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Critiques de Sénèque (189)
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Oedipe

La pièce de Sophocle, Œdipe Roi, est à la base de l'Oedipe de Sénèque.

La différence majeure entre les deux: la pièce de Sénèque est considérablement plus violente.

Par exemple, le sacrifice effectué par Tirésias est décrit dans un détail graphique et sanglant qui aurait été considéré comme tout à fait inapproprié à l'époque de Sophocle. En fait, toute la longue scène impliquant Tirésias et son augure n'a pas d'équivalent chez Sophocle, et la scène a en fait pour effet de réduire l'impact dramatique de la découverte par Œdipe de sa véritable identité.



Contrairement au roi fier et impérieux de la pièce de Sophocle, le personnage d'Œdipe dans la version de Sénèque est craintif et culpabilisé, et il s'inquiète depuis toujours d'être responsable d'une manière ou d'une autre de la grande peste thébaine. Dans la pièce de Sophocle, Œdipe s'aveugle après avoir vu le cadavre de Jocaste pendue, utilisant des broches dorées de sa robe pour se les plonger dans les yeux; dans la pièce de Sénèque, Œdipe s'aveugle avant la mort de Jocaste en arrachant ses globes oculaires, et est donc une cause de la mort de Jocaste.



Pour Sophocle, la tragédie est le résultat d'une faille tragique dans le caractère du protagoniste, tandis que pour Sénèque, le destin est inexorable et l'homme est impuissant face au destin. Pour la catharsis, le public doit éprouver de la pitié et de la peur, et Sophocle accomplit cela avec une intrigue pleine de suspense, mais Sénèque fait mieux en ajoutant une humeur omniprésente et claustrophobe qui semble planer sur les personnages, les étouffant presque avec la douleur de la reconnaissance.





Sénèque, souvent précurseur de Freud et des autres psychanalystes, traite Œdipe comme un cas psychologique complexe.

Et les temps ont pleinement justifié son choix.
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Thyeste

Atrides

Thyeste

Mon père épaulé d'Ivoire Tantalien, tua Myrtile qui l'aida à conquérir Hippodamie, fille du roi Élien, rêve d'Éros en cette terre de soupirs,

où Amphion faisait danser les pierres, qui pleuraient les malheurs de Niobé.

Son fils, l'autre, le monstre au nom étoilé m'a convié au festin des chairs rôties de mes enfants, que moi j'ai dévorées - de l'humanité désormais banni.

Ma fille - née d' Érope, ma belle-soeur - Pélopia, fut et ta mère et ta soeur.

Nourrissant ma vengeance posthume je t'ai habillé O! toi mon fils des vêtements de haine et de rancune, envers cet homme, ses filles et ses fils.



Egiste

Né de l'union de mon père et ma soeur, comme un quelconque fils de Sodome, héritier d'une histoire de malheurs - contre l'adversité je devins un homme,

mon père avait séduit la femme de son frère, je pris celle de mon cousin chef de guerre,

La douce compagne de mes nuits fougueuses, Clytemnestre, épouse d'Agamemnon, amoureuse peut être, mais furieuse - c'est certain – de la bestiale immolation,

qui, pour sauver Hélène, la bimbo, sacrifia ce qu'il avait de plus beau,

Iphigiénie... tu n'étais qu'une enfant, mais un bel inconnu, le temps d'un été de la femme de ton oncle fut l'amant; c'est pour elle que tu fus sacrifiée,

pourtant certains – pas des moindres – disent que l'on te vit en Tauride ou à Aulis,

ce qui de ta mère fit ma complice, pour assouvir la vengeance de Thyeste, en poignardant sur cette allée de lys, le fils d'Atrée; légitime mais funeste...

Agamemnon, infanticide, Oreste et Électre, matricides, enfants de la lignée des Atrides, du miel pour Eschyle, Sophocle, aussi Euripide.



