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Critiques de Sénèque (190)
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Entretiens

Une belle œuvre contenant quelques éléments de vie dont chacun pourrait s'inspirer ; et assez protéiforme pour que tout lecteur puisse y trouver de plaisants principes
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L'exil

Ouvrage emprunté d'une boite à livres en ville. Quelques extraits de Consolation à Helvia, ma mère, alors que Sénèque était en exil en Corse, assortis de calligraphies d'Hassan Massoudy.



Considérons que Sénèque voulait atténuer la peine de sa mère en cherchant à la convaincre que la privation ne lui pesait pas et était pour lui source de réflexions sur les biens de ce monde. Sinon que vaudraient les bonnes paroles quand on sait que celui qui les a prononcées ne les a pas appliquées à lui-même ?



Finalement plus intéressant pour le prétexte à calligraphie choisi par Hassan Massoudy.



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Les Stoïciens : La Vie heureuse - La Brièveté de ..

J'aime beaucoup cette oeuvre. À l'occasion je la relis pour me rappeler que je ne suis pas éternelle et que le temps presse pour aller à l'essentiel. C'est comme recevoir une leçon de vie.
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De la constance du sage (suivi de) De la tr..

Sénèque fut un philosophe, stoïcien romain du premier siècle. Il se considère comme un "médecin de l'âme". Ce livre regroupe deux écrits pour son ami Sérénus.

Le premier, De la constance du sage, essaie de le convertir au stoïcisme, car pour l'auteur, l'âme du sage est invulnérable à l'injustice qui supprime les biens de l'homme : le sage n'a pas de biens, les pertes des biens ne sont rien, et même la perte de ses proches ou d'un œil, ne compte pas pour l'âme du sage, même s'il n'est pas insensible.

Le sage est aussi insensible à l'insulte, car l'insulte vient du méchant. Le sage se pose la question :

"quels progrès ont fait les méchants depuis l'enfance ?"

Ce sont des malades ou des fous. Il ne sert à rien de s'irriter et de se venger des moqueries, quelqu'un le fera sûrement à notre place. Il faut s'éloigner des disputes.

.

Un peu plus tard, Sérénus se plaint encore à Sénèque.

Celui-ci lui envoie un écrit, De la tranquillité de l'âme.

La tranquillité exclue l'exaltation et la déprime.

Sénèque propose à Sérénus de l'action : de la politique, soldat, orateur, ou si c'est impossible, au moins des loisirs et des lettres.

Il faut d'abord s'évaluer, pour ne pas forcer un talent faible.

La tranquillité de l'âme passe par la négligence de l'argent, de l'opulence ; elle passe aussi par l'indifférence à la mort : l'exemple de l'orgueilleux Séjean montre qu'on peut monter très haut, être le second de l'empereur Tibère, et être descendu pour trahison, et découpé en morceaux par la foule.

A contrario, l'exemple du philosophe Canus Julius qui joue aux échecs alors qu'il est condamné à mort, ou l'exemple de Socrate qui plaisante en buvant la ciguë, montre leur acceptation, et la tranquillité de leur âme.

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J'aime Socrate, Épictète et Sénèque, car tous trois se moquent des circonstances extérieures, car ils ne sont pas responsables des événements qui leur arrivent, et qui sont provoqués par des hommes méchants.

.

Moi aussi, je suis passé par des périodes de ma vie sans biens, et je me sentais libre comme l'air. Mais là, sur la vieillesse, je pense à léguer quelque chose à mes enfants.

Moi, l'ancien cartésien-déiste, je suis avec une femme médium merveilleuse qui m'a fait découvrir le monde des Esprits, ce qui a tranquillisé mon âme, car ce monde des Esprits va, je pense, au-delà du monde terrestre des philosophes.

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Théâtre complet : Phèdre, Thyeste, Les Troyenne..

Lecture de cette très belle traduction de Florence Dupont, à la suite du spectacle THYESTE que j'ai eu la chance de voir le 13 juillet à Avignon, dans une mise en scène admirable de Thomas Jolly. L'occasion de découvrir ce grand auteur dans une langue accessible et poétique à la fois. Des récits de vengeances tirés de la mythologie et adaptés au théâtre - Médée qui sacrifie ses enfants pour punir Jason de sa tromperie, Atrée qui donne ses neveux à manger à son frère Thyeste, leur père, par vindicte - qui se lisent très bien, dans lesquels il s'agit d'observer comment un humain devient un monstre.

Chaque pièce est précédée d'une présentation courte de la traductrice qui prépare et éclaire parfaitement la lecture.
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Entretiens

Ce livre vaut par la présentation qu'en fait Paul Veyne autant que par le texte antique.



