L'imagination débordante de Kafka nous rendent les interprétations nombreuses et difficiles, ce qui n'empêche pas ce dont ses écrits sont la métaphore de toujours nous parvenir avec une grande force, même si l'on a souvent du mal à voir précisément de quoi il s'agit : nous touchent la puissance et la justesse de ses intuitions sans qu'on les saisisse toujours — ce pourquoi on s'abandonne si volontiers à ses histoires extravagantes.
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La collection Ex Libris chez Delcourt propose des adaptations de grands romans ou textes classiques. Adapter Kafka est cependant moins aisé qu’illustrer Dickens, qu’il s’agisse de BD ou de cinéma. Cette adaptation souffre ainsi de quelques longueurs, redondances, que le lecteur accepte plus facilement en mots qu’en images, bien que cela soit discutable. Certaines planches valent néanmoins un bon détour, notamment les déclinaisons des faces de l’officier, en proie aux doutes parfois, mais surtout mangé par ses convictions héritées du commandant tout puissant.
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Le gros mérite de cette BD est quand même de vous faire découvrir un livre de Kafka. On prend connaissance du contenu sans pour autant jamais avoir ouvert un livre de Kafka.
Dans la colonie pénitentiaire on torture et on tue de manière très élaborée : le condamné est attaché à une machine qui grave dans son corps la sentence, jusqu'à mourir.
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Les grands auteurs en BD?
Commandé par erreur à la bibliothèque, ne m'attendant pas à la version BD de ce texte de Kafka, je me suis astreint à ce qui serait pour beaucoup un crime de lèse-majesté. je constate que cet éditeur Delcourt Ex-Libris procède de même avec des romans plus ambitieux tels "Le Rouge et le Noir" ou "Madame Bovary". Je songe au fait que si j'ai bien lu "Le Rouge ou le Noir" de la première à la dernière ligne, j'ai connu Madame Bovary sous les traits chabrolliens d'Isabelle Huppert, ce qui ne m'a pas empêché plus tard de lire Flaubert dans le texte, mais en choisissant "L'éducation sentimentale". Mon espoir minimum est que ceux qui auront eu cette BD en main liront ensuite "Le Château" ou "Le Procès" dans le texte, car rien ne vaut l'immersion dans les mots d'un auteur. Même si je dois admettre que les traits du visage de l'officier de cette colonie pénitentiaire sont diablement bien réussis.
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Heureusement qu'il est court ! !
parce que c'est chaud.......
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Il s'agit d'un délice de confusion masquée sous les traits de l'autorité suprême. Celle métaphysique que l'on a toute les peines du monde à remettre en question. Parce qu'on a le sentiment, qu'elle était là bien avant nous et que l'on restera "petit à jamais devant sa grandeur".
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La nouvelle de Kafka a pour objet la description d'une colonie pénitentiaire par un voyageur, lequel semble être de grande valeur car les honneurs lui sont rendus. Le clou de la visite est l'exécution d'un homme, qui sera effectuée par un appareil complexe qui doit inscrire, sur la peau du condamné, le motif de la punition dans la chair. Cette machine fait la fierté de l'officier du pénitencier mais ne suscite pas l'enthousiasme du voyageur. Peiné, l'officier se propose de remplacer le prisonnier pour montrer les bienfaits de sa machine.
Comme souvent avec Kafka, il est tentant de voir dans cette nouvelle la critique des Etats modernes, volontiers totalitaires et complexes, dirigés par une volonté invisible que nul ne semble en volonté ou en capacité d'arrêter.
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pfffff...heureusement, lu en 1h cette version BD, dessins sombres pour illustrer les idées noires de Kafka. Désolé ça ne m'a pas inspiré.
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C'est la première fois que je fais cette expérience de lire l'adaptation en bande dessinée juste après la lecture du texte d'origine. Ce texte c'est la nouvelle de Franz Kafka intitulée "La colonie pénitentiaire" qui laisse le lecteur pantois face à l'énormité de ce qui se passe.
Dans la colonie pénitentiaire un voyageur rencontre un officier à la naïveté sincère qui lui fait une démonstration du fonctionnement d'une machine qui le fascine. Cette machine est un instrument d'exécution dont la perfection n'a d'égal que la barbarie absolue de son objectif, la mort.
Sylvain Ricard pour le scénario, Maël pour le dessin et Albertine ralenti pour la couleur on fait un beau travail d'adaptation. le texte est fidèle à Kafka, les dessins et les couleurs permettent de retrouver une ambiance kafkaïenne. Je dirais même plus que j'ai vu des détails que je n'avais pas remarqués à la lecture.