© Mermed
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Médée

Un "trois étoiles" que les férus de théâtre doivent trouver injuste, mais je n'y peux rien, c'est mon côté maso dans toute sa splendeur: je le sais, pourtant, que le théâtre c’est pas ma came, mais je voulais tenter un classique pour faire moins ignare, et puis Médée a priori ce n’est pas le genre de dame avec laquelle on s’ennuie, niveau tragédie c’est du lourd. Mais rien à faire, pour moi ça reste opaque. Trop de références que je n’ai pas, trop de monologues où j’ai l’impression que le théâtre classique se caricature lui-même. Décidément, avec moi, le théâtre ça se regarde, ça ne se lit pas.
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Lettres à Lucilius

« Que d'objets nous achetons parce que d'autres les ont achetés, parce qu'on les voit chez tout le monde ou presque ! L'une des causes de nos malheurs est que nous vivons en prenant exemple sur autrui : nous ne nous réglons pas sur la Raison, mais nous laissons détourner par les usages. »



A lire cette citation on se dit qu'il s'agit d'une réflexion de quelque observateur bien contemporain de nos coutumes consuméristes. Il faut alors que je détrompe le lecteur de ces lignes et lui dévoiler que cette citation est tirée de la lettre CXXIII, que Sénèque adressa à son ami Lucilius dans les années 60 (tout court) de notre ère. Peu de temps avant que son élève pour le moins turbulent, le bien nommé Néron, empereur de Rome de 54 à 68 après JC, ne lui suggère de se suicider.



Cette citation, que deux millénaires nous séparent de son auteur, nous fait dire que peu de choses ont changé en ce bas monde depuis qu'il est peuplé de bipèdes investis par l'intelligence. Intelligents peut-être, mais quand même pas suffisamment accessibles à la Raison, qui pour le coup sous le stylet de Sénèque prend la majuscule tant elle est haussée au pinacle du comportement intellectuel. Faculté de l'Être pensant prônée par le philosophe pour faire contrepoids à celle prônée par le dévot : la Croyance.



Raison contre Croyance, pour une finalité toutefois identique : venir au secours de l'Être pensant contre l'obsession de sa finitude. Apprivoiser l'idée de la mort. L'idée, nous dit Sénèque, étant plus assassine que la mort elle-même. Figurez-vous, nous dit-il, qu'il en est qui se donnent la mort pour se libérer de l'idée de la mort. Un comble.



A lire des textes de philosophes antiques, les éminents qui ont pignons sur rue en la matière tel Sénèque, il faut s'attendre à aborder ces questions essentielles telles que, outre la plus fondamentale de toutes qu'est la vie et son issue, le bonheur, les plaisirs terrestres, le rationnel et l'irrationnel, le vice et la vertu, l'amitié, la sagesse, la maladie, la douleur, et tant d'autres réflexions que Sénèque adressa à son ami Lucilius dans ses lettres dont les copies sont miraculeusement parvenues jusqu'à nous, et certaines retranscrites dans cet ouvrage de la collection Agora chez Pocket.



Même si « la philosophie n'est point un art fait pour plaire à la foule » selon Sénèque dans sa lettre XVI, son discours est empreint de simplicité dans le langage et accessible au vulgaire, dont je suis un digne représentant, grâce la traduction qui nous est offerte par cette collection. Il est bien clair que sans ce travail de latiniste patenté, mes universités dissipées me rendraient la parole du célèbre rhéteur inabordable. Il est bien clair aussi que pour les disciples d'Epicure que nous sommes devenus par facilité de préférence au discours du sage lequel veut nous éloigner des plaisirs du corps, le discours d'un Sénèque peut sembler rébarbatif. Mais l'âge venant et l'idée de la fin obsédant conduisent les uns à se rapprocher de l'autel du mystique, les autres à avoir recours à la Raison.