La préface de 165 pages est une oeuvre en soi. Elle porte sur la vie de Sénèque, sur le stoïcisme, et sur la tyrannie de Néron dont Sénèque fut le précepteur, l'ami puis la victime. Comme dans son « Empire gréco-romain » de 2005, Veyne nous fait comprendre l'histoire intellectuelle de l'antiquité : pourquoi le polythéisme des élites, la soumission à l'Empereur, la tolérance à l'esclavage, aux gladiateurs et aux supplices. Veyne est aussi un philosophe du présent qui sème des coups de dents quand il compare Néron à Staline (p XV) et dans ses allusions à ses collègues contemporains ou au pape. « Malgré sa clarté, Sénèque doit être pris philosophiquement au sérieux » (p V). « Malgré sa clarté » est savoureux. « Quant à l'héroïsme inutile, au témoignage, fût-il impuissant, à la protestation de la conscience humaine, c'était une attitude qu'on attendait d'un philosophe (comme ceux qui prennent encore l'église au sérieux l'auraient attendue d'un souverain pontife), mais qui était inusitée chez les sénateurs » (p XXXIII) : ici, c'est le « souverain pontife » qui nous régale.



Les Lettres sont rédigées dans un style oratoire chargé de citations et de métaphores militaires. Elles dissertent plutôt sur la supériorité morale du philosophe et les sacrifices qu'il s'impose pour la mériter que sur un système philosophique. Elles font du stoïcisme une discipline personnelle, un art de vivre élitiste, présentés souvent sur un ton complaisant. Sénèque, philosophe officiel et l'un des hommes les plus riches de son temps, déclare tout de go à Lucilius : « Le philosophe est vénérable et saint » ; « Il s'accorde un traitement un peu rude » ; « la Nature exige bien peu, et le sage s'accommode à la Nature » ; « Il y a du mérite à ne pas se gâter dans la promiscuité des richesses ; celui-là est grand, qui, au sein des richesses, demeure pauvre » ; « Vraiment, il s'est mis au-dessus des nécessités, il a fini de servir, il est libre, celui-là qui vit, sa vie achevée » ; « L'homme de bien naît peut-être, comme le phénix, une fois tous les 500 ans » (Lettres 8, 14, 18, 20, 32, 42). Sénèque promet la gloire à son ami Lucilius, opulent gouverneur de la Sicile, s'il suit ses conseils : « J'aurai crédit chez la postérité ; j'ai de quoi faire durer les noms que j'emmène avec moi » (Lettre 21). Paternaliste, voire envahissant, il lui sert des maximes qu'il traite ensuite de « colifichets tapageurs » (Lettre 33).



On trouve un tournant vers plus de sincérité après la lettre 48, dans laquelle il reproche à Lucilius de mal traiter ses esclaves. Il devient ironique quand il parle de ses crises d'asthme, de la peur qui l'a fait se jeter en mer par gros temps (Lettre 50), de la fragilité de sa concentration (Lettre 55) : « N'oublie pas le chercheur de querelles, le filou pris sur le fait, l'homme qui trouve que dans le bain il a une jolie voix. N'oublie pas la piscine et l'énorme bruit d'eau remuée à chaque plongeon. Outre ces gens qui, à défaut d'autres choses, ont des intonations naturelles, figure-toi l'épilateur qui reprend sans cesse un glapissement en fausset, afin de signaler sa présence, et ne se taisant que pour écorcher les aisselles et faire crier un autre à sa place » (Lettre 56). À l'opposé de Rousseau, Sénèque professe que les hommes sont naturellement mauvais et que peu d'entre eux méritent la joie par l'effort : « Voici, mon cher Lucilius, une pensée qui ne doit pas t'empêcher de bien espérer de nous : le mal nous tient ; depuis longtemps il est en possession de nous. La sagesse n'est jamais venue à personne avant la déraison. Nous avons tous ce handicap. Apprendre la vertu, c'est désapprendre les vices » (Lettre 50). Il devient grave quand il affirme que la force du sage est la liberté de choisir sa mort dans le suicide : « La liberté, voilà l'enjeu, le prix qui doit payer nos peines. Qu'est-ce qu'être libre ? Tu le demandes ? C'est n'être esclave d'aucun objet, d'aucune nécessité, d'aucun accident concevable ; c'est réduire la Fortune à lutter de pair avec moi. le jour où j'aurai compris que je puis plus qu'elle, la Fortune ne pourra rien. Subirai-je ses volontés, quand j'ai la mort à mon service ? » (Lettre 51). Il faut croire à la détermination de Sénèque puisqu'il se suicide sur ordre de Néron. Cette « mort libératrice », racontée par Tacite, sera aussi digne que dans le Couronnement de Poppée, mais bien plus douloureuse et difficile (voir la fin de la préface). La plus belle Lettre est la 102, qui présente la mort comme une nouvelle naissance. La plus belle Lettre est la 102, qui présente la mort comme une nouvelle naissance en 23-30, passages si denses qu’ils découragent la citation.

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La vie heureuse - La brièveté de la vie

Pour vivre heureux ... pour relativiser, ... un retour vivifiant aux Antiques s'avère une solution intemporelle !



En farfouillant dans nos Billy, je suis tombée sur un recueil de Sénèque dont je n'avais lu jusque là que le traité sur la brièveté de la vie ... 



