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Citations de Rachilde (171)


Une fois dans la rue, il hâta le pas, comme poursuivi... et, en effet, une phrase de Madeleine le poursuivait, s'attachant en succion de ventouse à sa chair :
"... La peur est le commencement du surnaturel."
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- Voyons, voyons, ma bonne, fit-il, posant sa serviette remplie de papiers inutiles dans un coin de leur salle à manger, qu'est-ce qu'il y a encore ? On t'entend de la rue !
- Il y a, il y a que mademoiselle ta fille descend de sa chambre juste pour trouver le couvert mis. Elle n'a pas préparé les radis et on va sans doute les manger en botte, comme l'éléphant du Jardin des plantes !
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- Tenez, là, Monsieur le Bibliothécaire ! Vous voyez bien cette gueuse d'araignée sous l'aisselle d'Aménophis ? Je vous demande un peu où ça va fabriquer ses sales besognes, ces bêtes-là. Ça ne respecte rien !... Puisque vous êtes le plus maigre... faufilez-vous, moi, j'ai mon ventre, j'ai trop peur d'écraser la momie.
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- Après ? Vous oubliez notre devise : tout est dans tout ? En haut, chez nous, il n'y a pas plus de distinction honorifique et de discours que de préparation spéciale. Nous n'avons pas voulu que, parvenu au sommet de la science pure, un cadavre eût le droit de se croire autre chose qu'une ordure quelconque. Vous avez traversé la salle des morts en passant par la première salle de cette usine dite d'épuration collective. Ils étaient perdus dans la foule anonyme des débris que nous aspirons à l'état malfaisant pour les rejeter à l'état bienfaisant. Ils sont à la fois le savon parfumé avec lequel vous vous frottez les mains, le morceau de fusiline que vous étalez sur une sandwich, et le monument ou le vêtement de caoutchouc dont vous admirez la résistance.

"Le tout-au-ciel"
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L'HOMME. - Pourquoi ne cultiverais-je point les beaux-arts, l'état de bourgeois n'ayant rien d'attrayant, à ce qu'il me semble ?
L'ANGE. - Si tu as du génie, tu seras méconnu. Mais si tu n'en as pas, tu seras inconnu. Si tu es pianiste, tu seras la désolation de tes voisins, et ils attacheront du lard à ton cordon de sonnette. Peintre, tu mettras vingt-cinq ans à te choisir une école, et, sur tes vieux jours, te décidant pour la tienne, tu feras pouffer tes camarades, qui t'appelleront : vieux bonze ! Acteur, tu seras sifflé ; si tu n'es pas sifflé, tu auras toutes les grandes dames sur les bras, et tous leurs maris ou leurs amants sur le dos. Écrivain, tu chercheras des éditeurs ; si tu n'en trouves pas, tu crèveras de faim ; si tu en trouves, ils te demanderont de corser la situation ; si tu la corses, on t'accusera de pornographie ; si tu tiens à tes idées et que tu refuses ce léger sacrifice à ton éditeur, il te traitera de monsieur embêtant. Tu ne seras jamais édité si tu écris en vers ; si tu écris en prose, les journalistes influents auront soin de critiquer tes livres pour les empêcher de plaire au public, à qui, certainement, ils auraient plu sans leurs bienveillantes critiques... J'ajoute que si tu es immoral, tu iras en prison, et que si tu es moral, tu assommeras tout le monde !...

"Scie"
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"Le revenant, monsieur Maurice, continua solennellement la bonne, c'est la dame qui est morte ici il y a une dizaine d'années. Elle vivait en compagnie d'un monsieur, sans le sacrement, et quand le monsieur l'a quittée, elle s'est pendue. Tout le pays connaît l'histoire, même que jamais encore on n'a osé relouer la maison avant votre mère."
Je restai abasourdi. La femme pendue revenant de l'autre monde pour me voler mes ficelles et dévorer des manches de pioche ! Certes, cela dépassait mon imagination ! Je savais ce que je voulais savoir, mais je n'étais guère avancé ! Dans mon lit, j'eus des cauchemars, et je me pelotonnais contre le mur, essayant de me rendormir en me bouchant les oreilles. Des grandes personnes comme ma mère et ma bonne ayant peur du revenant ! Que fallait-il conclure ? A l'aurore, mes idées prirent un autre cours, je ne voulais plus admettre qu'une ancienne pendue, très moisie, sortît de sa tombe pour taquiner une cuisinière en lui dérobant des torchons.