Et pourtant, on est bien loin de l'original. Je n'ai pas ressenti la même tension simplement parce que l'étrangeté de la situation n'est pas vraiment adaptée à la mise en image qui dévoile sans faire appel à l'imagination. Je vais quand même lire d'autres adaptations, je pense notamment au roman « le procès » mais je crois que l'univers Kafka est difficilement adaptable en BD. C'est quand même bien de le tenter car l'oeuvre est passionnante.
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Maël, après l’album Notre Mère la Guerre, a longtemps hésité à repartir sur le thème de la guerre.
Il nous avoue dans l'avant-propos, «après six années d'intense immersion dans des histoires de guerre, en avoir un peu assez ».
Mais la découverte du carnet de guerre de Julien Fougère, alias Marceau, instituteur de son état, va pousser l'auteur à se replonger dans les tréfonds de la «Grande Guerre».
D'un naturel curieux, Marceau, avec son écriture appliquée, attentif au moindre détail, va nous donner une vraie leçon de choses. Tout y passe : le fusil, la grenade, le masque à gaz, la mitrailleuse.
Ces descriptions vont servir de base à l'auteur pour nous livrer 5 petites histoires de guerre, toutes dramatiques, toutes illustrées de planches d'une grande qualité et de dessins précis d'armes de guerre.
J'ai aimé la qualité de l'album : des pages épaisses, une couverture cartonnée, une alternance entre de magnifiques aquarelles et des pages du petit carnet noir, tenu à la façon d'un herbier. Il faut préciser que Marceau avant la guerre, tenait "avec soin un petit herbier dont il ne reste plus aujourd'hui que quelques poussières de fleurs".
J'ai été moins sensible aux longues descriptions des armes et à leur utilisation.
Néanmoins assurément un album à feuilleter.
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C'est un vrai trésor en effet, sur lequel Vincent Odin a mis la main en retrouvant le carnet de son arrière-grand-père Marceau Lafougère, instituteur ayant fait le peloton des élèves-officiers et qui a documenté, d'une écriture scolaire et sans faute, et avec de somptueux crobards (plus personne ne sait dessiner comme ça de nos jours, en gros !) tout ce qu'il y a appris sur les instruments de mort qu'il allait devoir utiliser ou subir : grenade, mitrailleuse, gaz, FM Chauchat...
Moi qui puis me prévaloir de connaissances étendues sur la guerre 14, j'avoue avoir pas mal appris encore avec ce carnet, et je comprends ô combien qu'il ait souhaité en faire quelque chose, et Maël était sans aucun doute le dessinateur le plus qualifié pour cela, après son expérience exemplaire de Notre-mère la guerre avec Kris.
Très bonne idée ces petites histoires décrochées mettant chacune en scène une de ces armes, et elles vont du réussi au très réussi, et pourtant, tout cela a un goût de trop peu. J'aurais voulu plus d'histoires comme ça, et moins d'illustrations pleine page pas toujours connectées avec le carnet et dont on a parfois l'impression qu'elles viennent juste boucher les trous.
C'est un assez gros pavé, très beau certes, mais qui se lit en fait très vite et qui fait en définitive plus penser à un art book qu'à une BD.
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Plus qu'une BD cet ouvrage est un témoignage. Des archives même. Celle d'un poilu, Marceau, qui raconte ses années dans les tranchées à travers quelques photos jaunies et les pages cornées d'un petit carnet noir où l'élégante calligraphie décrit avec précision l'instruction militaire qu'il a reçu.
Le tout émaillé de 5 histoires, très courtes, et malheureusement sinistre.
L'objet livre est très soigné. Une belle couverture cartonnée, des pages épaisses, des splendides aquarelles aux couleurs sombres, nombreux crayonnés et photos autentiques, calligraphie à la plume. Y a pas à dire c'est beau.
Après j'avoue que le témoignage, principalement centré sur les armes, n'a pas spécialement éveillé plus d'intérêt que ça en moi. J'ai aimé feuilleter l'oeuvre et admirer les planches mais la disection des armes et leur technique d'utilisation n'a pas suscité de passion.
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J'avais adoré Notre mère la guerre. Alors, lorsque je suis tombée sur cet album de Maël, je savais que ce serai un bijou.
Je ne me suis pas trompée. Mélange de textes, dessins de Maël, d'archives et du carnet d'instruction militaire de Julien Lafougère , alias Marceau. Un bel hommage à ces poilus, des dessins magnifiques et des photos d'archives. C'est émouvant et triste. Il y a quelques planches de notre mère la guerre, de magnifiques aquarelles où le lecteur n'est pas épargné par la cruelle réalité de la guerre et de ce que ces jeunes soldats ont du affronter.
