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Critiques de Gauz (200)
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Camarade Papa

Le grand soir, camarades, c’est pour demain ! ainsi pense l’enfant à Amsterdam qui nous raconte son histoire.



Gavé des mots révolutionnaires de ses parents dont il ne comprend pas le toujours sens quand il agglomère deux noms pour former un mot valise qui ressemble vaguement à un terme entendu, il se rend en Afrique dans sa famille car son père ne peut plus l’élever seul.



Ces chapitres avec le parlé si particulier de l’enfant alternent avec le récit de la vie de Dabilly, jeune homme pauvre qui se rend en Côte d’Ivoire mener la vie de colon.



Dabilly découvre les us et coutumes du peuple ivoirien.



Certaines légendes sont racontées dans des chapitres à part.



Un livre protéiforme qui m’a fait sourire parfois (ah, le Grand Soir révolutionnaire dans la bouche d’un enfant…).



Certains passages m’ont moins parlés, comme certaines descriptions.



J’ai aimé découvrir certaines légendes.



Un roman vraiment très différent du précédent de l’auteur.



L’image que je retiendrai :



Celle de la salle de classe de Côte d’Ivoire où se rend le garçon doté d’un poste de télévision que les enfants regardent du matin au soir.
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Camarade Papa

L’aventure commence en 1980, à Amsterdam. Un enfant marron très clair qui vit dans le quartier des vendeuses de bisous, avec son père Camarade papa, un révolutionnaire qui a initié très tôt sa progéniture à sa vision rouge vif du monde. Un enfant qui a la tête bourrée d’idées de grands mais qui garde un langage d’enfants. Un enfant que son père va envoyer en Côte d’Ivoire, sur la terre de ses ancêtres.



On retrouve justement la Côte d’Ivoire en d’autres temps. A une époque où les Français, les Anglais et les Portugais se livraient bataille pour s’accaparer les territoires d’Afrique. On est en 1880 et la colonisation régit le continent, à coups de confrontations, d’alliances et de négociations. Dabilly rêvait de ce nouveau monde. Il a quitté la France et sa vie à l’usine pour embarquer et rejoindre Grand-Bassam.



Là il va croiser la route d’autres Français, des commerçants notamment, avec qui il va lier une relation qui ressemble à de l’amitié, mais est surtout cet instinct de se rapprocher de qui nous ressemble. Une course est lancée pour battre les Anglais sur les terres méconnues et inexplorées où vivent des tribus autochtones. Qui ont vite compris comment tirer parti de ces blancs cupides.

Dabilly est pourtant d’une autre trempe. Ce n’est pas un combattant, ce n’est pas un négociant, ce n’est pas un hypocrite. Juste un homme qui a choisi de déserter la vie qui s’annonçait à lui pour tracer son propre destin.



Que j’ai aimé ce roman ! Merci à Gauz de m’avoir aussi bien embarquée dans cette Côte d’Ivoire du 19è siècle pleine de contradictions : à la fois sauvage et soumise, accueillante et hostile, blanche et noire. Je me suis laissée envahir par le bruit des vagues, les sons de la forêt et une impression de moiteur. J’aime cette sensation de me laisser couler dans une histoire pour oublier tout ce qui se passe autour.

C’est une histoire passionnante que celle de Dabilly, un jeune homme attachant, curieux et respectueux. Il nous fait décourvir une Afrique inconnue et mystique, avec des épisodes intrigants et intéressants (l’histoire de la « confiance » dans la tribu me fait rire et me laisse perplexe en même temps) (je ne dirai rien de plus).



Et vraiment, ce que j’ai aimé par-dessus tout, c’est la langue. Je ne sais pas si elle coule de source pour Gauz ou s’il y a un gros travail autour de son écriture, mais c’est ciselé, plein d’esprit, recherché. Chaque phrase est précieuse. Camarade papa invite à la lenteur, on a envie de prendre son temps et d’apprécier pleinement la belle plume de l’écrivain.



Un beau coup de coeur !
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Camarade Papa

Devant les critiques plus que positives de la presse et des libraires et attirée par le postulat de l'histoire, je me suis précipitée à le lire. Mais... je n'ai pas accroché. L'écriture est vraiment particulière et rend la lecture mal aisée. Je voulais me faire gagner par le roman, mais non, dommage. Je rencontre l'auteur bientôt, peut-être nous donnera t il les clefs, je n'abandonne pas
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Debout-payé

un livre avec beaucoup d'humeur malgré un sujet difficile la place de l'immigré africain qui arrive en France...comment s'adapter comment s'intégrer... je le recommande
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Debout-payé

Drôle et sarcastique, Gauz est aussi un formidable pamphlétaire. Il a le sens de la répartie, un humour tordant et un a-propos qui désarçonne.

