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Critiques de Gauz (200)
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Camarade Papa

D'une gouaille sans pareille, Gauz nous invite à revisiter l'histoire de France et du colonialisme. Charmé par ses inventions linguistiques, ça fuse dans tous les sens.



Mais le style devient vite lourd, empâté. Ça part dans les sens et on n'y comprend plus rien.



Son écriture originale et son discours engagé avait fait mouche avec son "vis ma vie de vigile immigré" dans "debout-payé", personnellement, ils retombent comme un soufflet avec "Camarade papa". Dommage.



Abandonné en octobre 2018.
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Debout-payé

Un regard acide, doublé d'un humour ravageur, Le bouquin de Gauz m'a enthousiasmé. Mais au delà de la légèreté que laisse au premier abord le roman, c'est aussi un portrait réaliste de la condition des africains débarquant en France, plein de rêves et d'espoir mais vite ramené par la dure réalité de la vie. Le taf à la mode c'est vigile. De Camaïeu à Sephora, ces définitions pour définir les différents clients ou voleurs ! sont un vrai régal.

Puis, Gauz à travers le portrait de trois des leurs, propose une réflexion beaucoup plus fine, réaliste de la difficulté de faire sa place dans un pays ou les liens avec l'Afrique sont indéfectibles. Des années Pompidou aux attentats du onze septembre, il revient sur les difficultés pour s'y intégrer (papiers, logement, travail, le chemin est semé d'embuches).

Lu d'une traite, une belle découverte.
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Camarade Papa

La colonisation de l'Afrique, beaucoup en parlent, plus ou moins bien, mais Gauz qui avait étonné par son talent dans debout-payé, confirme avec Camarade Papa, une oeuvre originale qui éclaire sur les méthodes employées par Français et Anglais pour s'approprier les territoires africains.

Mêlant deux époques qui pourraient se rejoindre, Gauz m'a beaucoup amusé avec cet enfant formaté par un père militant communiste ardent, admirateur de Mao et de la révolution. Son vocabulaire est hilarant, ses formules sont tendres, réalistes, jouant avec les mots. Yolanda, la prostituée qui est derrière sa « vitrine à bisous », à Amsterdam où vit notre gamin, est comme une mère, la sienne n'étant plus là : « Quand elle m'a serré fort sur ses grands bonbons pour messieurs, j'entendais son coeur battre le tam-tam des Boni-marrons. »

Quand on laisse ce jeune homme qui part retrouver sa grand-mère en Afrique, l'auteur nous ramène subitement en 1880 avec un certain Dabilly qui traverse la France pour aller embarquer à La Rochelle afin de gagner les rivages de la Côte d'Ivoire.

Ça foisonne d'anecdotes, de rencontres avec des titres de chapitres peu conventionnels, quelques légendes africaines concoctées par Gauz pour agrémenter le tout.

Camarade Papa est un roman déroutant, emballant, passionnant souvent. Il réussit à faire le lien entre la colonisation de la Côte d'Ivoire et le retour d'un jeune noir élevé en Europe chez sa grand-mère africaine.

Même si je me suis perdu un peu avec tous les noms et les dialectes, j'ai aimé ces pages détaillant la découverte du pays. Sont bien décrits les appétits coloniaux et la soif de l'or des Européens qui ne reculaient devant aucun danger, aucune maladie pour s'adjuger de nouveaux territoires.

Enfin, je dois redire combien les aventures du protégé de Yolanda m'ont fait rire avec, en point d'orgue, la séquence de l'aéroport : désopilante !
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Camarade Papa

J’avais été emballée par Debout Payé, aussi me suis-je réjouie quand est paru Camarade Papa, deux romans signés Gauz.

L’écrivain ivoirien nous livre ici une histoire de la colonisation inédite au travers de deux regards : celui d’un jeune homme blanc qui quitte son village, Abilly, près de Châtellerault, pour l’Afrique, à la fin du dix-neuvième siècle, et celui d’un enfant métis, issu de l’époque coloniale. À la mort de sa mère, en 1977, depuis Amsterdam, ce dernier est envoyé en Afrique retrouver ses racines.