Il est quand même un sujet sur lequel on ne le suivra pas le grand Sénèque, lequel a joint le geste à la parole, quand il nous dit qu'il vaut mieux se donner une fin honorable plutôt que de vivre dans la mésestime de soi. Une chose que l'on doit ajouter au crédit de notre époque, outre les crèmes anti rides pour satisfaire notre narcissisme, est le recours aux psychologue et anti dépresseurs, à défaut du philosophe plus culpabilisant à notre goût, pour nous aider à supporter nos humeurs chagrines. Autre temps autre moeurs même si « que d'objets nous achetons parce que d'autres les ont achetés. » etc… etc…

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Éloge de l'oisiveté

Découverte de l'œuvre du philosophe Senèque, cette courte introduction via cinq lettres a Luculius permet de dévoiler l'axe clé de la réflexion d'un des grand penseurs romain : l'otium.



Avec ces quelques lettres, le lecteur peut ainsi découvrir le point de vue de son auteur sur les bienfaits de la contemplation. Comme il le dit d'ailleurs si bien, la nature nous a établi en son centre pour découvrir et contempler sa beauté. Pour lui, la contemplation est un acte citoyen ayant autant d'utilité que ceux d'un homme d'action, et savoir retirer de la vie politique est l'un des sujets de ses lettres. En effet, la notion de retraite devient l'occasion pour le philosophe de parler des bains de baiens (sûrement l'une des lettres les moins intéressantes de l'ensemble, selon moi).



Bien sûr, ce fragment de la philosophie de Senèque n'est avant tout qu'une mise en bouche, un peu maigre finalement mais qui permettra au moins aux philosophes néophytes de d'abord s'essayer sur quelques 40 pages avant de s'attaquer à "La Brièveté de la Vie".



"La nature nous a donné un génie avide de savoir et parce qu'elle avait conscience de son art et de sa beauté, elle nous a crées spectateurs de ses sublimes scènes."
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Le bonheur avec Sénèque : De la vie heureuse

Après mes lectures de Marc- Aurèle et du célèbre Manuel d Epictete,je me suis naturellement dirigé vers un des plus grands des stoïciens : Sénèque.



Certes il est difficile de faire la différence entre Sénèque et ses copains philosophes tant dans le style et le contenu.

Ici Sénèque nous enseigne la pensée stoïcienne face à la richesse et aux regards des autres.



Une nouvelle œuvre très facile à lire et qui vous permettra d' approfondir vos connaissances sur ce célèbre courant de pensée.



C' est facile et instructif et pas du tout rébarbatif comme peuvent l' être certains recueils philosophiques plus récents.



Alors osez le stoïcisme car comme le disait Sénèque lui même : " Ce n' est pas parce que les choses sont difficiles qu' on n'ose pas les faire. C' est parce qu'on n'ose pas les faire qu'elles sont difficiles".



C' est cadeau.



On se retrouve plus tard pour une prochaine critique. Senequ'un au revoir...



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Lettres à Lucilius

En général, j'apprécie beaucoup les ouvrages de Sénèques et, ici, il ne m'a pas déçu, bien au contraire. En des mots et des pensées simples, Sénèques nous invite à une introspection. Cette simplicité sans apparat aucun permet une lecture simple, accessible et agréable.



Dans ses lettres à Lucilius, Sénèques parle de la vie, et de comment celle-ci peut être vaincu mieux, d'où le sous-titre du livre "Apprendre à vivre". Par le simple pouvoir de la pensée, Sénèque affirme que notre vie peut devenir plus agréable et vertueuse, et chaque lettre traite de la question dans un angle différent.



En une phrase, voici la raison pour laquelle sénèque s'évertue à donner tout ces conseils: "Tous veillent, non pas à vivre bien, mais à vivre longtemps alors qu'en fait, il est donné à tous de bien vivre, mais de vivre longtemps à personne".



Ainsi, Sénèque nous fait requestionner les priorités du monde antique. Pourtant, chacune d'entre elles correspondent tout aussi bien à la vie moderne, de sorte que le lecteur d'aujourd'hui n'aura aucun problème à s'y identifier, malgré un manque complet de connaissance sur la vie à cette époque.