Ses expressions filent à toute allure, son verbe fuse, empoignant au passage les métaphores qu'il file avec brio ; il malmène les codes et renouvelle le genre ; il en profite pour décaper à la soude caustique les poncifs les plus éculés qui collent à la peau du noir.

Un moment de pur bonheur, jouissif et cynique, comme on les aime (ou pas, d'ailleurs) !



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Debout-payé

Debout-payé, c'est le résumé de la vie professionnelle du vigile dans les magasins.

Vigile, c'est une profession bien souvent réservée aux Noirs à Paris.

Et Gauz est noir (Ivoirien), et il a été vigile.

Il sait donc de quoi il parle dans ce roman sur la diaspora africaine où l'humour est souvent une arme pour dénoncer le quotidien des travailleurs immigrés.

Pas de misérabilisme, mais des phrases efficaces qui résonnent longtemps, alors que le sourire s'est effacé.

Ce roman est à deux voix et à deux tempos qui se succèdent. L'une, narrative, nous raconte les relations entre les Ivoiriens et la France sur trois générations, à travers l'histoire e Ferdinand et Ossirri, et décrit les embûches des sans-papiers, égratignant au passage les politiques migratoires françaises. L'autre, en courts paragraphes se présentant comme des définitions de dictionnaire, donne la parole au vigile, qui, par petites touches, décrit son quotidien. Et alors là défilent des tranches d'humanité, décrites avec acuité.

"Debout-payé"est un roman original, plein de vivacité, dont les mots de fer portent des gants de velours.

Une belle découverte, et une vraie surprise.
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Debout-payé



Armand Patrick Gbaka-Brédé est le vrai nom de cet Ivoirien né en 1971 à Abidjan, venu en France pour parfaire ses études et devenir vétérinaire grâce à une bourse universitaire, Il en décide autrement et choisit de vivre tout simplment avant de reprendre ses études à Jussieu, Comme dans l'intervalle, il fallait bien se nourrir, il a essayé à peu près tout ce qu'on peut faire quand on est grand et bien bâti, jeune et musclé, disponible et volontaire, Ah oui, j'oubliais : noir, aussi, Ce qui aussitôt vous aiguille vers les métiers à muscles : vigile, videur, gardien de site, Si on a un public, il faut être « sapé » (cela va plaire à ceux qui en font un must, les « sapeurs » de Barbès) : costume noir, cravate noire, chemise noire ou blanche, selon ; Men in black,



Et notre ami ivoirien de nous raconter le quotidien des vigiles chez Camaïeu ou Séphora, les clients de la Bastille et ceux des Champs-Élysées, comment on classifie les éventuels voleurs, comment on les repère, comment on attend qu'ils aient franchi le portique (avant la sortie, ce n'est pas un vol), comment on les course ,,,jusqu'au moment où on se dit que courir pour que Liliane de Bettencourt gagne quelques dizaines d'euros de plus sans même s'en rendre compte, franchement, est-ce que cela mérite la sueur ?

J'apprends une chose : si on va avec un sac à main au rayon sacs à main d'une boutique qui des vêtements, on est forcément une voleuse, on va, c'est sûr, cacher les antivols cisaillés dans la cabine d'essayage dans un sac à vendre et partir avec le butin ! Je n'achèterai jamais de sac à main chez Camaïeu,,,

On apprend aussi que l'un des derniers méfaits de la colonisation aura été de fabriquer de toutes pièces chez les Africains un goût pour le wax, ce tissu criard fabriqué en Hollande, hors de prix et qui fait concurrence aux cotonnades locales, C'est pourtant à la vue des pagnes que les Africaines, sans jamais se tromper, identifient l'origine de leurs consœurs croisées dans la rue,



Ce livre, qualifié de « roman » n'en est pas un à proprement parler, plutôt une suite d'observations, de commentaires et d'anecdotes sur la vie en France des étudiants sans papiers devenus des sans-papiers tout court, entre logement dans les taudis de la MECI (Maison des étudiants de Côte d'Ivoire) et emploi sans grand intérêt, Il nous donne aussi un aperçu de la vie des Africains en France, leur solidarité, leurs difficultés, sans pathos ni jérémiades, souvent avec humour et acuité,
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Debout-payé