C’est une histoire de la colonisation comme je n’en avais jamais lue. Sans mâcher ses mots, avec une écriture et un vocabulaire truculents, Gauz nous entraîne à Grand Bassam, première grande ville coloniale, de manière très originale, avec énormément d’humour mais aussi beaucoup de tendresse.

J’ai beaucoup appris et j’ai souvent souri à la lecture de ce roman, même si je me suis parfois perdue dans les personnages.

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Debout-payé

« Les noirs sont costauds, les noirs sont forts, les noirs sont obéissants, les noirs font peur. Impossible de ne pas penser à ce ramassis de clichés du bon sauvage qui sommeillent de façon atavique à la fois dans chacun des blancs chargés du recrutement et dans chacun des noirs venus exploiter ces clichés en sa faveur. » La longue file d'hommes noirs qui montent les escaliers ce matin-là est venue chercher un job. Ils seront tous vigiles. Formation minimaliste, aucune expérience exigée, regard volontairement bienveillant sur les situations administratives, devenir vigile est le moyen le plus simple de décrocher un CDI pour les africains de Paris. « Ceux qui déjà ont une expérience du métier savent ce qui les attend les prochains jours : rester debout toute la journée dans un magasin, répéter cet ennuyeux exploit de l'ennui, tous les jours, jusqu'à être payé à la fin du mois. Debout-payé. »



Gauz raconte dans ce premier roman très autobiographique l'itinéraire d'Ossiri, étudiant ivoirien sans papiers devenu vigile dans le Paris des années 90. Il retrace aussi à travers lui l'histoire d'une communauté et l'évolution de ce métier particulier depuis la Françafrique jusqu'à l'après 11 septembre. On trouve entre chaque chapitre des interludes, sortent d'instantanées croqués sur le vif par Gauz lui-même lorsqu'il travaillait comme vigile dans un magasin de fringues de Bastille puis dans la plus grande parfumerie des Champs-Élysées. Autant de réflexions sur la société de consommation ou sur son travail, de portraits de clients et d'aphorismes particulièrement bien troussés. Exemples :



« Les jeunes de banlieue à qui l'on donne le titre abusif et arbitraire de racailles viennent se parfumer systématiquement au rayon Hugo Boss, ou avec One Million de Paco Rabanne, une bouteille forme de lingot d'or. Il y a du rêve dans la symbolique et de la symbolique dans le rêve. »



« Ennui, sentiment d'inutilité et de gâchis, impossible créativité, agressivité surjouée, manque d'imagination, infantilisation, etc., sont les corollaires du métier de vigile. Or, militaire est une forme très exagérée de vigile. »



« Une théorie lie l'altitude relative du coccyx par rapport à l'assise d'un siège et la qualité de la paie. Elle peut être énoncée comme suit : Dans un travail, plus le coccyx est éloignée de l'assise d'une chaise, moins le salaire est important.

Autrement dit, le salaire est inversement proportionnel au temps de station debout. Les fiches de salaire du vigile illustrent cette théorie. »



C'est très bien écrit, c'est drôle, empreint d'une ironie mordante qui fait mouche. Le regard porté par Gauz sur sa communauté est aussi tendre que lucide. Cette lucidité permanente, cette fausse légèreté, cette causticité exempte de toute méchanceté donnent au récit une atmosphère douce-amère pleine de sensibilité. Une excellente surprise parmi les nombreux premiers romans de la rentrée et un auteur à la plume singulière qui mérite vraiment que l'on s'attarde sur son cas.




Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Black Manoo

Black Manoo, c'est comme un combat de boxe dans lequel s'affrontent la tendresse à l'état brut et la violence dans tous ses états.

Un crochet du gauche et v'lan j'en prend plein la figure devant le drame des sans-papiers et de la précarité de la vie sans existence officielle.

Puis un coup de poing du droit qui me balance presque avec douceur la beauté de l'amitié, de la fidélité et de la bienveillance de personnes insoupçonnées qui me font penser que l'humanité est si belle.

