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Citations de Rachilde (171)


Et alors j'entrepris l'étude la plus sérieuse qu'on puisse faire d'une chose rituellement légère, c'est-à-dire celle de la danse orientale. A la lueur banale de ce sourire, c'est-à-dire de la provocation au désir sensuel, je cherchai l'art qu'on peut extraire de la volupté. Une folie lascive pourrait-elle dépasser la brutalité de l'acte auquel, fatalement, elle entraîne et, le jugulant, le maîtrisant, arriverait-elle à en montrer seulement la pure beauté ? Rien ne doit être immoral d'une image plastique absolument réussie.
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Qu'importe ce que le passé peut laisser de traces puisque le présent est là pour les effacer !
Les souffrances ne survivent que parce qu'on les élève en des tiroirs secrets comme de mauvais reptiles. Il y a des boîtes qu'il ne faut jamais ouvrir.
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Elles sont très loin de moi, en des réalités plus humaines, plus douloureusement civilisées.
Moi je bois la vie comme un vin pur qui m'enivre.
Elles rêvent au passé parce qu'elles en ont un. Elles aspirent cette fumée mauvaise qui empêche de regarder devant soi.
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Je ne supporte pas qu'on me batte même quand on a raison de le faire. Je me crois facilement le plus fort. Alors pourquoi me suis-je laissé battre ? Ne viendra-t-il pas un temps où j'aurai tous les droits parce que je les prendrai ?
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J'ai dû tuer cet homme par ma naissance encore plus sûrement que je voudrais tuer les rivaux que je m'invente. On tue comme on respire et, en soufflant sur une lampe, on éteint un coeur. Où sont les âmes que nous étouffons parce que nous ne les comprenons pas... ou qu'elles ne veulent pas nous comprendre ?
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Ce fut une fin bien triste. Pauvre fille!...Je l'avais prise à sa chaude Italie pour l'emmener dans mon pays glacé, où l'ombre des sapins est éternelle. Son père, un vieux sculpteur de Florence, me l'avait vendue...oui, vendue six cents francs! que voulez-vous ? Il n'avait plus de pain! Cette fille, c'était la sienne; c'était son oeuvre et, après tout, il pouvait la vendre, quand il lui assurait, par la honte, , un palais au lieu d'une masure !
La première fois que je l'avais vue, je l'avais adorée.
Jeune, artiste et un peu fou, je l'avais désirée avant même de savoir si elle serait jamais à moi. Ah! j'aurais volontiers passé ma vie à ses genoux; je rêvais pour elle le jardin d'Armide, je la traitais en idole, et à l'époque païenne, j'eusse brûlé de l'encens !
Regretta-t-elle Florence? Je ne sais. Mais elle arriva chez moi toute pâle avec un sourire glacial.
Chaque matin, j'allais la voir dans son blanc déshabillé : elle me montrait sa gorge que n'avait pu brûnir le soleil de là-bas, et semblait me dire: "J'ai froid!"
L'admiration est aveugle: j'étais si fier de sa beauté de déesse, que je la laissait longtemps dans mon parc.
Je livrais, sans remords, à tous les vents d'automne, ce torse adorable, cambré pour l'étreinte ardente d'un amant; Je la forçais à demeurer pieds nus dans les feuilles mortes, les cheveux dénoués sous la pluie. Parfois, de grosse larmes coulaient de ses paupières abaissées, mais elle ne se plaignait pas: à quoi bon? J'ignorais l'italien: je ne l'eusse pas comprise si elle avait parlé.
Et pourtant, moi, son bourreau, j'étais jaloux ! Jaloux, quand l'aile d'un oiseau fouettait son front de marbre; j'avais un frisson quand la bise poussait une branche contre son épaule éblouissante.
Je sentais bien un reproche dans son indifférence de statue; mais, n'était-elle pas à moi?...Ne lui avais-je pas élevé un piédestal?...
L'hiver arriva: les brumes de mon triste climat saisirent ce corps immaculé... ce dut être horrible ! Pendant que le ciel la couvrait de diamants sur son trône de neige, une nuit, elle...se fendit en deux !
Oh! ma Galathée, pardonne-moi ! car, pour te sauver, il n'eût fallu qu'un manteau de paille !
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Jadis, on faisait l'amour avec des contes et on employait des moyens plus longs que ceux dont nous usons actuellement. Il y avait des tournois, on chantait le rondel. Des reines, avec des manteaux traînants, jetaient l'échelle de corde. Des pages, en capes relevées , se suspendaient à cette échelle ; et avant d'arriver on avait toujours le temps d'accorder sa mandoline.
...
Aujourd’hui, nous faisons moins l'amour que l'amour ne nous défait. Nous sommes pressés, nous voulons en finir. Il y a les femmes du mondes qui donnent une heure et les femmes des rues qui vendent la moitié d'une heure.
Nous n'avons plus le temps d'accorder notre instrument.