Dans ce roman atypique que j'avais envie de lire depuis sa sortie, nous découvrons les parcours de différents personnages qui s'entrecroisent, de plusieurs générations d'immigrés et plus particulièrement le parcours d'un jeune étudiant africain prénommé Ossiri. Arrivé sans papier à Paris dans les années 90, il va chercher du travail dans le milieu de la sécurité et notamment essayer de se faire embaucher comme vigile dans une agence dirigée par des Ivoiriens. Il va y parvenir plus ou moins rapidement et nous allons, alors, être plongés au cœur de ce monde.



Avec ce roman en partie autobiographique, Gauz, l'auteur qui, lui aussi, a été vigile, nous propose une vision de la société française, un regard intéressant sur la société de consommation dans laquelle nous vivons. C'est de son expérience que sont tirées les anecdotes vécues par Ossiri, notamment dans les magasins Camaïeu de Bastille et Sephora des Champs-Élysées. Les situations décrites ne sont pas toujours faciles, pourtant ce n'est jamais avec pathos que l'auteur nous les livre, faisant même preuve de beaucoup d'humour. Outre l’immersion qu'il nous permet de faire dans le milieu de la sécurité, un milieu multiculturel et métissé, Gauz nous plonge aussi sur la communauté africaine de Paris de ces dernières années. Nous découvrons leurs conditions de vies et leurs revendications, la France à travers leurs yeux.



Debout-Payé a été entièrement à la hauteur de mes attentes, je n'ai, en rien, été déçue par cette lecture. C'est un roman vraiment original, à la fois par son sujet et par sa forme, par le style de son auteur. J'ai passé un très bon moment de lecture et je le conseille vivement.
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Debout-payé

Avouons-le, j'avais fini par me méfier de ce roman un peu trop porté aux nues (même si j'avais vu des bémols). Mais quoi, moins de 200 pages, le risque était trop faible pour ne pas lui laisser sa chance. Et j'ai drôlement bien fait car c'est une bonne surprise! Je m'attendais à de courtes vignettes sur le quotidien des vigiles (les Debout-payés) dans les magasins parisiens - et je les ai eues, fort réjouissantes, tapant fort et juste, avec un sens de l'observation bien affûté. Mais surtout j'ai eu un raccourci d'histoire africaine et de son immigration en France. Tout le monde en prend pour son grade, dans une langue savoureuse, qui fait mouche. C'est fort bien écrit et efficace, plus en profondeur que je ne le pensais au départ. A découvrir, donc.



"Ici il n'était rien pour personne et personne pour tout le monde."



"Quelle idée de courir après quelqu'un qui a volé dans la boutique de Bernard, première fortune de France, une babiole ridicule produite par Liliane, septième fortune de France?"



"A Paris, la concentration de mélanine dans la peau prédispose particulièrement au métier de vigile."



" Iphone : Une jeune fille essaie des lunettes et se mire avec son iphone, fonction 'Facetime'. A côté d'elle, un grand miroir descend du plafond jusqu'au plancher.

Des filles essaient des tenues dans les cabines d'essayage, puis se photographient sous tous les angles avec leurs iphones. Ensuite, c'est autour de l'écran qu'elles discutent de leurs choix. Le pixel a pris le pouvoir sur la rétine."
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Debout-payé

Après avoir lu ce récit, vous ne verrez plus les vigiles dans les magasins de la même façon ! L'auteur retrace la vie de trois ivoiriens venus à Paris pour gagner leur vie. On leur proposera d'être gardiens ou vigiles : payés pour rester debout pendant 8-10 heures. C'est écrit avec des détails et de l'humour. Cela constitue aussi une sorte de témoignage sociologique sur une tranche de la population dont on ne parle pas souvent. Un ouvrage intéressant et de lecture facile et agréable.
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Debout-payé

Depuis le 21 août, nous disparaissons sous des piles de livres, et lorsqu’une est terminée, une autre prend immédiatement sa place : avec 607 romans pour la rentrée littéraire, il est difficile de faire des choix. Le plus souvent, on se tourne vers des auteurs connus, déjà primés, et les éditeurs jouent là-dessus, mais quid du reste ? En fouillant un peu, en écoutant notre libraire, on peut découvrir une nouvelle pierre apportée à la littérature, un roman vers lequel on ne se serait pas tourné instinctivement. Ce dont on parle peu est parfois une clé de voûte et le jour où on comprend l’importance de cette petite pièce, elle est alors dévoilée au grand jour.