C'est donc à mon avis une lecture essentiel, montrant avant même l'arrivée des livres de "Self-help" que le bonheur réel ne se trouve pas dans nos actes, mais au fond de soi-même. Je recommande ce livre à quiconque n'ayant pas peur du changement.
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La vie heureuse - La brièveté de la vie

Par cette lettre sur le stoïcisme, Sénèque réponds à Gallien, son frère, et aux soit-disant épicuriens qui ne recherche que le bonheur. Par le bonheur, ils pensent trouver la vertu. Sénèque répond à cette pensée et fait le tour de toutes ses objections, tout en promouvant au passage sa philosophie. Il poursuit alors sa lettre par une courte partie sur sa gestion de la richesse et sur la limite entre ses actions et ce qu’il professe. Encore aujourd’hui, les points qu’il apporte sont d’actualité, et la concision de la lettre permet d’avoir facilement une idée d’ensemble de la pensée de Sénèque. Chaque phrase est pertinente, ce qui demande une plus grande concentration lors de la lecture, mais la structure du texte ce fait plus évidente ce qui facilite la comprehension et permet de reconsulter des passages précis aisément.
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Lettres à Lucilius

Version abrégée d'un classique stoïcien.



Normalement, j'éviterais les version abrégée, mais ça ne m'a pas semblé être un problème pour les Lettres à Lucilius.



Le caractère initiatique, le format léger et épistolaire de ce recueil font qu'il s'agit d'une bonne introduction à cette branche de la philosophie occidentale.
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Lettres à Lucilius

Je ne l’ai pas lu dans cette édition, en fait, mais en bilingue aux Belles-lettres. cet aveu étant fait, pourquoi lui donné-je cinq étoiles ? parce que c’est un texte in-tem-po-rel. Il montre, comme d’autres, certes, que les anciens avaient réfléchi à toutes les grandes questions de morale dont nous traitons encore aujourd’hui.

ah, deux bémols : 1) Sénèque, comme tous ceux qui avaient le temps d’écrire à cette époque, était immensément riche - mais prônait le désintéressement. 2) La vie ’économique autour de lui était assise sur la réduction de milliers de prisonniers de guerre et leurs descendants en esclavage (regardez autour de vous, imaginez voir à la place de chaque machine ou moteur électrique ou à essence un homme, une femme ou un enfant sur lequel vous avez droit de vie et de mort) et ça ne le gênait pas.
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De la brièveté de la vie

Dans ce court traité Sénèque tente de nous démontrer que la vie n'est pas si courte que l'on croit mais que c'est la façon dont nous la vivons qui nous la rend plus ou moins longue ou courte. Au début j'ai été plutôt étonnée par cette thèse, puis en lisant on comprend mieux, car à grand renforts d'exemples des hommes de son temps, et d'arguments fondés sur sa propre expérience, Sénèque nous montre combien nombreux sont ceux qui vivent soit pour les autres soit comme des "automates", bref des vies vécues uniquement à la surface, rongés de vices et de vacuité. Il nous montrera à travers tout cela comment finalement la vie peut être longue, quand elle est attachée à la vertu, dans l'absence des passions et de la crainte de l'avenir.

C'est un traité fort instructif et qui invite à une réelle réflexion sur le sens que l'on donne à la vie, que l'on soit d'accord ou non avec Sénèque.
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De la providence - De la constance du sage ..

Ce livre est un recueil de 4 textes de Sénèque.



Si il était coach de développement personnel à notre époque, je pense qu'il les aurait appelé ainsi:

-Comment devenir imperméable à l'adversité.

-Comment garder son flegme et sa classe stoïcienne en toutes situations.

-Comment se libérer de ses inquiétudes.

-Comment occuper son temps de façon constructive.