Et bam'... Alors que je m'étais laissé attendrir, voilà un nouveau coup qui me rappelle que la vie d'un toxico est téléguidée par la peur du manque.

Paf !... Et encore un autre coup qui dénonce la manipulation des jeunes engagés malgré eux pour défendre militairement des causes absurdes.

Bim ! Tiens, prends-ça, Croquignolle ! Toi qui n'a même jamais imaginé ce que devait être la vie d'un immigré ivoirien sans papiers posé entre Stalingrad et Belleville

Aïe... Me voilà sonnée... Je peine à reprendre mes esprits.



Mais c'est sans compter l'énergie vitale de l'humour de Gauz qui vient me revigorer et me remettre debout pour continuer jusqu'au bout cette lecture qui m'a prise aux tripes.



Gauz, par son écriture "coup de poing" comme des punchlines indispensables m'a fait sortir de ma zone de confort, m'a tendu mes gants de boxe pour que je puisse affronter à ses côtés les hasards d'une vie pas toujours heureuse mais si empreinte de tendresse.



Alors au final, qui gagne ???



Le lecteur !!!

Celui qui a eu la chance de pouvoir se plonger dans ce livre décapant, original, dépaysant, passionnant et foncièrement doux !

Même si mon voyage aux côtés de Black Manoo s'arrête là, je ne regarderai plus jamais les "Tlenteulos", La Porte de la Chapelle et les bières Tiger de la même manière.



Un grand merci aux Editions Points et à Babelio pour cette découverte inoubliable !
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Debout-payé

Gauz est un auteur charismatique très en verve, avec beaucoup de personnalité et il a si bien parlé de son premier roman, en mai dernier, lors d'un café littéraire au Festival Etonnants Voyageurs à Saint Malo, que je me suis empressée d'aller acheter son livre, Debout payé.

Il est à son image, intelligent, plein d'humour caustique et n'épargne personne. Gauz s'est d'ailleurs largement inspiré de sa propre expérience pour raconter l'histoire d'Ossiri, un étudiant ivoirien devenu vigile, debout-payé, un travail bien ingrat et fatigant pour financer ses études à Paris…

Ce court roman atypique est plein de saveurs, bouscule les idées reçues et peut parfois dérouter le lecteur… Gauz dans la vie comme en écriture emprunte des chemins innatendus et n'hésite pas à entrecouper son récit de longues listes de fines observations de nos comportements dans les magasins, comme une série d'instantanés venus nourrir son texte. Rien ne lui échappe, il scrute et décrypte nos faits et gestes, fustigeant au passage la société de consommation.

Gauz porte un regard sévère sur les relations politiques entre la France et l'Afrique, sur la place des noirs dans la société, sur les nouveaux temples de la consommation (Camaïeu, Séphora). Il passe tout à la loupe et nous fait pénétrer avec tendresse dans la communauté étudiante africaine, soumise aux clichés sur les noirs et aux soubresauts de l'actualité, comme les attentats du 11 septembre 2001.

Vous ne percevrez plus jamais les vigiles, de la même manière après avoir lu Debout payé, élu meilleur premier roman français 2014 par la rédaction de Lire.

Un début prometteur pour un roman revigorant qui se lit d'une traite.

















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Debout-payé

Un jeune africain débarquant sans papiers à Paris dans les années 90 pouvait tenter de se faire embaucher par une agence de sécurité dirigée par des Ivoiriens : le vigile noir était (est toujours) très prisé, particulièrement en région parisienne. Les employeurs n’étaient pas très regardants en ce qui concernait les papiers, les clandestins étant finalement des employés plus fiables, moins enclins à la revendication que les autres... Par le biais des sous-traitances, un vigile un peu dégourdi pouvait créer sa propre entreprise au bout de quelques années et s’installer dans un pavillon de banlieue…Mais pour la plupart c’étaient les chambres sordides partagées à quatre ou cinq dans des immeubles vétustes aux sanitaires défaillants. Et la précarité.

Et puis les attentats de septembre 2001 ont créé un tournant dans le monde de la sécurité : les vigiles noirs sont toujours demandés mais désormais embauchés par des Blancs.