(Avant-propos de l'auteur)
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Elle était bien là, en squelette vivant, debout entre les joies de la terre, les basses joies que l'on sait définir et cette lumière d'or, trop infinie, trop impondérable pour arriver à les toucher dans leur chair, émouvoir leurs sens grossiers. Elle se montrait, ombre hurlante de ce qui fut une femme heureuse, revenante des extases célestes, fantôme développant son linceul afin de les effrayer, de les avertir, de leur crier de sa bouche édentée, de ses yeux brillants, de tout son cœur pourri suintant sur sa peau huileuse de reptile des cloîtres : Regardez-moi ! j'étais une femme d'église et je survis à mes croyances qui m'ont rongé le sein !...
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Ce clair matin d'hiver, Childéric-le-Saxon tétait une outre, la levant à deux bras sur sa tête au milieu d'un cercle attentif, admirateur de ses exploits :
- Hardi, l'homme noir ! Fais place nette, l'ourson !... Il est pareil à la Boivre qui engloutit le Clain !... C'est vin béni, celui de la messe, le meilleur, tu te sanctifieras ! Hardi, noble Childéric, ne nous laisse pas de quoi pisser le long des murs.
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Ce n'était ni [un] chant guerrier franc, d'allure dansante, ni [un] cantique latin évoquant à la fois les douleurs de la vie et les peines éternelles, mais bien un fragment d'un ancien bardit gaulois, l'un des premiers hymnes druidiques constatant joyeusement l'immuable fatalité. On naissait, on mangeait, on buvait et on mourait. Fils de la terre on rentrait dans le sein maternel, lui rapportant fidèlement tout ce qu'on en avait reçu.
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Le mystère se levait autour d'eux, surgissait lentement dans les ombres de la nuit développées par les arbres géants. On était bien loin des villes, des basiliques et des palais. A quoi pouvait donc leur être utile leur foi déjà presque morte, étouffée par la superstition, toutes les anciennes croyances aux dieux de la Gaule ? Les eulogies, la charité chrétienne suffisaient-elles à nourrir les pauvres, alors que des guerres perpétuelles ensanglantaient les cités et les champs ? [L]es princes francs ne songeaient qu'à leurs querelles et ils avaient assez de s'occuper de leurs propres défense. A quoi leur servirait, maintenant qu'ils se connaissaient quatre rois, leurs prières pleurardes sur les parvis des églises, dans les cours des monastères ? Deviendraient-ils rois ou dieux à leur tour ? Non, rien ne leur arrivait de bon ! Alors que des miracles s'accomplissaient pour les grands de la terre, jamais ils n'obtenaient la guérison de la moindre plaie ? Et quand les riches abbayes se fermaient à l'heure du repos on les chassait parce qu'ils ne se retenaient point de voler des fruits au verger, un agneau à l'étable. Mendiants ou malfaiteurs, cela devenait tout un durant ces temps de famine, et on parlait de certains faux moines qui logeaient à l'ombre des tombeaux des martyrs pour en soustraire les ornements sous prétexte de baiser pieusement les reliques. Ils seraient toujours confondus avec les criminels tôt ou tard. Mieux valait se recommander à tous les dieux qu'à un seul saint.
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Une véritable servante de Jésus-Christ en sait toujours assez lorsqu'elle se rappelle l'heure de la prière.
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- La guerre... c'est l'amour, Harog ! Je voudrais voir couler du sang le long des murs, des ruisseaux de sang. Et tous les deux nous serions sur de beaux chevaux blancs dont les poitrails et les croupes se couvriraient de grandes lunes rouges. Du sang... des flammes, de belles flammes avec des enfants au milieu qui se tordent en appelant leur mère. (Elle sourit, plus doucement moqueuse.) L'amour c'est la guerre, petit berger ! J'ai rêvé de toi une nuit de printemps toute pareille, Harog. Tu m'enveloppais de la peau du loup féroce que tu as égorgé le jour de Noël, et tout mon corps blanc devenait écarlate. J'ai rêvé de toi...
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Nous nous armerions de baguettes fleuries que nous serions encore certains de vaincre.
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La fille s'y cachait dans le seul vêtement de ses cheveux roux, une chevelure embrouillée, souillée, allongée de fétus et de feuilles pourries qu'elle devait avoir laissé traîner dans tous les fumiers des écuries extérieures. Elle paraissait morte, tellement son corps se tendait immobile sous le mince manteau. On ne lui voyait ni face ni main ; rien que deux pieds dépassant cette queue de vache furieuse, étalée comme un défi.
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« Elle semblait née pour jouer ce rôle de jolie cruelle avec ses yeux rapprochés comme ceux des félins, sa lèvre dédaigneuse et ses dents pointues férocement blanches. » (p. 181)
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« Rappelle-toi que je voudrai toujours ce qui m’arrivera, je suis la maîtresse de vos destinées ; et quand je ne t’aimerai plus, tu regretteras mon amour comme bientôt il regrettera la vie ! » (p. 286)
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« Où était le mâle effroyable qu’il lui fallait, à elle, femelle de la race des lionnes ? … Il était ou fini ou pas commencé. » (p. 303)
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« Jamais on ne prouvera aux cavaliers français que faire l’amour n’est pas la meilleure préparation à un combat meurtrier. » (p. 176)
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« Elle savourait ces voluptés comme les chattes savourent le lait, la paupière mi-close et la griffe en arrêt, heureuse mais n’attendant qu’un prétexte pour lancer l’égratignure. » (p. 252)
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