"Le piège à revenant"
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ELLE : Des fois je joue sur mon piano ma valse la plus facile très rapidement, comme si je tournais et que le clavier fût en cercle autour de moi ; et un passage où il y a une note aiguë, je le répète durant des heures, j'arrive à ne frapper qu'un seul accord, que cette seule note aiguë, toujours, toujours, le poignet m'en cuit. Ça devient comme un bruit de cristal qu'on brise perpétuellement, c'est fin, fin, et cela me dit des choses extraordinaires. Ça entre dans mon oreille comme une plume frisée, une aigrette de diamant, un pinceau de velours. L'autre soir, si maman n'était pas venue au salon, j'allais tomber raide et je me serais cassée en deux morceaux...

"Volupté"
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L’ÉPOUVANTÉ (lui jetant un regard de commisération) : Ah ! Vous n'avez jamais vu là-dedans que vous-même ? Je vous plains ! (S'animant.) Et moi, il me semble que l'inventeur du premier miroir dut devenir fou d'épouvante en présence de son oeuvre ! Donc pour vous, femme intelligente, il n'y a dans un miroir que des choses simples ? Dans cette atmosphère d'inconnu, vous n'avez pas vu se lever soudainement l'armée des fantômes ? Sur le seuil de ces portes du rêve, vous n'avez pas démêlé le sortilège de l'infini qui vous guettait ? Mais c'est tellement effrayant, un miroir, que je suis ahuri, chaque matin, de vous savoir vivantes, vous, les femmes et les jeunes filles qui vous mirez sans cesse !...

"L'araignée de cristal"
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"... Il y a aussi des cavernes pleines d'ossements fossiles, de silex taillé ; nous vous y mènerons ; ensuite, vous aurez tout vu."
"Comment, tout vu ? dis-je, me redressant sur un coude ; et les ruines, là-bas ?"
"Hein ? Quelles ruines ?" demanda madame Téard étonnée.
J'avais les yeux fixes. J'étendis le bras, et Albert Téard se mit à rire.
"Ça, des ruines ? Peut-être que si, et plus sûr que non ! De chez nous, par un jour de pluie, on dirait tout simplement une roche à pic, mais, par le soleil, avec des jeux de lumière tombant des nuages, on croit quelquefois qu'il s'agit d'un vieux château sans porte. Oh ! Ne vous y fiez pas !...
"Vous plaisantez ?"
Je regardais, fasciné, à m'en faire mal au cerveau.
"Nous, c'est la roche qui plaisante, reprit Albert Téard. Il n'y a aucune description de ces ruines dans les annales franc-comtoises, et nos paysans, qui n'ont pas le temps de s'amuser, prétendent ne les avoir jamais distinguées, ni au soleil, ni à la pluie. Pour moi, je ne les aperçois plus que vaguement... parce que je sais depuis longtemps à quoi m'en tenir."
"Moi, fit doucement madame Téard, une exquise vieille femme raisonnable, j'ai souvent essayé de me figurer le château, et je n'ai pas pu découvrir la moindre tourelle !..."
J'étais abasourdi. D'instant en instant le mirage s'accentuait, devenait formidable ; je voyais des croisillons, des ogives, des créneaux, et tous ces détails bleuâtres se fonçaient comme sous les coups d'un pinceau fantastique.

"Le château hermétique"
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Il est juste d'avouer que les dernières préoccupations sont d'une singulière espèce. Il ne s'agit guère du salut de son âme ni de la crainte d'une puissance inconnue capable de vous juger sévèrement. On est inquiet d'une ligne d'étoffe au-dessus de soi, d'une apparence de porte qui s'ouvre ou se ferme, d'un mouvement que l'on essaye et qui se répercute à l'infini dans le prolongement de votre volonté, qui dure en dehors du geste physique. Je n'ai plus de mains et je les tords encore au-dessus de mon front, cherchant un point d'appui avec l'entêtement imbécile du noyé qui coule à pic.
J'ai donc battu des paupières ainsi que battrait des ailes un oiseau effaré pendant une heure. (Une heure ou une nuit ?) Puis je suis revenue. Je n'avais plus ni paupières ni ailes. J'étais légère et je glissais vers toi en goutte d'eau. Je filais sur ta joue, ton épaule, ton bras, ton index. Tu m'as essuyée comme une de tes larmes ; sortie de ton regard désespéré, je suis rentrée en toi bue par tes lèvres.

"L'imitation de la mort"
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« Jamais on ne prouvera aux cavaliers français que faire l’amour n’est pas la meilleure préparation à un combat meurtrier. » (p. 176)
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