Blague à part, ça reste l'esprit du livre avec un niveau de langage, de réflexion et d'analyse d'un philosophe latin majeur.



Les textes sont généreux en anecdotes sur des figures célèbres ou mythiques de l'antiquité pour illustrer certains propos.

Ça force à lire les notes en bas de pages mais ça permet surtout de découvrir des personnages qui servaient de modèles moraux pour l'époque.



Comme toujours avec Sénèque, les apologies sur la frugalité et la vie modeste paraissent un peu poussives quand on se rappelle qu'il comptait parmi les plus grosses fortunes de Rome.



Pour résumer, c'est une lecture agréable qui présente clairement les principes fondamentaux du Stoïcisme, mais qui reste complémentaire aux textes principaux de cette philosophie.
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De la vie heureuse - De la brièveté de la vie

Deux essais de Sénèque dans lesquels celui-ci s'intéresse à la gestion du temps personnel et comment être heureux dans sa vie de tous les jours. La poursuite de plaisirs immédiats futiles et le temps consacré aux apparences nous empêchent de vivre pleinement. Selon Sénèque, l'homme doit être en accord avec la nature, développer et suivre son propre jugement. Le bonheur se cultive en menant une vie vertueuse basée sur la sagesse, le courage , la tempérance et la persévérance. La capacité à être heureux nécessite un travail sur soi, une auto observation et des efforts constants face aux aléas de la vie. Deux textes importants pour ceux qui s'intéressent au stoïcisme.
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Éloge de l'oisiveté

Il est bien difficile d'éviter les erreurs quand on aborde la pensée antique, si même un éditeur permet de traduire "otium" par oisiveté, dans le même esprit de marketing qui laisse traduire "Confessions", dans Saint Augustin, par "Aveux". L'otium, c'est le loisir studieux, la retraite active loin des affaires de la cité, où l'on se consacre aux travaux vraiment humains, à savoir la philosophie. Ce loisir studieux est réservé aux nobles, qui ont à leur service esclaves et serviteurs chargés d'assurer leur vie matérielle. Sénèque appartient à l'élite sociale d'un monde qui méprise le travail, la production, l'utilitaire. Pour vivre dans un tel mépris, il faut être riche.



Seulement, Sénèque pratique la philosophie stoïcienne (non pas "stoïque" : est stoïque la personne qui sait souffrir sans se plaindre, ce n'est pas une activité philosophique, mais une qualité morale, le courage). Ce mot, philosophie, entraîne à son tour son lot de contresens : dès Socrate et Zénon, philosopher n'est pas seulement raisonner, encore moins exposer complaisamment ses "opinions" (ça, c'est le vice des sophistes, qui confondent pensée et opinion, la doctrine méthodique, construite, avec les préjugés). Philosopher, c'est se mettre modestement à l'école d'un maître, étudier ses textes, écouter ses enseignements, faire taire, le plus souvent, ses propres préjugés, et réformer sa manière de vivre. Pierre Hadot, dans son essai "La philosophie comme manière de vivre", a tout dit sur le sujet.



Le Stoïcien a foi en la providence divine. Il croit que l'univers est dirigé sagement, malgré le mal qu'il voit et déplore. Il devient apte à contempler l'ordre providentiel du monde, grâce à l'otium, éveillent et développant en lui l'étincelle divine qui lui permet d'être homme et le rend parent des dieux. Or un homme stoïcien, un homme véritable, ne peut vivre perpétuellement dans l'otium : ce serait une désertion, et c'est ce que Sénèque enseigne à Lucilius, tenté par l'école épicurienne qui prône le retrait absolu, inconditionnel. Un Stoïcien a des devoirs, la providence lui impose d'agir en ce monde et donc de s'y engager (non pour le changer, mais pour y faire son devoir). Sénèque a exercé de hautes fonctions, au point d'y trouver la mort, exactement comme Marc-Aurèle un siècle après lui. Il n'y a nulle contradiction entre cette doctrine et la pratique.