Ainsi, en cherchant au-delà de nos valeurs sûres, des auteurs connus et reconnus, des éditeurs centenaires, on trouve un petit bijoux, une pierre brute, premier roman publié chez un éditeur peu connu du grand public : voici Debout-payé de Gauz, publié aux éditions Le Nouvel Attila.
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Debout-payé

Un savoureux et brillant récit : l’autre côté du miroir impassible du vigile africain à Paris.



Désormais sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2014/08/15/note-de-lecture-debout-paye-gauz/

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Cocoaïans

À propos d’asservissement durable, colonial et post-colonial, par la monoculture d’exportation – en l’espèce le cacao ivoirien -, une magistrale leçon d’économie politique, pourtant toute de poésie et de verve.





Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/09/08/note-de-lecture-cocoaians-gauz/



On savait depuis « Debout-Payé » (2014) à quel point Gauz est capable, par sa gouaille étagée sur plusieurs niveaux et sa finesse analytique, d’entrechoquer l’apparemment très prosaïque et le hautement politique. Capacité démontrée initialement en confrontant la position du vigile et de l’agent de sécurité d’origines africaines à la société parisienne de consommation et de luxe d’une part, et à l’assise toujours solide de la Françafrique, d’autre part, elle était également éclatante dans « Black Manoo » (2020), quoique d’une manière devenant extrêmement poignante lorsque le rire du maquis clandestin parisien s’y ralentissait et effaçait.



C’est toutefois dans son « Camarade Papa » (2018), avec son extraordinaire humour grinçant, qu’il était jusqu’ici allé le plus loin dans la mise en abîme de la colonisation (de l’Afrique de l’Ouest en général et de la Côte d’Ivoire en particulier) face à une lecture marxiste (fût-elle conduite avec la ruse de l’outrance) de l’Histoire, la seule réellement pertinente en l’espèce. « Cocoaïans », publié chez L’Arche en août 2022, en se concentrant sur la transformation totale de l’économie ivoirienne par le cacao destiné à l’exportation, conduite à partir de 1930 par des sociétés françaises puis internationales de négoce agricole, spécialisées ou non, sous l’égide du colonisateur (« officiel » depuis 1893, une fois tombés les oripeaux du « protectorat »), et poursuivie par les gouvernements indépendants d’après 1960 (qui échouent toutefois à prendre le contrôle effectif des « termes de l’échange » selon l’expression consacrée par Prebisch et Singer en 1950, comme le rappelle Gauz avec sa verve cruelle), pousse cette leçon d’économie politique, inscrite dans la matérialité historique, à ses extrémités nécessaires, avec une incroyable grâce, efficace et corrosive.



Loin de se contenter de cette magistrale leçon d’économie politique (dont la précision technique est digne des meilleurs articles universitaires d’économie sur le sujet, même si le ton en est – heureusement – fort différent : je vous recommande celui-ci, par exemple, particulièrement édifiant), Gauz l’a magnifiée et rendue plus éclatante encore par son art du récit et sa poésie gouailleuse, notamment en mobilisant certains personnages historiques reconstitués, devenus semi-légendaires (la reine Pokou) ou fantomatiques (Jean-Baptiste Marchand, dont on oublie souvent qu’avant l’épisode de Fachoda en 1898 qui le vit être promu commandant, il s’était bien fait la main lors de la conquête de ce qu’on appelait alors déjà le « Soudan français », et que son expertise multiforme en matière de conquête, domination et manipulation pouvait se révéler bien précieuse, une fois mise au goût du jour, pour ses innombrables successeurs officiels et officieux jusqu’à aujourd’hui), certains pionniers des luttes syndicales, autonomistes et indépendantistes, face aux grands propriétaires blancs, aux troupes coloniales et plus tard aux diverses formes de corruption post-coloniale, ou encore certains leaders politiques, chanceux ou malchanceux, ayant encouru en leur temps les foudres de l’ex-puissance coloniale et de ses alliés locaux si prompts à suivre les recommandations des programmes de stabilisation.