Dans la vie heureuse, lettre à son fils, dont il manque malheureusement la fin, Sénèque reprend ses thèmes favoris :



 Pour vivre heureux, concentrons-nous sur ce qui dépend de nous et cultivons la vertu qui mène à la sagesse.



Il ne faut pas mépriser les richesses qui permettent générosité et discernement mais ne pas en être esclave et ne pas craindre de les perdre.



La richesse et la santé sont souhaitables mais comme elles sont fragiles et contingentes, il ne faut pas compter sur elles pour asseoir son bonheur qui est alors menacé.



Seule la sagesse intérieure mène au bonheur inébranlable et absolu.



Il évoque également le temps, "Si tu ne saisis pas le temps, il fuit. et quand bien même tu l'auras saisi, il fuira malgré tout: c'est pourquoi il faut lutter de vitesse avec le temps, donc en user promptement", en évitant la procrastination " Le plus grand gaspillage de la vie, c'est l'ajournement: car il nous fait refuser les jours qui s'offrent maintenant et nous dérobe le présent en nous promettant l'avenir." 



Un traité plein de bon sens qui va à l'essentiel 




Lien : http://les.lectures.de.bill...
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Entretiens

Deux mille ans plus tard, Sénèque nous parle toujours. Bien que sa parole ait résonné dans la lointaine Rome ; elle n'a jamais été aussi proche que dans ces écrits précieux. le temps, miraculeusement a presque tout conservé, fait rare dans l'Antiquité.



Plus qu'un philosophe qui s'est approprié le stoicisme, c'est un esprit universel que l'on rencontrera  ; traitant des maux de l'homme, ses défauts ou ses maladies, ses obstacles au bonheur, la Fortune toute puissante, la perte d'êtres chers, la mort, mais aussi tout ce qui constitue son excellence, la Nature, la raison, la vertu, le souverain bien, l'âme droite et saine qui tend continuellement à son perfectionnement.



La pensée de Sénèque a été avant tout éthique. Elle nous de ce qui nous concerne encore et toujours, vaste question que la condition humaine ; énigme indéchiffrable, perpétuel questionnement , éternel secret pour l'homme. Sénèque avait avant tout le soucis de s'améliorer et d'améliorer l'humanité.



Si la philosophie stoicienne de Sénèque embrasse des lignes directrices communément admises de la secte, comme vivre selon la vertu, en conformité avec notre nature, ce qui constitue son excellence, à savoir la raison ; que tout le cosmos est organisé par un Logos divin, un souffle du monde, qui répand en nous des parcelles divines ; que l'homme est un Dieu sur la terre ferme, Sénèque s'en distingue aussi personnelllement.



Car les Lettres à Lucilius sont plus qu'un exposé de la philosophie stoicienne antique. Elles sont comme autant d'expérimentations sur le front de la vie. C'est une parure de l'âme qu'elles veulent forger; comme le forgeron, l'armurier qui prépare le soldat à s'y rendre. La philosophie est bien ce travail de joaillerie, un art raffiné, difficile, et combien magnifique ; elle nous offre le plus précieux des biens, impérissable, le souverain bien, la sagesse.



En effet, Sénèque n'écrit-il pas, dès la lettre 13 à Lucilius " reçois de moi certains moyens d'assistance dont tu puisses te faire une armure." ? Et Pourquoi nous faut-il donc cette armure ? C'est que le monde extérieur est plein d'incertitude, de dangers. La Fortune lance à tout moment ses archers, qui tirent sur ce que l'on aime, ce que l'on désire, ou encore, sur nous-mêmes. Les choses extérieurs ne sont pas notre vrai bien, périssables, atteintes par la Fortune ou la nécessité, ne comptons pas sur ces insécurités. De là, construisons une forteresse et rentrons-y. le bien véritable est celui d'une âme droite, sereine, qui ne craint plus rien de cette guerre en dehors d'elle.



Parfois, cette âme, dans sa forteresse, voit des âmes folles, se rompre à un combat inépuissable, sans sens, car on sait que la Fortune sera la grande gagnante nous sommes égaux face au destin : l'esclave, la femme, le puissant, le pauvre. Par conséqeuent, Il n'y a pas d'exception dans ce monde là. Ces âmes folles, et bien, pour Sénèque, il faudrait les guérir. Elles ne trouvent ni la sécurité, ni la satisfaction, ni l'ataraxie, ni le bonheur. Elles trouvent au contraire, l'agitation des passions incontrôlables, de désirs démesurés, les honneurs, les charges, l'argent.... le philosophe doit aider l'autre à bien vivre, autrement dit à le guérir de la folie du monde. Il s'agit de conquérir sa liberté intérieure, terre fertile, neuve, sans assauts. S'approprier soi est le seul bien. Aucune ronce, aucune mauvaise herbe ne poussera sur le terrain de l'âme vertueuse, car elle ne dépend pas du monde extérieur. Sénèque dit à cet égard, qu'il faut être " pleinement rassasié de toi-même". Dès lors, suivons ce conseil : " il faut remplir son âme, non son coffre".



