homme m’a convoqué : le docteur Sippenhaft. Il m’informe : on m’a arrêté à cause de mes contacts avec Capricorne. Mon avenir s’annonce sombre. Sippenhaft me propose une porte de sortie, j’accepte. Je deviens la Solution. Je fais le sale boulot du Concept. Jusqu’au jour où je n’en peux plus. Sippenhaft me punit. Je m’enfuis. J’attends qu’ils me retrouvent. Mais rien. J’ai terrorisé des individus. J’ai même assassiné. Tout pour ne pas moisir en prison. Je suis un lâche.

Quelqu’un arrive, quelqu’un doit partir. Tu sais bien comment je fonctionne.

Capricorne est un mystère dans son essence. Le Passager est un mystère auto-proclamé.