De Camaïeu au magasin Séphora des Champs Elysées en passant par les Grands Moulins de Paris, des années 90 aux années 2000, l’auteur nous fait vivre la journée de ces « debout-payé » au fil d’anecdotes pleines d’humour et de vécu. Des soldes aux mille et une manières de resquiller ; des femmes voilées, des Africaines, des grosses, des maigres, des coquettes, des travestis, des hommes costumés, toute une population qui vient s’habiller, se maquiller ou se parfumer sans se soucier du regard attentif de celui qui surveille… C’est aussi le regard d’un immigré africain sur la société parisienne, qui permet ce décalage humoristique : un œil neuf qui voit ce qui pour nous n’est qu’évidence et banalité. Et souligne les contradictions des uns et des autres sans aucun tabou.

Un texte à mi-chemin entre l’essai sociologique, le roman, l’autobiographie, un peu décousu, aussi bien par sa forme, que par ses retours en arrière dans le temps qui le rend parfois assez confus, mais qui reste une analyse intéressante d’un métier souvent peu considéré et de la vision raciale qui lui est attachée.

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Debout-payé

Debout -payé, c'est le nom que se donnent les vigiles africains qui opèrent dans les grands magasins parisiens. Bien trouvé, n'est ce pas ?



Ce livre , en grande partie autobiographique, est un condensé d'intelligence, d'humour. Une vision régénératrice de l'africain exilé sur le blanc .

C'est donc l'histoire d'un jeune ivoirien qui débarque en France et qui est pris en charge par la communauté ivoirienne locale.

L'auteur aurait pu se contenter de dérouler la bobine de sa vie , mais il a présenté son œuvre autrement : Une partie historique , qui décrit trois grandes époques de l'immigration vers la France , ou plutôt des conditions de vie des immigrés en France et une partie loufoque , mais tellement drôle, où l'on est dans la tête du vigile qui commente son quotidien , à Séphora, Camaieu ou ailleurs.

S'il n'y a pas grand chose à dire de cette deuxième partie, sinon qu'elle est enthousiasmante, la partie historique , du premier ivoirien venant tenter sa chance en France à aujourd'hui, est poignante.

L'auteur explique les conditions de vie des arrivants, l'entraide, les réseaux , les difficultés à l'intégration. Il met surtout en lumière l'impact de la crise pétrolière ou des attentats terroristes du XXI ème sur le quotidien du sans papier.



Une bouffée d’oxygène, de bonne humeur . Une lumière sur les réseaux africains à Paris. Un moment de culture, de détente. Une très belle performance.
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Black Manoo

Une femme floue fait l’avion par terre. Traduction : une femme pas très jolie est complètement ivre. J’ai toujours adoré la manière dont les Africains réinventent la langue française. De ces trouvailles, Black Manoo est truffé. Les agents de la RATP sont appelés les « Cetelem » parce qu’ils sont verts. Les putes chinoises qui font des passes à 30 euros sont des « tlenteulos ». On cuisine le poulet bicyclette (poulet élevé à l’air libre et non en cage) de toutes les manières mais la spécialité de Black Manoo reste le cou-cravate (cou de poulet avec une patte dedans…)

Black Manoo est une figure de la communauté africaine de Paris, là où les Ghanéens se moquent des Nigérians et réciproquement mais pourvu qu’un blanc passe par là, et la fierté noire calme les esprits batailleurs. C’est bien de se mélanger, de ne pas trop se regarder le nombril. Black Manoo leur a dit : « faut pas trop rester entre vous, sinon vous devenez cons ». Black Manoo vent de la drogue, ouvre un restaurant, fait le jardinier, pardon le paysagiste (parce que les métiers « ier », ça pue la misère). Bref, il se débrouille. Il y a les femmes qu’il séduit et celles qu’il entretient. Des femmes qui en bavent après des grossesses à répétition (« Ses années de nécessité ont enterré toute légèreté, habillé l’urgence en modèle ») mais qui ne perdent jamais leur sourire. Elles portent la culotte et le squat à bout de bras boudinés.