Contrairement à ce que l'on croit, le stoicien ne vit pas sans ressentir, ni dans une pauvreté extrême. C'est que Sénèque distingue "les préférables neutres" que sont la santé, l'argent, la nourriture, le confort. Il faut en user droitement, elles ne sont pourtant pas la condition du bonheur. le sage ne ressentira rien si ce monde neutre venait à disparaître, il n'y était pas attaché. Là encore, pour les sensations douloureuses, le concept de "préaffects" intervient. Il y a une sensation vague, mais l'aspirant à la sagesse fermera dans sa forteresse, les portes aux passions comme la colère. Il l'empêchera de rentrer. Dès lors, Sénèque conseille : " Aime la raison ; cet amour te gardera, comme une armure, des plus dures atteintes". Et quelle est la vénérée du temple qui adore la raison, si ce n'est celle " qui te garderas maternellement", chez laquelle " [tu] seras en sureté ou plus en sureté qu'ailleurs ?". On l'aura deviné, c'est la philosophie. Peu veulent s'y réfugier, mais pourtant elle ouvre ses portes à tous.



Enfin, la sagesse est acessible à tous, Sénèque reconnaît que si " cependant tout le monde est maître de bien vivre, nul de vivre longtemps". L'esclave aussi peut aspirer à une forme de sagesse. L'homme est toujours en perfectionnement, il est une matière jamais achevée, il grandit constamment. D'où ce paradoxe qu'on tend à la sagesse sans jamais l'atteindre, comme le sage le pourrait.



Pourquoi ces lettres et ces discours nous touchent-ils autant ? Sans doute, parce que c'est un homme qui s'adresse à un autre, Lucilius, et, au delà, à un régiment, au régiment de lecteurs, autrement dit à l'humanité. C'est un discours commun, pour tous, plein de courage et de grandeur, qui encourage les troupes. Il témoigne de son soucis de l'autre, de l'améliorer dans son cheminement moral. Il fait tout pour le bien de l'humanité. Sénèque est un cosmopolite, un citoyen du monde, nous sommes tous frères, unis par une même nature, et le monde aussi grand qu'il soit est une grande Cité, qui nous accueille tous. Aussi loin qu'on soit de chez nous, d'une patrie, d'un lieu quelconque, il y aura toujours notre "vertu personnelle et la nature universelle" qui nous suivra. Pourquoi, dans cette grande Cité, ne pas y vivre en paix, et y faire une agora de la démocratie, où tous discuteraient, échangeraient ses cultures, ses valeurs ; où tous partageraient ses convictions et chercheraient une solution à l'ensemble de l'humanité ?



Sénèque dirait : c'est que seul "l'homme détruit l'homme par plaisir"... leçon de pragmatisme romain ? On l'aura compris, l'homme est d'une nature ambivalante pour le stoicien.



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De la vie heureuse - De la tranquillité de l'âme

Excellent ! A lire " OBLIGATOIREMENT " ! Il y plus de deux milles ans un péquin pensait et écrivait une doctrine de vie qui si elle ne rend pas heureux au moins permet au lecteur de se rapprocher de la vie naturelle, pour la vie, et non pour la gloire.

Efficace, bien écrit, simplement, directement sans effet de style, les phrases vous sautent aux yeux et vous interloques pages après pages.

Nom de D... ! On en est au même point, pas bouger l'homo sapiens sapiens...!

Ce qui m'a le plus touché c'est la neutralité du récit, aucun bon conseil, c'est pas une pub pour maigrir, mais plutôt un pamphlet pour la liberté, le respect et l'amour... Tout ce qu'on ne trouve pas dans les quotidiens ou dans les infos... L'exact opposé des discours politique, la vie en communauté, l'acceptation des différences et le partage...

Quel bon moment de lecture apologue...!
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De la tranquillité de l'âme - La retraite

Sérénus, disciple de Sénèque, demande à son maître des conseils pour progresser. Sénèque se présente comme un médecin de l'âme.

En bon stoïcien, Sénèque insiste sur la part de la raison dans la recherche du bonheur face à nos âmes humaines inconstantes.

Quel choix faire entre action et retraite ?

Pas de supériorité de l'une sur l'autre à condition que l'action soit véritable, orientée vers un but, le bien public et non une vaine agitation destinée à combler un manque. La retraite ne doit pas non plus être un pis aller, une conséquence de l'échec et se transformer en dépit, amertume, jalousie haineuse envers les succès des autres.

Le rire, l'humour aident, permettent de relativiser et de mettre à distance nos désagréments. Evitons également de nous entourer de gens moroses, perpétuellement dans la plainte.

Anticiper les malheurs aide à s'y préparer, ne pas tout axer sur les richesses matérielles.

Cependant, un peu de folie permet à une âme d'être un peu plus exaltée et créatrice. Voilà qui tempère un peu l'image de la sagesse un peu inaccessible des Stoïciens.

A lire et à relire...
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Théâtre complet : Phèdre, Thyeste, Les Troyenne..