Ce n’est sûrement pas par hasard que ce texte magnifique paraît dans la collection Des écrits pour la parole de L’Arche (où l’on trouve d’autres textes décisifs et politiquement tranchants, tels « Autobiographie du rouge » d’Anne Carson, « Les nouveaux anciens » de Kae Tempest ou les très collectives « Lettres aux jeunes poétesses ») : la théâtralité « naturelle », pourrait-on dire, de l’inventivité verbale, entre Abidjan et Paris, qu’est capable de manier Gauz, se prête à merveille à cette mise en scène tonique en quelques actes, qui, après avoir inscrit le propos entre l’omniprésent fantôme Marchand et le Treichville de nos jours, va de la forêt de Gbaka en 1908 à Cocody en 2011, en passant par Treichville en 1944, par la place de la République, à Abidjan, le 13 août 1960 et par Cocody en 1985, laissant même le mot de la fin, potentiellement science-fictif en diable, être prononcé à Afridoukou, complétant le trajet parmi les quartiers de la capitale économique ivoirienne, en 2031.


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Black Manoo

Black Manoo débarque en France dans les années 90. Ivoirien accro à la drogue et sans papier, il a des étoiles plein les yeux d'être arrivé à Paris et des rêves plein la tête lorsqu'il entend les jolis noms des quartiers parisiens: Belleville, Porte des Lilas... mais il déchante très vite... Encore qu'il a vécu pire avant de poser ses valises ici et ce n'est pas le squat dans lequel il crèche qui va l'effrayer.

Il rencontre des personnages atypiques, haut en couleur, des marginaux comme lui, et quelques-uns qui ont su être malin... Comme Karol mère célibataire de cinq enfants, qui lui explique les subtilités de l'adminisitration française et bien entendu ses failles!

Ensemble, ils décident d'ouvrir une épicerie africaine, cachant dans le fond du local un bar clandestin...



Tout le long de la lecture, on suit les aventures de Black Manoo, homme au costume aussi élégant qu'il est original et l'on découvre avec lui la vie des sans papiers, on croise des prostitués asiatiques surnommées "les tlenteulos" ( trente euros), on découvre les inimitiés entre les bancs et les noirs dans les squats, on écoute les embobineurs et on fait connaissance de petits escrocs, Moussa, Kley, Amy, Achillone... Ils vivent tous de débrouille et peu importe si les choses sont légales ou pas, tout est bon pour survivre...



Les chapitres sont courts et le rythme effréné, à aucun moment on ne s'ennuie, bien au contraire, on est étourdie par cette vie bruyante mais cachée, faite d'éclats de rire derrière lesquels se cache tristesse et désillusion.



J'ai vraiment aimé cette lecture, rythmée au style incisif et à l'humour mordant, à l'autodérision et à la vivacité qui emmène le lecteur dans des quartiers haut en couleurs et riche en diversité ethnique, remplis de rires et d'entraide malgré la misère et la débrouille qui y règnent.

J'ai ri et craint avec eux, j'ai souri et eu le cœur serré aussi. J'ai aimé suivre ces personnages dans cette version de Paris que je ne connais pas. J'ai aimé ce langage poétique et chantant.



Une très belle découverte, d'un auteur que je ne connaissais pas.
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Black Manoo

Suivre l’itinéraire d’un.e immigré.e arrivant en France ou aux Etats-Unis, j’en ai l’habitude depuis que j’essaie de lire de la littérature étrangère de tous les pays (parce que ce sont souvent les récits les plus accessibles de ces pays).



Dans Black Manoo, on suit par flashs de quelques pages le parcours d’un jeune Ivoirien, dont on comprend que l’arrivée Porte des Lilas en 1998 n’est pas le chapitre le plus difficile de sa vie, loin s’en faut, et que son addiction au crack n’est que le résultat des années où il était embrigadé, une kalash à la main…



Comme dans mon roman précédent, c’est une histoire de laissés pour compte, de survivants. Mais ici, c’est plein de couleurs dans la difficulté, d’humour dans la misère. La débrouille oui, mais avec la manière !

On découvre l’envers du décor parisien : les squats, les communautés africaines, les allocs pour mère isolée, les épiceries exotiques, les boulots d’ouvriers au black.



J’ai aimé crapahuté avec Black Manoo et les personnes qu’il rencontre, être bouleversée par son passé ivoirien et amusée de l’art de la débrouille dont font preuve tous ces personnages, des plus terre-à-terre aux plus loufoques !