Entre combines et maraboutages, la vie de Black Manoo, le gentleman de Cocody, se termine dans la douleur parce que la morphine n’a pas d’effet sur les camés. Le crabe l’emporte. Les lettres d’adieu à ses amis sont émouvantes, comme un dernier rappel de ces acteurs hauts en couleurs qui font la chair et le ciment de ce roman foutraque.

Bilan : 🌹

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Debout-payé

Il suffit de lire la courte mais instructive autobiographie de l’auteur en fin de livre pour comprendre combien le parcours d’Armand Patrick Gbaka-Brédé aka Gauz est atypique, sinueux, anticonformiste. Debout-payé, son livre à succès huit fois réimprimé, lui ressemble.



Car au-delà de la chronique fantasque du quotidien réaliste et loufoque de ces gardiens des temples de la consommation de masse que sont devenus les vigiles – devenant également au passage de parfaits observateurs-décrypteurs des travers de notre société, contrastes personnalisés de ceux qu’on ne voit pas ou qu’on ne voit plus, alors qu’eux-mêmes sont payés à devoir tout voir – le livre explose ce carcan un peu étroit pour explorer d’autres dimensions plus profondes. Et c’est réussi !



Car parallèlement, et sans avoir la prétention d’écrire l’histoire de l’immigration de ces cinquante dernières, Gauz nous livre juste une histoire, courte et parfois volontairement réductrice. Celle d’Ossiri, quittant à vingt ans Abidjan pour Paris, pensant s’éloigner de l’enfer pour trouver le paradis. Une histoire de galères et d’entraide, de squats et de cités dortoirs, d’embauches à la journée et de CDI paradoxalement précaires, de communauté sans communautarisme et d’intégration à l’arrache, seule possibilité entrevue pour quitter enfin le monde des vautours qui se nourrissent de la misère humaine.



C’est aussi en toile de fond un regard politique un brin désabusé sur la Françafrique, ce néologisme qui englobe toute l’ambiguïté de l’écosystème relationnel inégal qui régit depuis tant d’années les liens entre notre pays et son continent frère. Sans dénonciation, ni recherche de repentance. Juste des faits, des souvenirs et le rappel d’une situation qui n’a finalement pas énormément évolué en cinquante ans. En alternant les styles, montrant ainsi l’étendue de sa palette d’auteur, en grossissant les traits qu’il lance et en distillant quelques savoureux aphorismes, Gauz réussit un livre aussi instructif que distrayant !

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Debout-payé

Dans ma chronique littéraire du roman " Ressources Inhumaines" de Frédéric Viguier je m'interrogeais sur le fait que le métier de vigile était de plus en plus un personnage central de films ou de romans de ces dernières années, ce qui est le cas cette année dans les longs métrages vus en salles comme la Loi du marché, Jamais de la vie ou le méconnu mais pourtant très réussi Que vive .



Observateur qui voit tout en étant parfaitement invisible aux yeux des clients, gardien impassable du temple de la ( sur)consommation, il faut dire que le vigile, de par sa position dans la société, possède un beau statut qui est parfaitement mis en avant dans un roman sorti quelques mois avant ces films dont j'ai parlé, il s'agit de Debout Payé de Gauz, qui fut un des succès venus de nulle part de la rentrée littéraire de 2014.



Paru fin aout 2014, noyé sous le flot des 600 autres roman, le livre sorti en grand format chez petit éditeur le Nouvel Attila s'est écoulé à plus de 20.000 exemplaires et fut récompensé de deux belles courrones, celle du meilleur premier roman français par la rédaction de Lire ainsi que celle de lauréat du prix Gibert-Joseph pour l’année 2014 -,



L'ayant raté à sa sortie, j'ai profité de sa récente publication au livre de poche et de sa sélection dans la dernière session de novembre du prix des blogueurs pour me faire une idée de ce (petit) phénomène littéraire.