Thyeste, monstrueuse orgie et défi aux Dieux



Horresco referens

 « De le relater, j’en frémis d’effroi »

Virgile, Enéide, 2, 204



La monstruosité, Sénèque ça il connaît. Il l’a côtoyée sur ces hauts sommets de l’Antiquité romaine où la lutte pour le pouvoir impérial, « monarchie absolue tempérée par l’assassinat » se jouait dans l’impunité du crime. Lui-même faisait partie de cette oligarchie, en précepteur de Néron, au moment où ce dernier se débarrassait de Britannicus, son demi-frère, avant de faire assassiner sa propre mère Agrippine - sœur du dément Caligula - qui elle-même aura(it) empoisonné l’empereur Claude, son mari. Il eut beau jeu ensuite de se consacrer, au soir de sa vie, à ses stoïciennes Lettres à Lucilius avant de s’ouvrir les veines sur ordre express de son empereur et maitre, Néron.

Comme en écho/exorcisme à ces dérèglements barbares, il puisa la matière de ses tragédies dans la plus noire inhumanité des mythologies : Médée, répudiée par Jason au profit d’une jeune épouse, qui ranimera une cruauté refoulée au plus profond d’elle-même pour immoler par vengeance ses enfants innocents.

Et Thyeste, de la funeste dynastie des Atrides fondée par le roi Tantale frappé par l’anathème d’un monstrueux décret des Dieux « Que leurs crimes passent, comme un héritage, à leurs fils qu'aucun d'eux n'ait le temps de se repentir d'un attentat commis, mais qu'il en commette chaque jour de nouveaux, et que le châtiment d'un crime soit un crime plus grand » (acte I,1).

Dès lors, Atrée lui-même reproduira l’horreur des crimes de son grand-père Tantale, la démesure / hubris de son défi aux divinités et à l’harmonie naturelle du Cosmos : métamorphosé en monstre sanguinaire par sa fureur et son orgie de vengeance, il tuera ses propres neveux en un cérémonial archaïque d’holocauste et poussera l’abomination jusqu’à offrir en pâture ces enfants sacrifiés à leur propre père, le malheureux Thyeste.

Pourtant Sénèque, maître stoïcien, le sait : dans Thyeste se joue l’ultime combat des Dieux et Jupiter doit se mesurer à l’homme prométhéen voleur de feu qui le nargue. Atrée, antithèse absolu de l’humain, sera certes persécuté dans sa descendance par les tourments divins mais la justice des hommes finira par imposer l’équilibre de ses lois, contre ceux, implacables et capricieux, de l’Olympe : le petit-fils d’Atrée, Oreste meurtrier de sa mère, sera jugé pour son forfait et acquitté par le premier tribunal criminel de la ville d’Athènes, rompant ainsi le cycle de ses malédictions.

C’est là l’ultime message de cette pièce magnifique. Le ciel doit se vider pour laisser place à l’ère de l’entre-soi de citoyens émancipés de la tutelle divine ; et naîtra alors l’homme moderne « mesure de toute chose » maitre de son destin, souverain de ses passions et de ses pulsions, « Mets-toi bien dans l’esprit / Que faire du mal à son frère / Même si c’est un mauvais frère / C’est attenter à l’humanité » pour construire en « un traité d’indulgence mutuelle » une harmonieuse terre des hommes.

Alors les Dieux déchus, définitivement relégués dans leur sphère céleste, iront peu à peu s’enfoncer dans le crépuscule de leur lointain exil.

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Lettres à Lucilius

Le seul livre ancien qui me fasse rire au lit.
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Médée

Honnêtement, ce n'est pas une pièce de théâtre, même de théâtre antique où les personnages interagissent peu entre eux. Car les scènes ne sont que des successions de monologues, qui sont chacun des récits : la Nourrice décrit ce que Médée fait ou va faire, Médée décrit les actions qu'elle est en train d'accomplir. Jason n'apparaît que brièvement, il est évanescent sans personnalité, ce qui est dommage pour un héros grec. Il n'y a donc pas de dramaturgie, ce n'est pas une pièce pour la scène, ni même pour la lecture. Si chez Euripide il y avait une progression dramatique, et Médée évoluait, passant de la tristesse au désespoir, puis de la haine à la rage. Ici, elle n'est que fureur.

Mais surtout, c'est un texte écrit pour des Romains érudits qui pouvaient s'amuser à décrypter les allusions à toutes les divinités ou héros. Je me suis donc ennuyée.
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Médée

Autant le contenu lyrique et la langue employée est plus riche que la pièce d’Euripide, mais autant là l'érudition étalée par Sénèque est trop ample pour permettre une lecture aisée. La multiplication de nom propre renvoyant à toute une généalogie mythologique, et de notes de bas de pages y étant rattachées alourdissent la fluidité de l'action et du jeu. En fait c'est une pièce faite pour être lue, méditée à la rigueur, mais certainement pas jouée.