Le stoïcisme impose à ses adeptes d'accepter l'ordre du monde et d'y prendre leur part. Il pose souvent de façon aiguë la question de la Théodicée, la justice divine (et non la "théodictée") : la providence a fait de Sénèque un sénateur richissime, chargé des affaires de son clan, ou d'Epictète, un esclave. Dans tous les cas, chacun doit se soumettre et faire son devoir avec égalité d'âme, avec ataraxie, à savoir, sans se laisser troubler par les passions, les préjugés, le corps.



Enfin, la dernière erreur que nous commettons sur Sénèque, c'est que nous ne le lisons pas en latin. Si nous jugeons de son style dans cette édition, c'est le style du traducteur que nous jugeons. Sénèque eut un grand admirateur, et un magnifique imitateur : Michel de Montaigne, qui en français tenta d'écrire comme lui, ce qui lui valut le surnom de "Sénèque français". Montaigne, lui aussi, choisit l'otium dans son château, à trente-trois ans, mais accepta stoïquement l'ordre du roi Henri III de devenir maire de Bordeaux au beau milieu de la peste et des guerres civiles. Il continua d'écrire à la façon de Sénèque jusqu'à son dernier jour : de quelle façon ? En refusant les longues phrases éloquentes, les périodes équilibrées du latin d'Erasme, de Cicéron, dont Rabelais se moque dans certaines de ses oeuvres. Il réinventa en français le style que Sénèque avait inauguré en latin : le "style coupé".



On choisira donc les éditions des oeuvres de Sénèque avec prudence. Mieux vaut avoir recours aux livres des Belles-Lettres, bilingues ou seulement en français, pour éviter les erreurs les plus grossières. Les éditions annotées et expliquées sont préférables, bien sûr : on ne lit pas ces textes, on les étudie.
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Apprendre à vivre : Lettres à Lucilius

« Apprendre à vivre : lettres à Lucilius » est un formidable ouvrage d’une puissance inouïe définissant à lui seul le cœur de la pensée stoïcienne.



Sénèque se répète il est vrai souvent usant de différentes métaphores d'une élégance rare pour réaffirmer plus fortement sa théorie.



J’ai eu quelques fois un peu de mal à tomber d’accord sur les passages ou il recommande l’insensibilité par rapport à un deuil ou à une grande douleur physique qui pour moi de toute manière marquent de manière indélébile quelle que soit la volonté consciente qu’on peut mettre à les combattre.



Pour autant dans un monde ou la recherche infinie du profit, l’individualisme forcené et la société de consommation la plus compulsive possible, rendent au final les gens riches matériellement mais pauvres spirituellement et souvent malheureux, la philosophie de Sénèque me paraît receler toutes les armes permettant de combattre toutes ses dérives en menant une vie simple, à son propre rythme en retrait et centrée sur son développement intérieur.



Vivre sa vie le plus pleinement possible en se concentrant sur le présent me paraît être une formidable façon de voir les choses.



Ce livre formidable recèle donc peut être toutes les clés d’une vie équilibrée et heureuse, mais combien de personnes le savent ?



A part les étudiants, les enseignants et les chercheurs, qui lit Sénèque aujourd’hui ?
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Éloge de l'oisiveté

Sénèque, philosophe stoïque sur le tard, fut sénateur sous deux tyrans : Caligula puis Néron : il n'en réchappa pas et dut s'ouvrir les veines en 65.

Le Romain, honteux et confus,

Jura, mais un peu tard,

qu'on ne l'y prendrait plus :

De 62 à sa mort, il écrivit "Eloge de l'oisiveté" et 124 lettres à son ami Lucilius, dont cinq sont publiées dans cet essai ; Lucilius était sénateur en Sicile, et Sénèque insiste pour qu'il se retire ( otium ) dans une villa. Ce sont des leçons de philosophie, de mise à distance qu'il n'a pas réussi à appliquer lui-même.

.