La construction du livre de Gauz, très directement liée de ses expériences professionnelles est pour moitié un roman, pour l’autre moitié un recueil d'aphorismes plus légers mais souvent bien mordant et acides, constitués par la liste d’anecdotes et de remarques observées puis consignées par le vigile sur son métier, et sur les clients des magasins ( Sephora des Champs Elysées ou Camiaeu Bastille notamment) où l'auteur a travaillé....suite de la chronique sur le blog



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Camarade Papa

*



La Côte d'Ivoire... C'est le point de rencontre des deux histoires de ce roman. La première est celle de Dabilly, un français qui se rend dans ce pays d'Afrique pour fuir sa ferme à la mort de ses parents. La seconde raconte la vie d'un enfant d'origine africaine et qui vit à Amsterdam avec ses parents.



Leur regard se croise malgré les années qui les séparent. le colonialisme, le communisme, le commerce et les tribus d'Afrique noire sont autant de thèmes abordés par Gauz dans ce roman qui l'a laissé sur le bord de la route...



L'écriture m'a paru compliqué, fouillie et notamment pour les passages avec l'enfant qui empreinte le vocabulaire communiste de ses parents...



Merci cependant à NetGalley et aux Éditions le nouvel Attila pour leur confiance.
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Debout-payé

Un livre fait de remarques ironiques d'un vigile africain sur le monde qui l'entoure en alternance avec des chapitres plus substantiels portant un regard acerbe sur la relation ambiguë de notre société occidentale avec les autres civilisations. J'ai un peu regretté cette alternance en raison de l'aspect "almanach", lassant à la longue, des parties litanie de définitions, malgré tout bien vues et pleines d'humour. Des passages intéressants donc, mais un ensemble inégal et une petite déception par rapport aux critiques élogieuses et à la couverture annonçant " l'une des surprises les plus réjouissantes de cette rentrée".
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Debout-payé

Ce premier roman, conseillé par mon libraire, est une bonne surprise de la rentrée.

Sa construction est un peu singulière: les chapitres sur l’histoire de différentes générations d’ivoiriens vigiles à Paris alternent avec les réflexions intérieures qu’un vigile peut avoir sur l’échantillon de l’humanité qu’il observe quotidiennement.

Nous sommes donc en présence à la fois d’un roman portant sur cette communauté d’hommes ivoiriens, la plupart du temps «sans papiers», à partir des années 60 jusqu’en 2001 et d’un «catalogue» de réflexions ou de choses entendues, souvent drôles, parfois caustiques sur les clients d’un Sephora ou d’un Zara.

Finalement, Armand Patrick Gbada-Brédé, alias Gauz, porte un regard pour le moins désenchanté sur l’accueil de la communauté africaine à Paris et sur notre société de consommation. Résolument original, ce court roman édité chez «Le Nouvel Attila», une petite maison d’édition que je découvre, est à lire.

Et puis, vous ne regarderez plus les vigiles de la même façon!
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Debout-payé

En apparence et au début surtout, c’est typiquement le genre d'ouvrage à ouvrir, nonchalamment vautré sur son transat en plastique, au bord de la piscine bleu-azur, quand la sono JBL distordue du club cinq étoiles crache à toute volée la kilométrique musique syncopée de la chorégraphie simplissime adoptée pour la chaude saison en cours.



Un encas à consommer sur place si on l'a emporté.



Comme cette musique formatée, ça s'oublie encore plus vite que ça ne se lit : un florilège sous forme de collier factice de courts billets qui s'enfilent sur le lent fil du quotidien relevé au cours des vigilantes journées des vigiles des grands magasins, attentifs et curieux à la diversité de la clientèle qu'ils côtoient stoïquement immobiles.



Tranches de vie.



C’est amusant souvent, carrément  drôle parfois, léger et intelligent toujours mais volatile tout le temps!



Et puis le récit évolue du tout au tout, virage à 180 degrés, comme si on avait brutalement troqué le livre initial contre un ouvrage plus classique dans sa forme ou sa construction.

Au bout d'une trentaine de pages seulement, du futile flori-léger, on passe à l'histoire de Ferdinand, un immigré qui a quitté son petit village de côte d'ivoire pour sous-louer une chambre d’étudiant dans un immeuble parisien sensé appartenir à son pays d'origine.