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Debout-payé

Un roman drôle mais pas que derrière l'humeur du vigil se cache un critique de la société contemporaine. L'humour de l'auteur et ses métaphore sont addictifs. Dans la construction du personnage principal on retrouve beaucoup de l'auteur qui fait "l'âne (pour se nourrir), l'art (pour écrire) et s'engage" le plus possible comme artiste.
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Black Manoo

Black Manoo débarque de son Abidjan natal à Paris. Ses papiers sont « provisoirement en règle » : A peine a-t-il foulé le sol de Roissy, son passeport repart direct pour faciliter le passage d'un autre. Le junky se trouve sans le sou, ni justificatif de sa présence en France, dans le quartier de Belleville mais croise la main salvatrice de son ancien dealer, le premier personnage qu'il rencontre d'une population haut en couleur qui peuple ce quartier. A travers les yeux de Black Manoo, on vibre au rythme des tracas, des travers, des victoires et des joies de ses habitants. Leurs noms chantent dans nos oreilles: Solo-des-grands-B, Seksy, Lass Kader… On suit leurs péripéties d'un squat d'autonomes cohabitant avec des familles africaines, en passant par le "Moukou" havre des soirées afroparisiennes situé sous l'ombre protecteur du siège imposant du PCF, à une guinguette clandestine où on danse le zouglou… En arrière fond la Côte d'Ivoire avec les flashbacks du passé de Black Manoo. Ce livre est une ode à la vie, aux liens qui se tissent les uns les autres qui lui donnent du sens.

Ce polaroïd bellevillois est mis en valeur par l'écriture innovante de Gauz. Il joue avec les mots, un pur styliste comme Céline ou Romain Gary en leur temps. J'ai ri tout le long de la lecture et ai trouvé ma révélation 2020 ! Un petit plus pour la photo de couverture de l'artiste Aïda Muluneh.

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Camarade Papa

Avec Debout-Payé paru en 2014 chez Le Nouvel Attila, Armand Patrick Gbaka-Brédé, mieux connu sous le nom de Gauz, avait marqué les esprits. Notre homme est revenu avec son deuxième roman, Camarade Papa, publié en août 2018 au même endroit. Un fort changement de registre au programme mais un travail toujours aussi solide autour de la langue, Lettres it be vous dit tout !



# La bande-annonce



1880. Un jeune homme, Dabilly, fuit la France et une carrière toute tracée à l’usine pour tenter l’aventure coloniale en Afrique. Dans une « Côte de l’Ivoire » désertée par l’armée française, quelques dirigeants de maisons de commerce négocient avec les tribus pour faire fructifier les échanges et établir de nouveaux comptoirs. Sur les pas de Dabilly, on découvre une terre presque inexplorée, ses légendes, ses pactes et ses rituels.



Un siècle plus tard, à Amsterdam, un gamin d’origine africaine raconte le monde postcolonial avec le vocabulaire de ses parents communistes. Lorsque ceux-ci l’envoient retrouver sa grand-mère et ses racines en Afrique, il croise les traces et les archives de son ancêtre.



Ces deux regards, celui du blanc sur l’Afrique et celui du noir sur l’Europe, offrent une histoire de la colonisation comme on ne l’a jamais lue. Gauz fait vivre des personnages tout en contrastes à la lumière solaire, dans une fresque ethnologique pétrie de tendresse et d’humour.



# L’avis de Lettres it be



1880, un siècle plus tard. Un siècle plus tard, 1880. Après Debout-Payé qui racontait le quotidien d’un vigile dans Paris, un livre qui optait déjà pour l’alternance des temps et des sentiments, Gauz reprend ce pari de l’alternance dans Camarade Papa. Et cette fois, l’auteur n’y va pas de main morte en faisant s’alterner les époques, les voix et les situations. De chapitre en chapitre, le lecteur est ainsi balancé entre tous ces éléments et, au bout du tunnel, brille en permanence une surprenante cohérence. De ce colon qui fuit la France direction l’Afrique terre promise à ce petit garçon d’origine africaine élevé dans une famille hollandaise communiste, tout semble se recouper. Qu’importe la peau, qu’importe le temps, qu’importe les sentiments. Gauz poursuit ses aventures littéraires, et on reste (très) agréablement surpris.