C'est bien écrit, mais il y a peu de phrases percutantes.

Le modèle de pensée que j'ai fait de la philosophie de Sénèque ressemble un peu à celui d'autres philosophes, plusieurs siècles plus tard, dont Pascal.



Il y a les cupides, qui veulent toujours plus de propriétés, ingrats, remuants, ambitieux, sujets aux passions, et qui dépendent du Prince.

Puis il y a les sages, qui sont dans l'otium, l'oisiveté, ou plutôt la retraite, la contemplation ; ce sont des hommes de Bien, indépendants, solitaires, qui recherchent des biens indivisibles comme la paix et la liberté ; ceux là ont supprimé les passions : ils sont dans l'ataraxie, le calme absolu de l'âme ; ils sont hors de l'atteinte des maux, comme Jupiter, Dieu, le Soleil, le Destin, la Nature... Ils sont même au niveau des dieux !

Pour Sénèque, les philosophes "stoïques" du Portique, dont Zénon est le chef de file, sont plus salutaires pour leur Etat que les chefs de guerre.

.

Un passage de ce livre interroge sur la théodictée, la justice divine, qui permet le mal alors que, selon Sénèque, Dieu est bon. Cette question de théodictée a été fouillée par Leibniz en 1710 ; il faudra que je lise ça !

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Lettres à Lucilius

* Je ne suis pas un spécialiste de la philosophie. Par contre, je suis un admirateur de Seneque et de Diogene.



* Admirateur de Diogene car il a poussé sa philosophie et sa pensée jusqu'à se l'imposer à lui même au quotidien, ce qui n'est pas le cas de la plupart des philosophes y compris Seneque (qui vivait notamment dans le luxe et l'abondance tout en se positionnant sur un discours de prise de recul sur ces sujets),



* ... mais néanmoins admirateur de Seneque pour sa clarté à traiter des sujets de tout types (graves comme futiles) en les rendant accessibles à un novice en philosophie



* Cet oeuvre, composée de lettres courtes qu'il envoyait a son ami Lucilius, sont pleines de bon sens, d'eveil de l'âme, et sont faciles à lire pour la plupart et permettent d'en faire un ouvrage de reférence dans lequel on peut se replonger régulièrement.



* Si vous êtes un agoissé de la vie (comme moi) et que vous souhaitez vous libérer de cette oppression... et que la philosophie vous fait peur car vous la découvrez, lisez Seneque ! 😀😅🙏

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Lettres à Lucilius

Recueil de plusieurs lettres écrites par Sénèque à son ami Lucilius. L'auteur présente son point de vue sur comment mener une vie riche de sens en s'appuyant sur la raison et en cherchant en soi les ressources pour affronter la vie et ses aléas. La façon dont nous gérons notre temps et les qualités que nous développons sont des facteurs essentiels pour cultiver le bonheur en soi-même indépendamment des circonstances et vivre sa vie selon les principes du stoïcisme. Un livre incontournable pour tous ceux qui s'intéressent à ce courant philosophique.
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Phèdre

La traduction qui suit la versification latine vers par vers, voulant rendre honneur au style dramaturgique de Sénèque et précisant que les traductions en prose rangent l'auteur au rang des rhéteurs plus que des poètes dramaturgiques, m'a rendu la lecture difficile.
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De la constance du sage (suivi de) De la tr..

Sénèque philosophe né vers 4 avant Jésus-Christ, précepteur du jeune Néron futur empereur, nous livre là une de ses oeuvres magistrales.

La philosophie par ses questionnements nous aide à comprendre le monde qui nous entoure ainsi que nous-même et bien dans ce petit livre vous pourrez y voir toute la puissance de cette philosophie du stoïcisme qui est toujours d'actualité plus de 2000 ans plus tard.

Prendre le temps de s'arrêter et y réfléchir en parcourant cette oeuvre nous apporte quelques clefs à la vie et notre rapport aux autres.
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