Nous sommes dans les premières années 70, juste au moment où l'on commence à parler de choc pétrolier.

Ferdinand est portier/vigile aux moulins de Paris. Dans son bel uniforme, il filtre les allées et venues dans la grande fabrique de farine de la capitale.



Portier vigile.



Il voit Giscard arriver à la barre et Ponia barrer la route aux candidats émigrants parce qu’il est fini le bon temps où on ‘invitait' les africains à venir aider les français à absorber la masse considérable de travail lié à la reconstruction post seconde guerre mondiale.

L’hexagone avait besoin de bras, mais…

Une autre époque, un autre monde.



De nouveau quelques bulles ethnographiques scannées au regard pénétrant des vigiles qui sondent les visiteurs pénétrants les temples modernes de la consommation dont ils sont les cerbères et dont les dieux ont pour noms Chanel ou Dior.



Un regard vif et aiguisé qui sait mieux que tout autre étudier la cosmologie humaine environnante.



Une parenthèse avant que ne reprenne le récit de Ferdinand qui a depuis créé sa propre boîte de sécurité où il emploie des gars du pays pour faire vigiles, comme lui, même si, là-bas, ils pouvaient espérer être enseignants et vivre plus dignement que chez des marchands de sommeil.



Désormais, en France, on parle de sans papiers indésirables que l'on est pourtant bien content de trouver pour assurer les missions que ne tiendraient pas des ‘blancs' au cœur même de leur propre capitale et qui, sans cesse, risquent une reconduite à la frontière.



Une autre sphère dans notre propre monde !



Et puis, le World-Trade-Center, la paranoïa galopante généralisée, les conditions pour assurer les postes de sécurité qui se durcissent, le personnel qui doit montrer ‘pattes blanches’ pour espérer conserver son emploi.



Le monde du contrôle est révolutionné.



Au fur et à mesure que s’égrènent les années retracées par l'auteur, le métier de ‘debout-payé' est passé au crible de son observation pointue, critique et désabusée qui ne nous épargne volontairement ni les clichés ni les hypocrisies prêtées aussi bien aux immigrés eux-mêmes qu'aux associations qui militent à préserver leurs droits.

Plus une étude ethnologique qu'un véritable roman à proprement parler, ce récit se sera laissé lire sans pour autant provoquer une émotion enveloppante chez moi, peut-être désarçonné par sa forme que j’aurais sûrement préféré plus classique.



Bien sans être inoubliable en fait…
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Camarade Papa

Un titre qui m'a fait de l'oeil : Camarade Papa. Seulement ce roman refuse de m’embarquer à son bord. Quelques expressions qui m’ont fait sourire, parce que la plupart je ne les comprends pas. Arrêt à la 100ème page parce que je suis incapable de dire de quoi ça parle, impossible d’accrocher. C’est vrai que le colonialisme me hérisse les poils. Pourtant, toutes les critiques de presse et de lecteurs (à part une) sont unanimes : oh génie ! Peut-être une autre fois avec un décodeur ?
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Black Manoo





Lu dans le cadre du Prix du Meilleur Roman Points. Merci !



Voici le premier roman de Gauz que je découvre après avoir entendu beaucoup de bien de ces précédents romans, «Debout-payé» et «Camarade-papa».



Black-Manoo, c’est le surnom d’Emmanuel, Ivoirien qui débarque avec un faux visa à Paris dans les années 90. Il est tout d’abord charmé par les jolis noms des quartiers où il échoue (Porte des Lilas, Belleville…) mais va vite déchanter.



On suit les galères de cet immigré au costume rouge flamboyant mais pauvre, jeune homme accro à la drogue qui vit de squat en squat et qui recherche activement, du moins au début, un musicien de son pays, Gun Morgan.