Difficile, une fois encore, de ne pas être séduit par la plume de cet auteur. Pour son deuxième livre, Gauz remet dans l’assiette tous les ingrédients qui ont fait son succès pour son premier roman. Alors que cette méthode laisse parfois la place à la déception quand s’enchaîne les livres, le même niveau d’exigence et de satisfaction littéraire est présent ici. Style marqué et empreint d’une inévitable touche personnelle, alternance maîtrisée tout au long du roman, mais aussi et surtout cette langue forte et imagée à la façon des grands de la littérature africaine francophone que peuvent être Alain Mabanckou ou plus récemment Ali Zamir. Jugez plutôt, entre autres inventions de la sorte, toutes plus brillantes les unes que les autres.



« Lorsque la nuit veut tomber, on se laisse ami-distance car on est très copains et on ne voudrait pas que pour rentrer chez lui, l’un marche plus longtemps que l’autre. »



247



On a très vite parlé de « fresque coloniale ». Des mots proposés par l’auteur lui-même pour parler de son Camarade Papa. Et c’est vrai qu’il y a de ça dans ce roman croisé entre hier et presque aujourd’hui, dans ces deux destinées que tout semble ramener à l’Afrique. Coûte que coûte. Là encore, comme le reconnaît Gauz dans cet interview passionnant mené par Culturebox (lien : https://culturebox.francetvinfo.fr/livres/la-rentree-litteraire/camarade-papa-gauz-ecrivain-rouge-dans-la-peau-d-un-colonisateur-blanc-276351), il y a un peu de La vie devant soi de Romain Gary dans ce livre, ne serait-ce que par le choix de ce jeune narrateur parmi les deux voix que l’on retrouve dans Camarade Papa. Un décalage temporel, un décalage des idées, un décalage des couleurs et des peaux. Une fois encore, Gauz parvient à faire le pas de côté nécessaire aux beaux livres, ni trop loin ni trop près de son sujet, l’auteur originaire d’Abidjan en Côte d’Ivoire remet le couvert avec brio. Dans un registre différent que pour son premier livre, quoi que là encore, des ponts se font naturellement, l’auteur se pose et s’impose.



Retrouvez la chronique en intégralité sur Lettres it be
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Camarade Papa

Comme une impression de trop-plein... Le roman commence par deux histoires en parallèle. Chacune est potentiellement intéressante au départ, mais elles ne sont reliées entre elles que de façon artificielle. Et j'ai eu l'impression que l'auteur voulait tout mettre, un récit de la période coloniale ou pré-coloniale - la phase des explorations, et un récit du retour sur la terre d'origine, le pays des ancêtres. S'il est sans doute moins original, le récit de l'explorateur m'a plus séduit, peut-être parce qu'il se passe des choses, que le personnage évolue - contrairement au petit garçon qui ne comprend pas ce qui lui arrive, m'empêchant à mon tour de suivre son voyage.

Si les trouvailles langagières du petit garçon sont spirituelles et assez décalées au début, elles en deviennent à la longue fatigantes. Le Camarade Papa du titre est évanescente. Certes, je comprends que c'est pour relier les deux histoires, montrer les liens, l'importance des ancêtres et des racines.

Un avis mitigé donc, où la déception l'emporte, sans doute parce que les promesses du début m'avaient séduite.
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Debout-payé

Gauz nous donne à voir le destin de personnes dont on ne parle jamais dans les romans : les vigiles. La plupart des vigiles de magasins et de supermarchés sont noirs, d’origine africaine. Gauz nous en fait le récit à travers différents personnages, depuis les années 1960 jusqu’à nos jours. Ces scènes extrêmement bien documentées et finement racontées montrent le quotidien des africains, en particulier des Ivoiriens depuis leur misérable chambre à la MECI, la Maison des étudiants de Côte d’Ivoire jusqu’à leur poste de debout-payé, les personnes qui travaillent debout, c’est à dire le plus souvent les vigiles. Ces scènes criantes de vérité sont entrecoupés de pensées, de relevés d’observation dans le Sephora des Champs Elysées ou encore dans un magasin Camaïeu. Des méditations poétiques pour contrer l’ennui abyssal du métier de vigile ? En tous cas, c’est une belle promenade dépaysante et décillante que nous propose Gauz dans son premier livre.
Lien : http://puchkinalit.tumblr.com/
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Thème : Divergente, tome 3 : Allégeance de Veronica RothCréer un quiz sur cet auteur

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