Citations de Adrien Goetz (237)
Cette ville, déflorée par toutes ces années d’études, de recherches, de rêves, de désir, glissait entre nos doigts. Florence faisait même un peu peur. Elle ne nous réconfortait pas après cette route si froide.
Depuis quelques secondes à peine, elle sent que cette salle lui fait du bien. C'est pour ça qu'elle s'est passionnée pour l'art. Dès ses années de lycée, entrer dans un musée pour rester seule devant une œuvre lui a procuré cette sensation. Les musées devraient faire autant de publicité que les eaux minérales : sources de bienfait pour votre corps, reconnues d'utilité publique. [...] Un jour qu'elle avait expliqué cela à Wandrille, il s'était moqué d'elle. [...] Tant pis pour lui. Qu'il continue pour se sentir mieux à faire des pompes et des étirements. Pénélope profitera du résultat. Pour elle, le musée, ça marche.
C'était le temps des espérances. Tout cela est bien fini. Je crois que ce que nous allons voir, ce sera le sacre du peuple, et c'est tant mieux, c'est l'avenir.
Dans le particulier, il aimait rire et ne semblait pas toujours croire à son personnage. Dès qu'il était en public, tout changeait. [...] Il ne riait jamais en société, ne plaisantait plus et racontait ses voyages en prévoyant ses effets...
Mais sur le rocher de Saint-Malo, il est debout, sous la croix en pierre, et il regarde la mer avec autant d'audace que l'Empereur, son seul vrai rival en ce siècle.
Parmi les belles dames que je coiffais alors, plusieurs étaient prêtes à me donner ds fortunes pour posséder une mèche de leur grand homme. J'aurai pu en faire commerce, je m'en suis toujours abstenu. Javais, pour ce trésor de cheveux, un autre projet, un peu fou.
Il me lisait, quand nous étions seuls, [...] ces pages magnifiques, d'un ton sec, pour aller vite, sans trop y mettre la voix. C'est à mon sens la meilleure manière de lire. Il se retenait, cela ne me déplaisait pas, je go^tais mieux les mots, le bruit des phrases...
Pendant les huit ans où j'ai été "Adolphe Pâques, le coiffeur de Chateaubriand", je n'ai pas jeté un seul de ses cheveux. Le tas de pages manuscrites de ses Mémoires a grandi au même rythme que la masse des mèches, de plus en plus blanches, que je conservais chez moi. Dans mes rêves, feuillets et boucles s'équilibraient sur les plateaux d'or d'une balance, entre les nuages du Ciel.
La Dormeuse pour laquelle je donnerais tous les paysages, les jardins Farnèse, le pont de Narni, le Pincio à la tombée du jour, la villa d'Hadrien à Tivoli, le petit Chaville, les étangs de Mortefontaine. Je donnerais même mes nuits sur la plage d'Ostie.
Orphée fut le dieu des artistes, je ne l'imite qu'avec la modestie feinte qui me va si bien. Moi, Ingres, je survis à mes amours, je n'emporte rien avec moi. Mais je me retourne souvent.
Elle, la seule qui ressemblât, à la perfection, à ce que je savais faire, la seule qui égalât mon imagination.
A chaque fois que je marquais trop un muscle,il me disait "Tu violones,je finirai par t'envoyer chez monsieur Ingres".
Mes paysages sont des portraits.
Ma dormeuse de Naples aujourd'hui est perdue.
Elle me trompait:je la voyais moins en séductrice,se jouant de moi pour se distraire-elle était certainement cela-que comme une femme qui souffre,à qui aimer fait mal,qui n'ose pas se livrer,qui rit de moi pour ne pas pleurer sur elle.
L'énorme quantité des ouvrages anciens faits par un seul homme prouve qu'il vient un moment où un artiste,fût-il sans génie,se sent comme entraîné par ses propres moyens et recommence tous les jours des choses qu'il ne pensait pas savoir exécuter.Je me croyais cet homme.J'accomplissais des progrés chaque jour.
et je feuilletais les pages pour retrouver ma phrase favorite, celle qui accompagna mon voyage à Saint-Malo, des années plus tard :"Tout est changé en Bretagne, sauf les vagues, qui changent toujours.