Ce roman est une invitation au voyage même si on ne quitte pas la France. Dans une langue poétique et singulière, Gauz nous en met plein la vue et plein les sens, avec ses saveurs de piments et de mafé et ses personnages haut en couleurs vivant de petites magouilles. Des camés, des bougnats, des dealers, des putes à « tlentelos », des mères de famille nombreuse et même un aumônier, tous ont une histoire attachante, souvent sordide, que l’on découvre au fil de très courts chapitres qui s’enchaînent comme autant de chroniques du bitume.



Dans ce roman, on s’amuse et on sourit, on apprend des choses, on s’indigne et on pleure aussi un peu.



La fin, touchante, apporte un nouvel éclairage à ce court texte, que l’on aurait presque envie de relire une fois la dernière page tournée.



Une heureuse découverte. Une écriture riche et réjouissante.



Je recommande !
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Debout-payé

Ce premier roman a été encensé par la critique, et sur le plateau de La Grande Librairie, et à juste titre.



Un roman assez autobiographie, comme c’est souvent le cas, mais dont le sujet est originale et traite d’un sujet peu exposé dans la littérature et dans la presse en général : la vie de ces vigiles, qui restent toute la journée débout à surveiller les moindres faits et gestes des gens, qui sont susceptibles de voler des choses dans les magasins. Un travail ingrat, ou le contact humain est basé sur la surveillance et la peur. Qui a déjà pensé a ce qui ce cachait derrière ces armoires à glaces black a l’entrée des magasins. Ont-ils une famille, des papiers, dans quelles conditions vivent-ils ? Ce roman se propose de nous immerger dans ce quotidien. Plus exactement, nous suivons le parcours de plusieurs africains (en l’occurrence trois : Ferdinand, Ossiri et Kassoum) entre les années 60 et nos jours, avec les changements de politiques, l’apparition de la carte de séjours, la création du statut de sans-papier, les conséquences du 11 septembre 2001 sur leurs conditions de travail etc.



Nous y suivons également le quotidien de ces vigiles dans quelques magasins des Champs Elysées, avec des anecdotes cyniques et très amusantes.



Il est vrai qu’au début, j’ai eu un peu de mal à entrer dans ce roman, car les descriptions des faits et gestes des clients chez Camaïeu m’ennuyaient un peu ! Mais en persévérant, j’ai vraiment apprécié l’histoire et son point de vue sur le quotidien de ces individus.



Gauz, de son vrai nom Armand Patrick Gbaka-Brédé, écrit un roman fort et puissant, une satyre sur les clients des magasins et de la société, et mais en valeurs le travail de ces travailleurs de l’ombre. A découvrir absolument !!!!

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Debout-payé



La vie de vigile, c'est d'être "debout-payé". C'est voir passer des centaines de clients par jour, ceux qui viennent acheter, ceux qui se contentent de regarder et ceux qui voudraient partir sans payer. S'inspirant de sa propre expérience comme vigile dans des parfumeries, Gauz nous confie Ossiri, Kassoum, Ferdinand et les autres; une chronique sociale douce-amère teintée d'ironie.



Parce qu'ils attendent toute la journée, parce qu'ils sont ceux sur qui le regard glisse... ils ont du temps pour penser. Le roman s'inscrit dans cette vie intérieure en mêlant des parties centrées sur l'observation des clients et des moments où c'est le passé qui refait surface, détaillant le destin qui les a amenés d'Abidjan à Paris.



Bien que l'humour soit omniprésent, il se fait bien souvent ironie pour masquer la dureté de la vie de ceux qui ont quitté leur pays, leur famille, leurs amis, espérant une vie meilleure à Paris où ils se retrouvent au mieux, vigile chez Séphora ou Camaïeu et logeant dans un taudis, menacés d'expulsion.

L'observation fine des clients qui fréquentent les boutiques de fringues ou les parfumeries sur les Champs Elysées est franchement drôle. Tout sonne juste, sans caricature; on en a tous rencontrés un jour ou l'autre, on est peut-être l'un d'eux.



Ce roman, c'est presque un témoignage, celui d'une époque, celui d'une société qui ferme les yeux sur le sort d'une partie de ses concitoyens, celui d'un système où, comme on dit chez nous, "c'est toudi le p'tit qu'on spotche".
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