Sénèque rend toutefois une belle version du mythe de ce personnage féminin emblématique et redoutable. Personnellement je préfère ses lettres ou ses ouvrages philosophiques.
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De la brièveté de la vie

Oeuvre intemporelle que cet essai du célèbre philosophe stoïcien qu’était Sénèque ! Rééditée en 1998 aux éditions Fayard, dans la collection Mille et une nuits, » De la brièveté de la vie « est une lettre écrite à son beau-père Paulinus en l’an 49, dans laquelle Sénèque expose le fait que pour atteindre le bonheur, il faut consacrer son temps à la sagesse et non le perdre en activités stériles et inutiles ! Si l’homme court inexorablement après le temps, il semble ne pas en user efficacement. Un grand classique de la philosophie qu’il est bon de lire et relire.

Qui n’a jamais fait le triste constat que la vie nous filait entre les doigts ? Sénèque débute ainsi cette lettre :

p. 7 : » La majeure partie des mortels, Paulinus, accusant de mauvaiseté la nature, déplore que nous naissions dans la perspective d’une trop courte existence. «

Or, d’après le philosophe, nous ne manquons pas de temps, bien au contraire, mais nous ne l’exploitons pas à bon escient. L’homme semble se placer dans une certaine attitude de passivité, ce qui lui confère cette sensation de frustration. Cette négligence du présent est contraire au discours épicurien.

p. 9 : » Mince est la part de la vie que nous vivons. Quant à tout l’intervalle restant, au fond n’est pas vie mais seulement temps. «

Ainsi, Sénèque invite à vivre l’instant présent. Si nous ne pouvons échapper à la finalité de notre existence par la mort certaine, nous pouvons en revanche tendre vers le bénéfice de la vie et la sérénité devant l’acceptation de la mort.

p. 23 : » Personne n’apprécie le temps à sa véritable valeur ; chacun en use avec lui sans retenue, comme s’il était presque gratuit. «

L’oisiveté semble par conséquent incompatible avec la limite inéluctable qu’est la brièveté de la vie. Vantant notamment les vertus de la connaissance, de la curiosité et de l’ouverture d’esprit, l’homme sage devient ainsi pleinement acteur de l’accomplissement de sa vie. Sénèque réfute la notion de prévoyance. Car en se projetant, l’homme s’arrache au moment présent.

p. 24 : » Le plus grand obstacle à la vie est l’expectative, qui, suspendue au lendemain, gâche l’aujourd’hui. «

La crainte de l’avenir empêche tout être humain de tirer parti du temps présent. Sénèque désapprouve ceux qui dépensent ce précieux sésame qu’est le temps en plaisirs et distractions éphémères. Recherchant plus souvent une ascension sociale qu’une élévation de soi, l’homme néglige sa propre réalisation. La cause de cette insouciance : chacun vit comme s’il devait vivre pour l’éternité, mais la fragilité de l’existence ne vient souvent que trop tard. Et si le temps est ce que l’homme dit avoir de plus précieux, c’est ce qu’il dépense le plus, quand au contraire il s’attache à son argent ou ses possessions. Ces occupations futiles sont des passions incompatibles avec la vie de l’homme sage.

p. 18 : » Votre vie, pardieu, durerait-elle mille ans et plus, se rétrécira malgré tout jusqu’aux plus étroites limites ; point de siècles que les vices ne soient capables de dévorer ; il est, de fait, inévitable que cet espace, que la nature franchit même si la raison s’efforce de le rallonger, vous échappe bien vite ; car vous ne comprenez pas, ne retenez pas, ni ne forcez à ralentir, la plus fugitive des choses, vous la laissez au contraire s’en aller comme une chose superflue et récupérable. «

Ainsi, pour le penseur romain, la vie se divise en trois temps : ce qui fut, ce qui est et ce qui sera. Le rapport qu’entretiennent les hommes avec ces trois ekstases de la temporalité influe sur la qualité de leur existence.

p. 41 : » La vie du sage offre de vastes perspectives ; cette fameuse limite, qui enferme le reste des gens, ne vaut pas pour lui ; lui seul est dégagé des lois du genre humain ; tous les siècles lui sont dociles comme à un dieu. Une période est-elle passée ? Il s’en saisit par la mémoire. Présente ? Il en use au mieux. Est-elle à venir ? Il l’anticipe. Il se fait une longue vie par conjugaison de tous les temps en un seul. «

Sénèque constate également l’incapacité de l’homme à pouvoir rester seul avec lui-même. Cependant, seule une confrontation avec ses propres désirs pourrait lui procurer le sentiment de vivre une vie accomplie. L’expérience de l’ennui et de son dépassement est peut être le passage obligatoire pour se rencontrer et s’éprouver dans une temporalité véritable.

Entre stoïcisme et épicurisme, ce traité de sagesse a pour vocation d’atteindre l’ataraxie, la paix de l’âme. Sa hauteur morale n’a pas perdu de son actualité. A méditer pleinement…
Lien : https://missbook85.wordpress..
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De la providence - De la constance du sage ..

Sénèque fut Romain d'Espagne, et vécu au premier siècle sous l'empire de Caligula. C'était un philosophe stoïcien.