Je suis résolument fan incontestée de ce si talentueux Maël qui nous offre là une nouvelle facette de son talent et une bien belle trace de toute cette jeunesse sacrifiée pour notre liberté.
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Cet ouvrage regroupe des photos d’archives, des illustrations, des carnets d’instruction (fonctionnement d’une grenade, utilisation de la baïonnette…) et des courts récits fictifs sur la Première Guerre mondiale. Le fil rouge de ce livre, c’est Julien Lafougère, instituteur de son état et engagé dans une guerre qu’il ne voulais pas mais dont il fera honneur de faire son devoir.
On découvre des notes manuscrites, quelques photos d’époque mais surtout des illustrations et quelques récits, tels des tableaux de moments de vie des poilus.
C’est vraiment un ouvrage très beau (même si ce n’est pas tout à fait le mot que l’on devrait utilisé pour un tel sujet que le carnage de la Première Guerre mondiale) ; un ouvrage original et riche en illustrations et en notes sur le fonctionnement des armes notamment. Même si l’écriture manuscrite n’est pas la plus simple à lire, on recherche l’authenticité dans ce livre. Un témoignage de guerre d’un homme jeté dans la guerre, comme tant d’autre, mais qui a laissé son témoignage par le biais de son carnet de notes ; carnet de notes dont l’auteur s’est inspiré pour créer cet album ou se côtoient récits tragiques et ironiques, photographies et illustrations travaillées.
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Mael et Odin nous proposent ici une bd d'un nouveau genre. Est-ce réellement une bd? Plutot un roman graphique parsemé de nombreuses notes, très documenté sur le fonctionnement des escouades et de l'armement utilisé au cours de ce premier conflit mondial. Par moment ça en a tous les codes mais entre ces petites histoires, l'histoire d'un vrai combattant avec les documents d'archives qui l'accompagnent rythment cet ouvrage.
Très beau mélange et une partie d'histoire que nous retranscrit Odin avec ce scénario un peu innovant. Les dessins de Mael sont vraiment très réussis avec des cadrages bien étudiés. L'aquarelle est omniprésente avec un line très léger assez caractéristique du travail de l'illustrateur. Le thème de la première guerre mondiale a été abordé quelques fois par cet auteur, notamment avec Kris sur la série Notre mère la guerre.
Cet ouvrage d'une centaine de pages est très agréable et assez instructif, encore un très bon moment.
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Une superbe évocation de la grande guerre au travers des notes d'un instituteur au front sur lequel les auteurs déclinent des fictions novellisées.
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Après une longue marche, à travers les plaines et les collines, Môhitsu-San, calligraphe errant, s'arrête dans la petite ville d'Iromura afin d'échanger, à un marchand, quelques calligraphies contre une paire de sandales neuves et une petite somme d'argent. Il se rend ensuite dans une teinturerie, son hakama* ayant été terni et délavé par les pluies de ces derniers jours. Atsuko, la toute jeune employée, s'y chargera. Alors qu'il se déshabille derrière un paravent, Môhitsu remarque les belles peintures qui ornent ce dernier. Il apprend par la gérante que ce sont les œuvres d'Atsuko. Le lendemain, venu pour récupérer son hakama, devenu rouge, il invite la jeune fille à déjeuner et en profite pour la questionner à propos de ses peintures qu'ils trouvent admirables. Certain qu'elle pourrait devenir peintre, il lui propose de l'emmener avec lui à Edo afin qu'elle devienne l'apprentie d'un peintre renommé qu'il connaît...
Antoine Bauza s'approprie parfaitement l'art de la calligraphie, les us et coutumes ainsi que l'esprit japonais. L'on suit dans l'Edo japonais Môhitsu qui, après de nombreux drames, ne trouve plus l'inspiration. Sa rencontre avec la jeune Atsuko va bouleverser sa vie. L'auteur nous offre un album intimiste, contemplatif, presque apaisant sur les notions de savoir, de transmission, d'amitié. L'ambiance, zen, nous enveloppe. Les personnages, que ce soit Môhitsu, Atsuko ou encore le peintre Nishimura sont fouillés et d'une grande profondeur. Des personnages torturés. Cette invitation au voyage, qu'il soit artistique ou intérieur, est magnifiquement mise en image par Maël. Un trait irrégulier et torturé, des couleurs allant du beige au marron et une atmosphère japonisante.
Un récit contemplatif, émouvant et serein...
*large pantalon plissé porté par les samouraïs
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