Ce petit livre est très bien écrit. certaines phrases sont des pépites. Sénèque parle de la Providence, puis suivent 4 lettres à son ami Lucilius.

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Personnellement, j'appellerais ce livre : "Eloge de l'épreuve".

En effet, les hommes de bien travaillent, s'endurcissent face aux épreuves et ne sont pas malheureux. Et il cite Caton, Socrate, et d'autres.

L'épreuve permet de se connaître, tester son courage et sa constance.

Sénèque s'insurge contre les biens matériels, fortune, avantages, qui ne durent pas et ne rendent pas heureux, car les agités, c'est son terme, en veulent toujours plus. Alors que les animaux, qui n'ont pas ces vices, sont plus heureux que les humains.

Quels sont les biens, selon Sénèque ?



"Les biens invisibles, la paix et la liberté, sont tout entier à tous autant qu'à chacun."

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Ceci me fait dire que la Liberté est intérieure.

Comme pour Spinoza, Le Sage doit dompter les passions, et s'élever au niveau de la Providence, si ce n'est dans la durée, au moins dans la qualité.

Comme un philosophe récemment lu, Sénèque pense que la vertu une fois acquise ne se perd pas. La vertu, c'est l'honnêteté.

Le Sage ne doit être perturbé par rien pour être heureux, ni la perte de ses biens, ni celle de ses enfants.

.

Sur ce dernier point, il pousse le bouchon trop loin pour moi qui ai cinq enfants adorables et adorés. Cependant, je trouve sa doctrine superbe, et l'ai appliquée hier matin, quand la stomatologue m'a arraché quatre dents. ...Ahem, bon, je sors... : )
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Entretiens

A lire, à relire et à re-relire.

Ne chercher pas, se sont les meilleurs traductions de Sénèque. Une préface de 180 pages de Paul Veyne pour un ensemble de plus de 1200 pages.

Une merveille.
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Tragédies

Le hasard et les circonstances m'ont fait voir en ouverture du tout dernier festival d'Avignon, la remarquable représentation de Thyeste, tragédie de Sénèque, mise en scène par Thomas Jolly.

Hors du jeu des acteurs, des décors, des effets scéniques, de la musique tous fascinants, j'ai voulu revenir au texte, à une tragédie dont je n'imaginais pas l'invraisemblante violence qu'elle recelait.



Si les seules tragédies latines dont il est conservé aujourd'hui les textes complets sont celles de Sénèque, il apparaît bien difficile de déterminer précisément la date et l'ordre dans lequel elles ont été écrites. Deux familles de manuscrits sont parvenus jusqu'à nous mais beaucoup d'éléments les différencient : le nombre de pièces qu'ils contiennent, certains de leur titre, leur ordre et même l'incipit.

Cependant, de l'avis des éditeurs, concernant la seule tragédie de Thyeste, elle aurait été écrite en 55 après J.C soit sous le règne de Néron dont Sénèque fut l'un des très proches conseillers.



L'argument : petits-fils de Tantale et fils de Pélops, Thyeste, roi de Mycènes séduit l'épouse de son frère jumeau Atrée, le roi d'Argos. En plus de l'adultère, Thyeste usurpe le pouvoir de son frère en recevant de son amante un agneau doré, signe de règne sur Argos, qu'avait découvert Atrée lui-même. Ce dernier découvre le complot ourdit par son frère et parvient cependant à maintenir son autorité sur le royaume. Sous la crainte de représailles, Thyeste prend la fuite et se réfugie avec ses trois jeunes fils dans les montagnes de l'Épire.

Son frère enfuit, Atrée apprend alors la relation adultère de Thyeste et de son épouse Érope. En proie à la fureur, il jure de se venger. L'improbable va venir :



ATRÉE

Je ne sais quoi gonfle en mon coeur, plus grand, plus vaste,

Un acte non banal et plus qu'humain, qui presse

Mes paresseuses mains, non, je ne sais lequel,

Mais énorme. Qu'il soit ! Empare-t'en, mon âme.



Atrée entre dans une colère démesurée. Tout son être abhorre Thyeste. Tout est décidé : il fait parvenir un message à son frère en exil. Dans celui-ci, il l'invite à venir le retrouver pour mettre fin à la discorde dans l'échange d'un pardon mutuel et fraternel. Thyeste, pressent dans cette invitation une menace mais ses trois jeunes fils qui l'accompagnent le persuadent jusqu'au bout de se rendre au palais royal d'Argos. Accueillis chaleureusement par Atrée, les invités ne savent pas que le piège vient de se refermer sur eux.

Beaucoup plus tard, les deux frères se retrouvent seul à seul autour d'un fastueux banquet. Thyeste se gorge des mets qui lui sont servis et s'enivre de bons vins, quand tout à coup :



THYESTE

Pourquoi, douleur, surgis-tu sans motif,

Me rappelant à toi, me défendant

De festoyer, m'ordonnant de pleurer,

(...) Sans le vouloir des pleurs baignent ma face,

Et malgré moi je gémis quand je parle.

(...) Un brouillard naît, la nuit s'est cachée dans la nuit,

Tous les astres ont fui ! Que ce prodige épargne

Mon frère et mes enfants, que tout l'ouragan frappe

Ma vile tête ! Ah, rends-moi vite mes enfants !



ATRÉE

Tu les auras, nul jour ne te les ôtera.



THYESTE

Quel est ce puissant trouble agitant mes entrailles ?

Qui tremble en moi ? Je sens en moi un trouble insupportable,

Mon coeur gémit, mais ce n'est pas moi qui gémis !

Venez à votre père, hélas, il vous appelle,

Mes fils, à votre vue ma douleur s'enfuira !

Mais d'où m'injurient-ils ?



ATRÉE

Père, Ouvre-leur tes bras,

Ils sont là, les voici. Reconnais-tu tes fils ?



C'est ici qu'apparaît alors toute la fureur et l'horreur de la vengeance d'Atrée sur son frère Thyeste...



Destin infernal réservé aux descendants de Tantale (personnage honnis des dieux qui apparaît au tout début de la pièce, exhorté par une furie à répandre le malheur et la désolation sur Atrée et Thyeste), le seul contenu de cette tragédie serait à lui seul insupportable à lire s'il ne fallait pas le resituer dans un contexte théâtral, celui de la tragédie antique, et dans l'oeuvre propre de Sénèque qui, après l'inceste (Oedipe), la colère face aux dieux (Médée, Hercule et Phèdre), aborde dans Thyeste le thème du sacrifice humain, de la vengeance mais aussi tous ceux du destin, du pouvoir, de l'adultère, de la descendance,...



Même si l'issue terrible de cette tragédie se fait connaître au mitan de la pièce, la confrontation entre Atrée et Thyeste entretient jusqu'aux derniers mots la stupeur et l'effroi du lecteur (j'allais dire du lecteur-spectateur). Oeuvre peu connue et peu interprétée, Thyeste est une pièce qui, de très nombreux siècles après sa création, ne cesse de surprendre par sa prégnance.
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L'art d'apaiser la colère

Sénèque pense que la colère est une des pires passions humaines, sinon la pire. Elle naît au fond de l'âme et peut faire explosion. Elle coûte cher, abîme tout. Il faut donc absolument la contenir, la maîtriser. Comment ?

En choisissant ses relations, en fréquentant des êtres doux, en modérant l'intempérance de ses discours, en connaissant ses points faibles, en évitant la vengeance inutile et destructrice surtout au vu de la brièveté de l'existence.

La colère est encore plus néfaste chez les dirigeants politiques car elle mène à la tyrannie, à la cruauté par soif de punir.

Peut-être Sénèque confond-il cruauté et colère car la colère peut aussi être source de révolte salvatrice.
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De la brièveté de la vie

"Personne n'apprécie le temps à sa véritable valeur" dit Sénèque dans ce rapide traité sur la brièveté de la vie, qu'il adresse à son beau-père Paulinus.

Nous n'avons pas véritablement une existence courte, mais nous en gaspillons une part considérable.



Il s'applique alors à démontrer, souvent par l'absurde, que finalement, nous disposons d'un temps suffisant, mais que la vie nous parait plus ou moins courte selon ce que nous en faisons.



Ainsi, "la vie la plus courte et la plus remuante échoit à ceux qui oublient leur passé, négligent leur présent, redoutent l'avenir : quand la dernière extrémité est venue, ces malheureux comprennent trop tard qu'ils ont cru tout le temps, alors qu'ils ne faisaient rien, avoir été occupés".



Il nous amène alors à considérer que ceux qui veulent fréquenter quotidiennement les philosophes n'émietteront plus les années de leur existence et apprendront à mourir.



A mon avis :

Sénèque est un philosophe stoïcien (courant dont la finalité est le bonheur individuel, qui s'appuie sur l'acceptation de ce qui ne dépend pas de nous pour se concentrer sur ce que nous pouvons modifier).

Il naquit entre -4 et -1 avant J-C (encore que J-C ne soit pas né en l'an zéro, mais sans doute 7 ans plus tôt... mais c'est un autre débat !) pour mourir en 65.



Autant dire que l'étayement de sa philosophie repose sur un environnement qui nous est parfaitement étranger.



Et pourtant, quelle modernité dans le propos !



Un traité plein de bon sens et d'exemples concrets, qui permettent une compréhension facile de son contenu, lu rapidement et trop bref à mon goût (cela s'expliquant par le fait qu'il s'agit d'une correspondance avec son beau-père).



Attention néanmoins à quelques contresens possibles sur des mots dont la signification a pu être légèrement modifiée avec le temps ou qui ressortent d'une définition philosophique (exemple : "l'oisiveté" relève plus de la pratique de la sagesse, les "occupés" étant ceux qui ne la pratiquent pas).



Bref, un traité instructif qui démontre que certaines problématiques d'aujourd'hui... ne datent pas d'aujourd'hui.



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